Rabalais. "Le Hantage."

Nathan Rabalais.
Three French Poems.

Three poems selected from
Le Hantage: un ouvrage de souvenance
by Nathan Rabalais
Shreveport: Tintamarre, 2018.
Used by permission
All rights preserved.

Une belle oubliance

C’est une belle oubliance tu m’as laissé avec Voltigée un jour comme un beau grosbec Une belle ignorance de comment c’était M’aide à stand la vie, et ça que j’ai décidé

Si j’aurais des ailes qu’étaient coupées de mon dos Je crois pas que je descendrais d’en-haut Autrement que j’aurais pas connu Je les ai jamais eues.

C’est une belle oubliance je m’ai mis à avoir Quand même ça me prend des fois pour boire Un élixir qui rend ça plus aisé pour l’oubliard Quand ta figure s’en vient pour veiller tard

Pour toi c’est l’indifférence, un visage blême Moi, un couvert d’espérance on a fait nous-autres mêmes Couilté des élans on a passés ensemble Abriant les cicatrices de l’écroutage de ton ombre

C’est une belle oubliance qui me sert d’une levée Contre les marées de souvenance de ça qui était Pour pas je me noie dans le beau poison La mémoire de toi est bord-ça de l’horizon

Rallume pas c’te vieille chandelle Arrache pas le z-ombrage, ma douce ombrelle Le voile dessus mon chagrin et pensées Voie un dernier souffle dirigé aux dernières flammes glacées

Avant que tes mauvais vents attrapent la voile de mon idée Je connais éoù ça va me mener, je veux pas m’en aller Parce que si mon chebec prend à shake et voiler Tu seras pas là pour me gouverner

Je me trouverais loin… ailleurs C’est ta belle oubliance qui me guide asteur.

Encore un ’tit filet

J’en ai besoin. D’un autre ’tit filet, d’une autre petite seine qui me prendra (quand même si j’aperçois trop tard) que je saigne

comme un vers coincé au verre poignardé par les mêmes éclats

les gouttes se rejoignent et coulent en un filet en un filet de sang

c’est quand la bouteille se casse que je me réveille que je coupe les fils et un autre ’tit filet se file les grémilles se défilent en bas du chemin vers moi

Huis clos.

Le monde à tiendre

Il y a du monde à tiendre du monde à traîner à ha�r à fuir à oublier à tout prix

du monde a imiter du monde à éviter il y a aussi les bâtards qui ont tout pris

Mais le monde à tiendre C’est un monde à refaire C’est un monde à peindre

avec le pinceau à portée sur une toile qui couvre sans rien cacher

Le monde à tiendre c’est un monde à perdre un bijou fragile à jamais échapper

Moi, j’ai le monde à tiendre quand je t’ai entre mes mains Une chance d’avoir le c�ur plein

J’ai pas à me plaindre avec ton sourire sans dents ta bouche vide d’amertume

Le monde à tiendre c’est un monde à reconstruire c’est des langages à traduire

Le monde à tiendre c’est un monde qui glisse entre les doigts c’est un monde qui s’en va, mais qui te quitte pas

Jamais.

Text prepared by:

Bruce R. Magee

Source

L’Anthologie Louisianaise