
Louis-Narcisse Baudry Des Lozières.
“Voyage à la Louisianne..”
Voyage à la Louisiane et sur le continent de l’Amérique septentrionale, fait dans les années 1794 à 1798: contenant un [...]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Baudry Des Lozières, Louis-Narcisse (1751-1841). Voyage à la Louisiane et sur le continent de l’Amérique septentrionale, fait dans les années 1794 à 1798: contenant un tableau historique de la Louisiane, des observations sur son climat, ses riches productions, le caractère et le nom des sauvages... / par B*** D*** [Baudry des Lozières]. 1802.
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�Voyage
Á la Louisiane,
Et sur le continent
De L'Amerique
Septentrionale, fait dans les annees 1794 á 1798
CONTENANT an Tableau-historique de la louisiane, des observalions-sur son climat, ses riches productions,
le caractère et le nom des Sauvages; des remarques importantes sur la navigation des principes d’adminis�tration, de législation et de gouvernement propres à cette Colonie .etc. etc.
B* D*
PAR ORNÉ’ D UNE BELLE CARTE.,
Quoi vidimus oculis quod auribus tèstamur et annunciamus volis
S. Paul ad cor
galeries de bois, n°* 240.
PRÉFACE.
Nous allons rentrer en possession de la Louisiane, et chacun raisonne sur cet objet suivant son intérêt personnel ou d’après les renseignemens, souvent incertains, qu’il s’est procurés. Quand nous avons cédé ces belles régions aux espagnols, nousleur avonsremis aussi tout ce que nous avions d’instruction sur elle; ensorte qu’aujourd’hui il ne nousenrestequedes idées imparfaites, et depuis 1 769 nous n’y avons songé que faiblement, parce que nous n’a�vions plus d’intérêt à y porter une sé�rieuse attention. Nous avons ouvrages anciens, faits, il est vrai, par
des personnes qui ont vu mais ce ne
sont que de faibles abrégés et je crois donner une histoire aussi complète qu’il est possible de le faire, pour ;le présent. Je me suisappliqué a cequ’on. n’avait point fait encore à famiiiari�ser le lecteur avec le caractère des
sauvages à reposer ^son esprit sur les productions de ce Beau pays 5 à
fixer son attention sur les différentes parties du commerce 3 et donner des moyens de rendre la navigation plus sûre. Ce n’est point ici une compilation, c’est le résultât des notes que j’ai prises sur le continent même
et si la sévère défiance des
espa�gnols en 1795 et années suivantes,ne m’a pas permis decompléter mon voyage,; j’ai été si près des objets que
je puis dire les’avoirtous vus. Les cir�
constancesmedonnent donc:un ayaii�tage qu’il est-impossible, de me dispu�tersans injustice.
STOPPED HERE
La carte jointe à mon travail est d’une exactitude telle qu’on peut y donner toute sa confiance. Je continue à donner au Mississipi son nom et son cours, malgré le système dé quel�ques personnes qui voudraient que l’on ne regardât le Mississipi que comme la suite de la rivière du Mis�souri enfin rien de réellementessen�tiel n’a été négligé, pour rendre cet ouvrage utile dans toutes ses parties,
sous le point de vue du commerce, de la navigation
et encore sous le point de vue administratif et ’de lé�gislation coloniale. Il est tel que toue ceux qui ont intérêt de connaître ces
régions lointaines auront soinrèinf besoin lui peuvent être sûrs que rien hasarda
V0 Y AGE ILA LOFISI A NE
SU fi. LE CONTINENT
DE L’AMÉRIQUE
SEPTENTRIONALE.
JLa Louisiane nous est rendue, et cette justice qui décharge l’Espagne d’un far�deau, restitue la France des en.fans qui�ont souvent scellé de leur sang leur extrême
tendresse pour elle. La cession qui en fut faite en 1762 aux Espagnols, par le duc de Choiseul, ministre de la marine et des colo�nies, et qui se réalisa en 1769 par l’ambi�tion d’Oreily a fait bien des malheureux. Aujourd’hui sa rétrocession va relever le courage des hommes braves que n’a pu abâ�tardir un régime indolent et destructeur.
Je n’entreprends point de faire l’histoire
entière du continent de l’Amérique septen�trionale je ne prends que la tâche de com�muniquer ce que j’ai yu sur les contrées lointaines qui nous intéressent dans ce mo�ment, et de donner sur la Louisiane tous les renseignemens que j’ai pu me procurer soie par mes observations sur le continent soit par les rapports que m’ont faits sur les lieux mêmes, des personnes assez instruites pour mériter la plus grande confiance.
J’y ai joint la lecture de plusieurs livres anglais, et j’ai vérifié dans le pays les faits qu’ils avancent. Je n’ai pas non plus négligé de lire quelques auteurs espagnols et fran�çais qui traitent le même objet et à travers l’obscurité qui les couvre tous j’ai saisi
que personne n’a autant de droits que la France, sur le Canada et la Louisiane. Il parait que c’est en i535 que, pour la pre�mière fais les français prirent possession de riches contrées. Jacques Cartier,
ces accompagné des sieurs de Pontbriàn, de là Pommeraye et de Gogelle, les découvrit et s’en empara au nom de François 1er. Mais comme de pareillesopérationssont toujours lentes, la France se contenta d’envoyer de tems en tems quelques vaisseaux pour re�
«connaître lés lieux, et forma quelques, fai�
blesétablissemensdansle Canadaetl’Acadie.
Ce ne fut réellement qu’en 1673 que le père Marquet, jésuite et un bourgeois de Québec, reconnurent parfaitement le fleuve du Mississipi., parcourant à l’ouest le
en lac Michigan. En 1679 et 1680, le père
Hennequin, récollet, accompagné du sieur
Decan remonta le fleuve à trois cents lieues
au nord, jusqu’au saut Saint-Antoine.
Il est encore certain que ce n’est qu’en, 1584, sous le règne dé la reine Elisabeth c’est-à-dire cinquante environ après
ans Cartier, que les Anglais eurent l’idée de
s’établir dans l’Aniériqueseptentrionale; et
il y avait quarante-quatre ans que les fran�çais y avaient fait des établissemens, quand
les anglais envoyèrent quelques colons sous les ordres de Richard Greenville. Enfin il parait démontré que nous
me
sommes les premiers possesseurs de ces vastes contrées, et Rue ce ne. fut que plus de dix-sept ans après que les français eurent fait la découvertede laLouisiane, et qu’ilsen eurent pris possession au nom de Louis XIV, que les anglais essayèrent de la chercher.
Revendu, en France, et après aVoir mis
quelques ordre aux notes que j’avais faites sur le continent de l’Amérique septentrio�nale, je croyais que tout ce que j’avais vu ne servirait qu’à satisfaction person-
ma nelle, et je m’occupai d’autres soins. Mais instruit que la Louisiane allait nous être rendue, je me ressouvins de mes notes, et je travaillais à en tirer quelque parti pourla chose publique quand parut un ouvrageintitulé Mémoires de M, de Vergennes ministre des affaires étrangères. Je le lus d’abord rapidement.; je le parcourus de nou�et je m’en voulais à moi-même de ne
veau pas le trouver digne de son auteur. Enfin, après l’avoir bien examiné, je me décidai à croire que le nom de l’auteur était supposé. Si M. de Vergennes a quelque part à
ces mémoires, ce n’est que pour très-peu et le reste est d’une obscurité telle qu’il est im�possible d’avoir d’après cette lecture, une idée nette de la Louisiane. Cependant je dois dire que celui qui a été
sur les lieux supplée aisément à ce qui
manque à ces mémoires, et que ce qu’on y
voit n’est obscur que faute d’avoir été ré�digé par une personne qui connaisse l’objet
qu’on traite. Néanmoins cet ouvrage n’est
mérite pour l’homme d’état et
pas sans quel que soit celui qui se cache sous le nom imposant de M. de Vergenries il ne rend pas moins des services par plusieurs de ses vuès qui sont très-sages. Persuadé que ces mémoires ne pouvaient faire de tort mon. projet, je continuai mon travail, et ce que je vaisdiren’estqueledéveloppementdes notes que j’avais déjà prises dans mes voyages-La Louisiane est un des plus beaux pays du monde et l’un des plus heureux. M. de la Salle fut le premier qui chercha sérieuse�ment l’embouchure du Mississipi. Par trop d’obstination pour n’avoir pas voulu
et suivre les conseils qu’on lui donnait, il ne réussit point dans son projet, et.l’on sait qu’il périt malheureusement de la maindes siens nommé Larchevéqzie.
�pres M. de la Salle, M. le Moine d’Jber�ville gentilhomme du Canada, fut envoyé pour la même tentative. En 1698, il entra dans le fleuve du Mississipi par son embou�chure et en le remontant il prit au nom de Louis XIV possession de toutes lés terres, comme M. de la Salle et le cheva�lier de Tonti l’avaient fait 1682
en en venant du côté des Illinois ils y avaient
fait bâtir les forts de Crève-,Coeur-, de Saint-Louis, oû ils laissèrent une garnison. En 1699 le même M. d’Iberville fut
chargé de transporter la première colonie à la Louisiane dont il fut nommé gouver�neur. Ce premier établissement était faible.. Dans les premiers essais de ce genre, on a rarement à choisir. L’homme de bien quitte difficilement son pays le vagabond seul s’expatrie sur le moindre appât.^Aussi cette colonie n’était encore qu’un ramas d’hom�mes de toute espèce quelques-uns honnêtes, et le plus grand nombre au moins équivo�ques. Les uns sans moyens, mais laborieux ontposé les.premiers,fondemens les autres vagabonda et paresseux, ont peu praduit sont morts, et ce fut un bonheur pour ceux qui restaient.
M. de Lamotte Cadillac fut le second gouverneur; et sous lui, la premièrecolonie commençait à peine à s’acclimater. Une autre émigration un peu mieux choisie qué la. première eut lieu. Ce n’était plus des. hommes flétris, des filles perdues, plus pror près à infecter qu’à peupler ce beau climat sn.ais. de pauvrets laboureurs des ouvriers,
indigens, des hommes bién nés, d’une êdv�
cation honnête mais sans fortune.
Alors la colonie commençait à devenir l’asile des hommes laborieux qui trouvaient peu de ressources dans la mère patrie. L’on
y vit bientôt une foule de bons allemands
qui donnèrent l’exemple du travail, de l’in�
telligenca;, de la patience et de la docilité;
De là ’résulta un changement avantageux,
dans la moralepublique; on devint probe
poli religieux et l’on se distingua par des
vertus. On .fut obligé de combattre les nations sau�vages mais ce n’était plus des hordes de bri�
gands qui allaient attaquer des hordes de
sauvages pour lespillerpouren dévasterles
asiles c’était des hommes civilisés .qui cher�
chaient à conserver le terrain qu’ils avalent acquis pu c,onquis,quisedéfendaient contre les invasions et contre, la surprise,
arme commune des premiers,hommes ide lana-?
tu;re.: y ,. ,J .�
.’Le sauvage est naturellement cruel, il l’était encore plus à cette époque. Il a pour habitude de brûlera, petit feu ses prisonniers,, et de leur faire subir les plus terribles tour�inens pour éprouver dit-il le courage d& ennemis. Au milieu de ces scènes de
ses
cruauté la férocité lui crée des plaisirs il danse autour de la victime il l’excite par des injures et si elle donne des signes de souffrance il la couvre de mépris, et lui reproche amèrement sa lâcheté. Aussi per�sonne ne meurt avec plus d’intrépidité que le sauvage. Il supporte le supplice le plus inoui sans donner la plus légère marque de douleur. Il ne laisse échapper aucune plainte et on le voit expirer en bravant ses bourreaux.
Quand les sauvages surent que les prison�niers n’éprouvaient point de mauvais traite�ment de la part des français, et qu’on avait pour eux la plus grande douceur ils furent étonnés de cette humanité. Mais ce qui les
loyauté; cette franchise et cette exactitude à tenir sa pa�role, qui distinguent notre nation, Dès ’ce moment, ils conçurent pour nous la plus haute estime et la plus grande amitié. Tous ceux qui avoisinaient lés Français cherchée rent à se lier avec eux1 et y réussirent.
Tandis que les sauvages, plus près dé nous, s’empressaient d’être nos amis* toutes les autres nations qui ne nous cou�
Haïssaient pas encore regardaient
et nous comme des tyrans qui venaient les àsservir, devenaient les ennemis de ceux que nous devions naturellement protéger. Telle est la cause, toujours subsistante, des guerres que nous avons eu à soutenir dans ces beaux pays, que la nature semble avoir formés pour la paix. Il fautajouteràcettecause uneautreplus puissante encore, la rivalité des anglais. Cette nation civilisée mais-qu’une ambi�tion sans bornes rend souvent plus barbare au lieu de s’entendre
que le sauvage même pour un partage raisonnable
avec nous s’est toujours laissée dominer par cette cu�pidité mercantille qui, lui faisant désirer de tout envahir, la porte à tout sacrifier pour tout avoir et lui ferme les yeux sur le choix des moyens et dans l’intention de dégoûter les français, l’anglais n’a cessé d’irriter contre nous’ ces peuples barbares. Qu’en’est-il résulté ?Les sauvages que la nature éclaire bien quelquefois, se
assez sont aperçus de l’ambition des’ anglais de leurs moyens-honteux, de la férocité de leur politique et toutes les fois qu’ils ont choisir, ils ont donné la préférence.
eu
français parce qu’ils ne reconnaissent
aux
en eux qne la soif de la gloire les actions
de la bravoure et les résultats de la géné�
rosité.
Le sauvage désintéressé dans le principe riche parce qu’iln’avaitpasde besoins s’en est créé de nouveaux à l’arrivée des euro�péens,etpourlessatisfaire,ils’est vuforcé de subir ce joug impérieux. L’anglais a flatté sa passion pour.les liqueurs spiritueuses et s’est servi de. ce moyen de corruption pour, ramener à son parti les nations mêmes, qu’a�vait éloignées de lui la connaissance de .ses
manoeuvres politiques.
C’est ainsi que plusieurs peuplades sauva�ges restent attachées à son parti, et qu’il les irrite contre les français. Et nous pour vons même le dire c’est ’moins contre les
sauvages que nous avons fait si long-teniç la guerre, que, contre les anglais seuls, inté�ressés à leur mettre les armes à la main et à les rendre lesinstrumens aveugles d’une am�bition démesurée.
,yt
Nous observerons en passant que, soit prudence soit politïque.,car on ne peut pas dire que ce soit faute de les.
courage, anglais avares; de leur propre sangjie bat.
tent rarement par eux-mêmes. Ils ont plus d’or que due soldats, et ils prodiguent l’un économiser les autres.
pour
Dans les guerres de notre terrible révolu�tion; leur politique n’a consisté, pour ainsi dire, qu’à gagner beaucoup d’or pour rnul�tiplier les trahisons dont ils profitaient, et pour acheter beaucoup de bras mercenaires par le moyen desquels ils ont souvent épar:�gné la vie deleursconcitoyens. En cela ils sont moins coupables que ces hommes vils qui pour une faible solde prodiguentleur
sang dans lescombats..
C’est donc aussi de cette-manière que la jalousie des.anglais a seule troublé la tran�quillité delaLouisiane,etqu’ellearetardé les progrès de cette belle colonie. Eh quelle estime peut obtenir une politique purement mercantille qui trouble le repos du monde entier, et qui place l’or avant tout?
Quoi qu’il en soit, en 1730 le gouverne�’ment de France jugea convenable d’ôter à la compagnie des Indes la gestion de la Loui�siane et d’en former un état accessoire, direc�tement, sous ses ordres. C’est à cette époque qu’il destina le régiment de Karrer à passerdans cette colonie encore naissanteètsu&
fîsamnient accrue pour mériter une atten�
tion sérieuse.
Pour se rendre de France à la Louisiane y on va jusqu’à présent reconnaître Saint-Do�mingue ensuite on passe à quelques lieues de la Jamaïque, on longe la côte de Cuba ou Cube, on reconnaît le cap Catoche celui de Saint-Antoine et l’on va droit à Pem> bouchure du Mississipi. Pour revenir les
vents permettent de prendre le plus court, et l’on passe par le canal de’ Bahama ou Bahame on reconnaît d’abord la Havanne, entre dans le canal, et l’on se rend à
on Saint-Domingue’en peu de tems. Le canal de Bahame est redoutable, parce
que les eaux y sont resserrées lés caurans
d’une force extraordinaire et que les vents
irrités par la gêne de ce canal, multiplient
iesmouvemensquitourmentent un vaisseau.;
mais on n’est pas bien familiarisé
encore avec cette navigation et quand on
saura mieux calculer les tems
le passage de ce
canal ne donnera plus autant d’inquiétudes.
Il est possible même que l’on se serve de
ce canal pour aller comme pour revenir, et
nous-aurons occasion d’examiner cet objet
de la plus grande importance. Maintenant
suivons notre plan et l’ordre que nous nous sommes prescrit.
Le golfe du Mexique est très-redoutable sur-tout au mois de mai. Les brouillards y sont alors si épais que sans les bois que le fleuve du Mississipi charrie en quantité, et qu’il pousse dans ce golfe jusqu’à plus de deux cents lieues au large il serait presqu’impossible de découvrir l’embou�chure qu’il faut reconnaitre pour entrer à la balise. Cetteembouchureestencoretrès�difficile par les écueils et les basses terres’de cesparages.Dès qu’on yest arrivé envient reconnaître la balise, fort établi pour en garder l’entrée. Cette balise est un séjour af�freux c’est un poste isolé qui n’a pour voi-, sins et pour horizon que des marais infects ou les serpens et les crocodiles abondent, où l’on voit dans l’air des nuages d’insectes quidévorentsur-toutlesnouveaux arrivans. Delabaliseà laNouvelle-Orléans il y atout au plus trente-cinq lieues à remonter sur le fleuve et l’on faits ce trajet pénible à voiles et à rames par des embarcations destinées à
cet usage. Voyons à présent ce qu’était cette vaste tégion, à l’époque dont nous parlons. La co�
îonïe, comme nous l’avons déjà dit, avait été jusqu’alors régie par la compagnie des Indes et c’était pour la première fois que le gouvernement de France s’en emparait di�rectement. M. Perier commandant sous cette compagnie fut nommé gouverneur�
général. La Louisianeétaitdans sonenfance etles sauvages notamment les chicachas et les natchez courbés faiblement encore sous le
joug, venaientjusqu’à la ville dé la Nouvelle-
Orléans harceler et désespérer les habitans
par des attaques aussi brusques^que multi�
pliées. Cette ville n’était pas à beaucoup près ce qu’elleestdevenue depuis.Sesalignemens et l’emplacement étaient tracés mais on n’y voyait encore que peu de maisons.
Il y avait, comme aujourd’hui
des euro. péens, des américains des africains, mais en petite quantité, et l’on avait à résister aux attaques journalières des naturels du pays,qui cherchaient à détruire la puissance,qui s’élevait au milieu d’eux. Pour les empêcher de pénétrer il fallait à tout moment se lever en massue et abandonner toute espèce de tra�vauxpourprendreles armes.Aussila milice
bourgeoise de ces régions lointaines est ex�trémement brave.
Les facultés du louisianais se développent de bonne heure. Il apporte ,.en naissant, les nlus grandes dispositions aux arts et aux sciences. Si elles étaient secondées par l’é�ducation il pourrait un jour prendre rangparmi les peuples les plus policés.
Les femmes nées dans un climat sain où. la corruption des moeurs. n’a dégradé le moral, ni altéré le physique, y brillent de fraîcheur. Leur visage annonce la santé et l’aimable innocence. Toutes sont ou jolies, ou belles, gaies sans coquetterie aimables
prétentions leurs dents long-
sans sont tems d’une extrême blancheur, et leurs lè�vres toujours vermeilles. On pourrait, sans flatterie et sans exagération leur appliquer ce qu’on raconte des géorgiennes et des circassiennes. Elles ont peu besoin des secours de i’art aussi leur parure est-elle simple et si quel�ques-unes ont voulu suivre les modes de l’Europe, loin d’ajouter à leurs grâces natu�relles, elles n’ont fait qu’en diminuer le charme. Modestes sans affectation vives sans étoûrderie, folâtres sans licence, éga�
lement adroites et laborieuses elles n’onÉ rien de l’indolence ordinaire aux autres créoles.
Tant que les moeurs s’y conserveront il n’y aura rien de flatté dans cet éloge il
ne sera qu’un hommage rendu à la vérité et la Louisiane sera le plus beau pays du monde. On ne connaît point dans cette colonie ce que communément l’on appelle en Europe populace. Peu d’années mettent les nouveaux venus à l’unisson. Ils n’ont qu’à imiter et ils parviennent à.ressembl.er. C’est ainsi que se perpétuent les manières séduisantes de ces habitans. On s’y surveille les uns les autres, et ceux qui s’écartent de l’esprit public y
sont bientôt ramenés par la force de l’opi�nion. On devrait faire par-tout de même car la loi, quelque forte qu’elle soit, n’a pas,
comme l’opinion, le pouvoir de poursuivre le coupable jusque dans ses derniers retran�chemens.
La Nouyelle-Orléans,partïculièrement,est unséjourenchanté. L’air qu’onyrespireest si salubre, les terres si fécondes sa posi�tion si délicieuse,.qu’on la croirait au milieu
�d’un parterre. Elle est sur les bords du ,Mis�sissipi, sur ces bords favorisés par la nature;
et ses eaux pures et agréables ont; dit-on, la
propriété de contribuer même à multiplier
l’espèce humaine..
Ce fleuve des plus grands que l’on
un connaisse plus de douze cents
arrose lieues de pays. On, le remonte jusqu’aux Scioux,sansqu’onaitpu encoredécouvrirle lieu de sa source. Il coule pendant quarante lieues entre un nombre infini d’habituations charmantesetbiencultivées etsurlesdeux
rives sont étalées toutes les richesses de la
nature. On peut s’y. procurer les. plaisirs
de la. chasse et ceux de la pêche, en un mot
tous les amusemens qui peuvent con,venir à des hommes qui ne sont pas encore cor�rompus. ; ;�.
Depuis peud’années,àl’époquedontnous parlons, des capucins missionnaires avaient fixéleurdemeure à laLouisiane,etFomn’eut jamais à leur reprocher de s’être mêlés des affaires temporelles. Ces religieux étaient de bonne foi, et en entretenant les bonnes
ils avaient le tems de se livrer à l’a�
moeurs griculture dont ils donnèrentd’utiles leçons
aux habitans.
Nous avons aussi beaucoup de bien àdire du couvent des ursulines, qui s’établit à peu près dans le même teins. Ce fut la seule et précieuseécole desdemoiselles,oùelles pu!�sèrent ce goût décidé qu’elles ont pour les vertus et pour les arts d’agrément. On fut
tropheureuxd’avoir cetteressourcedansun pays aussi éloigné de toute communication» et je crois bien que l’on doit à ce couvent le rapport si précis des usages et du langage qui existe, beaucoupplus quedanslesautres colonies entre ce pays et la France. Il en est sorti des sujets dignes d’admiration, dés demoiselles d’une vertu héroïque, des mères de famille faites pour servir d’exemplemême à cellesqu’on cite dansd’autrespays. Je suis fâché de n’avoir pas le même éloge à faire des jésuites qui habitaient dans ces belles régions, et je me contente de dire qu’en xy65. ou 1766 on les obligea de se retirer. A l’arrivée des nouvelles troupes les sau�vages reculèrent,etla Nouvelle-Orléansjouit d’un sort plus tranquille. Mais il fallait éloi�gner la lignededémarcationetycontenirles ennemis. On décida de placer un poste à/<* Pointe-Coupée. C’est une avant-garde, une
espècedesentinelle perdue.L’ondevaitchai..
sirpourofficiersetsoldats,des hommesdonc
la valeur ou les dispositions fussent bien
parce que cette barrière faisait le
connues salut de la capitale. Ce poste de la Pointe-Coupéeexistait du tems de la compagnie des Indes mais il n’é�tait alors qu’une mauvaise redoute défendue par ses habitanscourageux sansdoute,entrop petit nombre néanmoins pour n’être pas
souvent égorgés tous ensemble. Chaque fois qu’on y en envoyait on était presque sûr de pas revoir ces victimes dévouées à la
ne tranquillitépublique. Ce posteest àquarante lieues de la Nouvelle-Orléans. On s’y rend par le Mississipi en refoulant son courant à la rame. Ses sinuosités sont nombreuses et coupent deux grandes forêts dehautesfutaies,dont lesarbresd’une.gros�seur et d’une hauteur étonnantes semblent annoncer que leur naissance peut dater des premiers tems du monde. Aquelquedistance serencontrelanation akança. Une partie du terrain de cette na�tion, c’est-à-dire quatre lieues de surface avait été concédée à Laws a, condition quelapeupladequ’on ydestinaitseraitdequinze
cents colons et composée seulement d’allé* mands et de provençaux.Mais Lawsneréus�sit point dans son projet; la compagnie des Indes, qui avait alors la régie de toute la Louisiane,s’appropriatout cequiavait servi établissemens les alle�
à commencer ces mands rétrogradans vinrent habiter un autre quartieràdixlieues delacapitale, et cequaiv tier porta leur nom. Ces hommes, infiniment laborieux n’ont cessé d’être, pour ainsi dire les approvisionneurs de cette grande ville. Après les akancas, c’est-à-dire à deux lieues au dessus paraissent les colapissas ou aquelonpissas. Ce mot signifie homme qui voit et entend ce qui donne une idée de l’intelligence et de la perspicacité de cette nation sauvage. Il est bon de prévenir le lecteur pour qu’il laisse pas éblouirpar l’expressionim�
ne se posante de nation, Elle ne signifie rien au�
tre chose que chaque tribu de sauvages, as�sujettie sous un même chef, dont la langue
et quelques usages diffèrent un peu des au�
tres en sorte qu’une nation n’est souvent
pas composée de deux mille individus et
qu’un rencontre des villages ou des nations
beaucoup moins considérables. Après avoir passé les colapissas, on
ren�
contre la nation’des oumas. C’est là qu’on adore plus particulièrement le bienfaiteur de l’univers, l’astre créateur des productions-de la terre. Le soleil est leur seul dieu, et comme il répand la joie et l’abondance par-tout, ils soutiennent qu’ayant tous les ca�ractères de la divinité il devrait réunir tous les hommages des créatures.
Ilsnesongentpasque cetastre n’estquel’un
des instrumens du vrai’dieu mais ils ne
croient qu’à ce qui frappe matériellement
leurs sens. Ils se sont donc donné le nom
d’adorateurs du soleil, en se donnant celui
doumas. Il y a bien des nations sauvages dans-le
monde, et l’on n’en citerait pas une qui soit
athée, tant if est naturel de croire à l’exis�tence d’un dieu Il est vrai que souvent
leurs dieux sont ridicules mais quelle que soitlaformedeleurculte;il estt&u joursun hommageindirecterenduau maître suprême et une preuve certaine qu’ils croient à son
existence. Lesbordsdu fleuve sontcouvertsd’objets
plus merveilleux les uns que les autres. A chaque pas on y trouve une foule de beautés bien propres à confondre ceux gui. font tout venir du hasard Que de richesses que d’é�légance La nature y est parée de tous ses
charmes, et l’air y distribue les parfums de
la volupté. Ce que les poètes racontent des
Champs-Elyséesn’estpointune fable,toutes
leursidées célestesseréalisentdansceslieux enchanteurs. Telle est la route qui conduit à la Pointe-Coupée, séparée seulement de quinze lieues des oumas.
La Pointe-Coupée estégalemententourée de terres excellentes. Sans culture elles de qui
offrent une confusion richesses
étonnent et enchantent. Les champs cul�tivés donnent l’idée des ressources de ce quartier fertile. Ils sont couverts d’arbres fruitiers de tabac de coton de maïs, et de toutes les denrées en abondance.
Ses forêts fournissent abondamment au commerce et à la marine, les plus beaux bois de construction dont on forme des ra�deaux qui vont, en dérivant à la Nouvelle-Orléans.
C’est dans cet endroit charmant, que vers l’année1700,onenvoyaunfort détachement
pour faire repentir les sauvages de leurs in�sultes continuelles.
Les sauvages font la guerre en traîtres, et sur-tout les chicachas et les natchez. Ils crurent pouvoir profiter du moment d’em�barras et de fatigue où devait être le nouveau
détachement,pourle surprendreet/rapper(i) à l’improviste sur ce poste. On ne les atten�dait pas la nuit était obscure ils viennent en foule pour faire quelque tentative dans leplusgrandsilence, commec’estleurusage; et une grêle de traits empoisonnés tombe sur le campfrançais.
Heureusement le détachement était sur le qui vive et dans une juste méfiance il se trouva prêt, le combat se livre et les fran�çais, sans avoir perdu personne repoussè�
rent les sauvages qui essuyèrent une perte considérable. Ils firent encore plusieurs es�sais mais toujours repoussés avec le plus grand désavantage, ils prirent le parti de rester tranquilles. Plusieurs mois s’étant passés sans la moin. dre action, on crut pouvoir rappeler une
(1) C’est l’expression sauvage elle signiGe attaquer et détruire une habitation.
grande partie du détachement à la Nouvelle Orléans, et l’on ne laissa pour lors à la Pointe-Coupée que la garde ordinaire.
M. de Bienville qui avait précédé M. Pe�
rier, venait d’être nommé pour lui succéder
dans le gouvernement de la Louisiane. Ce
nouveau gouverneur fil! nécessité lui-même
d’envoyer des troupes à la Pointe-Coupée recommençaient
parce que les sauvages yleurs attaques et leurs incursions. Il y en�voya ce même détachement du régiment de Karrer, qui avait déjà triomphé. C’est en vain que les sauvages font les préparatifs les plus terribles qu’ils
em�ploient leurs ruses ordinaires, qu’ils mul�tiplient les surprises à toute heure du jour et de la nuit ils sont vaincus autant de fois qu’ils se montrent. Maintenant parcourons les champs de la Mobile, à la même époque cette ville, la plus forte après la Nouvelle-Orléanss, offre également des choses intéressantes. Pour aller à la Mobile on s’embarque à un quart de lieue de la Nouvelle -Orléans c’est-à-dire hayouc Saint-Jean petit
au port sur le lac de Pontchartrain (i). Ce
’(1) On l’appelle aussi le lac Saint-Jean*
bayouc deux lieues de long. C’est un petit canal oiz la mer refoule. On trouve ensuite le lac de Pontchartrain qui conduit à la baie et au port de la Mobile. Cette ville est éloignée de la capitale d’environ cinquante lieues. E:Ie en était autrefois la capitale c’est-à-dire qu’elle fut le premier établisse�ment de la Louisiane, le gouvernement et la justice y faisaient leur résidence. Le fort qu’on y trouve est bâti d’après toutes les règles, quoiqu’il ne soit pas de facile dé�fense, puisqu’il exige beaucoup de monde pour le rendre imposant. Il est agréable�ment situé sur la baie où la vient
mer battre violence. Il a, d’un côté la
avec petite rivière de Chactaux et de l’autre celle de la Mobile, plus large que la Seine au port de Rouen. La Mobile prend
sa source dans les montagnes des Apalaches. C’est à la ville de la Mobile qu’est le rendez�
vous dé tous les sauvages de la partie de
l’est, qui sont nombre considérable.
en C’est-là qu’ils viennent recevoir chaque année, les présens que leur portons
nous pour entretenir la paix avec eux. Nous sommes forcémentleurs,tributaires,et quoi�qu’il en coûte à notre orgueil de l’avouer,
notre bravoure ne suffirait pas pour les contenir.
Ils viennent de cent lieues à la ronde, et leur nombre ne saurait se calculer. Comme ils sont vigoureux, rusés et guerriers, il est très-dangereux de les irriter. On les retient donc par les présens et ils empêchent l’an�glais toujous avide, de venir sur nos terres
et de s’en emparer.Cette partie est néanmoins habitée par beaucoupdefrançais, qui traitent avecassez de finesse pour trouver avec ces nations un commerceavantageux. Les mobiliens sont forts laborieux, et trafiquent aussi avec les espagnols qui ha�bitent Pensacola à quatorze lieues de la Mobile,. Ils traitent de pelleteries avec les sauvage, et fournissent aux espagnols du goudron en abondance. Le sol n’est pas beaucoup près aussi fertile que celui des au�tres parties de la Louisiane; il est sablonneux et le sable y est très gros. Cependant les bestiaux s’y engraissent et multiplientbeau�coup.Il est à remarquer que la terre y produit abondammentle merisier, le laurierrouge et blanc, le cèdre aussi blanc et xouge
ce
cèdre fait des marquéteries charmantes. Les insectes n’y peuvent pénétrer et en style colonial, c’est un bois ïncorruptible. Les fo�rêts produisent une quantité de bois incon�nus à l’Europe, et beucoup d’arbres résineux dontlagommealaconsistanceet l’odeurde la térébenthine.
Les plantes y sont dignes de toute la curio�çité des botanistes de l’attention sérieuse des physiciens et les anthologistes y trou�vent des ’occasions fréquentes de satisfaire leur goût. Les cyprès ont dans cette partie de la Louisiane une dimension si extraordi�naire, qu’on enfaitdespiroguesd’uneseule pièce,capableschacunedecontenir soixante hommes.
Voici commelessauvagess’yprennent pour fabriquer en peu de tems cette espèce de bâti-Ils vont sur le bord des rivières dont le
mens courant est le plus rapide y trouvent beau-coup de cyprès déracinés par le frottement répété des eaux et que la violence des vents abat ensuite et dont elle couvre la terre ils cherchentdans cette grande quantité celui qui leur convient, le dégagent de ses bran�ches et le mettentà la longueurqu’il s«veulent. Ensuite ils allument, sur là superficie qui
leur paraît bonne, un feu qu’ils laissent brû�
ler, en prenant le soin de le diriger pournéces�
qu’ilne consumeque cequin’est pas saire, et, à l’aide de quelques instrumens, ils en retirent les charbons jusqu’à ce qu’il soit suffisamment creusé. Après cette opération., ils achèvent leur pirogue en lui donnant le plus de propreté qu’ils peuvent, et puis ils la lancent à l’eau. Voilà toute leur marine etcespremiersvaisseauxdumonde garnis de rames se dirigent commele poisson avec ses nageoires et leur serventsur les lacs et les rivières, soit pour leur commerce ou leurs voyages, soit même pour aller faire la guerre. Après avoir donné une légère description de la Mobile il est également indispensable d’instruire le lecteur du motif de la guerre que nous allions en 1780 porter dans ce; parages. Ce sera en même tems accoutumer les esprits aux mœurs des sauvages. Pour peu qu’on ait lu quelque ancienne
histoire de la Louisiane, on doit avoir au
moins une idée légère du massacre affreux
que la nation des natchez fit des français en
et comme j’ai des renseignemens que
1727 la tradition des lieux m’a fournie je vais
fâcher d’en faire un tableau en raccourci. Ce trait d’histoire, qui prouve que la faute d’un seul homme cause souvent la perte de
va fairefrémird’horreurparsonprin�
tous cipe et par ses conséquences. Puisse-t-ilren�dre plus éclairés dans la nomination des placesimportantes ceuxquiont le droitde les donner. Chépar était à cette époque de 1727 com�mandant du poste des natchez. C’était un de ces hommes qui ont plus d’orgueil que de mérite qui savent faire bassement la cour à leurs supérieurs, et qui croient se dédom�mager de leur bassesse en écrasant leurs in�férieurs du poids d’une supériorité emprun�tée.Aulieudese regarder commelepremier de égaux il considérait son rang de
ses commandant comme un droit absolu. Son caprice était la seule loi qu’il reconnût, et la moindre observation sur injustices
ses était auprès de lui un crime impardonna�ble. Ilfaisaità toutmomentdes passe-droits en faveur des .ames viles qui faisaient à
se. ses yeux un mérite de leur, souplesse., et décourageait les meilleurs officiers comme les meilleurs soldats, qu’il avait sous ses or�dres. A son insociabilité qui se montrait
par des gestes menacans et par les expres�sions les plus grossières, il joignait une cupidité qui le faisait plier lui-même de�vant les moyens les plus honteux. Enfin son ame était la plus hautaine et la plus basse que l’on connût. Dumontcommandait après lui. Ce jeune homme était tout l’opposé du commandant. La bravoure et la douceur le faisaient aimer etestiraer par-toui.Iln’épargna rien pour faire
revenir Chépar de ses égaremens honteux.
Il commença par la douceur et finit par la
fermeté. Unjourilsepermitdereprendrela
conduite odieuse etincorrigibleducomman�dant, il osa le blâmer en sa présence et lnx fit les plus vifs reproches.
Chépar humilié mais irrité parce qu’il
lui restait pas un moyen pour colorer
ne ses infamies, ose abuser de son autorité au point de faire mettre son collègue aux fers. L’excès était trop révoltant pour ne pas in.�
digner. On en instruisit le gouverneur-géné�ral, quifitremettreenlibertél’hommecou�rageux qui s’était sacrifié pour tous.
Chépar est appelé pour rendre compte de sa conduite mais malheureusement il est facileauxméchansdetrouverdesprotec�
et commeils ne répugnentà Tienpour
teurs en venir à leurs fins il y a toujours un ins�tant dont ils profitent pour pénétrer jusqu’au qu’ils corrompent par l’adulation. Le
cœur
gouverneurestséduitet Chéparqui devait être cassé est réhabilité dans ses fonctions de commandant. On va voir les conséquen�ces affreusesde cettefauteinexcusable.
Un honnête homme peut se tromper,et les
apparencespeuvent lui faire perdre sa place. Mais quand il est rétabli, son premier soin est de faire oublier son erreur, en mettant dans sa nouvelle conduite plus d’exactitude. Il s’observe davantage a et sa nouvelle ma�nière d’agir justifie bientôt la protection -qui l’a soutenu.
Chépar n’était pas un honnête homme il se conduisit donc différemment. Son triomphe ne fit qu’augmenter son orgueil. Il ne voit dans sa réhabilitation qu’un moyen plus sûr de suivre désormais son penchant. Il dans
couve son cœur les projets de se venger.
Il n’y réussit que trop et sa conduite fut si mal-adroite,quenon-seulementilseren* dit odieuxauxfrançais,maisqu’ilfutmême
exécré des sauvages. Ceux-ci vont le faire
repentir cruellement de son indigne exis�tence. Ce malheureux aveuglé par le désir de faire fortune en peu de tems imagine d’user de son autorité pour dépouiller de sa propriété un chef de sauvages, et en former pour lui une habitation.
La:nation, dont il expoliait le chef, for�mait, il y avait très-peu de tems un peuple considérable divisé en cinq cents villages dont chacun avait son cacique particulier. Ils se réunissaient sous un chef général et ils adoraient tous comme les oumas, l’œil de l’univers qu’ils désignaient sous le nom d’ouacnel, c’est-à-dire le plus grand de tous les feux.
Il faut savoir que l’égalité n’est point re�
connue parmiles sauvages, qu’ilsadmettènt tousdes-supérieurs qui eux-mêmes ont un grand chef, et qu’ils sont fort soumis àleurs autorités. J’avance ces faits parce que j’en ax été le témoin.
D’après ces principes d’inégalité naturelle,: et d’après leur culte qui leur montrait le so�leil dominant sur toute la nature supérieur aux autres astres qui tiennent tout. de lui ces sauvages nommaient leur chef général grand soleil.
Lesparensdece chefsuprême portaient
le nom de soleils et ils avaient les premières
places. Venait la troisième, classe dont le
nom répondait à celui, de nobles. La qua�trième se nommait les considères et le bas peuple fort méprisé chez euxportait la dénomination humiliante de puants (1).
Leshommagesqu’ilsrendaient à leur chef suprême étaient calqués sur leur culte reli�gieux. Leur manière d’adorer l’astre du jour était si auguste qu’elle inspirait de la piété même étrangers qui les regardaient
aux prier. Dès le matin le grand -prêtre donnait le signal de la marche, et le peuple suivait en silence. Ce grand-prêtre tenait le calumet de paix c’est-à-dire une longue pipe artiste�ment travaillée. Il remplissait sa bouche de fumée et lançaitversledieu prêt àparaitre la première bouffée de tabac. C’était chez ces nations la manière de donner son coeur
Xj) Olchçrgras ,vn sauvage, signifie puant en fran-i ’nais, comme vilain autrefois était le titre qu’on donnait au tiers-état dans l’assembléeclés états-généraux, ou il présentaitgenoux ses doléances. Si je ne mé trompé-, c’est sous HénriïtV" que le fiers-état les présenta debout cour la première fois.,
à dïéu. Sitôt que le soleil faisait paraîtreses premiers rayons et que l’on distinguaitun peu son disque tout le peuple les bras éle�vés, vers le ciel, lui adressait leurs premières paroles du jour, et l’implorait à haute voix précipitant. à terre. On avait soin sur�
en se toutdefaire assister à cette cérémonie du ma�tinlesencans,qui,conduitspar leursmères, contractaientl’habitude et l’heureux préjugé d’une religion qui instruit et console. Ils avaient en outre un lieu public dont la nature faisait tous les frais temple
un
dont le ciel était la voûte entouré d’arbres
qui servaient de colonnes, et ces arbres
étaient unis par des charmilles qui valaient
bien les soubassemens de notre architec�ture. Au milieu était placée une souche
énorme, un tronc d’arbre, d’une hauteur
convenable, sur lequel était un vase où se conservait un feu continuel, que les prêtres étaient obligés d’entretenir et qu’ils ne pouvaient négliger sans être punis de mort. C’est-Ta qu’à certaines époques de l’année ils venaient s’humilier aux pieds dé là divi�nité, la remercier de ses bienfaits, et lui demander de les rendre toujours meilleurs.
Mais comment se fait-il qu’avec autantde
piété ils eussent l’ame féroce ? comment souffraient-ils qu’à la mort de leurs souve�rains, on précipitât tout vivans dans leurs tombes, leurs femmes et un grand nombre de leurs sujets ? La cruauté serait-elle donc dans la nature! l’homme est-il naturellement méchant et alors pourquoi la philosophie a-t-elle si souvent affecté de nous donner le
sauvage pour modèle ? La société a bien des vices sans doute mais il semble que plus s’en éloigne
on le prétexte de les éviter, et plus le
sous cœur perd de cette tendre humanité qui compatitaux mauxd’autrui. Latroplongue solitude suffit seulement pour façonner l’homme à Tégoïsme. Il paraît que l’on ne pense qu’à soi quand on s’éloigne des au�tres, et que c’est en fréquentant l’homme qu’on prend intérêt à lui. Revenons à Chépar et développons
son infamie. Sa cupidité lui fit voir dans le vil�lage de la Pomme une superbe habitation à sonprofit etdesonautoritéprivéeildonna ordre au cacique d’évacuer sur-le-champ ces lieux. Ce cacique ou soleil lui fit d’humbles re�montrances. *« C’est-là, lui dit-il, que les
de mes ancêtres reposent laissez-moi la.
os consolation de respirer le même air qu’ils respiraient, de fouler la même terre où ils marchaient, de m’envelopper de leurs subs�tances, et d’adoucir mes regrets par la jouis�sance de leurs tristes restes. Je vous le de�mande au nom du respect que nous portons aux morts ma famille et.mes sujets. se joi�gnent à moi pour obtenir de vous cette justice. 3» Le commandant malheureusement né pour s’irriter de tout ce qu’il y a de plus doux dans la nature ne voit dans cette prière qu’une désobéissance qu’une rébel�lion sa volonté et d’un ton fulminant il menace le soleil, s’il n’obéit promptement, de l’envoyer a la Nouvelle-Orléans les fers aux pieds et aux mains. Sa fureur nourrie par sa cupidité ne lui permet pas de voir qu’il parle à un homme accoutumé
com�
mander, qui a des moyens de se venger, et qui ne permettra pas qu’on le traite en es�clave. A. cet emportemiéïit, le soleil Oppose le plus profond silence, et se retire avec l’apparence du plus grand calme.
Sitôt il assemble les siens
son retour et leur expose qu’il vient’ d’éprouver.
ce
L’indignationest générale mais onn’est pas force il faut chercher les
encore, en et
moyens de ruse dont les faibles
se servent quelquefois avec avantage contre les tyrans qui veulent les écraser.
On arrête donc qu’il dépêché plu�
sera sieurs d’entr’eux qui représenteront avec douceur à Chépar, que le soleil est disposé au sacrifice qu’on exige de lui mais que
comme il a besoin de tracer un plan pour un autre village avant de quitter celui de la Pomme, il demande le délai de deux lunes.
Cet arrêté fixé les envoyés communi�quent à Chépar l’objet de leur mission. Le commandantfrançais lesreçoit avec sahaur teur ordinaire, etlesrebutant avec insolence y les menace des châtimens les plus sévères si dans un très-court délai, le village de la Pomme n’est pas rendu. Cette réponse auda�cieuse jette cesmalheureux sauvages dans le plus grand abattement.
Les vieillards s’assemblent et décident qu’il faut, à quelque prix que ce soit ob�tenir du tems; que dans cet intervalle, on avisera au moyen de se débarrasser pour tou�joursde cesvoisinsdontlatyranniedevenait. de jour en jour plus insupportable^
Ils savaient que ce Chépar était excessi�vement intéressé. Ils lui proposèrent-de ri�ches présens et Chépar donna dans le piége. Il vendit le délai qu’on demandait avec ins�tance, et il feignit que ce n’était qu’en con: sidération de l’amitié qu’il avait pour eux.
Les sauvages n’étaient pas dupes de
ce faux désintéressement perdre de�
et sans teins ils convoquèrent leur conseil. Ils tra�vaillèrent au moyen le plus prompt de
se débarrasser de la domination tyrannique de commandant, que leur simplicité leur
ce faisait confondre sous le nom générique de français. On exigea un secret impénétra�ble on convint de redoubler les marques de confiance envers les français, d’affecter plus que jamais les signes d’amitié et loti termina l’assemblée, pour que chacun allât songer au moyen de faire réussir prompte�ment le projet. Quelques jours après que les nobles vieil�lards eurent recueilli les opinions et mûri leurs idées, le conseil fut convoqué de nou-. yeau et, l’orateur après avoir salué
son
chef, s’exprima en ces termes (1)
�r) Il est possible que ce discours paraisse’ un peu
’,« ’Que l’astre qui nous éclaire etquélnous: adorions répande sur mon discours la force et la douceur pénétrante de lumiére
sa qu’épurant nos esprits il les échauffeassez pour, nous donner le courage dont nous avons; le plus grand besoin dans ces .cir�constances douloureuses. «Nous autres vieillards, nous aperce�rons depuis long-temslemal que Bous;occa�sionne le voisinage des français ;,mais les jeunes gensn’yfont .pas; attention,. Séduits par les apparences,, ils n’aperçoivent pas le précipice u couvert de fleurs ils’ ne voient que les agrémen.s.des: JCopê. et ne rse défientpas du poison qu’elles renferment. «’EnèiCfet-, à quoi servent ces marchan�dises séduisantes? vous le savez: à donner le goût du luxe à nos femiiies à débaucher
long; cependant il »’est qu’une traduction fidelle, et it est plus long dans l’original que j’ai vu imprime en anglais à Philadelphie. D’ailleurs il donne une idée du sens que l’on rencontre quelquefois chez 1e
sauvage qui ne. sait pas encore être court en parlant d’affaires, et jûii: pour b.ut der familiariser Beaucoup le lecteur avec des sauvages..
nos Elles, à favoriser l’orgueil et la fainêar*�tise, à tuer de travail les hommes mariés pour fournir aux besoins factices de leurs épouses, et à corrompre les moeurs publi�ques. Les avantages qu’on en retire ne. dé�
dommagent pas des risques auxquels-elles
exposent.
« Les français nous ont fait bien du tort par leur air engageant, par-tantes leurs, recherches en tout ce qui peut flatter* les sens, et -par l’art-qu’ils ont/ naturellement d’amolu^notre leur tyrannie. Avaiit leur Arrivée noils étions des hommes nous allions nous marchions -sur nos terres-dont nous étions les maîtres et nous n’avions à redouter ^q-ae des animaux féroces. dont notre ^dresse .sa�vait: .nous:gar,antir. Aujourd’hui" un poison doux a coulé dans nos veines j il.epgo.urd-it et énerve nos membres nousne Taisonsplus
que talonner en marchant et nous craignons. les épines nous avons la timidité des escla�ves et nous baissons la tête sous le joug des tyrans. Voyez comme on vient de traiter
notresoleih On le menace de le charger-de
fers, et nous ne préférerions pas la mort à
l’esclavageRappelans nos âmes que’ sous
avons laissé échapper et faisons voir aux blancsqueles hommesrouges,. librescomme eus, saventreprendre,quandilsle veulent, leur antique valeur.:»,
Ici l’orateurreprendhaleine. Onvoit que lesespritss’agitenten signed’approbation,et tout:îe mondeparaît désirer la continuation du discours. L’orateur, donc après s’être recueilli, reprend ainsi sa harangue
tuels -des; hommes rouges ? En est-il en effet* qui aitplus de-valeur et de moyens que nous? Qu’attendons-nouspour nousremettreen lui�berté1?. Ne serions-nous plus de vrais ^hom�mes (i) et voudrions-nous passer jusqu’à la dérnxère tradition (2) pour desiIâciiesif’CoKi^ mençons donc dès aujourd’hui nos -disposi-r tiona,etdansleplusgrandsecret consommons notre ouvrage. Que nos. femmes: préparent nos vivres et qu’elles ne se doutent pas du motif.qui nousréunit. Transmettons lècalu�met depaixàtoutes les.nationsvoisinesdes français.,
(1)
C’est l’expression des sauvages.
(2)
Ou sait que’tes saunages ne connaissent pcnni
ennemi qui veut tout soùmettre.Noussefiôris�lespremiersdanslesfers ,puisquenoussom�mes les plus faibles. Après nous avoir vain�cus, les français détruiraient ainsi de proche en proche tous les autres? Hommes rouges.
« Il faut donc une Honnéfois reunir toutes’ les nationset les faire lever en masse:pour-’ exterminer, tout d’un coup les tyrans qui. nous accablent, et nâus sauver, de la honte: qui nous menace. Entrainons tous nos peu�ples dans:nos intérêts, et faisons leurvoirf quel notre" vengeance est le salut de trous.’ Nous ne pouvons réussir qu’en exterminant au même-moment tous les français qûTUoni sur nos terrés. Il faut’ que notre projet s’exé-; cute par-tout à la même hèure, et quelle terme:dxt délaiquenous savons obtenir soit aussileterme delatyranniede nos ennemis.» Par^là nousnousdélivreronsdutributhôîi~ teuscque’nousnoussommes imposé, ettout
jusqu^àux ptésensqu�nousavonsété:’forces de; donner au; vil chef desfrançais,reviendra dans nosmains.!Cejour jsera le plus beau: pournous^puisqu-’ilsera le retour de notre
liberté.» vr;-�
>’
Ce discours fut> interrompu par dès ap�plaudisse.mens,à la manière dessauvages;�
après quelques débats sur lès dispositions à faire dans des circonstances-aussipressantes, l’orateur continua airisiiT ��� « Nos braves guerriers ne quitt�ron’tp oint
leurs armes à feu nous nous entremêlerons avec les français nous par-toutquatrecûntr� uii, et sous le prétexte
d’une chasse générale du de quelque grande fête,noussaurons leuremprunter des fusils et des munitions. Nous leur promettrons de -leur rapporterbeaucoup de gibiers,eVi’mté�rêt, qui rend crédule j nous aidera dans nos projets. "
« Pour tirer tout le parti possible de ce jour glorieux, il faut que toutes les nations s’entendent avec nous que le coup soit gé�néral, et que dans le même tems, le même massacre s’exécute sur tous lespomtsoti sont les français. Dans il faut préparer
ce cas
des paquets de bûchettes (i,) les faire égaux, en donner un à chaque nation, et en garder un pareil pour nous. Ils serviront à marquer la quantité des’jours. Chaque matin on ôtera
(i) Ce sont de pelils moïGeaùxde bois-assea-seni�blabk’s à uas aHumellesv. I
une bûchette,qui ,sera sur-le-champjetéean
feu,, et la dernière annoncera du
carnage. Il faut qu’il au quart du jour, c’est le moment favorable de fondre côtés
après empêcher les blancs, qui viennent de
l’ancienne terresur legrand s’établir
parmi nous. Mais, sur-tout ayons l’exactitude
de .tirer une bûchette chaque jour, la plus légère méprise serait de la plus .funeste con�séquence pour nous. Nous devons donc en charger un homme sage et faire la même invitation à tous les peuples de notre parti.
Voilà ce qu’il faut faire, pour recouvrer notre liberté. Nous le devons a. nous-mêmes, à nos ancêtres, nos
indignes de vivre si nouspouvions lui préfé�rer l’esclavage, » Les signes de la plusgrande approbation récompensèrent .la peine de l’orateur. Le
so�leil de la Pomme approuva le premier, et il chargea de faIre agréerleprojetau grand
se iSoleil des natchezt. Il recommanda sur-tout de cacher cette conspiration aux femmes çoleijles.. Tout fut donc, disposé pour garder scrupuleusement le secret. Mais dans de
semblables circonstances il y toujours
a une certaine affectation qui fait naître de l’inquiétude et de la défiance. Par-tout le peuple est curieux il cherche toujours à pénétrer dans l’intérieur du cabi�et plus on prend de
net des gouvernans précaution pour lui cacher une chose, et plus il met d’attention pour la deviner. Il faut savoir ici que, parmi les natchez les femmes qu’on désignait sous le nom de soleilles avaient droit de tout savoir, et que la précaution de se cacher d’elles ne faisait qu’attiser leur curiosité. La soleille nommée Bretspiqué femme de beaucoup d’esprit et mère du grand soleil fut celle qui montra le plus d’indignation sur le défaut de confiance que l’on marquait aux femmes. Les passions sont les mêmes
par-tout,la nature semble prendre plaisir à
les faire jouer et cette femme irritée jura de
se venger. Cette soleille porta donc ses plain�tesà sonfils.Celui-ciluidonnaquelquepré�texte évasif. Elle fit semblant-de s’en con-
tenter, sous.les apparences de la plus grande
modération. Le même jour, elle engagea fils à raccompagner dans un village
son voisin, pour y visiter une parente dange�
xeusement malade. Ils y yont seuls, et quand ils sont enfoncés dans un bois elle lui parle
en ces termes
(i) Je suis fatiguée asseyons-nous un instant, etouvretes oreillespouryrecevoir ce que j’ai à te faire entendre.
«Dès tes plu s. jeunes ans je t’ai inspiré une juste horreur pour le. mensonge; je t’ai ap�prisqu’un menteur étaitindignede la qualité
d’homme; qu’un soleil qui ment estl’êtrele plus vil et qu’il doit même être flétri par le mépris des femmes. J’espère donc qu’en te rappelant tes principes, tu me, révéleras la vérité que tu me caches avec tant de soin et que j’ai autant d’intérêt que toi de con�
naître.
«Dis -moidonc,lessoleils nesont-ilsplus frères ? Ne suis-je plus digne du rang et des droits qu’ils m’ont donnésPPourquoi donc se cachent-ils de rnoï ? Me croient-ils les lèvres coupées et incapables de retenirmes paroles? Suis-je une femme révéler un secret en
*(i) Ce discours est également vrai ce n’est encore .qu’une Iraduction., et je le crois propre à donner aussi l’idée de la finesse naturelle et. decla duplicité de ces
peuples de la nature. ’�<
formant? Cette défiance de la part de mes
fréres me confond m’humilie mais la
tienne me désespère.
*çQuoi donc ne suis-je plus ta mère? n’es-tu pas sorti de mes entrailles ? Oublies�tu que tu as sucé mon sein, que je t’ai nourri du plus pur de mon sang? Ce sang ne coule-t-il plus dans tes veines ? Sans moi, livrais-tu ? et-si tu n’étais pas mon fils, se�rais-tu le grand soleil d’une grande nation ?
« Tu es., il est vrai le fils-d’un français.; mais c’est à moi que tu dois ta dignité ton rang et cependant, je ne marché à côté de
toi que comme cet animal fidèle qui te suit
à la chasse Je suis étonnée, même que tu ne
merepousses pas aveclepied Peux-tutrai�ter, ta mère avec cette indignité ? Que les au�tres soleils se méfient de moi, je n’en suis
point surprise mais toi fils que j’ai
ce nourri que je chéris à tous les instans. du jour! As-tu jamais vu un fils traiter ainsi sa mère ? toi seul ce. caractère
va a barbare Les pleurs interrompent le discours de cette mère et.après. avoir pressé, {tendrement -so^i’ .fils, dans ses bras elle reprit ainsi Quoi toute la nation des natchez est
mouvement, il s’agit du salut de tous j
en et ta mère, là première dès soleilles, ne pourrait eri. pénétrer le motif As tupeur quejem’opposeàtesdesseins ?crains-tuque je te fasse l’esclave des françaîs ? Ah que cetteidéem’afflige Jelevoisjenemar�che plus qu’avec des ingrats, et je dois en.
mourir de douleur .»
Le filsattendrai par ces plaintes mêle ses larmes à celles de sa mère mais reprenant le froid naturel aux sauvages, il lui répond avec respect
« Vos reproches commeautant de flè�ches, viennent de percer mon cùeùr, et je gémis de leur injustice. Je ne vous ai jamais rebutée étle mépris que Vous mesupposez votre égard, est une injure à ma tendresse et au respect que je vous dois. Mais vous le
rien n’est plus sacré que le secret du.
savez conseil des vieillards. Ce secret est le devoir de tous les hommes et, comme souverain Jé dois plus’qu’un autre encore le regarder comme inviolable. <c Il n’est pas à moi, et je dois montrer i’�xémf)lè de 1k Jilus grande discrétion Là grande soleillè �ïlé-ïriême? votre souveraine, est comme vous/elle l’ignoré;
« Quoique je sois le fils d’un français on n’a pas cru devoir me faire de mystère. On me savait trop intéressé à la chose pour me la cacher
« Pourvous, on s’est bien douté,que va.. tre extrême pénétration vous ferait tout de�viner et puisque je devais le cacher à mon épouse, devais-je vous eninstruire?Puisque vous l’avez deviné je n’ai plus rien à vous apprendre et il ne me reste qu’à vous re-commander de clorre vos lèvres.»
La mère profite des bonnes dispositions de son fils, qui croyait qu’elle avait tout de�viné, et continua ainsi
« Ah lui répondit-elle si tu savais le motif qui m’anime en cet instant, tu recon�naîtrais la prévoyance maternelle. J’ai bien deviné -que c’est contre les français
que
vous prenez tant de précautions mais ce qui m’inquiète, est l’incertitude du succès je crains que vous ne preniez pas assez bien vos mesures. Vous connaissez combien l’es�prit des français est pénétrant quoique leur chef ait perdu le sien (i).
(i) C’est la manière dont s’exprime le sauvage, quand il veut désigner un homme qui devient méchant..
«A leurs connaissances ils joignent la
plus grande bravoure et leur valeur guer�
rière est aidée par des marchandises sédui�
santes, faites pour assurer leurs succès et
pour faire agir contre nous tous les guerriers
des autres nations.
Si vous n’aviez affaire qu’à des hommes
«
je dormirais plus tranquillement.
rouges
Ce n’est pas pour moi que je crains
ma car�
rière est avancée, et la vie d’une femme âgée
est bien peu de chose Toutes mes craintes
sont pour toi, mon cher enfant
« Nos vieillards s’abusent s’ils oublient que les français sont d’autres hommes que les hommes rouges ils ne sont pas aisés à surprendre eux que l’étoffe parlante (1) ne cesse d’instruire chaque jour. Je meurs de peurquevotre conseilne sesoit trompédans
»
ses moyens C’est avec cette adresse que cette femme parvint à tout savoir. Elle sut même le plus
essentiel que les buchettes étaient dans le
temple sur le tronçon que les sauvages ap�pellent le bois plat; que c’était là qu’on les
(i) C’est ainsi que les sauvages appellent les livres et l’écriture.
consumait chaque jour. Dès ce moment
elle laissa son fils tranquille et ne s’occupa
plus que du soin de faire échouer ce cruel
projet. Elle ne pouvait supporter l’idée de voir périr tous les français., et elle
se con�duisit avec tant d’esprit, de prudence et d’adresse, qu’elle sut les avertir sans se com�promettre. Le premier prévenu de cet horrible com�plot, est un M. Macé enseigne de la gar�nison du fort des natchez. Il court en ins�truire lecommandantChépar.Pourréponse il fut mis aux arrêts. Sept habitans viennent lui rapporter la même chose il les traite de même. Il méprisait tellement les sauvages,qu’il ne leur croyait même pas l’énergie né�cessaire pour une pareille conspiration et d’ailleurs il était séduit par l’exactitude avec laquelleilslui payaientleurs présens.La so�leille Braspiqué apprend avec douleur que ses précautionssontinu tilesparl’obstin ation de Chépar. Ne pouvant sauver tous les français, elle prend du moins la résolution de diminuer le nombre des victimes. Elle profite du droit qu’elle avaitd’entrer dans le temple et sans être aperçue des prêtres, elle soustrait adroi�
temerit quelques bûchettes. De cette ma�
nière, elle devançait le jour du
massacre fixé par les natchez et le bruit qui devait s’en répandre au loin empêchaitl’exécution
du massacre général. Ce moyen réussit.
Le 28décembre1727 verslesneufheures du matin les natchez consommèrent leur projet, persuadés qu’on en faisait autant dans toute la colonie. Il y eut deux mille
personnes ’égorgées ceux qui purent s’é�chapper furent couverts de blessures. Qua�tre-vingt-dixfemmes, cent cinquante enfans
et beaucoup de nègres furent faits prison�niers. On ne les tua point dans l’espérance de les vendre comme esclaves dans la Ca�roline du sud.
La barbarie des sauvages est extrême. Pendant ce massacre, le grand soleil était assis tranquillement sous un hangard; on lui apportait toutes les têtes dégoûtantes de sang. Il se réserva celle de Chépar et celles de quelques autres chefs français. Il fit ran�ger les autres à-peu-près comme on range les boulets de canon dans un parc d’artillerie.
Les corps furentjetés aux vautours. Les sau�vages firent plus, ils ouvrirent le ventre aux
femmes enceintes et parce que toutes les
femmes qui avaient des encans a. la mAmelle
les importunaient par leurs cris et par leurs
pleurs, ils les firent égorger presque toutes.
Il est à remarquer que Chépar, saisi parles guerriers, ne fut pas tué sur-le-champ. On lui dit qu’un chien. ( 1 ) comme lui ne méri�tait pas de périr par de braves gens, et il fut livré aux miche michequipis c’est-à-dire auxpuantslesplusvils,à lapopulace, qui le mit enpièces. Exemple effrayantpour l’or�gueil et la cupidité conséquence terrible d’un mauvais choix
On a des sauvages plusieurs idées qui ne sont pas justes. Leur finesse naturelle leur tient lieu d’instruction et leur défaut d’é�ducation rend leurs passions plus danger reuses. Ils ne savent point pardonner; ils se
vengent tôt ou tard et par toutes sortes de moyens. Il faut beaucoup de politique et de concilier leur bienveillance
sagesse pour se et la conspiration des natchez achève, d� convaincre que ces hommes de la nature savent prendre un parti vigoureux*
(1) Cette expression est aussi injurieuse chez les sauvages, que celle de chienne chez la populace an�
On devine aisément que cette conduite
atroce des natchez exigeai, des français une
vengeance aussi juste au fond qu’impo�
sante et cruelle dans la forme.
On leurfla guerre, et avec succès. La nation des natchez fut exterminée, et ce qui put’échapper allà demander l’hospitalité à la nation des chicachas qui les reçut.
Les chïcachas sont de valeureux guer�riers ils montent supérieurement à cheval, et ne respirent que la guerre. Peu occupés deleurfamille dontilslaissententièrement le soin à leurs femmes ils ne connaissent que là chasse et la guerre
L’amour même qu’ils ont pour leurs: femmes remarquables par leur propretéet par une espèce de beauté que n’ont pas les autres femmes sauvages n’a point adouci leurs mœurs ils les quittent volontiers, et là nature ne les y rappelle que rarement.
Telssont les peuples auxquels les français vont avoir affaire (i). Ce sont eux qui dans le même tems, après avoir défait l’armée qui venait des illinois pour se joindre à M. de
Bienville gouverneur général de la Loui�
-(l) Il ne faut pas oubliex qu’A s’agit de l’armée ï^S�»
siane eurent la cruauté de faire brûler à
petit feu sur des cadres, M. Dartaguette
commandant, sept officiers vingt-six sol�
dats, plusieurs habitans, et se firent de cette
horriblecruautéunde leurs plusbeauxspec�
tacles. Ils dansaient autour de ces victimes,
et ils se réjouissaient de leurs tourmens de
leurscriset de leurdésespoir. Ettouslesphi�
losophes nousrépètent sans cessede prendre
pour modèles les hommes de la nature
Telétaitl’état des choses,quand,en1734,
le régiment de Karrer reçut l’ordre de partir* en plus grande partie pour la Mobile. On
se borna d’abord d quelques escarmouches
à de légers combats de détachement dé�
tachement.
A cette époque, on eut encore besoin
d’hommes choisis pour aller à Pensacola.,
et le régiment de Karrer les fournit. Il s’a�
gissait de donner par mer, la chasse aux
anglais qui, en tems de guerre faisaient
un commerce interlope sur les côtes fran�
çaises.
Ces expéditions devinrent sérieuses. Les
combats étaient fort meurtriers et des
hommesd’une bravourereconnuepouvaient
seuls les terminer. La compagnie des grena�
diers deKarrerfutcommandéeplusieurs fois à cet effet, et les anglais, toujours vaincus cessèrent enfin d’importuner.
Pensa.cola estuneîle espagnole,prèsdeterre, et qui s’avance à quatorze lieues dans la mer; elle n’a pas plus d’une demi-lieue de large et elle ne sert que d’abri ou de repos aux es�pagnols qui passent au Mexique. Cette rade est très-sûre, et le terrain de l’île ne vaut pasla peine qu’on en parle.
En 1736, le gouvernement de France donna des ordres à M. de Bienyille
gouver�neur général de la Louisiane de tomber sur les cliicachas pour les punir de leur trahison, les natchez réfugiés. Nous ne critique�
et sur rons point cette opération d’une vengeance trop tardive, d’une inutilité parfaite puis�que les natchez avaient été assez punis,
et
d’une conséquence qui devint si funeste nous nous contentons, de la développer ait lecteur.
L’expédition dont il s’agit demandait une armée et de grands préparatifs. Il fallut forv mer pn entrepôt ’à’ 9a lieues de la Mobile, en remontant la rivière; et pour y réussir, il fallut dés hommes décidés. L’endroit de co dépôt est nommé par les sauvages Tombekbé..
Cest-là que l’on doit disposer tout pour re�
cevoir la grande armée. On s’y rend, et on
.s’y fortifie le mieux que l’on peut.
maisceposte isolé,ettoujourspérilleux, déplait aux soldats. Ils ne voulaient pas y rester,, et par esprit d’inconstance ils cher�chaient tous les moyens d’en sortir. Ne sa�chant comment faire ils s’arrêtent à l’hor�rible complot, d’assassiner tous leurs offi�ciers, et de déserter chez les nations sau�vages du parti des anglais. On les voyait s’assembler souvent on, croyait que ce n’é�tait qu’un simple amusement, et seulement
des promenades pour se dissiper dans un lieu désert. A leur-tête était un ancien ser�gent qui avait bien, servi mais qui avait toujours passé pour perturbateur. Il prési�dait leurs rassemblemens.
On sut enfin leur projet on était alors au mois de février, et vis-à-vis la tente princi�pale était un grand feu où la plupart des sol�dats venaient se chauffer. C’était là que de�
vait se consommer le crime résolu pour le
lendemain matin. Tous les soldats gardaient
le plus grand secret, et ceux qui ne vou�laient pas être de l’exécution. devaient se
taire sous peine de mort.
Un officier comme beaucoup d’autres peut-êtreselonl’usage de touslespays avait un soldat attaché à son service usage avi�lissant, puisqu’il est vrai qu’un soldat ne doit servir que sa patrie C’est dégrader une profession où l’on ne doit avoir que des sen�timens élevés.
Pour cette fois ce fut un bonheur Ce soldatétait honnêtehomme il fut le sauveur de la garnison parce qu’il osa révéler tout. Le complot devait s’exécuter le lendemain matin. On ne perd pas de tems et l’on en prévientle commandant hommeaussisage que brave (i). Les officiers s’assemblent sans affectation et sans rien changer à la con�duite ordinaire ils arrêtent seulementqu’ils ne quitteront point leurs armes.
Le lendemain matin, à-peu-près à l’heure indiquée, les officiers se rendent au feu de la grande tente aussi, bien que le comman�dant. Les soldats viennent aussi, et tout le monde se chauffe, en s’observant de part et d’autre.
Montfort, le sergent chef du camplot
était à côté du commandant sans doute
(i) Il s’appelait de Lusser.
avec l’intention de donner le signal en commençant par lui le massacre. Le commandantluiadresselaparoleavec le plus grand sang froid et lui dit Mont�
«
fort, qu’est-ce que je vois ? tu me parais ivre
de grand matin ? » ce Moi, mon comman�dant, je ne le suis point du tout. » Mais,
tu me raisonnes, je crois.»
Comme ce n’était qu’un prétexte, il dit à l’aide-major ce Mansieur faites votre de�voir, et que cet homme soit mis en prison à la tête du camp. » Montfort veut raisonner, on le met aux fers et il est ordonné à un officier de le garder l’arme au bras. Tous les factieux se regardaient les uns les autres, et cette fermeté les déconcerta. Sans perdre de tems on saisit deux français et deux suisses qui avaient beaucoup d’influencé et ils sont écroués. Il pouvait être funeste d’en faire davantage et l’on en; resta là.
Les cinq premiers moteurs du complot furent jugés provisoirement, et l’on atten�dit l’arrivée de l’armée pour faire approuver et exécuter la sentence. Cette action hardie
produisit un effet merveilleux. La troupes
intimidée et repentante d’avoir conçu un
crimeaussiatrocerentradans ledevoir,et
se piqua mêmed’une,exactitude qui annon�çait le remords. L’on continua les travaux, et l’armée arriva très-peu de tems après. Elle fut frappée du danger qu’avait couru le détachement envoyé en avant., et elle applaudit à la conduite ferme des officiers de cette avant-garde. Sur-le-champ on s’oc�cupa du procès des cinq coupables. Comme on n’avait point de bourreaux, on commua leur supplice, et ils furent fusillés au milieu du camp.
Le soldat qui avait révélé le, complot, ne fut pas récompensé jugea qu’il n’avait
on fait que son devoir, et qu’on ne devait pas de récompense àl’hommeparcequ’ilne veut pas commettre un crime qu’il est dange�reux de lui en donner en pareil cas quec’est même avilir celui auquel on la pro�pose. Ce jugement est à la rigueur, juste pour des hommes éclairés mais n’est-il pas sé�vère à l’égard d’un homme qui n’a ni connais�sance, ni fortune ? Nous voici parvenu à la fameuse expédi�tion du 26 mai iy36 contre les chicachas et les anglais. M, de. Bienville général
gouverneur
commandait en personne la grande armée et nous sommes obligés de dire, que dans
cette occasion il consulta plus gloire
sa
que le bien de la colonie. Mais ce qu’il fit
une fois un grand nombre de gouverneurs
des colonies l’ont presque toujours fait. On
peutregarder commeun axiomecolonial,que tout bon gouverneur fait bonne colonie et qu’un mauvais administrateur y est plus à craindre que par-tout ailleurs. Nous déve�lopperons bientôt cette idée.
Enfin l’on se dispose au combat on en livre même plusieurs en
rase campagne, et les anglais,ainsi que leurs amis, ne peuvent résister à l’impétuosité des français ils sont obligésdeseretirertousdansleurs retranche�mens.Descorpsd’arbres,taillés enpieux, tra�versés par d’autresplacésderrière, formaient despalissades,disposées àformer parétages,
trois rangs de meurtrières de sorte qu’à
travers les anglais et les sauvages de leur
parti calculaient les moyens de tirer les
uns à hauteur de la ceinture les autres dans le plastron et les troisièmes à la tête. Leurs coupsétaientd’autantplus sûrsqu’ilsétaient visés leurs armes étant appuyées. Par la ils n’avaient à craindre des français que le
peu de balles qui pouvaient entrer par les
meurtrières. S’avancer sur ces palissades et
prétendre les forcer sans c’était
canons doncmarcheràunemortcertaine. Mais de la bravoure à la témérité il n’y a qu’un pas, sut-tout chez les français., naturellement
bouillans dans les batailles et ceux-ci s’a�vancent assez près pour lancer leurs gre�nades par-dessus les palissades mais c’était
sans succès les ennemis, derrière
parce queleurs retranchemens étaient encore à cou�vert sous un toit d’écorces d’arbres. Pendant plus de trois heures les français fontleseffortslesplusétonnans etàchaque fois ils perdent un nombre considérable d’hommes qui sont remplacés sur-le-champ par autant de héros qui succombent à leur
tour. Mais tous ces èfforts sont inutiles. La
campagne qui entoure le fort des anglais et
des chicachas est couverte de braves fran�
çais qui ont succombé sous les coups lancés derrière les palissades il ne reste plus assez de mondepouracheverl’entreprise.
Legénéral,très-courageuxsans doute,mais qui avait beaucoup trop sacrifié à sa propregloire, sent que le français se Iasse il fait battre la retraite, et cherche à regagner son L’ennemiqui voitsonavantage, ouvre
camp.
sesportesetsemetà lapoursuitedesfrançais.
On protégé tant qu’on peut la retraite
on sa batvigoureusementen reculant, mais c’est en perdant encore beaucoup de mande et
l’on a toujours été surpris que les français
aient pu regagner leur camp. Les anglais
et les chicachas n’avaient encore perdu per�
sonne, et ce ne fut que dans cette poursuite qu’ils firent de grandes pertes.
Ces combats en retraitefurentfréquenset meurtriers de part et d’autre. C’est à cette occasion que nous parlerons par la suite du fameux Regnisse simple grenadier qui montra tout ce que l’homme peut avoir de courage et de bonheur (i).
La discipline des troupes helvétiques est sévère et peut-être même inhumaine mais le soldat y jouit d’une considération per�sonnelle, qui estpourluiladistinctionqu’il recherche le plus. Les grades qui exigent de grandes connaissances, ne sont point l’objet
(i) On le verra briller dans la vie du général Gron�del, qui est sur le point d’être imprimée, et qui servira beaucoup encore à donner de grandes instructions sur la Louisiane.
.de son ambition. L’épaulette est l’enseigne
de la science militaire, et le soldat helvé�tique ne veut annoncer que le courage. Re�gnisse ne voulut donc être que sergent, et le
grade de sous-officier, presque toujours le
prix du mérite, est plus glorieux dans la
troupe que celui d’officier, que l’on obtient
souvent par la faveur et l’intrigue.
Regnisse vécut long-tems, presque tou�jours aux champs de l’honneur. Après s’être trouvé dans des combats sans nombre, et s’être toujours distingué, il est mort couvert deblessures.Devenul’orgueildes grenadiers
il fut cité comme un prodige de
du tems bravoure et d’humanité, et sans la révolu�tion,qui achangél’ordre de toutesles choses passées son nom serait encore célèbre.
La retraite se fit avec tant de sagesse que le reste de l’armée put replier sur la ri�
se vière, se rembarquer dans ses bâtimens et
rejoindre le camp où les anglais et les chi�cachas crurent qu’il était prudent de ne pas
aller les poursuivre. C’est de ce même camp
dont ensuite les ennemis se rapprochèrent
le plus qu’ils purent qu’on eut la facilité de
voirles cruautésqueles sauvagesexercèrent
sur les prisonniers, et dont les anglais eux�mêmes prirent plaisir à être spectateurs. Les prisonniers malheureusement en
grand-nombre, même les blessés, furent liés et garottés par les sauvages on les conduisit sur les bords de la rivière, sous les yeux des français. Là, tout ce que la cruauté a de
plus raffiné fut exercé. On les vit au bord de l’eau attachés sur des cadres, un par un à-peu-près comme on attachait autrefois les grands criminels sur la croix de St.-André. Ensuite les sauvages allumèrent de petits feux sous ces cadres; et brûlèrentlentement ces infortunés français, en dansant autour d’eux.
Croira-t-on encore que les guerres de ces pays lointains ne valent pas celles d’Europe qu’il ne faille pas autant de bravoure pourles premiers que. pour les autres ? Le pré�jugé subsistera-t-il encore contre les armées américaines, parce qu’elles sont moins nom�breuses ? Cent mille hommes qui se battent contrecentmille hommes,sont-ilsplus braves que dix mille qui se battent contre dix mille ? Les premiers se font-ils plus de mal que les seconds et ces derniers ne-s’en font-ils pasj.ius proportionnellement ? Quand on se bat’
dans les colonies, en général c’est unebon.
cherie. En Europe, on peut dire que l’on se
bat en quelque sorte avec humanité.
Dans les colonies ce sont des tigres qui se battent contre des lions, et qui ne lâchent prise que quand il ne reste plus rien à dé�chirer. Aussi dit-on que l’on devient deux fois homme dans ces contrées lointaines,
pour le courage et sous ce point de vue n’a rien à reprocher aux habitans des
on pays chauds. On y trouve difficilement des lâches et les créoles naissent avec une bra�voure qui les distingue par-tout. Les européens qui viennent y établir leur demeure, ne tardent pas à prendre le même caractère et la honte dont on couvre les poltrons y grossit bientôt le nombre des braves. Aussi ce sont les pays ou. les hommes
sont les plus honnêtes entr’eux parce qu’au soupçon d’une injure, au moindre propos, il faut se rendre mutuellement raison.
Après la bataille’des chicachas, la France envoya. plusieurs croix de St.-Louis, et ja�mais on n’avait plus mérité ce genre de distinction.
Il faut convenir que cette espèce de ré�compense était bien imaginée. Dans le fait.
qui est au-dessus de l’oc, rie peut être
ce récompensé par l’or c’est dégradant
en l’homme lui inculquer l’habitude de faire tout pour un métal qui occasionnetant de maux. D’un autre côté, qui’ voit qui sait qu’une pension a été accordée à un bon militaire ? Quand il passe dans les’ rues, quand il est dans les sociétés n’est qu’un homme
ce comme un autre, et à moins de le connaître particulièrement, on. n’est pas tenté de lui
accorder plus de mérite. La récompense en argent ne peut donc pas exciter l’émulation dans le genre militaire, elle ne peut tenter que des marchands.
Maisquele militaire,outoutautrehomme «doué d’un génie supérieur, soit décoré d’un ruban, cette distinction qui ne doit jamais être prodiguée, le fait reconnaître par-tout
homme précieux à la patrie, et
pour un
par-tout on lui rend les hommages qui sont dûs à son utilité. On le regarde avec une sorte d’admiration.
Cette vue fait naître le désir de lui ressem�bler, et ce qui n’est aux yeux des sots ou des gens inutiles qu’un signe d’orgueil, de�vient un appel pour les personnes à talens�
Le génie se développe, l’exemple gagne, et l’on a multiplié parmi les français les héros et les hommes utiles, par une chose qui ne coûte rien à l’état et qui perpétue la flamme du vrai patriotisme.
Au fond quel mal y aurait-il et quel bien n’en résulterait-il pas, s’il y avait parmi nous des chevaliers français, comme il y avait des chevaliers romains ?
Notre république vaut bien celle de Rome, et nos actions ont depuis long-tems surpassé ses hauts faits. Notre gloire s’élève sur son tombeau, ses cendres se dispersent dans les airs, et le monde, rempli du nom français, oubliera bientôt le nom des romains.
Enfin, pourquoi cette distinction éton�nerait-elle plus qu’une autre ? Mais tous les` états n’ont-ils pas leurs marques distinctives ?
Un ruban est-il plus ridicule qu’un galon
ununiformemoinsdistinguéqu’uneéchappe?
Et dans tousles gouvernemensnereconnaît�
on pas l’homme au costume de son état ?
Si les professions sont désignées par les habits, pourquoi donc ceux qui s’élèvent dans ces professions n’auraient-ils pas une marque qui les retirât de la foule ?
Les hommes de génie sont faits pour
primer et les lois de l’égalité plient néces�sairement devant eux. Il ne faut pas de dis�tinction où la nature n’en veut pas mais il est d’une sage politique d’en mettre Où elle en montre la nécessité.
C’est donc mettre les choses leur place’,
c’est donc même obéir à la nature et donner à la société un grand moyen d’émulation que d’établir un ordre qui créera des hommes utiles en plus grand nombre. Le français ne peut pas se fâcher de cette ligne de démar�cation elle est dans le caractère national.
Si les ordres de l’ancien régime ont révolté l’amour-propre des français, c’est par l’abus qu’on en faisait. On en décorait soiivent des personnes^qui les méritaient d’autant moins qu’ils en étaient plus fiers.
L’hommequi lesméritaitétaitfortsimple; et satisfait d’en avoir été digne
il n’y son�
geait quelquefoits que pour rappeler le
se plaisir intérieur d’avoir été utile à la chose publique et d’en être plus digne encore (i).
(i) D’après vérités de tous les iems, de tous les
ces lieux et de tous tes hommes raisonnables la légion d’honneur est un ordre sagement imaginé qui
et ceux la composent devaient être autorisés à porter-quelque.
On excusera cette digression, à cause de son importance politique et de la pureté de l’intention qui la dicte. Nous n’entrerons ’même pas dans d’autres considérations, qui prouvent encore plus la nécessité de cet ordre parce que les hommes d’état en sa�vent sans doute plus que nous ne pourrions en dire.
Depuis la malheureuse affaire des chica�chas, l’armée française s’était dissoute et chacun était rentré dans sa garnison. On resta jusqu’en *jo$ sans faire aucune tenta�tive. Dans l’intervalle, il n’y eut que quel�ques petits combats expédia même, en
on différentes fois soit sur terre soit sur mer même, des compagnies du régiment de rer. Ces braves militaires donnèrent encore
distinction extérieure qui, annonçant aussi le rétablis-* sement de la religion, aurait une forme de croix. Ce» serait montrer au peuple, les égards qu’il doit à ses dé-> Censeurs et aux hommes de génie qui ont consacré leurs talens pour sa gloire. En 1778 j’avais proposé de supprimer les ordres en France et d’y substituer celui du GÉNIE, dont j’avais fixé les difl�rentes décorations. On peut voir les détails de ce projet dans un ouvrage
que je composai alors sous le titre d’jD�Is powtiqçes
des preuves de leur valeur soit contre les
sauvages, qu’ils savaient repousser dans les bois, soit contre les anglais, qui cherchaient toujours à faire l’interlope sur mer.
Le gouvernement de France n’avait point
oublié le terrible échec qu’il avait éprouvé
contre les chicachas, et méditait les moyens
de s’en venger. En 1739 il fit un armement
considérable et il l’envoya rejoindre et
compléter l’armée’ de la Louisiane.
Le noyau de cette armée était composé d’un dixième de la marine c’est-à dire qu’il y avait une partie de toutes les troupes
déposées dans tous les ports.
M. de Noailles, capitaine de vaisseaux, en était le commandant général. Le major de cette armée était M. de Rosily, père du vice-amiral actuel c’était l’homme le plus poli, le plus modeste il justifiait les lion:�neurs de sa place par beaucoup d’esprit, de connaissance, de bonté, et l’on n’a jamais trouvé en lui que ce qu’on ne devrait jamais cesser de rencontrer dans les personnesbien nées.
Tout fut prêt et rendu au mois de juillet de la même année, et au mois d’août sui�
vant l’on partit pour l’expédition contre les chicachas.
Cette armée fut renforcée par les troupes coloniales, et en grande partie parles cana�diens,dontlavaleur estpeut-êtrelapremière dans le monde entier.
Les canadiens supportent sans murmure toutes les fatigues de la guerre avec un cou�rage incomparable leur frugalité est
ex�
trême, leurs moyens physiques inépuisables,
et ils se battent dans les montagnes comme
dans la plaine, dans les bois comme en rase
campagne, en hiver comme en été, sur mer comme sur terre et par-tout leur patience est admirable bons français, ils détestent cordialement les ennemis de la France.
Dans le moment où nous écrivons, ils sont sous le ’gouvernementanglais, et il n’en est peut-être pas un seul qui ne fasse dans
son cœur les vœux les plus ardens pour re�devenir français. Il y a déjà long-tems qu’ils sont sous cette, domination, et cependant leur langage familier et même public est la langue française. Ils détestent les anglais, leur.politique, leurs mœurs et jusqu’à leur idiome. Jamais la France n’a eu de peuple plus attaché\
On n’eut garde.de reprendre le même che�
min on fit revenir les troupes de la Mobile, et l’on se rendit par le fleuve du Mississipi, que l’on remonta à deux cents cinquante lieues et l’on se fixa au poste de l’As�,sonzptio7t. De-là il fallut marcher pendant
environquarante-cinqlieuespourse trouver en face des ennemis. Mais ils étaient forte�ment retranchés et les anglais les avaient munis amplement. On s’essaya mais le gou�verneur Bienville se ressouvenait de la pre�mière expédition et ne voulut pas com�mettre les mêmes fautes. Il y eut quelques batailles en règle, mais de peu de durée. La dernière, qui fut la plus longue, se termina dans l’espace de quelques heures. Le général, qui s’aperçut que son armée était sur le point d’avoir le dessous, se replia en dégui�sant sa faiblesse et se décida peu de tems après à ramener l’armée au poste de l’As�somption.
C’est-là qu’on imagina d’employer la ruse,la séduction,, à la place de la force, et d’op�poser les présens à une trop forte résistance.
Les sauvages avaient fait eux-mêmes beau-coup depertes,etmalgré les avantagesqu’ils avaient eus ils craignaient encore les fran�
çais; ils savaient que cette nation, née pour les victoires, répare toujours ses défaites par les plus grands triomphes, et qu’au moment où l’on s’y’attend le moîns, on trouve chez
elle des ressources qui tiennent du prodige. On entra en pourparlers les sauvages malgré l’instigation des anglais, et suivant leur penchant naturel pour le caractère de la nation française firent des propositions.
On les accepta, et la paix rendit à ce beau
pays ses plaisirs et ses charmes. Chacun plia
bagage, rentra dans garnison et les
sa braves canadiens aussi bien que les
sau�vagesqui étaientvenuspoursoutenirleparti des français furent licenciés. Comme le tableau que nous présentons est historique il faut donner connaissance au lecteur d’un trait d’histoire qui doit le fa�miliariser avec les colonies, et principale�ment avec celle de la Louisiane. Il’n’en sera
quemieuxdisposéàrecevoirles principesde
gouvernement, que nous détaillerons quand
il en seratems. Portons-nous tout de suite à
l’année 1746�
Dans les colonies où les hommes ne sont pas en grande quantité dans tous les genres,ils y apprennent à être utiles sous plusieurs
rapports à-la-fois et, c’est ce qui fait qu’on
y. voit souvent le même individu remplir deux professions qui paraitraient ailleurs offrir de singuliers contrastes. Il est commun
d’y voirlemêmehommetenir laplumed’une main et l’épéede l’autre.,On y rend l’homme tout ce qu’il peut être physiquement et si l’on n’y a pas la profondeur du génie que
l’on trouve en Europe on y trouve com�
munémentl’espritet l’intelligence. On ysait
assez bien de tout, et le colon presque tou�jours plein’ d’énergie n’est déplacé nulle
part.
Ainsi l’on verra bientôtun simple officier, employé comme négociateur avoir la fi�nesse de l’homme le plus consommé dans la politique, et les chefs des sauvages avoir
une sagacité extraordinaire tant ces climats sont heureux pour développer l’esprit hu�main
La nature a par-tout ses chef-d’oeuvres en bien comme en mal, et parmi les sau�chez les peuples les mieux
vages comme civilisés. Elle avait formé, parmi les chac* tas ( 1 ) un de ces hommes rares qui n’ont
(r) Ce mot sauvage signifie voix charmante; et en effet celte uation a du goût pour le chants
besoin que d’eux-mêmes pour obtenir le
premier rang. Il nommait Mingo-Mas�
se tabé (1). Il était né avec ces avantages qui donnent de l’ascendant par tout. D’une taille au-dessous de la moyenne, il surpassait
tous les autres en génie en audace, en in�trépidité il savait allier la souplesse à la vi�gueur pour obtenir ce qu’il ne pouvait avoir par la force. Il réussissait en tout avec un bonheur incroyable. Il était parvenu à rem�plir l’universsauvagede sonnom imposant; sa prière était un ordre et sa décision un oracle. Accoutuméà voir toutplier sous lui,
et devenu par son courage le prince de la
nation il oublia bientôt ses principes il de�vint irascible, et le moindre avis le révoltai t. La prévention s’empara de son esprit il se crut infaillible, et devint d’une insolence révoltante. Il avait commis particulièrement plusieurs hostilités contre les français on devait l’en punir.
M.deVaudreuilvenait d’être nommé gou�verneurgénéralde laLouisiane. C’était bien le meilleur des hommes et l’on en fait en-
Ci) Ce qui signifie chef-tueur ou massacreur. Mingo reut dire chrf. Mastabé, rouge; et soulouch-Mastabé, soulicr rouge.
core l’éloge dans la colanie mais le désir qu’il avait de s’emparer de Mingo Mastabé l’empêcha de voir le danger auquel il expo�sait de braves officiers, comme, on va le voir. Il écrit à la Mobile, et ses ordres sont que
neuf officiers, connus par leur intrépiditéet
leurs connaissances dans la politique des
sauvages, se transporteront chez les chactas
nos alliés, pour les déterminer adroitement,
par toutes sortes de moyens, à livrer Mingo.
Mastabé ou à s’en défaire par eux-mêmes.
Les officiers, désignés à cet effet ne se dissimulent pas les périls qu’ils vont cou�rir, mais ils ne voient que l’intérêt de leur patrie et quoique cette négociation ne leur
paraisse point une opération diplomatique ils partent avec la ferme résolution de faire leur devoir.
Pour aller aux chactas, on peut monter la rivière de Tombe1ché. Ses. bords fleuris offrent des bois étagés, qui fournissent am�plement aux voyageurs un gibier délicieux. Par-tout ce sont des lieux enchantés, où la nature étale ses charmes où l’on n’a pasbesoin des secours de la philosophie pourêtre heureux. Le gibier dans ce pays là est la manneduciel; onpourrait,enquelque sorte, y faire la chasse avec un bâton, tant les animaux y sont multipliés. Mais
cette pareau,estaumoinsde centlieues
route et devient fort dispendieuse pour les
trans�
ports.Onpréféradoncd’allerpar terre, puis. qu’il n’y a tout au plus que quarante lieues. Ce chemin parcourt des bois épais où.
toutes sortesd’arbres,desoiseauxdetoutes
couleursetde tous ramages,des bêtesfauves
d’un genre particulier, amusent et occupent
l’attention du voyageur où des serpens de des buffles des tigres,
toutes grosseurs des léopards, des vautours, et beaucoup d’autres animaux féroces animent le courage du guerrier. C’est ainsi qu’on arrive au premier village des chactas, nommé Ghzcachaé. Les chactas sont à quelque distance du poste qui porte le nom de la rivière Tombekhé, et qui nous appartient. C’est une des nations les plus guerrières et les plus nombreuses du conti�nent de laLouisiane. EHe a la bravoure qu’a�vaient les natchez et n’en porte pas si lorh la cruauté. Nous leur faisons des présens chaque année,pourentretenirl’amitiéqu’ils ont pour nous. Outre que les chactas aiment la guerre
ils ont d’excellentes ruses entr’eux et sont
d’une grande utilitépourcombattrelesautres
sauvages. Ils ne se battent pas en. rase cam�
pagne, ils ne font que voltiger ils ne sont pas fanfarons, puisqu’ils se battent sérieuse�ment et de sang-froid quand ils en sont aux mains mais étant d’un caractère plaisant
ennemis. Leurs
ils aiment à narguer leurs femmes les suivent à la guerre combattent même à leurs côtés elles les encouragent leur crient sans cesse qu’ils doivent mourir ei| véritables hommes et elles en font des guerriers redoutables. Ils n’obéissent à leurs chefs qu’en tems de guerre aussitôt que la paix est faite ils n’ont de considération pour lui qu’autant qu’il est libéral. Le butin fait sur l’ennemi se
distribueentreles guerriersqui l’ontarraché
et les parens de ceux qui, en les aidant, ont
péri. Ils prétendent que c’est le moyen d’es�suyer les larmes de ceux qu’ils admettent au
partage. Le chef n’a pour lui que la gloire
dans’toute sa pureté et ils pensent qu’il doit
renoncer à tout, autre intérêt. S’il ne réussit
pas dans entreprise, il perd tout
son son crédit, et on lui retire le commandement il rentre dans la foule des simples soldats.
Silavictoirequ’ilaremportée a causéune grande effusion de sang
on ne fait aucun cas de lui. Les sauvages disent qu’il n’est pas étonnant qu’on fasse beaucoup de choses avec beaucoup de mande qu’il ne faut pas un grand génie pour obtenir de petits avan�
tages par de grands moyens, et qu’un, chefs doit entreprendre une attaque qu’après
ne
avoir bien calculé ses ressources que quand il est sûr de vaincre soit par la bravoure soit par la ruse soit par la position des lieux.
Cette nation est très superstitieuse elle ne va jamais à la guerre sans consulter son. manitou (i), et c’est le chef qui le porte. On
l’environne a-peu-près comme nous entou�rons notre drapeau, et on le tourne toujours vers l’ennemi. On à pour lui tant de vénéra�tion, qu’on ne mange jamais qu’on ne lui
donne la première part et comme il ne mange pas, le chef se charge de le repré�senter en cette occasion.
Le manitou est pour les sauvages ce qu’est
la féticlie pour les nègres en Afrique. C’est
(i) Le sauvage son manitou comme le nègre
a sa fétiche. Ce sont des divinités fantastiques.
leur divinité qui, toute ridicule qu’elleest
reçoit leurs adorations. La moindre irrévé�
renceenverscedieuestpunie demort.Leurs
moeurs. sont pures et la chasteté de leurs
femmes est constante. On ne voit point parmi
euxlesmouvemens violens de l’intérêt, la petitesse de l’égoïsme, la bassesse de l’or�gueil, JtiîïSjolenûe de la supériorité le ca�ractèrerampant de la médiocrité et tous
traversde l’intriguequidéplacepour se
ces placer, ou qui s’abaisse pour s’élever. Cha�cuny fait son .devoir, et le mérite est la seule distinction qu’on y connaisse. On n’y voit point de fr,ères égorger leurs frères, ni de fauxtémoinss’emparerdelafortune de leurs concitoyens. On n’y connaît point de pas�
déshonorent l’espèce de société dans laquelle ils vivent.
Les femmes ont une vertu sincère, et sont .ce qu’elles paraissent. Elles n’ont point le tonaudacieuxetdécidédulibertinage elles savent respecter la décence dans leurs ha�
billemens comme dans.leurs discours. Elles
ont en horreur les femmes blanchets qui font
trafic de leurs charmes et celles qui ne nour�
rissent pas leurs enfans. Elles leur opposent.
les bêtes les plus féroces de leurs forêts qui
qui
ont pour leur progéniture le soin le plus tendre. Elles sont tout-à-la-fois et fidelles et constantes. Dire qu’il n’y ait point eu
parmi cessau�vages, quelques femmes
comme nous en Voyonsbeaucoupcheznous,ce seraitécrire l’histoire comme un roman. Nous avouerons
-donc qu’il se rencontre quelquefois chez eux
decesfemmesqui font trafic deleurscharmes mais 1 dinde ressemblerencoreauxphrynées dé l’Europe, de porter l’impudence jusqu’à se parer publiquement de leurs vices, > et d’af�ficher leur déshonneur, de s’en faire même un titre pour tout obtenir elles vont se ca�cher dans les bois dans quelques cavernes profondes, et le secret le plus épais ensevelit les écartsde leurtempérament.Ony méprisé si généralement cette dégradation, que les sauvages, naturellement cruels » font bientôt un exemple terrible des femmes qui pervertis�
sent les mœurs. Leur tactique est fort simple elle a pour base la connaissance pratique des lieux et la vigilancela plus active. Continuellementsur leurs gardes ils évitent toutes surprises. ’Toujours l’esprit tendu vers leur objet ils font si bien par leur persévérance qu’ils
surprennentenfinleur ennemi.Ils sontremar�
quables par leur patience à supporter la faim, la soif, les rigueurs des saisons, les travaux et toutes les fatigues inexprimables que la guerre occasionne.
Ces peuples pour la-plupart habitent loin des rivières et sont d’une mal-propreté
repoussante. Ils ne songent jamais à aider la nature par des bains salutaire. La sueur et lapluie sont lesseulsmoyensqu’ilsemploient pour se mouiller aussileur odeur est insup�portable, et les femmes qui se baignent sont rega.rdées: comme des lâïs< Ils ont beaucoup dè vénération pour leurs morts, mais ils ne
les enterrent point. Ils leur font une -espèce de bière avec de l’écorce de cyprès, et ils les �&pôsénj; sur quatre fourches de quinze piedsdehaut,aumilieud’uneplaine. Après un certain tems
qu’ils savent mesurer, quand les vers ont dévoré le corps ils des�cendent les bières ils retirent des cadavres
les muscles, les nerfs et toutes les parties
molles; lesenfoncentrespectueusementdans
là terre détachentles os, les confondent
et après avoir vermillonné la têteils ren
ferment les morceaux dé ce squelette dans
une bo�te faite exprès et les portent au dé»
pot général. Chaque année, et dans les pre�miers ’jours qui répondent au mois de no�vembre, ils célèbrent le jour des morts qu’ils appellent la fête des On n’y danse
ames. point, n’y chante point. Le silence le
on plus triste est l’hommage qu’on leur rend; ensuite succède un grand festin qui termine ce jour solennel. Ces sauvages n’ont point de culte
pro�prement dit; et quoiqu’ils croient: à l’immor�talité de l’aine jà l’existence an grand Esprit,ils s’inquiètent peu de l’.avenir ils vivent avec indifférence et meurent sans peine. Les jongleurs ou sorciers sont leurs méde�cins. Si un chacta est malade, il leur promet tout ce qu’il possède et les paye généreuse�ment s’il guérit mais s’il meurt les parens ont droit de tuer l’esculape. ’Ce fait arrive rarement, parce, que les médecins de cette nation ont des xessources. pour trompeur la
crédulité deshéritiers..
II ne faut pas s’imaginer que ces. médecins soient tout fait ignorans. Ils guérissent parfaitement la morsure du serpent à son�
nettes et de tous les autres animaux véné�neux. Ils réussissént dans la guérison des
coups de feu, et cependant ils ne se servent.
ni de charpie ni de plumaceaux. Leur mé�thode est de réduire une racine en poudre et de la souffler dans les plaies et avec une
autre poudre, quand il en est tems., ils les
font sécher et cicatriser. Ils ont aussi une
certaine décoction de racines, avec laquelle ils,bassinent lesplaies lesplusgangreneuses, et viennent à bout de les guérir.
La manière,. de ces sauvages, pour se dé�lasser de leurs fatigues, souvent extrêmes consiste à suer beaucoup: Ils rassemblent toutes sortes d’herbes médicinales et odori�férantes, qu’ils jettent dans un grand valse d’eau bouillante, et les renferment dans un endroit bien clos. C’est-là qu’ils suent avec excès et qu’ils recouvrent leurs forcies abattues. C’est ainsi qu’ils guérissent toutes leurs douleurs.
A cette occasion, l’on remarque qu’ils n’ont ni goutte, ni gravelle ni gros ventre,
ni goitre. Mais je crois que l’exercice qu’ils
prennent continuellement, leur vaut mieux
que les bains de vapeurs pour ce genre d’in�
firmités.
( Cettenation,commetouslespeuplesigno«
rans croit aux revenans et aux sorciers.
Cependant dès que ces sauvages s’apet�
çoivent qu’il en existe parmi eux ils lui abattentla tête. Celavient, peut-être de ce quela peur et lapoltronnerierendentcruels et féroces.
Au fond cette nation est grossière et brute comme les autres sauvages elle ne prend aucun des moyens qui étendent les idées et la conception. Si on lui parle de re�ligion, elle répondque cela est-trop au-dessus de ses connaissances. Ces sauvages souffrent parmi euxuncrimeabominable,aussinuisi�bleà l’espècehumainequ’il est dégoûtanten soi maisilsexigentqueleshommescorrom�pus qui s’en rendent coupables portent de longscheveuxetunejupe à l’instardesfem�mes. Cesvilescréaturesnejouissent d’aucune considération, et sont mépriséessouveraine�ment des femmes qui les regardent comme des monstres qui déshonorent la nature. Ils détestent le mensonge et les hableurs les hommes vains et présomptueux les fan�farons, sont pour eux une secte pernicieuse. Ils avaient un chef qui avait le défaut de mentir
ils eurent le courage de ne lui don�ner jamais d’autre nom que celui de chef menteur ce qu’ils expriment dans leur lan�gage
Ils font des choses qui prouvent combien ils sont alertes et disposé. Le jeu de paume est leur amusement favori, et leur adresse
à la sarbacane est extraordinaire. Ils n’ont jamaisd’assembléesque lanuit.Danslefait, c’est dans l’ombre que les idées se dévelop�pent le mieux et les distractions involon�taires du jour leur font souvent un grand tort.
Les femmes ne restent jamais dans leurs cabanes pour y faire leurs couches. Elles vont se.cacher dans les bois et ne reçoivent
aucun secours de personne. Aussitôt leur délivrance, elles se plongent dans l’eau, et elles y lavent même leurs enfans. Elles leur donnent le sein aussi long tems qu’ils le veulent ,et souvent ils sont déjà grands qu’ils tètent encore. Elles ont une manière de les élever qui fait qu’on ne voit parmi les
sauvages aucunespersonnescontrefaites,et
elles savent leur donner cet air. noble et fier
qu’on leur connaît. Au lieu de les envelop-per de langes elles les mettent dans une écorced’arbreformantuneespècede corset, depuis la ceinture j jusqu’au-dessous des aisselles Ellesfontuntrouderrièreetdeevant; ainsi leurs enfans n’ont besoin d’aucun
de ces soinsmaternels qui peu vent répugner à quelques-unes. Leurs bras et leurs jambes sont libres, et leur corps est posé de manière que leur tête est toujours tenue en arrière; ensorte qu’ils en contractent l’habitude pour toute leur vie.
On ne considère l’origine, dans cette na�tion, que du côté des femmes cependanton ne permet point aux mères de battre leurs
garçons parce que c’est une dégradation que d’être frappé, par une femme. L’adultère s’y punit d’une manière singulière. Qn fait passer la coupable dans une prairie et on l’abandonne à la brutalité de tous les jeunes gens de la nation ce qui forme le divorce. Si après cette punition,unlâche la prend pour femmes, comme il arrive quelquefois, elle n’en est pas moins regardée par tout comme une.femme couverte du mépris gé�néral. Enfin c’est parmi cette nation qu’é�tait né le fameux Il s’était ernparé de l’esprit de ses compatriotes, et son courage inspirait une telle confiance,
qu’on le croyait aussi invincible dans les
combats qu’infaillible dans les conseils. On
rie lui avait pas remis les rênes du gouverne�ment il les avait prises et personne n’o>
sait les lui disputer. C’est ainsi qu’il prenait un ascendant irrésistible et qu’il le soute�nait par les dehors les plus séduisans.
Cet homme était corrompu au point que malgré l’alliance de sa nation avec les fran�çais, il ne croyait point devoir tenir à
sa parole aussitôt qu’il trouvait un plus grand ’profit à faire avec les anglais. Il était tour-à�tour à celui qui lui donnait davantage. C’est ainsi que la cupidité ternit presque toujours les plus belles qualités. Il était couvert de gloire il voulait aussi attirer à lui toutes les richesses et il perdait pour un vil mé�tal, les fruits de ses longs combats et d’un génie qui le. rendait supérieur à toutes les nations sauvages. On se battait en vain contre lui il remportait toutes les victoires, et sa méchanceté contre les français croissait au milieu de ses lauriers. Un jour interrogé par un de nos officiers sur, son peu de fidé�lité envers les français il lui répondit Tu sais bien que je suis de la race du tigr e
« « et que le tigre est méchant et traître, j> Dans cetems même nous subissions la loi des anglais sur aucun de nos bâtimens
mer ne parvenaità la Louisiane et l’on ne pou�
vait payer à ces sauvages les présens que
les français s’étaient obligés de leur faire, tandis que les anglais pouvaientpayer exac�tementles leurs et corrompre nos alliés. Le vaisseaufrançaisqui apportaitlesprésens du roi (1) ayant été pris pâr les anglais
M. de Vaudreuil racontaaux sauvages, as�semblés pour les recevoir, l’accident qui venait de lui arriver, et les engageait à at�tendre qu’il vînt un autre vaisseau. Mingo-Mastabé se retourne vers sa nation et af�fectantunepitiéironique, il leur ditàhaute « voix « Ces pauvres français n’avaient
qu’un bateau qui était pourri, il s’est en�«c foncé dans le grand lac. »
Mingo-Mastabé profita de cette circons�tance pour attirer ainsi sa nation dans le parti des anglais en fraisant valoir leurs fa�cultés,et ridiculisantl’impuissancemomen�tanée où les français se trouvaient de satis�faire à leurs engagemens. Déjà il ne com*« mençait que trop à réussir.
M; de Vaudreuil crutdonc devoir opposer
(i) Chaque année l’on fait des présens aux sauvages pour entretenir leur amitié. C’est être en quelque sorte leurs tributaires, mais c’est un établi de-tout
usage tems, et il serait fort dangereux de te supprimer.
-�
contre un chef invincible
la ruse à la ruse
les armes à la main. Au fond, l’on n’avait
pas d’autre moyen politique. Il faut dire que
ce général ne suivait pas son caractère. Il
était incapable par lui-même d’inspirerune
méchanceté. On peut soutenir qu’en géné�ral la bonté était particulière à tous ceux quiportaient lenomdeVaudreuil. Quel’on me permette quelques traits qui viennent à l’appui de cette vérité ils sont assez remar�
quables pour mériter quelqu’indulgence de la part du lecteur que je détourne un ins�tant.
Un de ses domestiques fit l’insolent avec �n officier de la garnison qui venait au gou�vernement pour faire sa cour. Madame de
Vaudreuil qui le sut en porta ses plaintes à son mari. Elle exigea que ce domestique fût renvoyé. M. de Vaùdreuil en sentit la justice quoiqu’il fût fort content de ce servi�teur. Il fit venir la petite caisse de sa dépense journalière, et paye les gages de ce domes�tique. Il y ajoute une somme de trois cents lïvres safemmeluireprésentequec’estré�compenser l’impertinence. Lui, s’é�
sans mouvoir, double la somme, et safemme de se fâcher et Madame, lui dit-il, je ne le ré�
compense pas pour avoir été insolent, mais pour m’avoir bien servi;et si vous me fâchez,. je lui donnerai la caisse toute entière pour le dédommager des humiliations que
vous lui faites éprouver.La choseenresta là.
Une autre fois un officier de la garnison écrivit contre lui au ministre de la marine. La lettre fut renvoyée à M. de Vaudreuil. L’officier croyait la chose fort secrète et faisait bassement sa cour au général. M. de Vaudreuil ne disait rien. Cependant, un jour cet officier le flattait au point que ce
gouverneur ne put se contenir. Comment,
lui dit il pouvez-vous oser mentir ainsi à vous-même?vous ne vous rappelez donc point la lettre que vous avez écrite contremoi ? Moi, mon général ? Oui vous! Je vousjure querienn’estplusfaux -Neme faites pas chercher cette lettre dans mes car�tons, car si vous m’en donnez la peine je vous casse sur-le-champ. » L’officier ne dit plus rien et jamais M. de Vaudreuil ne lui en reparla.
Un autre M. de Vaudreuil, chefd’escadre,
distingua* pareillement par un trait de
se bonté qui peut fournir une digression agréa�ble. On avait mis toute sa vaisselle d’argent
à tremper pour la mieux laver elle était dans une baie sur le pont. L’eau s’était cou�verte d’une écume qui ne permettait pas de voir ce qu’il y avait dans le vase. Un matelot officieux prend cette eau pour de l’eau sale, il la jette dans la mer. La chose n’est pasplutôt faite qu’on lui découvreson erreur. Le malheureux, saisi de crainte, va se ca�cher à fond de cale. On instruit M. de Vau�dreuil de cet accident. Il monte sur le pont etfait,sifflerl’ordred’assembler tous lesma�telots* Le coupable n’y était pas. Il le fait chercher, et bientôt on le lui amène. Ce ma�telot, tremblant de tous ses membres
se précipite aux pieds de son commandant, et croyant qu’il va périr ou être durement puni, ne cessait de demander pardon et de jurer qu’il ne l’avait pas fait exprès. Aussitôt ce bon M. de Vaudreuil avec un sang-froid admirable dit à son maître-d’hôtel «Allez chercher, une. bonne bouteille de.-vin, et donnez-la à cé pauvre diable pour le guérir de sapeur. » C’est par une telle conduite quel’on se fait chérir, et tous lesVaudreuil quej’ai connus étaient aimés. Il y a une infinité de traits pareils dans .cette famille, et je n’entreprends point de les rapporter. Mais
ce que je viens de citer suffit, ce me semble, pour prouver que le généraldont je parle était incapable d’une action inhumaine.
Mais il était indispensable d’avoir ce Mingo-’Mastabé, et sa mort évitait un mas�sacre général. L’ordre fut donc donné aux neuf officiers que j’ai déjà cités de partir pour le pays des chactas, et d’opérer par la négociation qu’on ne pouvait obtenir
ce par la force des armes. Ils arrivèrent au vil�lage Chicachaé c’est le plus ,considérable de cette nation. Ces neuf officiers se parta�gent. Chacun cherche à s’insinuer dans les cabanes des sechems (1) pour les entretenir dans le parti des français, pour effacer les impressions défavorables que les anglais s’étudiaient à jeter contre nous dans leurs coeurs, pour les déterminer enfin à leur li�vrer Mingo-Mastabé, ou à le faire destituer du rang, qui lui donnait l’autorité supr8me. On répand par-tout des présens, toute la nation des chactas est séduite; on désire même la cahute de ce tyran orgueilleux et l’on promet de faire tout pour y réussir, Mais tel est l’ascendant qu’a toujours un
^(i) Ce sont les -vieillards qui foraient les conseils.
grand génie, on cabale secrètement c.ontre
lui., et comme la lâcheté est toujours la basé
des complots, sitôt que le grand homme pa�
raît tout tremble et rentre dans l’ordre. Les
officiers ne purent donc pas exciter un sau�
vage à porter le premier coup.
Mingo-Màstàbé apprend qu’il est dans sa nation des français qui soulèvent les esprits
contre lui. Sa fureur est au comble, et il
fait les perquisitions les plus sérieuses. Si
ce chef eût été aimé d’un grand parti, les
officiers français étaient perdus. Mais abfc horré de tous par son insolence et à cause de son rang, dans lequel il -n’avait pas Fa�dresse de faire excuser la supériorité de ’son génie il manqua son coup, et les officiers s’échappèrent après plusieurs jours des plus vives inquiétudes.’
M. de Vaudreuil sentit sa faute, et il aurait
bienvoulu nel’avoir pas commise mais il
étaitmal entouré et au lieu d’avoirde bons
conseillers, il n’avait que de bas flatteurs
qui, pour conserver leurs places, étaient
toujours de son avis quel qu’il fût comme siunchefpouvaittout voir par lui-même comme s’il n’avait pas besoin à tout instant
d’hommes probes et éclaires pour lui inon�trer courageusement la vérité Son conseil était, disait-on composé de trois contre un; c’est-à-dire, qu’en toute occasion, l’homme de bonne-foi avait à latter contre trois mal
intentionnés, qui ne consultaient que leur
intérêt personneletdont la complaisance
on peut le dire .était aussi funeste qu’une
intention coupable..
M. de Vaudreuil aurait tien voulu répa�erreurs; maisilétaittropsurlapente,
rer ses et il ne put qu’avec une peine incroyable retarder sa chute.; Ceux qui le flattaient le plus étaient, suivant l’usage ..ses ennemis et par une mal-adresse trop
commune aux chefs, ils étaient-précisément ceux qu’il préférait, qu’il aimait, qu’il croyait. Il cher. chait la vérité mais quand’ on la luidisait, il la.trouvait trop crue, trop désespérante. Il détestait le mensonge; mais formes
ses sont quelquefois si agréables si sédui�santes, qu’il le prenait pour la vérité. Bon par caractère, il ne pouvait que croire dif�ficilement les hommes capables de faire une
science profonde et un art raffiné de trom�per sans cesse. Enfin il était homme, et il s’égara.
r-Ayant donc appris tous les efforts de l’in�trigue de Mingo-Mastabé il imagina d’in�terdire à tous français communication avec la nation des chactas et sur-tout de traiter elle d’aucune ou munition de
avec arme guerre. Il espérait par-là éteindre ef�
sans fusion de sang le feu qui s’allumait. En-
suite il envoya une députation vers un des
chefs de ces sauvages, et lui fit demander
si, comme Mingo-Mastabé, il avait l’inten�tion de se déclarer l’ennemi des français. Le chefsauvage répondit que Mingo-Mas�tabé avait tort, et que pour lui il ne cesse�raitd’êtreami.Aussitôtonlui fitunprésent; mais quelle fut surprise de n’y voir ni
sa armes ni poudre, ni plomb Il voulut s’ex�pliquer fait extraordinaire lui
sur ce on répondit que l’on continuerait d’agir ainsi jusqu’à ce que Mingo-Mastabé eût reconnu ses torts. Plusieurstribusvinrentpromptementavec le calumet (1) chez les françai.s et jurèrent de les venger.
(i) Le calumet ou*la pipe est d’une grande imgor�tance chez les sauvages. Pour exprimer leur amitié, ils allument leur calumet, en aspirent de la fumée, et le
%Jn soir que ce chef était. la tête d’un convoi de présens que les anglais venaient de faire à sa nation et qu’il se reposait avec ses guerriers au milieu d’une petite plaine entourée d’un bois épais, il les harangua
répandit
dans les termes les plus forts se en invectives contre les français et fit un éloge pompeux de qui venaient de
ceux .flatter cupidité. On écoutait attentive�
sa ment, parce qu’il joignait à sa hardiesse une mâle éloquence CI}. Deux sauvages du ..parti des français qui ’Virent arriver lé moment de la séduction générale., indignés du succès des anglais
sortent de leur rang sans qu’on s’en, aper�çoive vont .se mettre en embuscade au
coi n du bois et .postés derrière des arbres
ils tirent deux coups de fusil dont les balles viennent frapper lapoitrine de Mingo-Mas�tabé ce chef perfide tombe mort.
passent celui qu’ils regardent comme leur ami. Ce dernier le leur rend après avoir pris quelques bouffées de .tabac.
(i) Le sauvage met principalement beaucoup d’ex* pression et de justesse dans ses gestes, qui sont -très*
�Trtqiiens quand n’harangue.
A peine est-il expiré que les sauvages ce» �dent à leur caractère naturel d’inconstance»
à leur-mobilité,et se eonsolentpromptement
de sa perte en-pillant, toutes marcïtan�
ses *dises, qu’ils se partagent entr’eux ils ’ne songent même pas à s’informer de ceux qui ont commis ce crime. ’Ils y voient leur profit?, -et l’intérêt ^général fait disparaître toute Thdrreur du crime particulier.
Ce qu’avait fait M. de Vaudreuil entouré -de circonstances favorables devint donc un coup de politique qui termina sans combat, -la guerre avec les chactas. La paix se réta�’blit et -l’on devint les meilleurs amis -si Mingo-Mastabé eût continué de régner, il plongeait ses compatriotes dans une guerre -aussi longue que ruineuse et sa mort, quoiqueleproduitd’uncrime., estdevenue/ dit-on le salut général.
Sil’onn’eût pasétéaveuglé parunecrainte ’Pusillanime., il était possible de n’avoir pasbesoin de faire assassiner Mingo-Mastabé. L’adresse de la politique consistait à gagner son affection et l’on conservaitun des plus rares .génies. On .pouvait l’attirer dans le parti des français et eh substituant l’or au fer on se faisait un ami d’un des hommes
les plus étonnans que la nature se soit plu à former. Sa mort est un crime, parce querien ne peut justifier un assassinat sa mort est une monstruosité, parce que la supério�rité qui provient du talent ne peut pas être une raison valable de se défaired’unhomme
d’une manière odieuse sa mort est une lâ�cheté, parce que lesfaibles doiventse rendre justice et garder la place que la nature leur donne. Si son opiniâtreté le rendait inflexi�bteI0 cupiditéétaitsoncôtéfaible,etl’on pouvaits’en emparer pourle livrer auxfran�çais, qui auraient bien su le faire revenir de
ses erreurs. Les procédés de ceux-ci auraient attiré les siens, et c’est ainsi qu’ils savent le mieux vaincre leurs ennemis.
Je medoutebienquecettefaçondepenser
paraîtra extraordinaire mais je n’aime pasla politique des sauvages, parce que leur fé. rocité annonce toujours la faiblesse de ceux qui l’emploient, et que la véritable force se distingue par la générosité. La trahison en politique, comme par-tout, a quelque chose de si vil, qu’on ne devrait jamais récom�penser les traîtres que par le plus profond mépris. Dans les mêmes parages, et à la même
qui se trouvaient souvent employés sur mer
avec leurs troupes, soit pour repousser les
anglais, soit pour favoriser des transports,
eurent l’occasion de distinguer par un
se trait d’humanité qui leur fait beaucoup d’honneur. A dix lieues de la Mobile, un bâtiment espagnol, chargé de vingt-cinq mille pias�tres, d’un major, de plusieurs officiers et d’un nombreux équipage, se trouve dans le plus grand embarras. Il faisait eau de tous côtés, et en peu d’heures il s’enfonce, au point que l’eau flottait déjà sur le pont. Les officiers dont nous parlons étaient dans un frêle bâtiment, qui pouvait à peine résister
aux agitations des flots. Un d’eux n’écou�tant que son bon coeur, se déshabille, et se
précipite à la mer. Les autres suivent cet
exemple d’humanité ils ont le bonheur de r�ussir ils ramènent, à différentes fois plusieurs des malheureux espagnols qui al�
laient périr et qui nageaient en luttant
contre la mort. Le reste de la troupe en fait
autant, et tout le monde est sauvé, excepté
un seul homme.J^É^ei^ïîiême n’est point
perdu,etle s’élève
et court se briser à la côte. On, en sauva* même encore les débris, principaux. Cette action est arrivée à «ne. lieue, environ de l’île Dauphine ou du Massacre. C’est-là queles naufragées furent déposés.
Cette île est à dix lieues de la Mobile r elle peut avoir sept lieues de long. sur un quart de lieue de large.. Elle est toute sa�blonneuse, et ne, produitque quelques pins;. mais elle est remarquable par. l’excellence. de son poisson et de ses huîtres. On l’habite,
et l’on y voit quelques bestiaux qui
peu
n’ont pour nourriture que de l’herbe rare et
courte. Par le fumier de ces animaux, par
1.’algue que l’on retire de la mer, et par le,
goimon qui se dépose sur les. bords, de cette iIe, on donne ce sable une qualité qui lui. fait produire des légumes excellens. On n’y, voit d’autres défenses que. quelques cannons, sur leurs affûts et un. mât fort élevé
ou. pend un. pavillon servant de, signal: à toua les vaisseaux qui cherchent à reconnaître la scoute. Les blancs lui donnèrent le nom de Dauphine, et les, sauvages celui de Mas�sacre, parcequene iet ceux-ci exercèrent là leurs cruautés sur un grand nombre de leurs ennemis qui s’y étaient réfugiés.. Elle esfe
placée en-déhops du-golfe du Mexique, à cinq ou six lieues de Pensacolà. Telle-était la conduite des troupes de ce Elles vivaient également bien
tems. avec�tout le monde dans le fait, il n’y avait de différence que l’habit. C’était par-tout le�même courage et cette bonne intelligence faisait que les militaires à la-fin de leur congé demandaient à" devenir habitans. Ils s’y mariaient, et perpétuaient cette valeur qui a toujours distingué les louisianais. La police n’en était que mieux tenue parmi les esclaves qui sont meilleurs là que dans les autres colonies vraisemblablement-parce que les saisons y sont assez marquées pour y multiplier les besoins qu’on ne peut satis�faire que partles produits du travail. Au surplus, l’on sait que l’esclavage en�général n’est qu’un mot désagréable dans
les colonies; qu’il n’excite que la bile de ceux qui ne connaissent pas ces pays, ou�qui sont jaloux. de-la fortune des habitans
ou dont -l’imagination aveugle sur les mal�heureux qui les entourenx., va s’en forger dans des pays lointains sur lesquels ils ont: des. mémoires dictés par l’intérêt ou par la passion. Au fond te mot d’esclave-, dans�
les colonies, ne signifie que la classe in di-.
gente, que la nature semble avoir créée plus
particulièrement pour le travail c’est la
classe qui couvre la plus grande partie de
l’Europe. Dans les colonies, l’esclave vit en travaillant et trouve toujours un travail�lucratif; en Europe, le malheureux ne trouve pas toujours à s’occuper, et meurt de misère. Dans les colonies, les esclaves ap�partiennent à un maître qui les nourrit, qui a intérêt de les conserver en Europe les
malheureux n’appartiennent à personne, et
l’on s’en soucie fort peu. Le gouvernement,
qui ne peut pas faire -tout les abandonne à
l’humanité, et l’humanité, toujours chiche, ne vaut pas pour eux les considérations quel’intérêt présente à un colon en faveur de ses esclaves.
Qu’on cite dans les colonies un malheu�reux qui soit mort de besoin qui ait été obligé de remplir d’herbes son estomac af famé, ou forcé par la faim de se donner la mort! En Europe, peut en citer beau-
on coup qui périssent faute de nourriture
ou par une nourriture indigne de l’homme» dans des greniers, dans des caves, dans des repaires et sur les grands chemins. Que la
phiïantBrèpïe exagérée commence donc par soulager* Ms: malheureux pères qui languis�sent autour d’elle avec leurs intéressantes�familles, elle aura un beau champ à par�courir et qu’elle laisse en paix ces pays lointains qui ne font qu’échauffer son ima�
gination romanesque.Il n’en coûte rien pour faire de l’esprit
pour composer des discours pathétiques,
qui ont pour fond le mensonge et pour
prétexte l’humanité mais il en coûterait
beaucoup pour soulager les êtres languissans dans l’infortune, et beaucoup de gens aiment mieux bâtir des phrases harmonieuses et pleines de sensibilité sur des objets éloignés, que de faire les moindres déboursés pour soulager les maux réels qui les entonnent. L’on ouvre plus aisément son cœur que sa bourse. Voilà l’homme toujours en-deçà ou au-delà du bien nul ou exagéré, il n’est jamais où. il doit être, et il veut toujours être où il n’est pas La fureur de se distin�guer ne lui inspire que trop souvent celle de nuire à ses semblables, pour mériter seu�lement la réputation stérile d’homme élo�
quent. Qu’ont fait les nigrophiles outrés? Ils ont
rendu-taut le monde malheureux. Le -seul,, avantage qu’ils ont tirc de leurs convulsions spirituelles, de leurs mouvemens oratoires, de leurs tours de force, est de priver la ré�publique de troisàquatresents maillionspar an, d’avoir ruiné une foule de propriétaires
légitimes de paralyser huit millons d’ou�vriers européens et d’avoir bouleversé les plus beaux pays du monde pour favorise le crime de quelques particuliers qui, eux�mêmes, ont retenu bien peu de choses de leurs brigandages.
Et moi aussi je veux la liberté Mais je la�wux progressive, méritée, raisonnable je. veux qu’elle convertisse travail
se enet qu’ellenesoitpaslaruined’unétat qu’elle ne soit pas, le prix du brigandage ou le pré�texte de la? paresse. Je reconnais l’indispea-. sabilité de l’esclavage dans les colonies; mais je suis mû par les principes de Las~ Casas, qui l’a créé en i5oâ-; et le vénérable. Las-Casas, si doux, si humain-, si religieux qui a fait tant de voyages à travers les pré�cipices pour sauver les nègre, pour les ar�racher aux supplices de leurs propres con�citoyens,Las-Casasvautbiensans doutenos qui, sans se déranger de leqjs
cabinets ont disposé de la fortune. et de la»
vie des colona pour favoriser des laom-t naturellement ingrats qui poignarde�
mes raient leurs propres défenseurs s’ils les ren�contraient dans les bois de l’Amérique. L’homme est né par-tout pour le travail, et chacun doit avoir le sien particulier
parce
qu’il convient que chacun soit à sa place
car s’il n’y est pas, on ne voit que trouble,.;>
qu’agitation, qu’obscurité., qu’anarchie: c’est le combat sanglant des passions agitées par l’orgueil, qui veut s’élever ou qui l’est trop. L’honnête homme est sous les pieds, et le brigand qui le foule ne l’écrase que pour s’élever. Ainsi, par la, première chaleur de la révolution, nous avons vu l’infortune devenir le seul partage de la vertu. Voilà ce qu’ont fait ces disciples de Bien, par leur athéisme, leur fausse éloquence et leur génie infernal. Dans ces tems, les étrangers, parleurs instigations malignes, ont allumé les torches qui ont incendié les riches posses-. sions ultra-maritimes-des français ils ont séduit les ignorans par des prestiges ils les. ont portés des excès dont nous nous res�sentirons encore long-tems. Les malfaiteurs, paieront un jour bien cher leur atroce cjcét�
dulit� mais, en attendant, la patrie souffre
elle languit par la privation de richesses innombrables, et c’est le but que se propo�saient les instigateurs inhumains dont les colons honnêtes sont les tristes victimes. Politique barbare puissiez-vous retomber sur vos auteurs et les anéantir pour ja�mais
Sages colons des Indes orientales c’est à votre éloignementque vous devezvotre bon�heur Le défaut de communication a em�pêché que la peste des Indes occidentales ne vous ait infestés. Continuez d’être sages, et que votre bravoure sache toujours ailier l’humanité à l’intérêt de la patrie. Haïssez les abus de l’esclavage, mais détestez plus encore cette liberté sanguinaire qui ne fait que des bourreaux et des victimes, qui viole les propriétés, qui vole le travail dû à la pa�trie, et qui ne favorise que la paresse et l’i�
gnorance. La liberté est un mets qui ne con�vient pas à tous les estomacs qui exige en
tout tems, et sur-tout dans les colonies, les
plus sages préparations. Résistez-donc tou�joursauxefforts des étrangersquivoudraient
vous perdre aussi parles mêmes moyens qui
ne leur ont que trop réussi dans les Antilles,
Notre gouvernement.est sage il veut le bien de tous; il applaudira vos généreux efforts, et votre résistance à l’oppression ne sera pasregardée comme une rébellion à la liberté comme un amour inhumain pour le dur es�clavage, mais comme le produit d’une sage combinaisondes localités. La Louisiane est peut-être la colonie qui pourraitle plus sepasserd’esclaves,puisque son climat permet davantage aux européens de travailler eux-mêmes. Mais la traite est favorable aux africains elle les soustrait au plus pénible esclavage, à tout ce que la barbarie a de plus cruel parmi eux, et elle devient undesmoyensdepopulationpourun continent immense ainsi, la politique, d’ac�cord avecl’humanité,exige quel’esclavageysoit continué. On peut seulement donner plus de latitude à la loi d’affranchissement
quandtoutefoistoutesles manufacturesdont la Louisiane est susceptible dans ses villes seront en vigueur car cet affranchissement doit être fort borné dans un pays purementagricole, parce que les affranchis sont à charge aux planteurs par l’exemple du relâ�chement, de la paresse, et par les occasions fréquentes qu’ils fournissent aux esclaves de
volerleursmaîtres aulieuquedansunpaysoùl’onpeut éleverdesmanufacturéscomme dans les villes d’Europe -les hommes à qui on donne la liberté peuvent y être employés utilement, en même tems qu’ils y sont mieux surveillées, et qu’ils ne sont plus à errer dans les campagnes. Il serait même d’une fort bonne politiquedeneplussouffrird’esclaves dans les villes, et de les assujettir à une es�pèce de costume qui les ’fît toujours recon�naître. Il y aurait alors assez d’affranchis pour servir les blancs et par ce défaut de communication trop intime dumaître avec
l’esclave on conserverait cette magie qui contient celui-ci dans ses devoirs. Il serait égalementfortsageque toutlemonden’eût pas la faculté d’acheter des esclaves-; l’ha�
bitant cultivateur seul deyrait jouir de
ce privilège puisque l’esclavage a pour but principal de -multiplier les bienfaits de l’a�griculture. Continuons l’historique de la Louisiane Nous touchons au moment de la voirpasserla domination espagnole. Pour éviter
sous toute répétition et plusieurs détails aussi embarrassans qu’ennuyeux, voici une lettre du roi explicative du fait primordial
l’époque de la vrai cession de la Louisiane. -Elle-est adressée à M. Dabbadie, tout-à-la�fois gouverneur-et intendant de -ces vastes contrées.
Versailles 21 avril 1764.
’*< $L Dabbadie par un acte particulier passé à Fontainebleau le 3 novembre 1762., ayant cédé de ma pleine volonté à mon très�cheretamécousinleroid’Espagne etàses successeurs et héritiers en toute propriété purement et simplement, et sans aucune ex�ception, tout le pays connu sous le nom de la Louisiane ainsi que la Nouvelle-0 et l’île dans laquelle elle est située; et par un -autre acte passé à l’Escurial, signé du roi d’Espagne, le 3 -novembre de la même année sa majesté catholique ayant acceptéla cession du .pays de la Louisiane et de la
Nouvelle-Orléans conformémentà la copie
desdits actes que vous trouverez ci-jointe 4e vous fais cette lettre pour vous dire que mon intention est, qu’à la réception de la présente et des copies ci-jointes, soit qu’elles vous parviennent par les officiers de sa ma�testé catholique, ou en droiture par les bâti�
mens français qui en. seront chargés vous
ayez à remettre entre les mains du gouver�neur, ou officier à ce préposé par le roi d’Espagne, ledit pays et colonie de la Loui�siane et postes en dépendans ensemble
la ville et l’île de la Nouvelle-Orléans, telles
qu’elles se trouveront au jour de ladite ces�sion voulant qu’à l’avenir elles appartien�nent à sa majesté catholique, pourêtregou�
vernées et administrées par ses gouverneurs et officiers comme lui appartenant en toute propriété et sans exception. Je ordonne en conséquence,
« vous
aussitôt que le gouverneur et les troupes de ce monarque seront arrivés dans lesdits pays et colonie, que vous ayez à les mettre en possession, et à retirer tous les officiers soldats et employés à mon service qui y se�ront en garnison pour envoyer en France et dans mes autres colonies de l’Amérique ceux qui ne trouveraient pas à propos de rester sous la domination espagnole.
«Jedésiredeplus qu’aprèsl’entièreéva�cuation dudit port et ville de’ la Nouvelle-Orléans, vous ayez à rassembler tous les pa-piers relatifs aux finances et à l’administra�tion de la colonie de la Louisiane pour venir en France en rendre compte.
« Mon intention est néanmoins que vous remettiez au gouverneurou officier préposé, tous les papiers et documeris qui concernent
spécialement le gouvernement de cette co�lonie (i), soit par rapport au territoire et li-
mites, soit par rapport aux sauvages et aux
différens postes après en avoir tiré les reçus convenables pour votre décharge et que vous donniez audit gouverneur tous les ren�seignemens qui dépendent de-vous, pour le
mettre en état de gouverner ladite colonie, à la satisfaction réciproque des deux nations. Mais sur-tout qu’il soit donné un inven�
«
taire, signé double entre vous et le commis�saire de sa majesté catholique de toute l’ar�tillerie, effets, magasins, hôpitaux bâti�
etc. qui m’appartiennentdans
mens de mer ladite colonie afin qu’après avoir mis ledit commissaire en possession des bâtimens et édifices il soit dressé ensuite un procès�verbal d’estimationde tous les effets qui res�teront sur les lieux, et dont le prix sera rem�
(i) On devrait, en vertu de la rétrocession, deman�der la remise de ces papiers précieux pour le gouverne�
ment français, et de tous ceux que l’Espagne peut four-nu depuis sa domination sur cette colonie.
bourse par sa majesté catholique sur le pied
de ladite estimation.
J’espère, en même-tems, pour l’avan�tage et la tranquillité des habitans de la co�lonie de la Louisiane et je me promets en conséquence de l’amitié et affection de sa majesté catholique qu’elle voudra bien donnerdesordresàsongouverneuret àtout
autre officier employé à son service dans la�ditecolonie et ville-dela Nouvelle-Orléans pour que les ecclésiastiques et maisons reli�gieusesquidesserventlescureset lesmissions y continuent leurs fonctions, et y jouissent des droits priviléges et exemptions qui leur ont été attribués par les titres de: leurs étàblissemens que les juges ordinaires con�tinueront, ainsi que le conseil supérieur, à rendre la justice suivant les lois formes et
delà colonie; que les habitans y soient
M
usages
confirmés dans la propriété de leurs biens, suivant les concessions qui en ont été faites par les gouverneur et ordonnateurs de la colonie et que lesdites concessions soient censéesetréputéesconfirméespar samajesté catholique, quoiqu’elles ne l’eussent pas encore été par moi, espérant au surplus que sa majesté catholique voudra bien donner
aux sujets de la Louisiane les marques de protection et de bienveillance qu’ils ont éprouvées sous ma domination, et dont les seuls malheurs de la guerre ont empêché de ressentir les plus grands effets.
Je vous ordonnedefaireenregistrerma
« présente lettre au conseil supérieur de la Nouvelle-Orléans,afin que les différens états
de lacoloniesoientinformésdesoncontenu, et qu’ils puissent y avoir recours au besoin, la présente n’étant à d’autres fins*
« Je prie Dieu M. Dabbadie, qu’il vous ait en sa sainte garde. Signé LOUIS, etplus bas LE DUC de Choiseuil. y>
Il ne fallut donc qu’une seule lettre pourdonnerunebellecolonie,comme unfermier sedéfait d’unepartiedesesmoutons En1 762, sans avoir consulté les habitans de la Loui�siane et sans qu’ils le sussent on les avait cédés entoutepropriétéauroid’Espagne,qui lui-même, sans demander l’agrément des Intéressés avait accepté cette donation. Pauvre peuple, comme on dispose de vous on vous vend on vous livre et vous êtes fait pour obéir. Vous créez vos maîtres ils
voustraitenten esclaves Voussavez sipeu
vous conduirevous-même,qu’il fautbien que
éprouviez les désagrémens attachés à
vous
la nécessité d’être canduit
Il paraît pourtant que cette donation eut
pour prétexte l’indemnité des frais de guerre
dûs à l’Espagne. Etait-ce la véritable raison?
c’est ce qu’on ne peut bien savoir que par
l’examen.despiècesoriginales quisontpas�sées en d’autres mains. Il faut convenir que
le nom d’un souverain n’est souvent qu’un prétexte apparent qui couvre bien des sotti�ses. Toutes les nations sont convenues d’un
mot sacré à l’abri duquel tous ceux qui
ont droit de le prononcer font tout ce qui leur plait M. de Choiseuil abusa du nom du roi comme on abuse ailleurs d’un autre talisman, et la Louisiane fut réellement ven�due. On fit entendre au roi de France que cette colonie était à charge à la métropole
et comme les hommes en place ont ordinai�,rementl’éloquencenécessaire enpareil cas,
deChoiseuil,quiavait cédé lui-même aux
paroles d’or, parvint, à force d’intrigue à tromper le prince sur cet objet. Le roi ne se-doutait pas du tort qu’il causait aux loui�sianais,de l’attachementde ces braves français et M. de Choiseuil qui avait sur ies yeuxlebandeau delà cupiditéne voyait
pas lui-même tout le mal qui devait résulter de cette cession impolitique. Ce ne fut donc qu’en 1764 que les habi�tans de la Louisiane. soupçonnèrent qu’on les vendait. Il existait alors un papier-mon�naie ruineux une espèce d’assignats qui désolait les malheureux habitans de la Loui�siane. Ce papier, après avoir été réduit eh récépissés devaitêtrerembourséenFrance, et l’on voyaitarriverla banqueroutedel’état’, suite inévitable du système infernal de Làws. D’une’part, la crainte de passer sous une domination étrangère et de l’autre, celle
d’être ruiné par la suppression subite du pa�pier-monnaie sans remboursement, déter�mina la Louisiane à s’assembler pour avi�
ser au meilleur parti à prendre dans cette désespérante circonstance. et Jean Milhet,
Ils nommentun député commandant des milices le plus riche né�gociant dont la fortune était remarquable
qui embrassait tout à-larfois et le commerce d’Europe et celui desâliinois plus recom�mandable encore par ses vertus publiques et privées que relevaient le don de la parole et un caractère de grandeur fut désigné pour
aller fairedesreprése-ntationsau roideFrance.
M. deChoiseuill’accueillitavec sesformes gracieuses et perfides. Il lui fit même conce�voirles plus douces espérances. Jean Milh�t veut parler au roi, mais le duc de Choiseuil
arrange si bien les choses queJean Milh�t ne le peut jamais. Il l’amuse ainsi pendanttrois et Jean Milh�t, qui avait abandonné
ans propres affaires et famille pour la
ses sa chose publique, qui avait fait une dépense énorme tant pour soutenir son caractère d’envoyé à Paris, que pour faire des présens aux divers agens-de la puissanceroyale sen�tit’enfin toute l’inutilité de ses démarches.
M. de Choiseuil finit par lui dire i Q. Que quantàlacessiondelacolonie ellen’exis�tait pas, que c’était un faux bruit z°. que quant au papier-monnaie converti en récé�pissés il était impossible à l’état d’en effec�tuer le remboursement et qu’il fallait en faire le sacrifice.
Désolé d’avoir été trompé Jean Milh�t retourneàlâ Nouvelle-Orléans,rend comptede ses démarches infructueuses et il refuse toute espèce de dédommagemens qu’on lui devait pour les avances qu’il avait faites. Il aimait trop son pays adoptif, et il le voyait
trop malheureusement trompé pour exiger des indemnités.
Pendant son absence, M. Dabbadie était mortetavaitété remplacéparAubry,dontla conduite a été publiquementblâmée comme ayant été lui-même par la suite le propredénonciateur des victimes dont nous avons à parler. On regretta beaucoup Dabbadie, à cause de sesqualitéspersonnelles. Il mon�trait aussi les dispositions les plus favora�bles pour les habitans de la Louisiane. Mais l’on ne peut se défendre d’une espèce de sentiment désagréable contre Aubry dont le fonds du caractère faisait apercevoir une tendance à la lâcheté et un désir de profiter des circonstancespour hâter sa for�tune par les vils moyens de la flatterie, Il ne
cessait de sacrifier au gouvernement espa�gnol, et de l’indisposer contre ses propres compatriotes. Enfin le roi d’Espagne nomme pour son gouverneur à la Louisiane Don Antonio
de Ulloa. Cet homme avait la réputation d’un bon officier, plein de sentimens d’hon�neur et de probité mais d’une ignorance profonde en politique. Le 10 juillet 1766
ce gouverneur arrive à la Havanne et de là
il écrit la lettre suivante au conseil supérieur
de la Nouvelle-Orléans.
ee Messieurs, ayant reçn dernièrement les
ordres de sa majesté chrétienne pour passer
à votre ville et la recevoir en son nom en
conséquencedeceuxde samajestétrès-chré�
tienne, je saisis cette occasion pour vous
faire savoir que ce sera bientôt que j’aurai
l’honneur de me rendre chez vous pour rem�plir cette commission.
« Je me flatte d’avance qu’elle pourrame procurer des occasions favorables pour vous témoigner combien je desire vaus rendre tous les services que vous et messieurs les habitans peuvent souhaiter; c’est de quoi je vous prie de les assurer de ma part.
J’ai l’honneur d’être, etc. »
Cette lettre ne pouvait que faire concevoir les espérances les plus fiatteuses, et vrai�ment on attendait ce gouverneur avec la plus vive impatience malgré la répugnance naturelle du français pour changer de gou�vernement, les louisianais étaient décidés
"e soumettre.
ov^eu de tems après, Ulloa se fait annoncer.
il arrive et l’accueil général qu’il reçoit ne
peut établir aucun doute sur la soumission
des-habitans. On désire même qu’il se fasse
reconnaître sur-le-champ en .sa qualité .de
gouverneur. Maïs on a beau faire tous les efforts sont inutiles. Il reste deux ans à la Nouvelle-Orléans etil ne veut ni justifier de ses pouvoirs ni faire reconnaître son droit. Cependant il tranche en souverain déve�loppe son caractère fait des altercations sans nombre aux habitans aigrit les esprits, tourmente sur-tout M. Chauvin de la Frey�nière, procureur général du conseil et abuse par-tout d’une autorité qui n’était pas encore reconnue en multipliant mal-adroi�tement le nombre des mécontens. Il ne vou�lut point faire prêter le serment de fidélité aux habitans,comme c’est l’usage quand les peuples changent de domination. Certaine�ment, si cette formalité eût été remplie parUlloa, on eût évité les maux qui sont sur�venus et l’on n’aurait point à regretter plu�sieurs victimes dignes de la plus haute con�sidération, dans un pays dont ils avaient
acheté l’estime par la plus grande utilité.
Ulloa voyage dans toute la Louisiane et ne se mêle du gouvernement, toujours fran.
cals, que pour y entraver les opérations,
que pour exercer la tyrannie la plus réyol�
tante. On lui fait des représentations, il ne les écoute pas. On se permet de l’interroger^ il tergiverse, ou il répond avec la plus dure insolence.Cetteincertitudedugouvernement
arrête l’activité du toutes les
commerce affaires languissent les négocians désolés leshabitans au désespoir ne savent plus quel parti prendre. Il en résulte nécessairement des pourparlers que Ulloa traite de déso�béissance, et des assemblées chez des parti�
culiers qu’il déshonore par le titre d’insur�rection. Il ne cesse de commettre des injus�tices et de se rendre odieux. Ce fut au point
femme la marquise d’Alrédo du
que sa
Pérou, lui dit un jour Je vous l’avais
bien dit monsieur, que finiriez par
vous vous faire haïr généralement. » S’il eût suivi les conseils de cette dame aimable, il eût fait le bonheur de la Louisiane et le sien, dans un pays où la bonté est toujours jointe à la bravoure. Il était impossible de supporter plus long�tems un joug aussi pesant. M. Chauvin de la
Freynière procureur-général au conseil su�périeur,créole etd’une bravoureàremarquer
même parmi les louisianais indigné d’une
conduite aussiindécente, se permit des ob�
servations dont Ulloa ne se vengea que-trop par la suite. M. de la Freynière était un des plusbeauxhommesquela naturesesoit plu à former. Grand, bien fait, l’air noble im�posant et brave il n’avait rien que l’on pût lui comparer. Son œil avait un feu qui péné�trait tout, il savait prononcer agréablement des discours séduisans. Son physique était siremarquableque,nesachantàquile com�parer,on’l’appelaitvulgairement LouisXIV, parce qu’il avait réellement cette majesté qu’on prête aux souverains. D’une bonté à touteépreuve, ilaimaitsesconcitoyensavec
la tendresse d’un frère et il avait toutes les qualités qui font chérir un mari, un pére un ami un citoyen. Il avait fait ses études en France et il en avait rapporté les char�mes et le goût qu’il répandait dans tout ce qu’il disait et tout ce qu’il écrivait. Il était l’objetdesattentionsde lasociétéetde l’éton�nement dans les assemblées publiques. Doux, modérédansles situationsordinaires de la vie, il était d’une vivacité électrique dans les occasions sérieuses rien
pour
ainsidire nepouvaitrésisterautorrentde
son éloquence.Il avait pour premier et sin�cère ami, un homme digne de l’estime gêné�
raie qui par son esprit ses
ses vertus talens, ses richesseset son crédit, avaitpris sur lui un juste ascendant. C’était Jean Mil�h�t dont nous avons parlé, et que nous ver�rons payer bien cher cette précieuseamitié. De la Freynière allait souvent chez Jean Milh�t; il y rassemblait même les principaux liabitans et c’était un genre d’assemblée où l’on traitait des affaires publiques. Bouillant quand il s’agissait de la conduite inconceva�ble d’Ulloa, il soutenait qu’il fallait
ren�voyer cet officier supérieur qui commandait en maître et qui ne justifiait d’aucun titre. Jean Milh�t, d’un sang-froid admirable et qui présentait les conséquences funestes de ce moyen extrême l’avait arrêté plusieurs fois au moment où. il était prêt d’entraîner tous ceux qui l’écoutaient. La deuxième an-née de la tyrannie d’Ulloa expirait et de la
Freynière était plus que jamais d’avis-de le
renvoyer.Cejour-làil mit tantdevéhémence
dans son discours, que les efforts de Jean
Milh�t furentinutiles.Ilavaitenflammétous les esprits. Le lendemain, après avoir donné plus de maturité à ses idées il se présente au conseil supérieur et l’arrêt à interveuir est conforme à ses conclusions. Il est décidé
qu’on se transportera chez Ulloa, et qu’on lui feralaproposition desefairereconnaîtra ou de retourner en Espagne.
Ulloa n’hésite point, il préfère de partir. Dans les vingt-quatre heures il .estprêt et il met à la voile. On avait tout prévu. Les ha�bitans de la Louisiane nommèrent sur-le�champ des députés pour aller en même-tems
faire les représentations de la colonie à la
cour de France et ils partent au même mo�
ment qu’Ulloa pour l’Espagne. Les uns et les autres sont sur .mer. Parmiles citoyensdelaLouisianeonavait choisi pour députés les personnes les plus capables de remplir importantes fonc�
ces tions le chevalier Noyant de Bienville
an�cien officier de marine de Saintelette, ha�bitant du premier ordre et le Sacier un despremiersconseillers auconseilsouverain de la Nouvelle-Orléans, furent choisis à l’u�nanimité. Ulloa plus heureux que sage arrive en
quarante jours à Madrid. Il y fait l’exposé
qu’iljuge à propos, et il peint aux yeux de
la cour d’Espagne les français comme des
révoltés qui refusaient de passer sous la do�mination espagnole comme des gens mat
intentionnés qui couvaient le projet d’ex�terminer tout ce qui viendrait de la part -de sa majesté catholique. Les souverains comme les autres hommes, et peut-être davantage, sont sujets à l’erreur, et le roi d’Espagnese laisse prévenir. Il croit offensé, et il
se ajoute foi au rapport de son officiers public. Bientôt on prend des mesures sévères et le malheureux louisianais, dont au fond la soumissionétaitparfaite quineseplaignait quedu personnelrévoltantd’Ulloa estdéjà condamné comme criminel de lèze-majesté et l’on prépare contre lui les foudres et la raison des rois. Il paraît qu’Ulloa craignait extrêmement de la Freynière il parait qu’il n’était venu à la Louisiane que pour sonder l’esprit des français; qu’il n’était qu’un espion sous une formerespectable quelesvoyagesfréquens qu’il fit sur le continentde la Louisiane n’é�taient que pour reconnaître les dispositions dessauvagesdont il craignaitl’insurrection, attendu leurattachementconstantauxfran�çais. Sicen’estpascemotif,pourquoidonc est-il resté dans ce pays sans vouloir prouver sa qualité et pourquoi a-t-il acquiescé si facilement à son renvoi
Quoiqu’ilen soit,il peintM. de IaFrey�nière comme un homme très dangereux, dont le projet n’est pas moins que de faire de la Louisiane une république et de s’y mettre à la tête. Cette crainte injustement fondée paraît étrela cause des malheurs dont nousdonnerons bientôtl’esquisse.
Les députés français n’eurent pas le bon�heur d’Ulloa ils n’arrivèrent dans un port de France qu’après trois mois de peines, de fatigueet dedangerssurmer.Ils se.présen�tent à M. de Choiseuil il les accueille avec de fausses démonstrations. Il a l’air de les plaindre, de prendre la plus grande part leurs sollicitudes,et aprèsles avoir bien dis�posés, il leur avoue qu’il n’est plus tems. Il leur dit qu’ils sont arrivés trop tard; que la cour d’Espagne irritée sur les plaintes d’Ulloa relatives à la conduite des louisia�nais, a déjà fait partir les forces nécessaires pour les réduire, et qu’au moment où il par-lait la Louisiane devait être ensanglantée. D’après cela, les députés crurent qu’ils n’a�vaient plus rien à faire que de rester tran�quilles et de gémir en silence sur le sort de leurs malheureuxcompatriotes. Ils restèrent en France et chacun chercha les moyens
de tirer le meilleur parti de’ sa situation.
Que de réflexions involontaires laissent sur le sort des peuples et sur la condition des souverains Que les uns et les autres sont à plaindre Ceux-ci sont aveuglés parla fïatterie et ceux-là écrasés par lapréven�tion. Si les peuples réfléchissaient aux suites funestes de leurs mouvemens ils seraient plus heureux ou moins malheureux en se soumettant avec résignation à leur gouver�nement. Si les souverains étaient moins égotistes, s’ils s’occupaient davantage du soin de leurs sujets, ils donneraient bien moins souventdanslespièges del’adulation. Mais les uns et les autres sont des hommes Voyez l’homme saùvage voyez l’homme ci�vilisé, le fonds en est le même, et le sauvage qui n’est point déguisé par les formes est encore plus repoussant, malgré le bel éloge
qu’en fait sans cesse la philosophie
Le portrait désavantageux qu’avait fait Ulloa des habitans de la Louisiane ôta l’envieà tout espagnol d’allerdansleurpays.
On craignait leur fureur leur barbarie}
mais un étranger, un irlandais d’un courage
rare, qui avait besoin de risquer pour
se faire fortune, se présente pour remplir les
vues de la cour d’Espagne. C’est O’Relly atrocités. Cet officier
trop connu par ses avait de longs et utiles services. Il était ap�puyé de protecteurs puissans et sa majesté catholiquel’agréecommeunevictimequi se dévouait elle-même. Le danger paraîtimmi�nent, et on lui donne carte blanche. On lui accorde cinq mille hommes, un pouvoir de roi; et il part. Pendant sa traversée, qui fut heureuse, son silence annonça qu’il méditait un plan terrible. Pour mieuxassurer sa fortune, par le mérite d’une granderéputationguerrière, il imagina d’y parvenir par les moyens les plus cruels comme les plus frappans. Il avait déjà des renseignemens de la part d’Ulloa, il s’en procura d’autres de quelques hommes à bord qui connaissaient la Louisiane, et en descendant’, il trouva des traîtres qui ache�vèrent de l’éclairer. A peine est-il entré dans le port de la Nouvelle-Orléans, que tous les habitans bien loin de prévoir l’avenir courent pour recevoirleur nouveau gouver-Cette affluence de monde inquiète
neur.
O’Relly, il craint de descendre, et il an�noncequ’ilnedébarquera quelelendemain.
Ilrestedanssafrégaté,etil sondelesesprits
conduite. Toutes les troupes biensur sa
armées mettent pied à terre, et au lieu de
la résistance qu’elles croyaient trouver
elles ne voient que des hôtes qui leur tendent
les bras. On leur cède les portes de la ville, et par-tout ils sont les maîtres.
Le lendemain matin O’Relly descend, et entouré d’un peuple qui lui fait le plus grand accueil, il se rend sain et sauf au palais du gouvernement. On voyait que dans le fond
de son ame il n’était pas satisfait de la dou�ceur de cette réception il eût désiré une lé�gère résistance, qu’il eût pu vaincre sans peine, qu’il eût fait valoir avec l’adresse or�dinaire en pareil cas, et dont il eût tiré beau-coup de gloireauxyeuxdelacourd’Espagne. Iln’enconçutpasmoins ledesseind’exécuter soin projet sanguinaire.
Tous les ordres des citoyens vinrent lui rendre foi et hommage à la tête de ces ha�bitans respectables étaient ceux qu’il choisit pour ses malheureuses victimes. Comme il était fin politique, pour parler le langage du tems il usa de la plus grande fausseté. Il employa les démonstrationsles plus affec�
ét le miel sur les lèvres, il cacha
tueuses
leveninquifermentaitaufond desoncoeur.
Son palais était plein de rnondé, et jus�qu’aux dames tout s’empressait autour de lui. Il sourit à tous, etfit les plus belles pro�messes..Après un certain tems chacun se retira satisfait. IL affecta particulièrement les plus grandes marques d’estime pour ceux dont il voulait se défaire il eut l’air de conférer avec eux sur les meilleurs moyens de faire fleurir la colonie. M. de la Freynière qui frappait les yeux et les oreilles par la beauté de son physique et la véhémence de ses discaurs est l’objet de son attention il le traite avec une amitié distinguée et
mar�
quant ses victimes, il les rassemble avec
adresse et les réunit toutes autour de lui.
Quand il voit la foule s’écouler, il les retient
sous différens prétextes, et quand il trouve
le moment favorable il passe dans un ca�
binet particulier, rempli de gardes hérissées
de baïonnette.
appeler M. de la Freynière,
et dès qu’il est entré il lui demande son
épée ,en lui déclarant qu’il est prisonnier
d’état. Ensuite vient Jean Milh�t il lui fait
la même déclaration. C’est dans cette forme
qu’ils’empara des douze principauxcitoyens
de la Louisiane. Ainsi aux deux premiers
furent joints MM. Joseph Milh�t capitaine demiliceetnégociant, frèrede JeanMilh�t; Marquis, capitaine -au régiment de Halwil suisse; le chevalier de Noyant ancien ca�pitaine de cavalerie Hardi de Bois-Blanc canseiller Doucet, avocat Carèce et Pou�p�tnégocians(i),etPetit, richemarchand.
A l’instant une gjardé nombreuse les pré�cipite dans des cachots t et malgré toutes les représentations, il n’y eut pasmoyen de faire entendre raison au farouche O’Relly. Il ne souffrit même pas la plus légère commu�
’aïication et ces malheureux citoyens furent impitoyablement tenus au plus grand secret. Les larmes des femmes des mères et des enfans ne firent qu’irriter son ame féroce il repoussait tout le monde avec colère et se contentait de dire que ce n’était pas pourlong tems. Il tint parole et il n’épargna rienpour précipiterlejugement.Maisillui manq"i1:ait. une treizième victime elle avait. eu le bonheur de s’échapper. C’était M. de Villeray écrivain du roi. Il s’était sauvé sur
.(i) Le frère de M. Poupet tient encore une maison de commerce à laHochelly.
son habitation et, en cas de poursuite il
eu tête bientôt parmi les sauvages auxquels il
aurait été impossiblede l’arracher. Aubry ser..
vit parfaitement les intentions d’O’Relly il vatrouver M. deVilleraysursonhabitation, l’assurequ’il neluiserarienfait, qu’O’Rel ly au contraire était très-disposé en sa faveur, � qu’il pourrait même être utile aux autres victimes par son influence. Le trop crédule
de Villeray animé par l’espoir de rendre service à ses camarades se laisse persuader, et vient en ville. A peine est-il à la porte de la Nouvelle Orléans, qu’il est saisi et précipité camarades dans les ca�
avec ses chots. C?était l’un des hommes les plus forts; les plus braves et de la plus haute taille. Furieux de’ cette trahison et le désespoir dans l’ame il se précipite sur les grenadiers espagnols veut s’échapper à l’instant il est percé de toutes les baïonnettes à-la-fois et bientôt il expire. CependantO’Rellytenait sontribunalsan�
guinaire. On peut dire qu’il fut tout-à-la-fois
juge et partie. Ii eut le secret de se procurer
de vils témoins par le moyen de la crainte
et de l’argent y et nous ne les nommerons
point, par respect pour les familles mais ils
sont bien connus, et le mépris public les a déjà flétris. Cependant il craint un soulè�vement général, parce que tous les habitans honnêtes réclament la délivrance de leurs concitoyens. Les espagnols eux mêmes étaient révoltés et quoique nouveaux dans le pays ils étaient indignés de la dureté d’O’Relly. C’est sans doute ce qui fit prendre à ce dernier le parti de faire transférer pendant la nuit, les douze prisonniers d’é�tat à bord de la frégate qui se tenait à quelque distance de la ville. Ces malheureux, accou�tumés à tous les genres d’opulence, n’avaient
pas même en ce moment le pain des pauvres,
et ce n’était qu’à grand prix. qu’ils pouvaient
obtenir les premiers besoins de la vie.
Enfinarrivel’exécrablejournée du 27sep�tembre 17%. Les victimes ont été jugées la veille O’Relly a la barbarie de leur faire lire le champ leur condamnation.
sur
M. Foucault était aussi du nombre des con�damnés et devait être la quatorzième victime; mais commissaire ordonnateur et intendant parinterim,il fit valoir son grade dereprésen�tant du roi, avec une telle énergie qu’O’Relly n’osa rien,attentercontrelui,nimêmefaire
la moindre réponse à ses questions. Il est
renvoyé en France à cause des comptes qu’il devait rendre en sa qualité.
Par le jugement d’O’Relly six des treize sont condamnés à un emprisonnement per�pétuel savoir, MM. de Mazan
comman�dant et administrateur Jean Milh�t, dont nous avons déjà parlé Poupet aîné négo�ciant Hardi de Bois Blanc conseiller Doucet avocat et Petit marchand. Les six autres MM. de la Freynière, Marquis Joseph Milh�t, frère de Jean le chevalier de Noyant et Carèce sont condamnés à être fusillés en place publique. Comme M. de Villeray avait péri O’Relly voulut qu’il fût exécuté en effigie (i).
(1) M. de Villeray était fils d’un canadien et cette
famille descend des vrais Rou�r de Villeray, bien con-Touraiue pour venir de célèbre Rou�r qui,
nus en ce en i4oo, occupait une des premières placesamenés, et
qui, en 1648, donna Rou�r, marquis de Villeray, etc. Le fils de cette victime de l’amour pour son pays, après�avoir beaucoup voyagé, s’est enfin relire à la Nouvelle-.
Orléans, où il est père de famille aussi estimé qu’esti�mabic. A Paris existe un irès-prache cousin portant le; même nom qui, après avoir été lieutenant-colonel d’un grand corps, est rentré dans l’ordre des simples citoyens. Il est né au Canada, et il est du nombre de.’ ceux qui ont fui la domination anglaise.
Que l’on peigne l’état de ces infor�
se turtés qui savent que bientôt ils doivent perdre la vie d’une manière cruelle Le len�demain, toutes les portes de la ville sont fermées à tous ceux qui veulent entrer, et on ne les ouvre que pour ceux qui veulent sor�tir. O’Relly aurait voulu que la ville eût été déserte. Toutes les troupes sont sous les armes et distribuées dans tous les quartiers, ayant pour consigne de tout tuer au premier
signal. Cen’estquedanscemomentqueles
habitans apprennent le supplice destiné à
leurscompatriotes.Leshommes, lesfemmes,
une foule d’enfans viennent pour obtenir la de leurs époux de
grace de leurs parens leurs pères rien n’attendrit le tigre il donne ordre à la force armée de le débar�mondequi l’étourdit et de ces
rasser de ce crisqui l’importunent.Ceshommesen pleurs qui supplientlecrimeenfaveurdelavertu, sont repoussés à coups de crosse de fusil femmes éplorées, aussi belles que res�
ces pectables et touchantes sont menacées si elles ne se retirent et sont enlevées avec leurs enfans par des soldats attendris mais forcés d’obéir toute la ville ne jetait qu’un cri et les larmes abondantes coulaient sur toutes les joues*
Les habitans de la ville au désespoir voyant leurs efforts inutiles et dans l’im�puissance de s’opposer à cette exécution barbare voulant pas en être les té�
ne moins, vont dans les bois cacher leurs
larmes et leurs regrets. Ils enlèvent autant
qu’ils peuvent de femmes et d’enfans et la
,ville n’est plus occupée que par les soldats et
les esclaves ou par ceux, qui n’ont pu s’é�chapper, oupar quelquesames populacières, comme il s’en trouve par-tout.
A trois heures après midi les victimes paraissent.Elles étaientmises avec décence et sur la route de leur supplice; elles con�versaient avec une sorte de tranquillité qui n’estcroyablequepourceuxqui connaissent la bravoure naturelle aux louisiànaiscomme aux canadiens. Elles sont conduites chacune par deux officiers qui leur donnent le bras elles marchent d’un pas grave vers le lieu qui va être teint de leur sa:rg elles regardent tous les assistans avec un air de bonté ne profèrent pas une injure, et disent l’adieu’ le plus tendre à tous ceu^qu’elles salent.
Un esclave, attendri, ,s’élance,rien ne peut l’arrêter il est déjà dans les bras de son maître il le couvre de larmes et de bai�sers. C’est Cupidon nègre de M. Carèce il reçoit son testament de mort. L’un et l’autre s’embrassent tendrement le maître l’engage à se calmer et lui donne publi�
quement sa liberté en lui recommandant
de ne point abuser de ce bienfait. Ils se sé�parent, et les victimes sont bientôt sur le
Champ-de~Mars.
On avait posé à l’extrémité de cette place, un banc pour les malheureux des�tinés supplice s’as�
au aucun ne veut seoir on veut leur .mettre un bandeau sur les yeux tous veulent voir l’appareil de leur mort. A cette occasion M. Marquis officier du plus grand mérite dit en re�poussant la main qui voulait lui bander les
yeux « J’ai assez souvent bravé la mort au
service demonmaîtrepournepaslacraindre,
et je n’ai jamais fermé ni détaurné les yeux
devant ses ennemis. » Et puis s’adressantà’
malheureux camarades il leur parle
ses
ainsi ce Mourons, mes chers compagnons
d’infortune, puisqu’il le faut, mais mourons
en hommes (ï)!hk mort ne doit rien avoir�
d’effrayantpournous, puisquenousmourons
(i) C’est une expression empruntée des sauvages.
purs et sans tache! ;) Ensuite, s’adressant
auxsoldatsquiallaientêtreses bourreaux(i): «Messieurs les espagnols leur dit-il soyez témoinsquenousne mouronsquepouravoir voulu vivre toujours français quoiqu’étran�ger, je suis français, moi mon cœur a tou�jours été pour Louis le bien aimé j’ai sacri�fié trente et quelques années à son service. et je suis glorieux de voir aujourd’hui que mon amour pour la France soit la cause de ma mort. » A l’instant, il déchire sa che�mise, montre un estomac couvert de cica�trices, et leur dit Tirez, bourreaux Ses
« camaradesmontrentla mêmefermeté aussi�tôt les victimes tombent baignées dans leur sang (2).
(i) Je n’ai pas voulu dire qu’avant ce discours il de�manda du tabac, qu’il en prit avec un sang-froid aussi inconcevable que naturel. On aurait regardé fait
ce roiuulieux mais je le considère comme
comme une preuve de la tranquillité de son ame., etj’en donne con�naissance à ceux qui voudront ou sauront t’apprécier. xien n’est indifférent dans un homme célèbre.
(2) Je ne dois pas taire que MM. de Noyant, Milb�f, Marquis et Carèceontpéri leurtinîibrme,que
avec c’est une insulte qu’Orelly faisaitla France, et qu’an.
ne l’a jamais remarquée..
Bien long-tems après ce trait de barbarie les habitans dé la Louisiane étaient encore dans l’abattement de la consternation la plus profonde il semblait que le malheur les poursuivait par-tout un grand nombre s’em�barquait-pour fuir cette terré ensanglan�tée, et périssait sur mer quelques autres, plus à plaindre peut être ont langui dans la misère la,plus affreuse pour ne pas revoir des lieux où ils avaient à pleurer un père, un frêre un parent, un ami. Depuis cet instant et pendant plusieurs années la Louisiane a. dégénéré sous toute espèce de
rapports. O’Relly essaya tous les moyens pour cal�mer les esprits il ne put y réussir. Il don�nait des fêtes et personne n’y allait il assurait tout le monde de sa protection, et on le fuyait comme une bête féroce. Il ne put pas tenir plus de six mois dans la colo�nie il y eut tant de désagréments que là cour d’Espagne fut obligée de le rappeler et, le
jour de son départ fut un moment de bon�heur pour un pays qu’il avait couvert de
deuil par ses atroces assassinats. Il avait dis�tingué Cupidon nègre de M. Carèce il
voulut l’attirera son service. « Moi lui té*
�pond ce bon nègre queje servele bourreau de mon maître le ciel m’en garde » 1\1: de la Freynière avait laissé un nègre, ex. cellentcuisinier, nomméArtus.O’Rellylui dit ce Tu es esclave du roi d’Espagne, et je te prends pour mon cuisinier. Prenez
» cegarde, lui dit ce bon serviteur vous êtes l’assassin de mon maitre, et je vous empoi�sonnerais » Les autresmalheureuxquiavaientété con�damnés à un emprisonnement perpétuel,
furent quelques jours après le supplice de
leurs compagnons envoyés à la Havanne,
et enfermés au fort Moore. Ils y ont langui
long-tems, c’est-à-dire, jusqu’en 1771 etils n’ont dû. leur liberté qu’à une circonstance particulière dont nous ne tarderons pas à rendre compte.
La cour d’Espagnefut réellementindignée de la conduite d’O’Relly mais la politique cruelle exigeait qu’elle dissimulât son indi�gnation et, au lieu de livrer au supplice un monstre qui avait tout fait pour la rendre haïssable, et qui avait osé prodiguer le sang
elle le récompensa en lui
sous son nom donnant une autre place, dans laquelle il
4init ses jours, chargé de bienfaits
etsans
doute déchiré de remords; Ce monstre avait commencé par faire? saisir tous lesbiens des prisonniers d’état, et au nom du roi d’Es�pagne il s’empara de tout immeubles mo�biliers, esclaves, argenterie, linge, et jus�qu’aux habits tout entièrement fut vendu au nom du roi, et pris par O’Relly. A l’ins�tant, les veuves et les enfans furent réduits à la plus affreuse mendicité. On jugera bien mieux de cette horrible conduite, lorsqu’on .saura que le jour même que les citoyens dont il sagit furent déclarés prisonniers d’état, les scellés furent mis à l’improviste dansleursmaisons, etqu’ayantétéposés jus-
que. sur les buffets, les femmes, les enfans
n’avaient même pas de pain. Sans la charité
des particuliers, le gouvernement d’O’Relly
laissait périr de faim des personnes dont il
dévorait la fortune. 0 jour exécrable, vous
êtes digne d’O’Relly Malgré toutes les sol�licitations de la justice, toutes les inspira�tions de l’humanité, tout fut pris vendu et
dispersé. On consentit enfin après bien du
à donner aux femmes un quart de
tems leurs dots en effets estimés à un prix ex�
cessif et les enfans héritiers naturels de
leurs pères, tout au plus prisonniers d’état,
ne purent rien obtenir, malgré leurs justes réclamations.Nous sommesautorisésà croire que de toutes ces, fortunes, dont plusieurs étaient considérables, il en entra bien peudans les coffres du roi d’Espagne. Il eut in�justement tout l’odieux de cette cruelle af�faire, tandis que ses agens infidèles s’en approprièrent tout le profit. Il en résulta néanmoins qu’il n’y eut jamais la plus lé�gère indemnité pour aucune de mal�
ces heureuses familles qu’on les livra impitoya�blement au désespoir de la famine. La veuve de M. de la Freynière fut la seule qui obtint .dix mille francs une fois payés et
encore est-ce du roi de France La veuve du che�valier de Noyant fut comprise dans ce faible don, comme belle-fille et toutes deux, reti�rées au Cap-Français, y ont langui comme les autres dans une misère affreuse jusqu’à leur mort. Le roi de France s’apercevant qu’il avait été trompé par l’influence criminelle du duc de Choiseuil, qui n’a jamais pu se disculper, et dont on ne pourra jamais effacer la flé�trissure, en écrivit au roi d’Espagne, qui lui�même fut affligé; et l’on convint de délivrer, en. 1771 ces infortunés, qui languissaient
dans les cachots du fort Mobre. Chacun d’eux prit son parti et revint sur les posses�sions françaises. Jean Milh�t se rendit au Cap-Français, et fit savoir à sa famille qu’il désirait qu’elle se hâtât de venir l’y rejoindre. Elle se mit en route, après avoir fait les plus grands sacri�fices pour réaliser une modique
somme et elle arriva au Cap-Français. Ce malheureux père fut si attendri, le plaisir de revoir sa femme et ses trois enfansfut si vif, que la
joie lui causa une maladie inflammatoire dont il mourut huit jours après. Sa veuve dont les vertus la bonne conduite et l’in�
telligence n’ont cessé d’être l’objet de l’ad�miration des habitans de la partie du nord de Saint-Domingue ne put jamais se con�soler de cette perte, et jusqu’à sa mort, ar�rivée à Philadelphie elle a toujours porté le deuil d’un mari qu’elle aimait tendre�ment, et qui méritait de l’être. L’état misé. rable dans lequel végétaient aux Etats-Unis gendres et ses filles a précipité sans
ses doute le momént fatal où sa famillel’a per�due pour toujours. A l’accident de son mari était survenu celui de l’incendie et de l’as�sassinat général commis par les esclaves
révoltés de Saint-Domingue et elle avaiten�core perdu ce qu’elle s’était procuré à force d’intelligence et d’économie. Ses enfans agréablement établis avant la révolution jouissant même des faveurs de la fortune ont éprouvé dans’ la persécution de leurs maris des chagrins et des pertes et le tout fait de cette famille un tableau de malheurs aussi intéressans par leur nombre que re�marquables par la rapidité avec laquelle ils se sont succédés.
Occupons-nous maintenant des avantages
que la Louisiane offre gouvernement
au français et détruisons les craintes qu’on voudrait élever sur l’acceptation et la rétro�cession de cette vaste contrée. Exposons quelques idées générales sur les colonies françaises colonies si
sur ces utiles à la mère patrie, sans lesquelles il n’y a ni bâtimens, ni matelots, ni grand com�sans lesquelles enfin la marine n’est
merce rien avec ..lesquelles elle acquiert sa véri�table importance en étendant les limites
de l’état principal rapprochant
en en quelque sorte les états accessoires et fai�sant, pour ainsi dire disparaître l’immen�sité des eaux qui les séparent. ïl a été.suf�
fisamment démontré que les colonies, ’loin de nous être à cliarge accroissent nos ri�chesses en métal en jouissances en fa�briques, en ouvriers qu’elles propagent notre gloire en entretenant une marine puissante, telle qu’elle convient à une des plus grandes nations de l’univers.
La Louisiane est de toutes les colonies
celle qui a le plus’ excité le reproche d’être
charge et cela vientde ce qu’on a tou�jours négligé d’étudier ses produits, et d’y envoyer de savans administrateurs. Cette prévention produite ainsi par l’ignorance et’la ’cupidité ces belles ré�
est cause que gions ont été vendues ou cédées à l’Espagne,
et qu’un peuple, plein de vertus et de talons,
a étémis àprix et livrécommeuntroupeau.
Je le répète, la Louisiane offre de grandes
ressources-à ceux qui sauront l’administrer,
et nous en donnerons la preuve. Elles peut
allier de pair avec les plus belles de nos co�lonies, pour les richesses et elle n’a point
d’égal pour’la bonté de son climat. Je -sais
qu’il existe encore des personnes imbues de vieux préjugés sur son inutilité mais ces personnesn’ontpointderenseîgneinens sûrs, ou n’ont vu cette colonie que très-superii�
tellement, ou n’en ont entendu faire que .des’rapportsintéresséset fau& < !Ce qu’orna dit à son sujet ne l’avait-on
pas soutenu.pourtoutes les autres colonies? M’a-t-on ’quelles ’colonies, en général-; nuisibles même aux "puissances qui les posi�sédaient f faudée surles vains:ràis-onnemens d’une;élo�tjuence insidieuse^, qui a donné 17&5, àune bonne dissertation de la découverte de l’Aniériqtie Apres bien des discussions, on est parvenu-à démon»�trejr qu’un grand peuple ne peut se passer ,de’colonies:, parce qu’il nation sans marine et saiis richesses "Colo�niales que les anglais sont réihar�
ne quables que par ce genre de commercer et les colonies l’Angleterre ytiêàiiite
que .sans à ses îles d’Europe "ne serait qu’une puis�sance fort ordinaire. Sans doute les colonies deviendraient à charge sans population il faut’ dès bras pour ’cultiver leurs terres:mais un des moyens le plus grand à cet égard se trouveample�ment par le rappel de la traite des nègres. Point d’esclaves point de colonies cela est
incontestable pour ceux qui se connaissent en matière coloniale et avec la traite
on multipliera tant qu’on voudra les culti�vateurs. Les blancs ne manqueront pas non plus, si l’on a l’art de leur plaire. Que l’on invite de toutes les parties de l’Europe, toutes les per�sonnes honnêtes et infortunées qu’on les animepardes encouragemens,sur-toutqu’on ne les vexe jamais et dans peu d’années les colonies, seront aussi populeuses
et peutêtre pliis que l’Europe elle-même. Ce. sont les injustices des chefs coloniaux qui ont repoussé la population blanche, qui ont perpétué ce désir nuisible du retour dans la mère-patrie qui ont dégoûté les proprié�
taires de rester sur leurs habitations et qui
ont faitresserrer l’or qu’on ne voulait plus
dépenser qu’en Europe, où l’on se forgeait
toujours l’espérance de revenir. Des chefs
vraiment amis de leur gouvernement n’au�ront jamais de peine à faire aimer les colo�nies auxhabitans.Des chefs adroits sauront
retenir les colons et les porter à embellir et
enrichir ces beaux lieux, au point de les
regarder comme leur véritable patrie. Ubi
benè, ibijpatria%estl’axiomedes-infortunés.
D’ailleurs, ces climats sont si beaux les
ressourcesen sont si grandes, qu’il n’y aurait
personne qui ne se fit un plaisir d’y rester; etalors on verrait, comme en Angleterre,les personnes les plus riches de France, se dé�terminer à faire pour leur propre amusement
un voyage dans les colonies, et de tems à autre y porter le goût et les encouragemens. La familiarité de ces voyages en diminuerait les dangers, et l’on irait sur un vaisseau en pleine mer, à-peu -près comme on va en voiture dans des chemins difficiles sans songer aux accidens qui peuvent arriver, et qui sont moins fréquens sur les bons bâti�mens que dans les voitures.
Pour en revenir à ce haut degré de per�fection, il conviendrait de regarder les co�lonies comme si elles ne faisaient que d’être découvertes, à quelques exceptions près, cependant fort faciles à deviner et de créer de nouvelles lois, de nouveaux réglemens administratifs; de faire ressortir certaines localités qui exigent un régime admissible, seulement pour ceux qui connaissent réel�lement les différences particulières à
ces climats lointains. Il serait indispensable d’entrer dans des.
détails qui prouveraient la nécessité d’un régime militaire, dans les
commencemens seulement, et de, n’y avoir de civil que ce qu?il/en faut absolument pour établir un. j-ilste équilibre. Dans un pays ou la localité veut que tout le monde naisse soldat il faut que tout passe nécessairement par la filière militaire et -en prenne la -couleur,-Ces contrées éloignées de la mère-patrie deman�dent là plus grande célérité dans les mou�vemens politiques attendit leur tendance; continuelle à la fermentation orgueilleuse. des esprits. Ailleurs, on est lent à imaginer^ à. asseoir des idées de révolte là on agit presqu’aussitôt qu’on a pensé c’est l’explo�sion, d’un-volcan.. Si l’on n’a point dans ces climats de feu une résistance aussi prompte que l’effort l’embrasement y paraît aussitôt quel’étin�celle porte aisément au mal ceux qui
on sous un .ciel-brûlant, n’ont en général que l’ardeur de leurs passions qu’une imagina�tion exaltée, plus d’esprit que de science e6 de jugement, et qui ne sont janiaîs tem�pérés par une philosophie douce et tran-. quille. Il faudrait faire le tableau des vertus’qui
conviennent aux chefs qu’on y enverrais, lever le voile qui cache les motifs des no�minations vicieuses qui se sont faites jusqu’à présent; démontrer la difficulté de trouver tout à-la-fois des hommes assez justes pour n’êtrejamais tentés.d’abuserde leur autorité à deux mille lieues de la mère-patrie.; assez sages pour prendre d’eux-mêmes un parti raisonnable n’ayant pas toujours le tems d’attendre les ordres de la France
assez vertueux pour-ne pas donner l’exemple d’uneambitiondemesurée etd’unecupidité qui-autorise celle des particuliers
assez
politiquespour surveiller toutes les classes pour encourager, l’habitant et le contenir dans de justes bornes; assez fins pour dis�
tinguer le commerce d’avec le commerçant,
et retenir celui-ci qui naturellement décour
rage l’habitant en pompant toujours sa subs�tance assez bons pour se faire. aimer et
attirer la confiance générale assez fermes
pournepointse laisserentraînerpard’autres considérations. que celles de leurs devoirs et de l’amour pour la chose publique
assez vigilans vigoureux enfin, pour
et assez voyager fréquemment dans ces régions brû�
lantes, et y maintenir ainsi l’ordre ft’ Sas*
présence,et soutenirle faible.contrelefort.
Il ne faudrait pas moins un traité sur les opinions publiques à créer, sur les préjugés mêmes à autoriser comme des lois factices qui vont bien plus loin que les lois posi�tives, et qui n’ayant pas comme celles-elle labyrinthe de la chicane, ont une force à laquelle le coupable le plus adroit ne peut échapper. L’opinion est un genre de police dans la société, d’un grand secours pour
tous les gouvernemens et qu’on doit en�tretenir comme le rétablissement ou la con�servation de la morale publique. Un peuple qui des n’est jamais difficile à
a mœurs gouverner, celui qui n’en a pas se plaît toujours dans les agitations.
Les colons sont naturellement crédules pour tout ce qui leur vient de la métropole et comme ils lisent beaucoup et digèrent fort mal ce que l’ennui ou la fatigue leur fait
lire il serait à propos que les personnes à qui les matières coloniales sont étrangères ne les traitassent point. Avec les fleurs de l’esprit on a causé bien des maux dans ces contrées, où la fermentation égale la simpli�cité et avec le jugement de l’expérience on aurait conservé la plus belle colonie.
Saint-Domingue ne doit sa perte qu’à cette fureurimpolitique de faire de l’esprit, et au poison attrayant d’une philanthropie sans bornes. Il fautdonc que les.européens ne se mêlent des colonies, qu’après avoir scrupu�leusement approfondi les renseignemens qu’on leur donne, et qu’ils se méfient-tou�jours de leur jugement sur des climats si différens siéloignésdetoutcequ’ilsvoient. En général, on ne traite bien que ce quel’on a bien vu.
Qu’il en soit de même de ceux qui ne connaissent point la Louisiane et qui n’en parlent que d’après des mémoires dictés sou-vent par l’intérêt, ou faits par des personnes qui ne savent pas observer. Il ne faut s’en rapporter qu’à ceux qui, n’étant mus que par des motifs sages, ont encore pour eux
l’expérience d’un grand nombre d’années. Que les savans qui veulent être utiles à la patrie sur ces,objets coloniaux se donnent la peine de voyager, et qu’ils séjournent plusieurs années sur le.; lieux ils nous en�richiront d’une foule de connaissances qui échappent nécessairement à qui ne
ceux sont que colons et qui ne travaiilent que
matériellement. Leur critique alors étant
fondée sur une sage expérience ne pourrai
que tendre à perfectionner les localités. Les.
colonies gagneraient beaucoup à la pré�
sence de ces savans, qui cessant de voya�ger en, esprit s’occuperaient que de
ne choses vraies, et qui., substituant ta�
aux bleaux de leur imagination souvent danger lieuse ceux de la nature rapporteraient des, réalités souvent précieuses. Sous ce point de. il seraitd’une bonnepolitiqued’exiger.
vue
d’un botaniste, d’un conchyologista-d’un.
naturaliste d’un physiciend’un chimiste,
d’un métallurgiste et de tous, les savans, de.
parcourir au moins une fois dans leur vie >
et à un âge raisonnable, ces belles région s
qù ils feraient chaque année d’amples récol�tes. Les colonies ne-sont point encore con�nues, et elles méritentde l’être. C’est-là que
la nature étale ses trésors, et qu’elle invita
tous les sa vans du monde à venir lui rendre�hommage. Après .cela;les colons devront se
taire, et ceux qui étaient les premiers à les
dénigrer, se hâteront de-leur rendre la jus�ticequ’onnepeutleurrefuser sansfairele
plus grand tort, à la chose publique. Mainte�
Bant nous allons reprendre tout ce-qui re«
garde la, Louisiane..
bienjbidispen�sable, et ce que je vais dire va.convaincre de l’utilité de mon observation.. Il s’agit d’at-, térer Saint-Domingue.
Après la traversée de l’océan., venant d’Europe; et s’être mis en latitude du vieux cap de Saint-Domingue, on fait route à l’ouest jusqu’à ce que l’on reconnaisse la Grange. Ensuite on va. reconnaître le Capr Français et puis l’on côtoie l’île de Saint? Domingue jusqu’au môle Saint Nicolas en passant entre la: Tortue et le port de Paix. De-là on. incline la route vers. ouest-sud�ouest pour reconnaître le cap de Maizi, et,
l’on avance en côtoyant l’île de Cuba ou Cube jusqu’au cap.de Cruz. L’île de Cube pousse une pointe occidentale qui s’avance entre les deux extrémités.da Dincatin et de là Floride. C’est ainsi qu’il forme deux car�naux, dont l’un, sert quand on vient de l’Eu�rope, et loutre quand on y fetourne; parce
que les courans de l’un sont différens de
l’autreetforcentlamarche. C’estenpartantdu cap Maizi qu’il faut se défier des Jardins de, la Reine, qui cachent les plus grands dangers çt aller reconnaître le Grand i�ayman.
C’est ici que l’on doit; observer très-sé�rieusementquetoutes lescartesportentl’île de Cube trop courte depuis le cap de Crus jusqu’à l’île de Pins. Cela est si vrai, qu’en mettant le cap à l’ouest quart de nord-ouest, il semble qu’on passe à dix lieues d’elle au iarge et comme elle est beaucoup plus à l’ouest qu’elle n’est portée dans les cartes l’obliquité que donne la route ouest-quart de nord-ouest et son prolongement condui�sent nécessairement les navires qui font cette route, surlesnombreuxrescifsqui en�tourent cette île et contre, lesquels jettent les courans.
Nous engageons tous les hommes de mer
às’assurerdecefait carnoussommesper�suadés qu’une infinité de bâtimens s’y sont perdus pour s’en être rapportés là dessus aveuglément toutes les cartes tant fran�çaises qu’anglaises et espagnoles
que par une négligence incroyable on a copiées fidè�lement les uses sur les autres et qui ont
égaré les navigateurs en les faisant tomber
sur le danger. Pour éviter de se tromper,
il faut donc faire route ouest plein, parce
que toutes les cartes qui sont fort justes
enlatitude,sontfortdouteusesen longitude»
Comme nous ne disons rien sans preuve, nous citerons un homme profondément instruit, M. Courrejoles père, ancien ingé�nieur en chef Saint-Domingue, qui a fré�quemmentvisitéla Louisiane.Je crusdevoir lui soumettre mon observation, et cet offi�cier m’arapporté, pourconfirmer lajustesse de mon observation, que, montant un vais�seau dont il était propriétaire et armateur son capitaine s’étant entété et ne voulant
s’en rapporter qu’aux cartes fit sa route
ouest quart de nord-ouest au lieu de la faire
ouest plein, et qu’il arriva que vers minuit
un espagnol, qui faisait le quart d’avant aperçut les arbres des Mangles qui sont sur les vases des Jardins de la Reine. Ce fut alors, par le plus grand bonheur et par la diligence la plus active, que ce bâtiment se sauva. Ainsi mon observation est assez im�portante pour qu’il me soit permis d’y fixer
déterminémentl’attention du lecteur. Il ne s’agit pas moins que du salut d’une foule de bâtimens.
Après avoir quitté les Jardins de la Reine, l’île de Pins et le cap de Conçûtes, on va reconnaître le cap Saint Antoine cap le plus à l’ouest de l’île de Cube, et qui fait
partie del’Yucaîan. Presquevis-à-vis est le cap S.-Antoinequi fait la seconde extrémité de l’île ’de Cube, comme le cap Maizi est la première que l’on reconnaît en quittant l’île de S.-Domiirgue. Après avoir-doublé le cap Saint-Antoine on passe tout de suite dans le golfe du Mexique en grande mer. Le. reste de la route est parfaitement connu. Le golfe -du Mexique a la figure presq’u’ovale il s’avance beaucoup à l’ouest, et les pénin�’Sales de Dincatin et de la Floride marquentles deux pointes de son ouverture. Le tro�
pique du cancer le partage en méridional et enseptentrional.Danslepremier estleMe�xique, et dans l’autre, au 2ge. degré de la*1 titude se décharge le Mississipi.
Dans la belle saison il ne faut pas plus de deux mois, au navire le plus ordinaire pour se rendre de France à la Louisiane, maisl’entrée dufleuveMississipi,quiforme la patte d’oM, est traversée par une barre qui change souvent de placé -qui demande la plus sérieuse attention, et où l’on dé* chargemêmelesgrosvaisseaux parlemoyen des embarcations destinées à cet usage. Le poste de la balise est encore d’une grande utilité pour ce genre d’opération.
,(La’ route’de la Louisiane gue est fort aisée jusqu’au canal de Bahama eu Bahame. Les -courans y conduisent plus que les vents. En sortant du Mississipi, et; après avoir doublé le cap de Boue, ou la balise, on longe la côte dela Floride ou sa péninsule et quand on a passé la baie au, Saint-Esprit on vient reconnaître les Tor�tues, qui sont également sur la côte ouest de la Floride. De là on fait route vers le sud en se tenant toujours à la sonde jusqu’à ce
que l’on se trouve en latitude du canal. delà Havanne. On eourt une bordée vers le capdesMartirs,etpour doubler ce cap on achève l’angle en venantreconnaître la montagne, ou h, pin ou le chapeau de Matànce que l’on rencontre à l’ouest de l’île de Cube. On
se met alors nord et sud avec Matance et Ton se .dispose à entrer dans le canal de Baname où/l’on trouve d’abord la ’Caye de Sel, et l’on se dirige de manière à être tou�jours au milieu du canal entre cette Caye de Sel et les Martirs. C’est ainsi, je crois, que l’on évite les dangers et que l’on dé. bouque. Au sortir du canal de Bahame on remonte au nord-est le plus que l’on peut, jusqu’à ce qu’on trouve des vents favorables
pourvirerde’bordsur l’île desAntillesoù
l’on veut arriver.
Il ne faut pas plus de quinze ou vingt
jours, quand les vents sont bons pour se
rendre de la Louisiane à Saint-Domingue,
et l’on est quelquefois un mois en route
lorsque les vents sont contraires. Mais de
Saint-Domingue à la Louisiane les vents
sont alizés jusqu’au golfe du Mexique, et
commencentde là à être variables, et sou-
vent l’on arrive en huit jours à l’entrée de la
balise(i).
Nousvoilà surle territoirede laLouisiane,
que nous avons cédé aux espagnols, et qu’ils
ont accepté sans réflexion. Pensons qu’en la
reprenant nous avons de grandes fautes à
réparer.
Les limites originaires et naturelles de la
Louisiane s’étendent du nord au sud. Elles
partent de sources connues du Mississipi, et
(1) On a souvent été plus long-lems; mais j’expose seulement qu’il est possible d’abréger la longueur, et qu’on y parviendra en se livrant au perfectionnement de la navigation de ces. parages, que l’on ne connaît encore que parroutine.
de.celles qu’on ne connaît pas en" c6re, et finissent au golfe du Mexique. Le nord comprend toute l’étendue marquée à l’ouest par la baie des Noquets et par le lac Michigan par conséquent tout le pays des iïlinois et ceux que Fertilisent Louaback et ï’�hio entrent dans sa dépendance. Au sud�est, ses limites depuis la grande chute de ï’Ohio, embrassent tout ce qui se trouve entre les montagnes des Apalaches, la Blonde espagnole et le Mississipi jusqu’à son embouchure. La Louisiane couvre le
Mexique et elle est à portée de secourir la
floride.
La Nouvelle -Orléans en est la capitale, Elle n’est bâtie que depuis 1717 et doit son existence à la compagnie des Indes connue sous le nom d’ occident à. laquelle le régent, sous Louis !XV avait cédé la Louisiane» Cette ville est à l’est du Mississipi àtrente�cinq lieues auplus desonembouchure,et la compagnie d’occident lui donna le nom qu’eUe porte, pour témoigner sa reconnais�sance au régent qui lui avait cédé la Loui�siane au nom du roi. On lui donne aussi le
nom parce
que les; louisianais ne l’ont jamais laissé
prendre quelques tentativesqu’onaitfaites
pour s’en emparer.
Sesfortificationssont en bois.,Elleest en�tourée de pieux pointus, de douze pieds de hauteur,deboiséquarrissetouchantles uns les autres assuj�ttis en-dedans par des tra�verses et des arcs -bou/tans. Ces remparts ont été ^construits pour la garantir des fré�
quentes attaques des sauvages. Dans son origine les maisons n’étaient que dé bois et les cours seulement entourées de planches dont la hauteur se terminaitpar une forme angulaire. Ces cours ont toutes des puits, parce qu’il ne faut, dans,ces emplacemens» creuser la ’terre que de quatre pieds pourtrouverl’eau.Commecetteville aétésouvent incendiée elle est aujourd’hui presque toute bâtie en briques. Quand sès maisons n’é. taient qu’en bois, elle ressemblait beaucoup
auPort-au-Prince,moins grandeilestvrai,
mais toujours .beaucoup plus riante. Depuis
que les espagnols l’ont fait bâtir en briques,
elleabeaucoup.de rapport Pniladel�
avec
La vîlïe de laMobiîe.ést cinquantelieues, et l’oti" a vu coipî>iè«’êU�’�st" riche par le commerce des pelleteries et"du edûdron.
LaPointe-Coupée, dont j’ai déjà donné la description, est à quarante-cinq lieues au plus de l’a capitale et elle est fertile en excellens tabacs.
Le quartier des allemands est à dix lieues, et il est abondant en indigo naturellement excellent, qui serait d’une grande beauté si la manufactureen était perfectionnée(1).
Les Chapitoulas sont’ à quatre lieues. C’est un quartier propre aux sucreries;-et quoique celles de MM. -de Mazan et de la Chaise, et de plusieurs autres habitans, ne soient pas propres à donner une grande idée
de ce genre de manufacture
ân voit pour�tant à quel degré on. pourrait les porter si on le voulait sérieusement. Le sucre y est en généralmeilleurque le beau sucre ordi�naire des pays brûlans. L’on croira facile�ment cette vérité,sil’on réfléchit que le sucre ne languit point dans les climats tempérés, que les cristaux en sont plus ronds et plus interrompus par le froid. Cela produit né�cessairementunecristallisationconfusedont les parties rondes réfléchissent plus de lu�
(i) La Louisiane doit à M. Courre joies père, les moyens de faire sécherpromgteineritl’indigo.
filières et la cristallisation qui se fait dan3 les -paysfraidsest bienmoinslente quedans «les pays chauds. On. coupe la ^canne à la fin de l’été, et on ne la roule qu’en hiver. Ce repos qu’elle éprouve là dégage de la plus
grande dose des parties aqueuses dont elle ..se charge nécessairement dans une terre où la végétation est vigoureuse. On la met en
paquets, et -on la conserve dans des réduits
qui ressemblent assez bien aux cases à ba�sasses(i).Mais l’inconvénientdeces sucre�ries, c’est que les pieds de cannegelentassez souvent en terre pendant les rigueurs de l’hiver. Alors quand le printems repa�-rait, en retire les cannes qui enfoncées -dans le coeur des paquets n’ont pas:pu
-geler, et ellesdonnent de bons plants qui,re.
mis en terre, ne poussent pas avec moins de
rigueur. Je ne doute pas -que si l’on s’adon�nait davantage à’ ce genre de culture, on ne
trouvâtdenouveauxmoyensd’y êtreencore
plus heureux.
Nous ne rapporterons point les détails
(i)Xes cases à bagasses sont �epcce d’appentis
une ou d’ajoupas,dont On Fait usage dans les pays chands pourserrorlbrésidudcàçaauçsquiontpassé aumoulin.
Consignés dans lés divers ouvrages qu’on a
sur la Louisiane, et qui prouveraient seuls combien ce continent est riche en produc�tions de toute espèce. Si nous n’avions qu’à exposercequia.été-dit,nousne ferionspas un ouvrage; nous nous contenterions de’
citer les auteurs qui ont déjà travaillé sur ces divers objets. Aussi n’approfondirons^nous pas toutes les particularités-qui constatent que les richesses de la nature sont incalcu�lablès dans ces régions enrichies des plus beaux arbres du monde d’une-terre dontIa. yégétation est toujours neuve, d’une foule de planteset de fruitsinconnusdans les autres parties de l’univers par la propriété qu’elle a de produire en même tems presque; tout
qu’on voit dans les autres climats. Le
ce
bléyestsuperbe’, et l’on pourrait^ recueillir aussi d’excellens vins le sucre, comme nous venons de le dire, est d’une grande beauté et si l’on y savait mieux fabriquer l’indigo,onpourraitlecomparer^auplus beau des régions brûlantes. Les légumes, y sont multipliés à l’infini et-ils ont beaucoup d’espèce qu’on ne connait point ailleurs.
� Le gibier de toutes les sortes y abonde et
rien n’est plus aisé ’que de-rendre plus
industrieux encore les colons de cette partie
dé l’Amérique.
C’est également surprise que l’on,
avec vpit, à-quelqueslieues de l’île de Cube, où. la,, chaleur est excessive une terre comme la Louisiane, où;le: climat est si tempéré.�0n n’a qu’un canal,. pour ainsi dire à .tràr
-verser., et l’on trouve sur l’une de ;5es, rives
un:pays desséché: par la chaleur là plus brû�lante,; sur l’autre, ^i.un pays qui a tous les avantages d’une ter^e promise. La Louisiane joint ài-ses richesses, mie foulé de merveilles qu’il’ ’.est .honteux pour nous de n’avoir pas encore. vérifiées.i:nous qui le pouvions -au�trefois en, y envoyant des administrateurs dignes-de gouverner ce vaste continent. Satisfaisons la curiosité de quelques-uns des lecteurs. an parcourant avec eux, d’un pas
rapide: tout ce que j’y connais en histoire naturelle. Je dois. les prévenir que je .ne suis point /.botaniste et que je n’ai sur toutes les scieùceéen général que peu d’idées. J’espère donc qu’ils m’entendront avec indulgence sur ce que j’ai observé., en amateur j et non point en savant.
I^es vastes campagnes de la Louisiane plus particulièrement que le reste du continent de l’Amérique septentrionale, rassemblent presquetoutce quelestropiquesetleszones. tempérées peuvent offrir de plus curieux en végétaux.Sur le même, terrain ou viennent 4e triticum cerealé,le ïepyrus le prunus sus 9 on peut y voir le nyyrtfyus le myrthus car^crpj^illus aromàticus le laurus çinhamon, le Igiirus camphor le laurus persica le
qu’il y de plus .odoriférant dans
etce ala nature le cçnv.alr des cherokées et le calycan�poux ainsi dire à côté les uns des autres, le camellia et \epuuica, et/le ze« le le
rin., le superbg. ,et cus C’est ainsi que sont pêl,e,-inê]e en quelque sorte le tKeobroma
digittita ,|e. gfir? .çinia mangostana avec le magnolia grandi^
flora et le d’ombrages délicieux les.bords du MissiSf sipi et mahà et dans la Floride^ La. même terre
r produitle superbecupressus kdmir� à là Floride dans la Caroline, le beau chêne à%é3.n,quei?cusTiemîspherica^ànt l’énorme tête donnede loin’ l’image d^un Bosquet tout entier le gigantesque qiiercus
quidambar styfaciflua j. le. dyriodendrom l� fagus castanea le fagus
1.ci:�, tandisque
cette terre joint encore à ces végétaux dès
zones tempérées,des plantes qui sont des tropiques, telles que le cocos nucifera le citfus simpïé;,Jle citrus cturentiiim le cueupbita YamdrilR’s le pomciana pukherrima le
et une foule d’aûtf�s’qué mon peu de connaissances dans. la: botanique-ne ïnè permet pas de ma rap^’peler;1
On yvolt aussi Férable ou l’arbre a sucre, ejuél’ph rencontre dans la Pensilvaniè, dans la Virginie-, etque l’on connaît en bota�nique sous le nom &acer sacckarinum f le�pimîs phoénix-le ntagnolia.
(i) II n’y est pas iiidigènemaisil y vieal
av:eç
wius.
à fleurs, et le sassafras dont les feuilles séchéès et réduites en poudre fournissent une espèce de gombeaù aromatique vraiment délicieux. Touscesarbressontplus beaux etbeaucoup meilleurs que dans la Caroline et laMoride suivant ce:qué: m’ont rapporté plusieurs ha�bitans instruits et de la Louisiane et de la Caroline même., C’est sur-tout dans l’île de Barataria ’sur lelacPontchartrain, à quel. ques lieues de laxiouvelle Orléans, que l’on ,trouve sur le même sol tous lesbqis de mâ�tare-ei de construction à^la-foié.
Là Virginie, le Maryland; la Pensilvanie, New-Jerséy, New-Yorcki l’état qu’onappelle là Nouvelle Angleterre ou New-England rOhio,etlésrégionsde l’^Erièset des iliinois ne peuvent; pas se flatter de rapporter de plus beaux arbres et aussi bons qtt’k la Louisiane. On rencontre encore dans, les forêts éloi* gnées ou proches de la Nouvelle Orléans* le
lepinus
aèies’f \e pinuscanadertsis s Xejfmxirtiaresc�celsior^ \erobinia pseurfàcacic&yïe dina dioisa Yà�sciïlus virginica et beau-coup d’autres grands arbres dont je ne me
souviens point où que je n’aî pas connus;
Le terrain de la Louisiane n’est pas moins fertile en arbrisseaux; on y rencontre Va-r. zalea cocdnea l’azalea rosea, le.rosà le Rhododendron? le,kalmia-y le Sgrïnga le gardénia file catycanthus-le daphné^ le
franJdmia le styrax et une foule d’autres
aussibeaux qu’incalculables^dontjenecon�
nais pas. les; tternies botaniques.
:Parmilesarbres,on distingue sur-toutl’élé�gant palmier t le superbe magnolia,. qui font honneur à «la nature par leur magnificence et leur dignité!, le;diêne verd, qùercus sem�
per virens, donifc l’ombrage épais inspire unie
sorte ^é vénération c’est le quercus vire/is,
nantibvs pèduncuîis glandium lcingïssirtcisi On ydistingue ausMle chên�^verd deFrance, que l’on appelle èommunément.^a^ey et qui, en botanique, est le quercus ilecctfoliis
> Comme jedois, être entendu detout le monde, je dirai a ceux qui ne comprennent pas les ment aux .peraojines du peuple qui désirent
passeràlaiiomsiane^ qu’ils y trouverontle
chêne le pin le frêne, l’arbre cigu� (1);
lé cèdre, Forme, le bouleau, le sapin (2)^ l’arbre à sauterelles ou à cigales (3),le peu�plier, l’arbre à suif (4) l’arbre à cire (5) l’arbre à boutons (6) l’arbre à l’huile ou à beurre;(7) le noisetier, le hêtre, le paca�nier (8), le noyer (9), le sep de vigne, le
(i)L’arbre à cigu� ne m’est pas connu. Des habitans m’ont dit qu’il était bon à brûler et j’en crois la vapeur
mauvaise.
(2) Ce,’ sapin .est bien supérieur au plus beau que
l’on trouve dans les Etàts-TJriis, et il sert beaucoup aux charronnages.
(3) Je ne connais pas cet arbre je sais qu’il est cas�sant, mais qu’onpeut l’employer-utilement pour de
menus ouvrages.� ��"..’��
(4) Je croîs; que cet arbre est de ;la famille de l’arbre à cire et que’ la différence consiste dans le plus
ou�moins de dureté. Jta gomme de l’arbre à. suif est très�molle.
(5)
L’arbre à cire sert à faire des bougies vertes d’un très-bon usage-, et i’pb peut même,1dit-on, tes blanchir.
(6)
Get arbre est fort utile pour l’ébénisterie:
(7)
Je sais que cet arbre existe, mais ;j�’, ne l’ai ja�mais vu; v:^ ’�" ’
"
(8)
le pacanler produit une espèce ’de noix fort bonnes, mais qu’on ne peut éplucher qu’avec adresse.
(g)
Le noyer dont je parle n’est pas celui de France;
il lui est bien supérieur. C’est Vycory] des noflK-amérit cains.
mûrierle pommier sauvageteprunier,le
cerisier, l’oranger, le copalm(i), le, saule, le
saule pleureur ,.le châtaignier, lemaronier,
enfin presque tous les arbres qui sont en France, et beaucoup d’autres qu’on peut employer utilement sous tous les rapports. Les arbrisseauxsontaussi très-nombreux on y voit aisément le petit saule, le laurier de plusieurs espèces le sureau nain, le su�reau vénéneux, le genévrier, îe petit chêne, la douqedfougère, le petit noisetier, le myr�the à cire .l’hiver verd, le buisson à fièvre ,le grosellier, le framboisier, le mûrier de haies, levraithé lethésauvage > l’absy nthe, et un grand nombre d’autres sur lesquels p n’ai pas été à même de prendre des notes. Les herbes lésracineset’ ï�s plantessont également très-nombreuses on y voit l’eu�phraise, l’énula la quinte-feuille l’angé!�lïejue l’ortie, le baume, la salsepareille, le gin-zeng ,(2); le dictam(3), la sanicle, le
(i)
Le Gopalpi produit une gomme ambrée agréable à mâcher. On prétend même que c’est avec lui que les �-Bgjais font ce qu’on appelle le taffetas d’Angleterre.
(s)
Le gin-zeng est une pbnte: médieiaale dont aa fitit le plus grands.cas.
(3\Lediclam estuneplante.aveclaquelleles sau»» tages font des cures merveilleuses^
pîantin*» le pîantin-serpent sonnettes le plantin-crapaud, la noix de terre, la patate le capillaire, l’oseille sauvage le
sauvages, foie de roche, le foie noble la sanguine, la racine de serpent, le fil d’or,’ le sceau de Salomon, la fève des bois, le lierre ram�pant, le cresson d’eau, le cresson alénois, le cresson de fontaine, la mille-feuille, le réveil-matin, la bétoine la scabieuse, la morsure du diable » laracine de sang, l’herbe à bouillon, le pois sauvage l’oreille de sou�ris, l’oignon, l’aile le panais sauvage, l’el�lébore blanc et rouge, l’indigo bâtard, le tabac, le pouliot sauvage la bourache le !aman, la mauve, le pourpier le chien�
dent, l’herbe à gazon l’herbe à plomb, et biend’autresencoreconnues ou inconnues dont l’énumératioxz serait inutile pour le
plan que je me suis proposé (1). Quant aux farineux ou légumineux la liste en est très-longue aussi bien que celle
(1) ’On m’a parlé d’une herbe singulière dd l’espèce du gazon, que l’on nomme même dans le pays semper virens. On m’a certïfié qu’il n’en Fallait qu’un seul bria pour faire geler sur-lç-cisamp toute Peau qu’un gobelet peut contenir. Comme je n’ai pas été témoin de ce fait, je.ne le garantis point^ mais.j’ai cru qu’il valait la peine qu’on en parlât.
rait faire que
raitfairedu
genre
quel’on
trouve
en
France,
et qui se retrouve également dans les jardins de la Louisiane. Cette énumération serait également prodigieuse.
Je n’entreprendrai pas non plus la table des insectes, et encore moins leur descrip�tion. Le genre en est ’si nombreux les es�pècessi variées,qu’on enpourraitfaireune encyclopédie, et ce n’est pas mon objet: tout ce que je puis dire, c’est que les insec�tologistes trouveront dans ce vaste pays à s’exercer utilement pendant plusieurs an�nées sur ce seul article. Les ornithologistes
auront également les moyens de satisfaire
amplement leur curiosité car ils y trouve�ront des oiseaux de toutes les grandeurs, dontleplumageestvariéàl’infini etdepuis l’oiseau-mouchejusqu’à l’aigle, ou jusqu’au Vautour, il y a des degrés incalculables à parcourir. Le calcis l’épervier, le corbeau,
la corneille le hibou le perroquet, le pé�lican, la grue, la cicogne, le cormoran, le
héron, le cygne, l’oie sauvage, la outarde
le canard sauvage, la eercelle, le gueux, la
poule d’eau le francolin,
le dinde sauvage
ou le coq de bruyère la perdrix, la caille,^
1e ramier, la bécassine » le faisait, l*a�jouette Ie pivert, le coucou,-le jeai bleu 9
l’hirondelle, la veuve, Ie pape l’évêque le cardinal, la grive, l’oiseau à scié, le ros�signol, l’oiseau-roi, le robin le roitelet, le colibri., le moqueur sont à-peu-près tous ceux que je connaisse, et dont je pourrais parler si dessavans-n’en. eussent pas fait la. description. Mais il y en a bien d’autres qui ont échappé à leurs recherches,et qu’il fau�drait suivre jour et nuit dans les bois.
Quelle entreprise encore que celle de dé�crire tous les poissons que l’on pêche dans, les lacs, les rivières et les bayou es Je puis dire seulement qu’on y prend l’esturgeon, le faisan d’eau, le brochet, la carpe,’le cabot, letêtard,legoujon leeasburgojléhifeliille laplis,lessacalés,lespatassas lesanguilles, la caràngue rouge et blanche, les écre�visses, les crevettes, lé barbu là truite, et beaucoup d’autres d’une espèce délicieuse et d’un prix si médiocre que tout le monde
peut s’en procurer.
Là classe des serpénS et dés lézards a été suffîsanim�nt traitée et quand je décrirais
le serpent à sonnettes le long serpent hoir,
i’à: -couleuvre,’ l’hydre,le serpent à jarre�
tïeïe, le serpent d’eau le serpent sifflent-;
le fôûétteur, le mangeur d’œufs, le serpent
verd, le serpent à la queue épineuse, le serpent tacheté, lé serpent à anneaux, le serpent à deux têtes ou que je me livrerais au détail plus nombreux encore des lézards
en parcourant tous, ceux qui diffèrent du lézard vif et du lézard .lent> ou de l’arère�crapaud, je n’ajouterais rien à l’intérêt que la Louisiane est faite pour inspirer, et mon but n’est que de donner des notes sur ces
objets.
Il resteencoreunarticlebienintéressant
pour les naturalistes c’est celai qui contien�drait toutes les, bêtes sauvages courant
danslesvastesforêtsdu continentt del’Amé�rique septentrionale. On y verrait avec plai�sir le chien des bois le chat des montagnes, les tigres les ours, les loups les léopards, le buffle ou-boeuf sauvage, le chat des bois, le renard, le daim. le chevreuil l’élan le carcajou le porc-éptc, le sanglier
une es�pèce de lapins bien diff�rente de celle d’Eu�robe, la martre, lé pêcheur, l’écureuil,
dont il y a tant d’espèces, le lièvre de la;
haute taille, le lapin’ordinaire la taupe, la
belette» la souris qui porte devant elle un
tablier, et dont elle se sert quand elle veut se sauver avec ses petits le rat des bois aussi gros qu’un chat le loir, le castor, la loutre, et une plus grande quantité en�core de bêtes fauves dont je ne connais pasles noms, et qui même sont inconnues pourla plupart en Europe.
Un ouvrage qui traiterait de tous ces ob�jets, serait très-long et très-intéressant mais ce que je viens de tracer suffit sans doute
pour donner une idée des ressources qu’on doit trouver sur une terre dont les produc�tions spontanées nourrissent tant d’animaux différens. Je suis porté à croire même que
cela seul peut donner la mesure de la ferti�lité des lieux une si grande quantité d’ani�maux de toute espèce, dont la chair est bonne dont la graisse est abondante, est nécessairement une preuve que le terrain qui les nourrit a un sol que la culture ne peut que rendre inappréciable.
C’est donc sur ces régions lointaines que .nous appelons les regards du gouvernement. Nous lui assurons que la Louisiane, bien administrée,, offre des profits considérables, soit par la nature du sol soit par les calculs
du commerce, et qu’elle peut fournir à la
marine des ressources infinies pour ses bois
-de construction ses brais et ses goudrons. Je ne cesserai^de le répéter la Louisiane aurait été d’un grand secours à l’état prin�cipal, si on avait su tirer parti des richesses qu’elle renferme, et des avantages ’qu’elle peutprésenter. Quelesouvenirdenosfautes passéesnous éclaire donc sur les plusgrandes espérancesetsurlesmoyensquela Louisiane ne cesserait d’offrir à une bonne adminis�tration.
Je vais essayer de tracer un plan général d’après lequel, je croïs, on peut avoir des idées fixes sur la manière de gouverner ce
grand état accessoire et les principes géné�raux que je vais établir pourront servir de thermomètre au gouvernement de France et de règles aux chèfs qui seront chargés
d’administrer la Louisiane.
i°. Il ne faut point d’exagération dans les moyens, point de violence dans leur exécu�tîon un bon plan, et tout ira seul dans des régions où les hommes sont naturelle�ment raisonnables quand on n’échauffe pas
leurs passions par des injustices. a?. Qu’on n’oublie pas que l’impéritie des
administrateurs est une vraie calamité dans les colonies et que pour les faire fleurir au plusgrand profit de la mère-patrie, il faut n’y envoyer que ce que l’on, a de mieux
parmi les hommes instruits. En France il y a un remède prompt si l’on s’est trompé sur le choix mais dans les colonies une fois qu’un mauvais administrateur y est passé, il a bien du tems à faire le mal avant qu’on ait pu le rappeler. Dans ces régions lointaines, plus un homme est au-dessous de sa place plus il est dur et grossier c’est toujours une preuve tacite de son insuffi�sance, et c’est la ressource par laquelle son
orgueil croit obtenir ce qu’il sent qu’il n’ob�tiendrait point par la faiblesse de ses talens.
3°. Un gouverneur de la Louisiane par�ticulièrement, doit être l’appui d’un peuple malheureux d’être expatrié son devoir
assez est aussi de protéger les indigènes, et de sa�voir dissimuler sagement avec ses voisins qui profitent toujours de ses fautes. S’il est assez adroit pour se concilier toujours les sauvages, H aura saisi un grand point, et opérations générales contre l’entreprise
ses de ses voisins offriront constammentdes ré-sultats-Heureux. Il doit sur-tout prendre
garde à la liberté ambitieuse des north-’amér ricains parce qu’ils ont l’imagination ar�dente d’un peuple nouvellement libre
que l’esprit de conquête dévore.4 Un gouverneur doit conserver les formes qui soutiennent la dignité de sa
place et au lieu de. ces juremens indécens,
au lieu de ces emportemens qu’on n’a que
trop souvent éprouvés, il ne doit avoir que
le ton qui convient aux personnes et aux
choses. Il n’est point de contraste plus ré�voltant que de voir dans le dépositaire de la
confiance publique, et la dignité de repré�sentant du gouvernement et la conduite
des derniers de la populace. On croit par-là
se faire craindré et l’on ne fait qu’exciter contre soi la haîne et le mépris. Quand le chef est, mal vu, la chose publique ne tarde pas à être compromise. Il existe beaucoup d’exemples dans les^colonies, qui.prouvent que les insurrections n’ont point eu d’antre
source.
5?. Il doit faire en sorte qu’il n’y ait point d’inexécution dans les ordres sages qu’on de désordre dans les finances
lui transmet "de découragementparmi les citoyens;, d’a�
version entre propriétaire, et d’occasion
ou d’envie aux voisins de venir nuire dans
le lieu qu’il gouverne. S’il n’a pas ce talent,
il n’est pas administrateur, et il n’est’ pas
place.
fait pour sa 6". Comme il est entouré d’homm�s fins, on n’épargnera rien pour le capter on l’é�tudiera sans cesse, et l’on parviendra bientôt à connaître son côté faible. Il n’y aura pas une de ses actions les plus secrettes qui ne soit connue le lendemain par tout le monde,
tandis’qu’ilsepersuaderaque personnen’en
sait rien. Mais sur-tout qu’il rie donne pas
lieuàl’accusationdelavénalitécontre ceux
qu’il emploiera l’argent ne coûte rien à
l’orgueil des colonies pour obtenir des dis�tinctions. Ilestaffreuxdevoiréchangerl’or contre les honneurs d’une place qu’un su�balterne cupide fait avoir à l’ignorant, con-trel’hommedemérite qui nepeutpayerque par ses talens. Il faut être avare de faveurs, mais ne pas craindre de prodiguer les bien�faits. Il faut établir ses dons sur la justice la capacité, l’honneur et la vertu. Dé cette manière, le chef inspirera la vénération qu’ on lui doit, et ceux qui l’approchent le plus prenant enfin la teinte de son caractèreils ne nuiront plus à l’heureux prestige qui doit
l’envelopper. Il faut l’e dire; ce<&’ést jamais le premier chef qui est craindre il fait toujours tout ce qu’il peut pour être aimé
mais ce que l’on doit, redouter c’est cette
foule qui forme sa barrière, et qui, le. plus
souvent n’ouvre les issues qu’à ceux qui les
aident ou qui peuvent les aider à abuser im�punément de la confiance de celui qui com�mande. C’est malheureusement une vérité de, tous, les tems et de. tous les lieux. y.;Le gouvernement de France ne man�queraisde porter la plus sérieuse attention sur. tou,s ceux qu’il ferapasser dansiez colo�S’il.y envpjie;des:gens: qui ne craignent point la perte de l’honneur, il n’y aura que des brigands et des révoltés’. Tout particulier qui n’estpas propriétaire ou qui n’a point de;répondant ou d’emploi qui suppose un examen préalable de sa moralité^ doit être e n arrivant aux colonies dans:une espèce desurveillance pendant six mois.S’ils’y comporte bien, on l’y emploiera on il sers
libre é’y exercer l’état qu’il aura choisi. Si conduite né répond pas aux vues politi�
sa ques de la colonie dans laquelle-il a été reçu, il sera renvoyé dans son pays natat avec défense derevenir,C’estlemoyeninfaillible
de n’avoir dans les états accessoires que des
hommes honnêtes, laborieux et aisés à gou�
verner. Que l’on ne dise pas qu’il est impra�ticable, que ce n’est qu’un beau rêve parcequ’il nuirait à sa population; il me seraie facile de prouver le contraire en prouvant que les pays qui ont le plus de mœurs pro�duisentbeaucoup plusd’hommes vigoureux
que les autres. 8°. Il serait à désirer également qu’on en�voyât autant de femmes que d’hommes, et
que l’on fût aussi scrupuleux sur le choix. Onéviteraitpar-làcettefamiliaritétrop com�dans les colonies, que les circons�
mune
tances ont rendue peut-être excusable a cause de la rareté des femmes blanches, et, dont les tems ont montré les plus grands; dangers. Au lieu donc d’exiger d’un père de famille de-partir seul pour les colonies
ce, qui est inhumain d’un côté et impolitique de l’autre, il faudraitluiimposer l’obligation et lui.faciliter les moyens d’emmener avec. lui ce qui peut le consoler dans ses travaux
etlefixerdansles bonnesmœurs.Lasomme
qu’il en coûterait au gouvernementne serait.
qu’une avance susceptible d’un bien gros.
intérêt
9Q. Qu’on ne songe point; sur-tout, à.
réaliser «aucun projet de compagnies exclu�
sives elles ont toujours fait le plus grand
mal aux colonies et particulièrement à la
Louisiane elles ont souvent aliéné les sau�
vages, et produit les plus grands maux.
D’ailleurs, le militaire est trop avili sous le
commandant des compagnies marchandes.
Toute société mercantille n’a que le bénéfice.
et l’intérêt et la cupidité ne font ja�
en vue mais les bases solides d’un bon gouverne�ment.
io°. Il est d’une saine politique, pour l’a�
vantage de la Louisiane que nous nous
unissions à l’Espagne, pour défendre avec elle cette riche partie de l’Amérique contre
les anticipations de notre ennemi ordinaire. Il y a plus, c’est peut-être aussi le moyen
pour que la partie espagnole de Saint-Do�mingue cesse de nous être à charge, et de rendre à cette ile fameuse une grande partie
des avantagés qu’elle perd par la retraite des
espagnols.-Il est vraisemblable qu’alors la
Louisiane. par une communication aussi prompte que facile, activera la circulation. d’argent que l’Espagne fournissait et y
portera ces gras bestiaux, qui manquent
déjà dans la reine des Antilles, et dont elle ne peut pas se passer sans augmenter les dangers naturels à son climat.. ii°. Le louisianais est religieux par ca�ractère, et sous le régime espagnol il s’est plus que jamais plié aux heureuses habitudes
du culte des chrétiens. Il faut donc lui laisser
sa religion dans sa plénitude, et ne point
tourmenter les autres cultes je pense même
que, d’après cet que j’ai dit dans le courant de cet ouvrage il serait bon délaisser subsister dans ces pays. quelques monastères. Je crois que les moines ne sont jamais plus néces�saires que dans les pays agricoles
on se res�souviendra qu’on leur aies plus grandes obligations, et que leur solitude les porte même à faire faire les plus grands progrès dans L’art de cultiver la terre. Les moines, à la Louisiane, ont leur utilité comme ceux du mont Saint-Bernard il s’agit que
ne d’en prévenir les abus. Les religieuses d’un, ordre peu sévère y seraient encore d’une précieuse utilité et aussi nécessaires que les grises elles pourraient
soeurs encore avoir le mérite de former des filles vertueuses et des mères de famille respectables. Comme
il est dans les principes de notre gouverne�
riient actuel de rappeler par-tout les moeurs^ je lui propose le moyen de conserver celles de la Louisiane. 12°. Il ne faut pas en général dans les co�loniesun trop grandnombre d’écoles. Leur trop grande quantité servirait .qu’â réfu�
ne gier des maîtres ignorans, qui ne font jamais que de faibles écoliers. J’en ai vu la preuvedans les Etats Unis. Cette république est pleine d’écoles. Il n’y a pas de petit hameau
qu’on y qualifie orgueilleusement de ville qui n’ait plusieurs maîtres d’enseignement. Il en résulte qu’ils n’ont pas d’écoliers
ou qu’ils en ont si peu que n’ayantpasde quoi vivre, ils s’occupent d’autres choses aux�quelles même ils e,mploient les encans, qui
sortent de leurs mains sans rien savoir que
de signer imparfaitement leurs noms. Les
exceptionssontsiraresqu’ellesne valentpas
la peine qu’on les cite. Nos colonies n’ont,
donc réellement besoin que d’un petit nom�bre d’institutions. On pourrait faire ébau�cher l’éducation des jeunes gens par les cu�rés de chaque quartier. Après qu’ils sauraient lire et écrire on pourrait les envoyer dans un collége créé cet effet, pourvu que les maîtres fussent instruits et eussent, au�
tant d’exactitude que de science.Dans les colonies tout le monde a la faculté de payer une pension raisonnable pour faire élever ses enfans. Les maîtres, dont ce serait la seule occupation seraient surveillés parle gouvernement et les par�ns on leur ac�corderait toute la considération que l’on doit à des fonctions aussi honorables qu’u�tiles, et ils mettraient leur gloire comme leur attention à faire des élèves qui par le bon. usage qu’ils feraient de leur éducation té�moigneraient toute leur vie la reconnais�sance qui les attacherait à leurs maîtres. Le
colon est naturellement reconnaissant et
leclimatlerendpropreàtousles genresde
sensibilité.
Ces premières bases fermement établies, il en est d’autres qui exigent la même atten�tion, et qui tendent à consolider l’intérieur de la Louisiane de ce pays admirable où les habitans vivent plus long-tems qu’ail�leurs (1) sans passer par cette filière d’infir�
(l) Excepte pourtant ceux qui habitent au Canada.
On y vit davantage eucore, parce que par-tout on vit
plus long-tems dans les montagnes que dans les plaines.
Mais c’est dans les plaines que l’esprit paraît avoir le
mitésqui conduisent les autres mortels à la fin de leur carrière. Je vais donc
un peuparler des sauvages, et il est important d’ê�tre bien avec eux. On désirerait sans doute que je m’arrê�tasse sur leur origine, et que je levasse le voile épais qui nous dérobe leur arrivée pri�mitive en Amérique. J’ai lu quelques au�teurs anglais, et ils ne nous donnent que des incertitudes. Par une logique insidieuse on les fait descendre delà Chine, du Japon, duKamschatka delaTartarie,deshébreux, de la Californie du Mexique,due la Sibérie et de beaucoup d’autres parties du monde, que l’on prétend être assez voisinés dé l’Amé�rique pour que des peuples s’en soient
échappés et dispersés sur ce vaste continent.
Quelques débris d’usage que l’on a cru re�marquer parmices indiens, ont donné lieu à ces combinaisons que je crois plus ingé�nieuses que vraies. Ce qu’il y a de bien sur, c’est que toute la tradition des sauvages n’a rien de satisfaisant sur cet objet que les té�nèbres les plus épaisses couvrent leur ori�
plus d’activité; comme c’est dans les montagnes où il y a le plus de bonhommie.
gine et qu’on ne peut, saisir un caractère assez déterminé pour .soupçonner les lieux d’où, ils sortent. Il n’est pas douteux que les naufrages et d’autres aeeidens n’aient puconçourir à les multiplier. Mais je crois que celuiqui fitcroître l’herbe sur toutelaterre, a pu de même fairenaître des hommesdans cesvastes déserts que notrecuriositécherche. à pénétrer. D’ailleurs la teinte rouge et les linéamens particuliers qui éloignent
ces hommes de toute comparaison juste, me feraientcroire qu.’ils sont d’une espèce dif�férente comme tous les autres hommes auxquels la nature a donné des différences sensibles pour annoncer son pouvoir et la -multitude infinie de ses variétés. Je ne m’oc�cuperaidonc pas decette savantediscussion qui, après tout, n’ajouteraitrien de fort
es�sentiel au projet que j’ai formé de relever
les avantages des belles contrées de la Loui�siane. Mais je vais tâcher de faire voirie
parti que l’on peut tirer du sauvage par
la connaissance que l’on doit avoir de son
caractère.
Le sauvage croit le blanc supérieur à lui à. toutes les autres -couleurs et il est tou�jours prêt à surpasser les exemples qu’il en
reçoit. Comme il est naturellementcuspide,
sa fidélité n’est jamais fondée que sur l’in�.térêt. Il y a long-tems que l’impossibilitéde
fixer leur inconstance est prouvée. On ne
peut pas l’assujettir comme un peuple civi�lisé. Ce serait devenir l’objet de sa haine, et l’excitera la révolte que de vouloir exiger de lui un domicile permanent ou des règles constantes dans les traités qui fondent son commerce. On ne peut enfin le maîtriserque par les égards la douceur l’exactitude dans les promesses et par tout ce qui peut convenir à son intérêt. Ce serait en vain qu’on voudrait l’assujettir autrement, puis�qu’il est sans police et sans discipline pro�prementdite.Son ignorance lerend opiniâtre et il préfère la mort, qu’il ne craint pas à la servitude dont il a horreur. Il sera fidèle si l’on est franc lui mais si on le
avec trompe il gravira bientôt les rochers pourvenir ensuite tourmenter ses, tyrans.
Il faut faire la plus sérieuse attention au choix des personnes que l’on enverra traiter avec lui. Si ce sont des gens sans mœurs perdus de débauché et pleins de cupidité comme autrèfdis
�nous aurons la même in�fidélité, dans les rapports et de là les mal�
heurs et les guerres qui ont si long-tems désoléces bellesrégions.Lesauvageestfort susceptible et il revient difficilement de ses préventions.
Il croit le blanc supérieur lui mais il se croit bien au-dessus du nègre. Il a raison dans le fond mais en tout cas, il ne faut pas négliger de perpétuer cet heureux pré�jugé, qui lui fait mépriser le nègre comme devant être esclave. Il faut entretenir en lui cet orgueil, pour qu’il ne se réunisse pas au? nègre et qu’il rende toujours les marons à leurs maîtres. De cette manière, l’esclave entre le blanc et le sauvage n’osera manifes�ter un caractère d’insubordination ou le désir de liberté qui n’est jamais chez lui quel’engourdissement, la paresse et dont le ré�
veil le porte à commettre les plus grandes
horreurs. C’est aussi une raison pour être
difficile. sur les affranchissemens afin que
les sauvages ne s’habituent pas à croire que
le nègre puisse être libre et même, comme nous l’avons dit, il faudrait que les affran-�chis n’eussent pas la faculté d’acheter des esclaves ils ne devraient pouvoir acquérir que des biens voisins des villes, afin de ser�vir seulement encore de barrière entre les
blancs et les esclaves et qu’ils n’eussent pas-,un commerce trop intime avec les sau. vages.
Le sauyage est très-superstitieux et cette faiblessed’espritpeutnous offrirsouventun moyen politique de faire réussir nos opéra�tions avec lui. Gardons-nous de le tourner en ridicule sur usages, il deviendrait
ses
notre ennemi implacable. Nos exemples suf�
fisent assez pour le corrompre, et laissons
aux missionnaires le soin d’adoucir ses
mœurs par les efforts" de leur ministère. S’ils
ne réussissent pas toujours à le convertir,
leurs fonctions tendent toujours aie civi�liser, ou du moins à le rendre traitable. Ce
sontles missionnairesquisontparvenuspar
leur courage et par cette onction qui leur
est naturelle à humaniser beaucoup de
nations antropophages;et nous ferions bien
de leur laisser encore ces fonctions aussi
utiles qu’augustes. La religion est par-tout
aussi sage en politique que consolante en
..morale. Dans tout ce que nous voulons en�treprendre faisons précéder la religion(1),
(i) Abjoveprincipium musœ jovis omniaplena.
et tout ce quila suivra peut se promettre un
succès complet. La religion a dans ses mains toutes les rênes des gouvernemens, parcequ’elle soumet tous les esprits et qu’elle leur inspire cette obéissance sans laquelle les meilleures lois ne peuvent rien. En ne considérant donc la religion que sous le point de vue politique elle est un moyeninfaillible de bien gouverner. Le sauvage est lui-même pénétré de cette vérité il sent parfaitement qu’il n’y a rien araire avec des athées qui sacrifient; tout la matière, et qui ne font rien que pour eux. Aussi la plus petite hutte de sauvages a sa divinité son manitou et elle n’entreprend rien sans le consulter. La religion n’est donc pas l’ou�vrage des hommes c’est l’inspiration de la nature elle-même, et les athées sont néces�
sairement des monstres des erreurs de la nature qui ne peuvent pas servir à fonder des règles constantes. Respectons donc toute théocratie, puisqu’elle est la base de toutes les sociétés humaines la preuve de la supériorité de leur intelligence et la causeprincipaledesrapportsquiles unissent. Quedes chefsdonnentconstammentl’exem�ple du respe et qù’on lui doit et le peuple
croira sans peine; tout ce qu’ils lui diront. Imposons silenceauxespritsforts,JsTousn’a�wons; que trop la.preuvede leur faiblesse et dé leur irapéritieidan’s l’art de gouverner. Leurs opinions philosophiques:ne. servent qu’àitroublerla tranquillité publique et à bouleverser l’ordre de (la société: pan de.fu�
nestesdoctrines. c. !>.
Le. sauvage se croit propriétaire! du con�tinejit:et la violationdès propriétés est à ses yeux un crime irrémissible. Mais il croit que tout ce que l’on achète ,!à quelque prix .que ce soit quand le propriétairey consent est une; acquisition -parfaitement juste et que ce qu’on lui arrache illepeut arracher aussi dès qu’il au rades forcées suf�fisantes;, G -est ce qui lemèntdans .cetespritde. représailleset dans l’idée que les européensne sont jque.i d’ini�ques psurpateurs.ils’agitdonc d’efiàcej*;eette impression défavorable. Ne � le pourrait-fOit pas^enleuir faisant accroire que. -les .présens qu’on-leur a fait .jusqu’alors ne sont que pourlégitimer ce que laforce dés .armeseu�ropéennes J�ura enlevé,et que c�ushquèl’on continuera de leur. faire sont pour les ren�gager à nous céder les terres qui pousseront
utiles? Celâ n’empêchera pas que quand
nous aurons besoin de l’un de leurs ter�rains rzoizs neconvenionsd’un prix avec le village qui en est propriétaire. Ce prix sera toujours fort modique mais quel qu’il soit Usera un titre contre lequel le sauvage n’osera jamais -revenir et je le répète,’ il* faut désormais acquérir et ne plus conqué�rir. Cette nouvelle forme d’administration nous attirera une innmté de sauvages et quand nos voisins nous imiteraient, nous^ aurons toujours, aux yeux des indiens, le mérite d’avoir donné le premier exemple. Le sauvage n’oublie pas *plus une belle âc^ tien qu’un mauvais procédé.
Quand nous serons assurés de l’affections de ces hommes de la nature, ce qui arrivera�nécessairementmalgré l’inconstance de leur’ caractère si nous savons toujours caresser leur intérêt, il sera important pour nous de porter chez eux un degré suffisant de civi-’ lisation pour les engager à recevoir denéiiV les moyens de se conserver. lies sauvages ont�dés^ habitudes aissezpernicieusespour altérer’ leur santé bu pour diminuer promptemenC leursjours, La^coutumequeleursfemmes ont
de se baigner dansl’eau froide sitôt qu’elles ont mis leurs enfans au monde, a les suites les plus fâcheuses sitôt que les hommes commelesfemmes, ontquelquedémangeai�son à la peau, ce qui peut être produit par les dartres, par la galle par lapetÏte-vé�role ou par quelqu’autre cause aussi dangè�
plongent dans l’eau la plus
reuse» ils se
fraîche et ils font ainsi disparaître ce qui
les démangeait mais peu de tems après ils
meurent et lesautres qui les.voientmourir doutent pas dece qui,occasionneleur
ne se
mort. C’est ainsi qu’ils perdentbeaucoup de monde, et il serait *aussi humain pour eux qu’important pour nous de leur faire sup-primer de semblablesabusqui lesdétruisent. Nous avons intérêt de les conserver parcequ’ils sont nos commissionnaires dans l’in�térieur, et qu’ils sont pour nous une bar�rière impénétrable à voisins. Je ne.
nos doute point qu’avec un peu de tems et peut�être même avec fort peu de peine on -ne parvienne à ley faire admettre une parti
des précautions que nous savons -prendre
contre certaines maladies et qu’ils ne se dé�terminentpar notre propre exemple à mettre
dans leur art de guérir peu plus db
un raison qu’ils n’en ont mis jusqu’à pré�sent^).
Enfin, l’art d’étudier les sauvages’est une science que nous devons posséder à font, si noua voulons parvenir à les maîtriser parla rnse. Le sauvage a l’abord fort simple
et personne n’est plus rusé. Il parle peu parce que sans doute facultés intellectuelles
ses ne sont point suffisamment développées faute d’exercice mais l’objet qui l’occupe est envisagé sous toutes les faces et ce qu’il
veut il le veut bien. Tous les moyens lui
sont bons pour réussir et personne n’est
plus habile que lui à surprendre. La dis�tance et les moyens ne l’effrayent pas pour satisfairesa vengeanceou sa cupidité, il n’épargne rien. Si l’on varie dans l’amitié qu’on lui montre, il retire bientôt la sienne, et comme il connaît peu l’indulgence, son irascibilité n’en est que plus inflammable»
(i) Les médecins qui parviendraient à persuaderun sauvage là-dessus pourraient trouver un grand dédom�magement à leur peine, en obtenant de lui des ren�seignemens sur l’efficacité de certaines plantes que là* seulconnaîtencore bics.
Son oeil noir et; grand pénètre, pour ainsi dire,la personne quilui parle, et il est dif�ficile d’être aussi dissimulé que lui. On a donc beaucoup de précautions à, prendre quand il s’agit de l’amener ce que l’on projette et l’on croit avoir réussi ’que l’on, en est souvent fort éloigné. Mais aussi quand «ne fois l’on s’est emparé de sa crédulité, rien n’est plus aisé que de lui faire accroire ce que l’on veut. Une de nos bonnes opéra�tions serait d’envoyer dans chaque horde un homme instruit, qui pût saisir le càractère ou la différence de chacun des villages, car ils neseressemblentpas tous, étl’On aurait de cette manière un tableau général qui de�viendrait journellement utile dans le cabi�net du. gouverneur pour reconnaître leurs différentes nuances, et distribuer chacun ce qui conviendrait pour, le persuader Un voyage par terre, depuis Philadelphie jus�qu’àr: la: Louisiane en passant; par le fort Pitt beaucoup le.s.c.onnaissances de celui qui voudrait les acquérir, en sup�postant toutefoisqu’ilait l’espritd’observa? tion, ce qui est une faculté vraiment .rare;. Je crois que si nous en disions davantage à présent, nousfatiguerions le lecteur; et nbuis
passons à des objets qui ne sont pas moins
importans.
Il faut bien se garder d’introduire parmi les esclaves cette peste de liberté déraison�nable ’qui a causé et cause tant de maux cette infortunée reine des Antilles à l’ile de Saint-Domingue.C’est à la Louisiane que les esclaves sont les plus heureux, les plus contens de leur sort et ce serait pré�cisément contrarier nos philantropes que d’y suivre leurs principes denigrophilisme; car c’est le pays ou les esclaves, devenus libres souffriraient le plus. On a depuis quelque tems fait voir Jusqu’àl’évidence combien; l’esclavage est humain dans les co�lonies, et combien irréfléchie qui cause tant de maux. Nous ne n�us! arrêterons donc pas long-tems sur cet article; Nous obser�verons seulement qu’il serais inlpolitiqu�çt pernicieux �6É-be&u% cïï~ mats dés ^nigrophilisteis j dire^ dek philantropes outrés qui ne feraient qù*y
porter les torches dlun� insurrection géné�rale. Le fanatisme dans tous les genres est une fureurmeurtrière, et l’homme ’est si dépravé, que la férocité même ^fînit par lui
offrir des jouissances auxquelles il se livre
avec transport. Il faut donc pour qu’il ne soit pas tenté lui ôter tout sujet: de tenta�tion ,$’est le préserver de maux qui ne se guérissent qu’avec un tems considérable, et qu’en reprenant précisément les: mêmes moyens qu’on avait supprimés.;Qu’on n’en�.voie donc point dans ce pays de ces espèces de cerveaux brûlés, qui necherchent a se faire un nom que par des singularités dé�sastreuses, ou de ces illustres ignoràns qui
mettent l’intrigue à la place du mérite, et qui ne veulent aller dans ces colonies que pour yfaire ou,réparerleurfortune.Jamais de tels hommes ne rempliront les vues du gouvernement bien intentionné.
.Leshabitans de la Louisiane n’ont point
i
perdu;leurinnocence;ils enontencoreles
couleurs primitives,çt^cette pureté de cœur
qui frémit même de la pensée du crime.
G,ardons-npus donc de leur envoyer ’de:ces
hommes .imbus des principes qui ont fait
ïïospremiers malheurs,.Ne leur envoyons
que des esprits modérés qui fassent; aimer
le gouvernement par la justicedue à .tout
Je monde;, ejMpar la protection qu’on ne doit
jamaisrefusej" auk;personnesdistinguées’par
leurs vertes et leurstalens.. Où doit sentir tous les maux qui résulteraient du mauvais exemple que nous donnerions aux sauvages) ceux qui naîtraient d’une crédulité facile et de la bravoure extrême de tous ces hommes assez près de la nature pour se prêter de bonne-foi aux,instigations d’un philosophis�me destructeur. Laissons-leur même les pré�jugés,: ils n’en ont que d’heureux, et la philosophiemoderne leur serait un présent bien funeste. Pour vouloir être mieux on tombe souventplus mal voilàce quenous apprenons d’elle, et il faut que notre triste
expérience ’nous. serve de règle pour les
louisianais. C’est un des seuls moyens qui
nous restent de réparer nos anciens torts
politiques
Mettonsun tel ordre dans les finances de ce pays, que nous ne soyons jamais obligés de substitueràl’espèce unreprésentatifper�fide. La Louisiane a déjà éprouvé plus d’une fois le système ruineux du papier-monnaie., et il serait impossible de gagner encore sa confiànce à cetégard.Déjà nous ayons cité la dernière époque à laquelle -le, papier* monnaie lui a fait tant de mal, et si nous -ayons, la politique convenable à cette vaste
colonie, qui nous rapprochera de nos voi�sinspar toutes sortes de commerce
nous n’y manquerons point d’espèces surtout si les espagnolsdemeurent nos alliés
tent aussipossesseursd’unepartiedececonr
tinent. Enfin nous devons être dans une
telle mesure, que tous .nos:voisinsi aient
besoin dé nous et sur-tout.la nation, espa�gnole^qui payécomptant,et qui nous débar�rasse toujours de notre<super�Lu-.v �.�. S’il est vrai que ce peuple ait cédé le poste des natchez aux north-américains il sera de la plus grande importance pour les fran�
çais’ de chercher à le recouvreft C’est; un
fort sur une hauteur, quidomine; le fleuve à centlieuesau-dessusde la Nouvelle-Or�léans. Les terres y produisént une grande quantité d?excellens tabacs. Elles y ont tou�jours attiré beaucoup d’habitansrdes: Etatsr Unis et c’est en quelque sorte un: poste très avantageux. Les français né doivent donc rien négliger pour se le faire rendre. D’ailleurs il est fort gênant d’avoir, en tems de paix: des voisins" qui-naviguent: sur le iiiêmé’!flêuvé r et fortdarigjereu’K en tems deguerre,’d’avoirdes Ennemisqui peuvent
’espionner
n’en ont pas un besoin réel et il ne leur est pas plus nécessaire à la Caroline, que les chérakées né le sont à la Virginie, ou les chactas à la Géorgie; ou il faudrait donc céder à leurs désirs en leur livrant, -sous ce prétexte, tous les postes qui avoisinent leurs états fédératifs. Le poste des fiâtphez n’�st doncpour eux qu’unepierre d’attenteou un point deremarquequi-puisse lésguider dans leurs projets ambitieux. Quoiqu’il soit bien certain que les Etats-Unis n’offrirontjamais de forces imposantes à une nation telle quela France, il est toujours prudent de ne pas lui laisser de pareils moyens de communica�tion chez nous.
Lesespagnolsquiont toujourseuaufond l’intention de rendre la Louisiane, ont pu. un avantage momentané à donner
trouver aux Etats-Unis le poste des natchez’; mais les français qui ne reprennent la Louisiane que pour la garder et réparer les fautes qui
com�mettront point celle de laisser aux north«�àméricàinsun pdste don* la comntunicav
tiori nousdevient de laplus grande impor�
^jm; doit régnerentre’ les hâbitahs; de" < la
Louisiane et les sauvages de,toutes les par»
ties quî l’avoisinent.’ Il n’est pas besoin de
guerre pour cela et je* ne doute point que
les citoyens des Etats-Unis qui ne
se sou�cient pas d’avoir affaire avec les français,
ne» consentent à l’indemnité sur cet objet,
que les espagnols doivent payer aux north
américains pour compléter leur rétroces�sion à la France. Plus on connaîtra la Louisiane, et plus l’observation que nous faisons paraîtra politique et raisonnable. Nous aurons. alors une colonie régulière qui elle seule sera un des plus grands états du monde et dont les moyens de popu�lation dépendront uniquement de.ceux quel’on enverra pour administrer la Louisiane. Que les. administrateurs y gouvernent avec intelligence, et que les juges également .bienchoisis,yfassentleursdevoirs ilsyappelleront une; foule de ces honnêtes gens qui ont plus de vertus que de fortune plus -de lumières solides que d’ambition. Il faut que le chef d’un état aussi vaste ait .de -grands/ pouvoirs ,et dès que l’on pâtiraqueles rênes du gouvernement sont entre des mains pures que l’intrigue n’y peut rien, que les intentions du gouverneur sont celles
d’un bon père on s’y poztera de tous les
côtés » ét les north-américains qui aiment
beaucoup ce pays aideront eux-mêmesà la
population. Il fâut en ouvrir les portes
toutes les nations du monde, et n’y mettre
de sentinelles que pour repousser les gens
vicieux.
Commençons donc notre entrée dans la
Louisianne en prenant les formesles plus gra�cie uses en vers lessau vagesquiaimentnaturel�lemenrles français. Montrons-nous généreux,
soyons fidèles observateurs de nos ^conven-’
tions, les sauvages deviendrontbientôtnos
meilleurs amis. Ils nous dédommageront
amplement de nos sacrifices apparens et
nous leurdonneronsdesvertusquandnous
le voudrons.Rappelons-nousqu’ilestgran�dément de notre intérêt de les ménager. Gardons’-nous encore de .faire comme autre�fois et d’être assez injustes pour prendre
de force leurs terres. Imitons les north-amé-y
ricains eux-mêmes, qui, las de combattre;
infructueusement avec ne leur font
eux
plus la guerre depuis cinq ou six ans. Ils les
gagnent par leurs présens, et maintenant
quand ils veulent s’agrandir ils font usage"
de la politique de Thomas Penn, le fonda-.
teur de laPensyl.vanie ils achètentleurs,
termes à un pries, médiocre à la vérité; mais
lessauvages-y commenousl’ayons,déjàdit
voient dans cette .conduite une apparence
de justice et.ilsspnt;co5aten8;;Usonâ-ende,
comme les north américains
cetteils^serontmanière
nous les rapprochérqnpf et ils prendront de
jaotreî,eivilisafciQn ce,quitnous .est njécessaire
ppuc faire syii commerce profitable.; avec! toutes les nations. Quelques.i autres efforts que nous fassions, là .Louisiane sera jnha-. bitable si lesj sauvages sont mal avec nous. La solidité dfi.nos;"4tablisseînen^ dépend ab�solument; de notre bonne conduite eux. Les sauvage»» ne. sont; jamais «embai?-: rassési.Comme ijfe sont, errans,. ils 6nt bien’ tôtchange leurs!demeuresqui ne.sontcom�posées que de .quelques bois entourés de
ou dé branchages qu’ils trouvent
peaux. par-tout, et mécôn^têns de nous , ils: iraient augmenter les forces et faciliter les riches�ses de nos voisins pour revenir nous désb�ler.par leurs guerres de ruse et de surprise. Ils sont implacables dans leur haine si. l’on* commet des injustices,et solides: dans lent
amitié si’l’on ne.touchepoint àleursinté�rêts. Leur ambition est aisée à satisfaire, et nous leur sommes toujours-supérieurs en finesse eten r
calcul.
II faut prévoir le tems de
guerre avec nos voisins^ et se réser ver touj oursdésmagasins poury tenir; endépôtles priséns d’tfsage ann que les sauvages ne soientpas tentés de se livrer à d’autres, si! nous cessions de lénr;payer cette espèce de tribut. Us jugent d’après les réyénemens, et si levaisseau chargé, de; leurs jpxésens, venait à être pris, ils nous croiraient vaincus et ils: n’auraient plus .de confiance en nous, puisqu’ils ver�raient leurs intérêts compromis.Souvenions�nous.de Mingo»Mastàbé. � ’.� ^Reposons un instant le lecteur:en: lui donnant,une-idée du.costumedes .sauvages et de quelques-unes débours habitudes quand ils quittentles boispourvenir dans lesvilles.
On n’en sentira,que-mieux.le;caractère de ces. hommes de la nature des: animaux: qu’ils chassent, et la, mêmefacir
lité-,pour changer de demeure s’éloigner ot ils viennent nous visitera ils-.mettent tout ce -qu’ils ont
dejplusbrillant.
Leurscheveux sont bien tirés vbien lisses
-et tortillas sur le haut de leurs têtes ,àbso�lument comme ce que nousappelonsau�jourd’hui coiffure à la grecque ,> à l’exception qu’au lieu de se servir/comme nous d’huile antique, ils font usage de graisse d’ours.
Des plumes de coqs et de paons sont plantées tout autour et achèvent leur parure de-tête. Leurs oreilles sont percés ils ’y passent des anneaux d’étain ou. de plomb. auxquels pendent des grelots;et quelquefois encore de grosses rassades de différentes couleurs. Il y a même des sauvages, dans l’intérieur des terres quiattachentàleursoreillesun poids siconsidérablequ’ils lesalongentbeaucoup; et j’en ai vu dans la Pensylvanie dont: les oreillesvenaienttoucherleurs épaules;Béau�coup_aussiontle nezpercé,étypassenttout simplement un anneau. Leursjoues sont colorées devermillontrès�vif, etils gravent sur 1reste de leur vi�différentes marques de couleur bleue
sage
de chasse. ïlSïS� couvrentde cette manière et assez souventd’hyérogliphesde mêmé,cou�ieur le front la poitrine les bras les cuisseset les jambes. Tantôt <i’est un serpent
«qu’ils tracent tantôt un arbre quelquefois <un quadrille une simple feuille
est tout ce que la.fantaisieleurinspirequandla supers�tition né s’en mêle pas c’est souvent aussi la marque de leur pays natal -en sorte qu’en, les voyant., on peut deviner le lieu d’où ils sorten t.
Au lieu de culottes ils ont un braguet <c!èst unmorceaudedrapbleuqu’ilspassent .entre les ,cuisses et dont les deux bouas
passésdansuneceinture,sedéveloppent en xetpnibantpar de vantefcparderrièrejusqu’aux genoux. Laceinture qui soutient ce morceau de drap:est;garnie de rassades de toutes cou�leurs et même souvent de grelots�
assez C?est à<;ette ceinture que pend leur casse�tête (i)^ et souvent ils y attachent la .chev.e�
lure de l’ennemi qu’ils ont vaincu. Ils por�tent en sautoir une lanière de peau àlaquelle pend un couteau dans une gaine.
(i.) Il ressemble .assez bien à ces marteaux qui ser�"Veut à’casser le sucre dans les maisons particulières; -mais le côté qui .coupe a le tranchait d’un rasoir, et l’autre qui sert de marteau, est pour frapper .et en même tems pour étourdir la victime dont ils veulent enlevée la chevelure.
Enhiver, ilsportent desmitas. C’estune espècede guêtres .faites avec une peau très�fine ilsyattachentdesgrelotsquifontbeau�coup de bruit quand ils marchent. De la peau de daim, » d’élan ou de buffle même quelquefois, ils se font des souliers:qui ne sont, pour ainsi dire, que des chaussons tout plissés sur le coude-pied.
hurleurs épaules est une couverture de laine, jetée négligemmenten forme de man�teau elleleursertd’enveloppesurlanatte ou sur la peau d’ours ou de bœuf sauvage,
qui leurtientlieude lit. En hiver, ils portent cette couverture sur la tête en été ils ne la portentque surlesépaules, et ils ontun bras dehors. Ils ont bonne mine dans cet accou? treroént; et comme ils:.portent la tête très�haute,qu’ilssontgrands lesteset bienfaits, leur aspect. est martial et imposant. Les femmes sauvages ont la même coif�.fore que les hommes, les mêmes ornemens aux oreilles, et elles n’ont point de marques sur le visage ou du moins je ne leur en ai point vues. Leur chemise est un mouchoir ou un morceau de toile qui en, a la forme. Elles en attachent deux bouts à leur cou et les deux autres sontzioués autour de leur,
ceinture; easorte que leur gorge est en�tièrement: cacb.ee
mais sans être soutenue elles ont un petit ,jupon de drap qui pend jusqu’aux genoux et qu’on appelle, à la Louisiane acolan. Elles ne portent point de
mitas., mais enhiver elles ont des souliers comme les autres sauvages. De même que les hommes, elles portent une couverture tantôt sur les épaules., tantôt sur leurs têtes, suivant la rigueur de la saison. Je n’ai pas
vuuneseule de cesfemmesquiméritâtréel�
lement d’être remarquée par sa beauté.
Une des choses qui m’ait le plus frappé sur le continent de l’Amérique septenirio�nale, c’est un sauvage à cheval. Il monte à poil, et n’a point par conséquent d’étriers maissesjambesetsescuissessont fermement collées son corps est dans une position ai�
sée, sa tête fièrementélevée, ses bras et ses épaules sont dans un.e -bonne attitude et’ quandle cheval est beau, ce qui est commun, et la bride jolie .c’est assez l’ordi-.
comme naire:,ilest difficilede n’êtrepas étonnédes grâces et de la bonne mine d’un pareil ca�valier., presque nud. Le sauvage ne connaît que la chasse et la mais les femmes qui portent tous.
guerre
les fardeaux tiennent
encore un genre de manufactures fort intéressantes. Après avoir cueilli du jonc elles le préparent en lames et l’enterrent de façon à lui donner tantôt la couleur rouge, tantôt-la couleur noire sans qu’il perde beau vernis.
son Comme le jonc est naturellement d’un beau jaune il en résulte que par leur invention elles en ont de trois couleurs. C’est avec ces joncs qu’elles font de jolies nattes ’en forme de tapis, et sur lesquels il y a des quadrilles ou des ronds de trois cou�leurs artistement travaillés. Elles tressent aussi avec beaucoup d’art des paniers, éga�lement fort recherchés et il est de ces pa�niers que l’on pourrait remplir d’eau sans en perdre beaucoup. Ils sont imperméables à l’humidité extérieure. Ce sont elles encore qui font avec une terre qu’elles connaissent bien, et aussifne que celle de la porcelaine, ces jolies pote�ries d’un beau rouge foncé, et qui n’ont pas besoin d’être vernies. Cette même terre est -employée pour faire les beaux calumets ou -pipes dont se servent les chefs des sauvages. Elles fabriquent des êventails les uns sont ’l&its avec des queues de dinde et elles les
vendent aux dames; les antres sont d’ailes de cignes et les hommes les achètent pour s’en servir dans les chaleurs.
Les hommes qui comme nous l’avons déjà dit, ne s’occupent que de la chasse ou de la guerre rapportent de leurs courses de,
superbespelleteries et des viandes délicieuses
dont on fait des salaisons au moins aussi
que celles d’Irlande. Il y a donc un avantage réel à traiter avec les sauvageset à s’en faire aimer. Enfin, rappelons-nous que l’ancien gou�vernement et la compagnie des Indes ont tour-à-tour, régi cette belle partie de l’A�
mérique, et que ni l’un ni l’autre n’a trar
vaillé à sa prospérité. Au lieu d’envisager la
Louisiane sous ses vrais rapports, et de la
considérer comme propre à la culture de l’indigo, du sucre., du riz., du tabac, du bled,. de la vigne du mais du thé et comme le pays du monde le plus riche en salaisons., en mâtures en bois de construction
bonnes
en mines de cuivre-de fer et de plomb, les gens en place de ce tems-là. ne voulurenty: voir que la-facilité de se procurer des pelr�leteries pour leur agrément’, et la misérable occupationde faire la guerre aux sauvages
que l’on pouvait mieux s’attacher par la
douceur alors on ne s’étonnera plus que
cette colonie n’ait marché que d’un pas lent
et paresseux jusqu’au moment où elle fut cédée â l’Espagne. Mais ce qui surprendra ceux qui croient le gouvernement espagnol insouciant et des�
tructeur de toute énergie, c’est que sous ce
gouvernementmêmelaLouisianes’estaccrue
en population et en richesses. Il est vrai
qu’O’Relly avait déshonoré le nom des non*
veaux possesseurs par des cruautésqui font
frémir; mais il n’y resta pas long-ténis et
il fut remplacé par des gouverneurs et des
intendant dontles louisianaisfontencorele plus grand éloge. Pour moi, je n’ai connu particulièrement que don Galvea qui a suc�cédé à.donXJnzaga,etl’intendantdon-Mar. tin Navarro et je n’ai point d’expressions pour louer ces deux administrateurs. Leurs
successeurs paraissent avoir eu les mêmes principes et je désire que ceux que nous enverrions leur ressemblent.
En s’emparantde la Louisiane, les espa�gnols eurent la sagesse de n’y point porter l’intolérancereligieusequidésoleleursautres
possessions. Imitons/les, et en>pêchon&qû*oii
n’y introduise le tanatrétttéae ce système qui
ne etquia*
comme anéanti pont lorig-tems la plus belle
gnols fontpeut-êtreplus ils autorisent par
leur silence l’interlope pour les choses que
leur commerce n’est pas en état de fournir.
C’est pour cela que les anglais maîtres ’de la partie orientale dtr fleuve du
ils font un grand commerce oïit "f eveilié’
«
l’activité des louisianais en leur fournissant, des nègres pour la culture de leur kqï:et sur-tout pour exploiter les bois de çbnstruct tion. C’est ainsi que le commerce ides’ teûî�
sianais s’était étendu jusque dans les-ports
de France’.
On vit aussi le gouvernement espagnols
encourager la culture du tabac qu’il acheta
long-tems à un prix avantageux et dont on
faitlaplusgrandepartiedecescigaresde la
Havanne j recherchées par les anglais, lès
hollandais lesnorth-ainérïcains etpartous
ceux qui font usagede tabac à fumer.
Les espagnols"sentirent aussi là nécessité
politique délaisserauxlouisianaîs leurs an�
ciennes habitudes,etcesystèmeleurréussit
parfaitement. Onreconnaîttoujoursle loui�
mine jç à l’art de monter un cheval, de
sa
de charpente de menuiserie.,de mé�
vrages
canique ,à goût infatigable pour la
son�chasse pour la guerre et sur tout à sors aimablè urbanité. ïl exerce toujours géné�
reusement l’hospitalité et nulle, part on ne trquy.e plgs-de bon sens avecsi peude moyens. d’instruction. On le reconnaît toujours à;
reffusion.éu cœur
ce,,plaisir avec lequelil parle de son ancienne in ère-patrie dont il^ avait pourtant à seplaindre et trenteans d’habitude sous un gouvernement étranger, n’ont pu affaiblir son attachement pour la France. Au commencementde la révolution ils croyaient bien redevenir français et cette idée-faisait la consolation, des vieillardS. et l’espérancedesjeunes gens-
La population de la Lpuisianevsans camp�ter les sauvages et l&s nègres y monte à peine à trente ïnille âmes ij, et r sous le gouverne�
roentfran,çais sous une administration telle�que je la conçois elle augmenterait bien vîte. La Louisiane nous le répétons estle pays dont,, une’ grande partie permet aulx blancs de travailler eux-mêmes à la culture..
’Ainsi, l’euro.péen n’a besoin que de. quel�ques instru mens aratoires pour s’installer et
se procurer de quoi vivre en peu déteins
danscetterégion presqu’incomparable.Déjà,, sur les bords du Mississipi il trouvera une étendue de plus de cent lieues qui offre le spectacle de l’opulence et du bonheur. Il y verra d’abondantes récoltes d’indigo, de riz, de niaïs, de tabac et d’une-foule d’autres productions. Il pourra donc augmenter ce genre derichesses,ets’enprocurerd’autres en remontant toujours le fleuve jusqu’au
sautSt.-Antoine c’est-à-dire dans un espace
de plus de quatre cents lieues. En avançant ainsi il arrivera dans cet excellent pays oû seulement avec des grappes sauvages, on fait d’assez bon vin, qui indique combien il se�rait meilleur si l’on y cultivait la vigne.
Il résulte donc que la Louisianeest fertile
en indigo en. riz., en tabac, en
en sucre bled en vignes bois de mâture et de
en construction en mines en salaisons en pelleteries en coton en cire;, en lin en chanvre, et en tout ce qui peut alimenter le
plus grand commerce; Comment donc ose�rait-on dire que des régions aussi fécondes
peuvent être à charge à la France? Qui pour�
rait le soutenir sans s’exposer au reproché defolieoud’uneinsignemauvaisefoif Pour achever cette démonstration qui prouve l’ur tilité de la Louisiane, pour le gouvernement français y ioceupdife-noûs du relevé des bé�néfices "les plus ordinaires de cettecolonie, que l’on a retirés ’dans les tems’ les moins fa-
Je trouve qu’elle a tiré de l’indigo qu’elle fabrique encore fortune’ somme an�nuelle de 5oo,ooo piastres et certainement
ce n’est pas exagérer que de dire que l’on
peut aisément centupler ce seul article par
une meilleure fabrique.
Son tabac lui a fourni un revenu annuel de i5o,ooo piastres. Les bois de toute espèce lui ont valu par an la somme de 200,000 piastres.
Qu’on porte seulement la piastre à la va�leur de cinq francs, ’et en calculant le pro�duit de la Louisiane sur ces trois seuls objets peut en conclure aisément ce
on
qu’elle peutrapporter avec le teins, et en
multipliant les bras.
Je’ ne dis pas qu’il faille dépeupler l’Eu�
rope pour en envoyer les habitans à la Loui�
maisil yasurtoutelaterretantdiion*
siane
ïiêtes gens infortunés qu’il leur sera sans douté agréable de savoir qu’il existe un pays où ils pourraient tirer parti de leur indus�trie. D’ailleurs régions sont si pures
ces qu’on y multiplie aisément et une fois le premier fonds fait n’aurait plus besoin
on de s’inquiéter de l’avenir la population yserait bientôt portée un nombre incalcu�lable. Nous ne cesserons de le répéter tout dépendra dés hommes qu’on y enverra pour l’habiter ou pour la gouverner. Ce n’est pas
un soldat qu’il faut envoyer pour gouverner
la Louisiane, c’est un général administra�teur. S’il ne connaît pas cette colonie il
est à craindre qu’il ne fasse rien de bien,
parce qu’il sera obligé d’agir d’après des
personnes qui peuvent avoir intérêt à le mettre dans l’erreur. Il effarouchera les ha�bitans, et le but que l’on se proposait sera manqué. .Que ceux qui n’ont été que dans les Etats-Unis, ne s’imaginent pas que ce soit la même terre parce que c’est le même continent. L’articledes-bois prouve lui seul une diffé�rence sensible pour la qualité de ses produc�tions. Les espagnols ont à la Havànne un des plus beaux chantiers du monde, et c’est
de la Louisiane qu’ils tirent les bois propre* à la .construction. Ces bois ne peuvent ja�mais être comparés aux pins et aux sapins dont lesnorth-américains se servent pour le
même usage et qui sont dune qualité peu avantageuse. Ces bois à la Louisiane, s’ap�pellent cyprès. Ils croissent à quelque dis�tance des bords du fleuve dans une étendue de plus de cent lieues de terrain c’est-à�dire, depuis dix lieues au-dessus de la Nou�velle Orléans jusqu’au-dessus du poste des ïtatchez, dans des terrains toujours bas et couverts d’eau.,On appelle ces espèces de marais cyprières. Ce bois a, aux yeux, quel�que ressemblance le sapin il
avec .est élancé droit
comme lui peu noueux
d’un flexibilité et d’une durée étonnantes
aussi ce bois se vend à Saint-Domingue le
double des pins et des sapins des Etats-
Unis.
Ce qui rend encore ce pays bien intéres^
sant c’est que l’exploitation y est par tout
facile. En été sai.son où ,1e Mississi pi s’élève
au niveau de ses rives et les franchit même
en certains endroits on fait sortir les bois
descyprières desnègressontemployésàles
faireflatter’sur l’eaujusqu’àl’entréedecep�
tains canaux pratiqués exprès dans des sinua�
sités qui ne laissent pas souvent un arpent à
creuser.
Apeudedistancedescyprières ontrouve en abondance le chêne l’orme, le noyer sauvage et plusieurs autres arbres dont on n’a point une idée juste en Europe, quoique les noms soient les mêmes.
Quant au chanvre il y vient avec tant de succès qu’en 1791 un particulier établit une corderie â la Nouvelle-Orléans et les bâtimensy trouventavec abondance de quoi
genre.
s’approvisionner en ce
Comment donc paurrait-on dire que la Louisiane ne présentepas un véritable avan�tage pour la France ? Son utilité ne s’éten�drait-elle pas même jusque sur nos îles, queles américain s-unis approvisionnent à grands frais ?Danscecas-làmêmeneluisera-t-ilpasfacile defournirplusabondammentdesmar�chandises d’une qualité supérieure ? Elle n’auraitquecela pour ellequ’elle seraitdéjà très-précieuse.
Mais elle a bien d’autres utilités que le
tems fera connaître. L’exportation du riz
seulement, qui est bien loin d’être portée
k sa quantité rapporte constamment en
prenant le prix moyen, la somme de î5,ôoô piastres.
C’est avec la surabondance des salaisons de la Louisiane, que l’on a long-tems appro�visionné les forts de la Havanne dans l’a» vant-dernière guerre et cela suppose une ,quantité comme un superflu considérable.
Dans le moment actuel même, les’pelle�teries auxquelles les anglais font. prendre encoresouventlaroutedu Canada,donnent un bénéficeassurépourlesespagnols,chaque année, de la somme de 100,000 piastres.
Le coton d� la Louisiane, quoique moins
long, est aussi soyeux que celui de Saint-
Domingue, et il se vend bien par-tout. Il
pourrait même arriver qu’on le mêlât un
jour avec celui de Saint Domingue pour
être vendu comme provenant_du même sol.
A tout cela qu’on ajoute une pépinière cf’excelïens marins et de braves soldats qui dans’le besoin pourraient franchir le golfe du Mexique pour voler au secours de nos îles, il sera impossible que les détracteurs
de ces belles régions ne se rangent pas .à la fin du côté de ceux qui cherchent à fixer les regards de la France sur un continent aussi précieux. On se plaint de l’abondance -ders,
eaux eton ditque lesterressontsubmergées ce, faitn’estpasexact.Ilestvraique,depuis
.la. balise. jusqu’à, dix lieues.avant d’arriver à la Nouvelle-Orléans, les terres n’offrent en plus grande partieque des marais humides. Il est vrai qu’à une certaine époque de l’été le fleuve d’i Mjssissipi a comme le Nil l’inconvénient et, l’avantage de se déborde.r dans les environs de la Nouvelle Orléans mais s’il cessait de se répandre ce serait une
calamité pour, toutes les terres qu’il fertilise ainsi, et encore,l’étendue n’en est elle pasconsidérable.Mais depuis la Nouvelle-Or�léans, plus on remonte plus l’on trouve de
plaines desséchées et légèrement arrosées par. des rivières eu des ruisseaux qui ne dé�bordent plus. On a donc tort de se plaindre d’une chose.qui -n’est que momentanée et fertilisante,. ou qui ne porte que sur
une faible partie dont on peut se passer.
,D’un autre côté la Louisiane dont l’air est incontestablement salubre, ne peut-elle pas représenter laFrance auprès de nos colo. nies?Jesuppose qu’onenfassele dépôtgéné�rai de nos ipr ces poffr nos possessions amé�ricaines; on peut y placer avantageusement
autant.detroupes .que_ l’on ,voudra pour les
’répartir,au besoin dans toutes les colonies adjacentes. On éviterait par-là les inconyé�niens qui ont toujours résulté quand on les fait partir de France pour aller combattre tout de suite ce sont des fràïs énormes et des pertes toujours considérables au lieu qu’en les envoyant à mesure à la Louisiane on pourrait insensiblement se procurer un corps de réserve considérable clui débar�quant sur une terre meilleure que celle d?Europe se conserve au profit de lapatrie. On peut même avec un aussi grand avàn�
tage, faire de la Louisianel’hôpital général de nos colonies les malades peuvent y être portés avec la certitude que le climat loin de s’opposer à leur guérison ne peut qu’y contribuer promptement.
Je saisbien. quel’onm’opposeraque tant de militaires pourraient porter le trouble dans un pays agricole et donner de l’inquié�tude aux habitans qui ne sont déjà que trop tourmentés dans les colonies. Mais je ré�ponds que la Louisiane n’est pas seulement agricole qu’on peut y établir aussi des ma�
-nufact�rès qu’avec une sage discipline, il est facile de contenir des hommes qui d’ail�leurs sont choisis avant leur, départ
les assujettissant a. un exercice journalier et
à untravailqui leur seraitlucratif,ils ne
porteront le trouble nulle part. Ce corps
nombreux de troupes aura de plus l’avan�tage, en leur permettant de venir avecleurs femmes de hâter la population et de pré�senter une force imposante et aux sauvages esclaves. Cette proposition n’offre
et aux
donc que des avantages et très peu d’incon�véniens. Il serait possible sans doute de la soutenir par d’autres points de-vue d’utilité, mais je n’ai pas pris l’engagement de tout approfondir, et je me contente de simples
aperçus.
Je n’ai pas l’honneur d’être dans les secrets du gouvernement et je ne puis parconséquent que marcher pour ainsi dire dans l’obscurité mais d’après ce que j’ai entendu, -sur les lieux mêmes.par les espa�gnols, par les north-américains, et à Paris, par des personnes qui ont quelqu ’influence il me paraîtrait que l’on désirerait changer
nos anciensabornemens delaLouisianeet observa�
sous ce point de vue encore, mes tions ne sont pas moins utiles. Si ce que l’on m’a dit est vrai, on a I’in�tentionde fixernos limites depuis la balise
ou lé cap de Boue, en comprenant toutefois
dans la ligne la Nouvelle-Orléans et la Mo�.bile; d’où l’on incline pour nous ramener
.sur .les bords du Mississipi jusqu’au saut de
Saint-Antoine de manière que l’on nous rejette tout-à-fait dans l’ouest c’est-à-dire dans la partie des osages, des tintons dès xnahas des padoueas de la rivière Pekita�nouï dont on ne connaît pas la source et qu’on nous abandonne de ce côté-la toute la partie du continentque l’on ne connaît
pas encore endétail.
Alors les espagnols conserveraient toute la Floride et une partie de notre ancienne Louisiane, de manièreà être enclavés d’un côté par les français, de l’autre par les an�glais, et d’un troisième par les north-amé�ricains en sorte que leurs possessions dé�criraient une espèce de trapèze qui n’apurait d’issue sur le continent qu’entre le 1 àc de Mississacaignan et les scioux de l’ouest ’en passant par les �ubaougeatans.
Il n’est pas douteux que par ces nouvelles limites nous ne perdions beaucoup de pays florissans tels que les yazous les chatas ou têtes plates, les ibitoupas, les chacclioumas, l.es tapouchas les chicachas ainsi que les
âlibamons les chérakis les miamis et tous les terrains immenses où sont le lac Michigan le lac Huron le lac Supérieur, aussi bien que cette belle partie entre le Mi�chilimakinac et les algonquins nous
per-dons le lac Eriès, le saut du Niagara et tout qui environne lé lac Ontario où. nous
ce avions pour amis tous les sauvages voisins.Mais en supposant que les espagnols ne se
relâchent point de leurs sévères conditions et qu’ils soient tellement liés par leur traité de 1776 avec les north-américains qu’ils
n’aient que ces nouvelles limites à nous don�aàer nous posséderons beaucoup plus de
terres qu’auparavant, et nous des
aurons communicationsprécieuses quipeuventnous conduire à la Tartarie Japon à la
au Chine et dans d’autres parties du mondè si toutefois les rapports que j’ai entendus à cet égard sont vrais. On m’a même assuré avoirvudèssauvagesqui,revenus duJapon, en avaient apporté dé la porcelaine. Ainsi la Louisiane deviendrait immense pour nous dans ses nouvelles limites. Il est vrai que nous aurons beaucoup à créer niais cela ne peut effaroucher l’activité des français. Nous serons entourés de plusieurs
nations anthropophages
mais nousferons ce que nous avons déjà fait nous les adou�
|es ramènerons par nos bons procédés à cette civilisation qui nous con�fient pour bien vivre avec eux.
Jl plus » fi .ceux quel’on chargera de
y ,a gouverner la ^Louisiane sont tels .que nous le désirons et tels qu’il importe au couver^ nempnt de les tous les français qui sont .chez nos voisins se hâteront de venir leurs compatriotes et amèneront
WBe �ouje d’étrangers charmes de jouir de la bonté de notre gouvernement ajors nos leur populatipnque
,en quelque (SpWe la nôtre. nouvelles terres,» elles ne le cèdent celles «que nous perdons
et si j’en ont
écrit ouquelqueschasseursquim’ontdonné
des rens,eignemens .à cet égard nous n’au�
rons qu’un mejjleur terrain.
Je ne parle point de cequi peut arriver par la suite, et je ne saurais prévoir lesca�lamités de la guerre que nous avons paru annoncer en donnant l’idée de faire un dépôt général des troupes la Ijouisiane. Mais si nous voyons assezdans, l’avenirpour
ne nous occuper dans tous les tems que des moyens d’attirer à nous les sauvages il n’en restera guères ànosvoisins > dont les mœurs ne leur conviennent pas et alors nous de�viendrons sur terre, en Amérique
ce que nous sommes en Europe^ là nation la plus redoutable par le plus grandcourage e.t parl’humanité laplus douce. II yapïtiis» làLoui�siane peut nous servir beaucoup à reçoit-1 quérir nos droits sur nier en multipliant ou en formant d’excéllens ce cas même rie pourrons-nous pas toujours réclamer ce qui nous revient par le droit de découverte,’ et l’exiger même si nous le voulons, par celui de la force ? En attendant » n’oublions pas que la nou�velle ligne de elle a lieu y nous donné entièrement le quartier defe
Natchitocb.es > chez lesquels croît l’excellent tabac qui en porte l’Amérique séptâritriônklé et bien supérieur
à celui dé Virginia n’oublions pas enfin,,
que ce c4té-lànousdonne le plus heureux
débouchépour commerceravec le Mexique^
Nous devons lès regretter si, ce nouveau projet subsïste mais nous restons tellement leurs
voisins, que nous saurons bien en recueillie�la plus grande partie des bénéfices et les
terres voisines que l’on nous cède produi�sent les mêmes chosesque celles desillinois.
J’ai entendu de quelques détracteurs de la Louisiane une objection bien singulière, et qui suffit, disent-ils, pour faire rejeter tous les avantages que ce continent peut offrir. On prétend que la Louisiane est nuisible à la France par cela seul qu’elle produit du bled, et du vin et que le commerce national ne trouverait plus de bénéfice à y transporter ces objets. Ce serait, ajoute.,t-on, décourager le commerce, et ce découragementaffaibli:. rait un des nerfs principaux de l’état.
J’aime le commerce autant qu’un autre
quoiquejene soispasindistinctementl’ami
des négocians CI )’; je sens la nécessité de le
Il; ne faut, pas publier, que je parle particulière�ment des négocians des colonies, dont quelques-uns son} irès-esfimables tels que M. Millot et plusieurs an frés", mais’ dont la’ plupart ont*lè plus grand besoin é’èlïê iratrieriés aux Verfûs He leur état. Oriiû’y parvien�dra" que par l’établissement d’une chambré dé-’ com�rosrjQ? qui ne permette pas au premier venu, de se don�ner,le nom de négociant, Bt de tromper ainsi sous une apparence respectable la bonrie foi:des, malheureux habitans.
soutenir’, quoique bases principales
ses soient l’intérêt et la cupidité je suis con�vaincu qu’il est fait pour l’état, et non l’état pour lui. Il ne faut donc pas lui donner tout, et.tropsacrifieral’égoïsmede sesmembres à mérite égal, on lui doit la préférence et dès qu’il cesse d’être utile on ne lui doit plus rien. Il est à la solde du public, et il se fait toujours payer assez bien pour que notre reconnaissance ne soit pas sans li�mites.D’un autrecôté s’iln’avait plusbesoin de porter des farines à la Louisiane s’il ne devait plus y faire boire de nos bons vins,
ce que je ne crois pas, il y a une foule d’au�tres choses qu’il pourrait y faire passer et,
enfin quand le commerce national devrait n’en tirer aucun bénéfice ce qui est imposa sible., ce ne serait pas une raison pour que le gouvernement dût renoncer à recevoir la rétrocession de sa plus belle propriété dans les Indes. Dans le cas même que l’on sup�pose, la Louisiane devient une ressource dans les tems de disette, et pour l’état prin�cipal, et pour ses colonies. Nous n’aurions plus recours aux’ Etats-Unis qui pour quelques farines et des bois inférieurs qu’ils nous fournissent dans, les tems difficiles
nous enlèvent notre or et nos denrées. Sous ce seul point de vue, la Louisiane nous se�rait donc encore d’un avantage inappré�ciable. Je ne vois pas non plus comment le commerce national perdrait à cette nouvelle acquisition car, enfin le pis aller serait qu’il fût ce qu’il est, et en définitif ses vais�seaux seronttoujoursnécessairespourtrans�porter lesdenrées delaLouisianeenFrance, ou dans les autres parties du monde, et cer�tainementceseratoujours pourlecommerce national une opération de plus qu’il n’avait pas, et qui ne peut que tourner à son profit. L’objection qu’on m/a faite ne me paraît donc pas fondée, et je crois inutile de m’y arrêter davantage.
Il y a plus, si le commerce national n’est pas en état de relever les colonies et de faire les avances qui leur sont nécessaires, pourquoi l’avidité mercantille nous empê�cherait-elle de profiter des autres ressources qui se présenteront pour remédier à cet in�convénient ? Dans un siècle éclairé comme le nôtre, nous ne tenons et nous né devons tenir qu’à ce qui est parfaitementavantageux à la chosepublique. Sile commercenational peut remplir les vues politiques dé l’état,
on lui doitcertainementbienla préférence
s’il aide le gouvernement sans qu’il écrase
les particuliers par un bénéfice exagéré
c’est un bienfaiteur qui doit trouver de l’en�
couragement* dans tous ceux qui composent
la nation. Mais si le commerce national ne vit et ne
s’engraisse qu’aux dépens de ce qui l’en�
toure si insensible aux malheurs qui ont
ruiné les particuliers,il né veut profiter de
la çalainité publique que pour augmenter
sespropresrichesses,enmettanttout con�
tribution si, enfin par toute autre cause,
il est dans l’impuissance d’être vraiment
utile au prompt rétablissement de nos colo*
nies, pourquoi ne pas faire tisàge du moyen
qui peut répandre par-tout {’abondance ?
Pourquoi, par une faiblesse condamnable,
et par dies considérations impoTitiques se�
rions-nous les tributaires et les esclaves de
notre commercé sans moyens, OU de nos
manufactures impuissantes ?Les* étrangers,
dit le commerçant, ont les marchandises à
quinze pour cent meilleur marché que lui
mais, dansce cas qu’il emploieles mêmes
moyens qu’eux s’il n’en a pas le pouvoir
ou L’intelligence, qu’il souffre que les étran�
gers lui donnent des leçons et qu’ils vien�
nent concurremment avec lui nous retirer de l’embarras dont il ne. peut nous faire sortir car quel but raisonnable pourrait avoir notre amour exclusifpour notre com�merce national qui nous coûterait quinze pour cent plus que la valeur réelle de ses
marchandises ? C’est plus que jamais le cas
de régler son amitié. En effet, quel motif
peut porter cet amour au point de laisser dans la langueur et dans l’abattement de précieuses colonies, dont l’embonpoint ne peut que faire le bonheur de la mère-patrie? Que doit-il nous revenir de cette fausse po�litique de cette aveugle tendresse qui
ou nousempêchedeprofiterdetous nosmoyens, et qui nous rend victimes sans nécessité ?
On ne manquera pas d’objecter que si l’on ouvre les portes de nos colonies au com�étranger métal disparaîtra
merce notre bientôt. D’abord, je ne le crois pas je pense au contraire que ce serait le moyen pour
en eussions davantage, sur-tout
que nous dans ce moment que nous commençons en manquer mais au surplus pour remé�
dier à l’inconvénient que l’on-suppose ,il
ne s’agirait que d’une opération monétaire
fort simple, soit en augmentant fictivement
la valeur de la monnaie, ce qui serait avan�tageux même pour le débiteur, soit en xné*
salliant un peu plus le métal, ce qui n’en�gagerait pas le créancier étranger à l’em�porter. Cette objection ne me paraît donc pas avoir encore rien de très important. Cependant pour rendre au commerce na�tionaitout ce qu’on lui doit sans éprouver beaucoup de tort de cette complaisance, il faudrait que désigner l’a
ne comme on déjà fait plusieurs fois les ports où le com�merce étranger serait reçu indistinctement. Je ne yeux pas être extrême dans mes pro�positions, puisque je les fais pour l’avantage des colons, qui, nécessairement, fait celui de la mère-patrie. Je propose le commerce étranger, non pour toujours, mais pour un nombre d’années suffisant au rétablissement des colonies. Ainsi je suppose que l’on es�saie cette mesure pendant dix ans et qu’on hè prenne pour le commerce étranger queles droits ordinaires auxquels notre com�merce est assujetti que résultera-t-il ? Une guerre heureuse entre nôtre commerce et celui des étranger, une rivalité lucrative
pour l’état et une ressource certaine pour
les malheureux colons. Pendant ce conflit
^’intérêts notre commercé acquerra, par
un violent exercice, lès forcés qui lui man�quent dans le moment, et sitôt qu’il sera
en état de marcher seul; on l’encoura�geraendiminuantalors tout cequipourrait
l’entraver. C’est de cette manière que les
Etats-Unis, ont opéré, et qu’ils ont pu riva�liser. Ils commercent encore avec toutes les
nations, et.cela n’empêche pas que leur commerce national ne fasse des fortunes brillantes malgré le taux excessifet même déraisonnabledeleurs douanes.Leurs droits,
en général, sont trop forts 1 parce qu’en définitif ils portent sur le consommateur, et que c’est toujours le malheureux qui porte la charge. Si les -États-Unis avaient réelle�
ment l’esprit républicain ilsarrangeraient leschosesaumoinsde manièrequelésobjets de nécessité fu ssent à bas prix, et que les i mpositions ne portassent qu e s ur le luxe mais ils ne, savent pas asseoir les impôts, et
c’est encorepar-tout une science que l’on
ne connaît pas à fond. Cette science est mi�nutieuse elle exige la plusgrandeexactitude
dans ses dénombremens, une connaissance
profonde des forces de chaque indzvidu mais comme cette opération est très-pénible par-tout, et bien plus encore dans un état
populeux comme on n’aime point à s’as�
sujettir, on a plutôt fait d’agir au hasard, de juger sur quelques apparences et de faire ainsi murmurer par des contributions in�justes. Que de choses il me reste à dire sur cet objet, et que je supprime Je reviens à mon sujet.
Maintenant nous avons besoin du com�
merce étranger pour nos .colonies ruinées c’est une chose que nous ne pouvons nous .dissimuler: au surplus, écoutons le com�merce national, lisons ses représentations
au gouvernement. Il avoue lui-même sa fai�blesse, son impuissance il .se plaint .de la. rareté des capiteux; il confesse de bonne-foi que les étrangers ont les marchandises et qu*ilspeuventlés donnerameilleurmarché. Ce n’est donc ..pas être cjofttre ..le commerce
que .de le faiiie..aider par le, com�merce .étranger et c’est en même-tems en*» trer 4ansji.es yues du gouvernement, qui
désire le plus prompt rétablissement des;co�lonies. ,9r si ce rétablissement n’est confié
qu’au commerce national, il sera très-lent.
Ceux qui réclament les secours du com�
�
merce étranger, pendant quelques années,
ont donc à coeur le prompt rétablissement
des colonies et le national ne
commerce peut lui-même que gagner par la suite à cette espèce de violence, danslaquelleil ne
voit que le petit inconvénient du moment,
qu’il exagère par un calcul’ purement mer�cantille. Il serait facile d’en dire beaucoup
plus pour le soutien de la vérité que nous -ne craignons pas de mettre au jour mais il ne faut pas un’ plus grand développement pour ceux que la chose publique anime, et 4es personnesquin’envisagentque leurinté�s’avoueront Jamais vaincus. ’’Nous pouvons donc regarder comme suf�fisamment prouvé que la Louisiane, ainsi que les autres colonies françaises, gagneront beaucoup dans ce moment, commercer
avec les anglais, les north-amérïeâins, les espagnols et tous les étrangers ’indistincte�ment, sauftoutefoislesrestrictions exigées par les circonstances. C’est notre avis, et notre expérience peut être de quelquepoids dans cette considération, pùisqu’àùcun in�térêt absolument que celui du bonheur pu�
blic ne nous inspire.
Les colonies en général offrent un climat si extraordinaire, des localités si particû-* lières, qu’elles sont propres à la liberté la. plus étendue et à l’esclavage le plus raison�nable. ’Il faut une honnête liberté pour les
blancs, et sur-tout, que les opinions en théo�logie ne fassent rien perdre aux gens hon�nêtes de leurs droits politiques pârceque nous y avons besoin de population. On n’y doit blâmer que ce qui est scandaleusement opposé aux bonnes mœurs on doit y per�mettre un esclavage raisonnable; car sans esclaves point de colonies, parce qu’elles ne peuvent exister que par le travail et la popu-i lation sans contrainte point de culture dans un pays où là nature donne spontanément les premiersbesoins de la vie: si l’on n’y avait pas le secours de la traité la popula�tion serait d’une lenteur décourageante, et
l’on déplefepïerait en vain l’Europe. Sans
la discipline et les préjugés même de l’es�clavage il serait impossible dy contenir les
nègres qui ne travailleraient pas, et qui n’éri
seraient que plus dévorés dé l’ambition d’a�voir des jouissancespar le vol. De la paressé
au vol il n’y a qu’un pas, et du vol à l’assas��jjaat il n’y a pas loin ainsi ja contrainte
est politiquement et moralement indispen�sable pour ces hoxnmes qui ne sont jamais raisonnables pour travailler d’eux�
assez
Nous
ayons
déjàdit que l’on peut avoir toutessortesdemanufactures àlaLouisiane, et si les .esclaves étaient vendus à un prix raisonnable, si; }es négocions ne suivaient pas la progression souvent imaginaire ders denrées s’ilsse bénéfice honnête, la Louisiane serait le lieu où il y aurait une nombreuse population, une abondance-incomparable et des ressources l’infini. Tout le monde y serait occupé, et commec’est le.désœttvremenjt^uifaitnaître les vices ? on n’aurait point craindre que ce beau pays perdît sa; moralité. Les sauvage eux-mêmes finiraient par, haïr la paressé, e,t voyant sons leurs yeux le bien
et les vertus de la \civijisatiqn Us ne tarde�raient pas à échanger leur caractère contre le* nôtre, et à se mêlertellement un jour avec nous, qu’ils ne feraient plus qu’un.seul et même peuple. La douceur et la patience viennent à bout.de tout.
J’avais,en l’idée de faire le relevé déboutes les nations sauvages, pour parvenir un jour
àétablirla différencedescaractèresde cha�
cune.Voicice quej’en-connais.
Les abénaquis (i). Les apaches. algonquins(3). apalaches.agniers (3). apéloussas.andasfes (4). aychis.
alibamons (5). assénisipis.
alatamahas (6). aiaouèsi
abekas. aricaras.
abéeouéehis(7). abikas.
akanças(8). babayoulas (ià).
acinays’(9)� bayagoulas (13).
andayes (id).’ biloxis.
atakapas(il). bouifoireas.
adayes. cbils (14).
(r)
Ils habitent les bords du fleuve Saint-Laurent qui par.�court le Canada. (2) Ils font partie des montagnes des Apalaches. C’était la nation la plus ancienne et-la plus dis-’ tinguée comme amie des français dès le principe. (3) Ils sontvoisins de New-Yorck. (4) Oncles appelle aussi chats et chouanuus. Ils -habitent les bords de la rivière de l’Ohio.
(5)
A centcinquantelieues au nord de la Mobile. (6)Au sud de la-Géorgie. ;(7) Au nord des Alibamons, à quaranto lieues au sud-est des chioachas à vingt lieues au sud-est des chol1anous de Chalacagué. -’(8) Vrais amis des français et voisins des chicachas. (9) Dans le nord-est de la Louisiane.
(io) A quelques lieues des natchitocb.es. (ir) Ils sont alliés des loupetousas, et leur nom signifie anthropophage.
(iz) Ils habitent les hauteurs du Mississipi. (13) A onza lieues des tekactas, sur l’autre e6té du fleuve. (14) Vojez note (4).
Les chicachas (i).
chacacantes. chérakis(2). chouanous (3). canouhaaans. cliouacas(4). choumans. cadodakios. cannecis (5).
coroas (6). chactchioumas. capinas. cacouïtas. conchas. couétchitous. canoalinos. cabinoas.
Les chïacanfefous.’ folles avoines (7). goyogaoins (8). grinaiches. goulapissas. hurons. hoaiels* houjets. hincanclons. iroquois(9 ) jasons.
illînois (10).
ionhouannès.
kaioutais.
kriès (il).
kaokias (12).
kaskaguias (13).
( 1 ) Ils sont voisins de la Caroline, à cent cinquante
lieues au nord de la Mobile. (2) Même voisinage, même distance que les précédens. ( 3 ) Voyez note (7).
(4) Voisins de la Nouvelle-Orléans. Après avoir été fort utiles ils ont été massacrés sur un simple soupçon par un ambitieux qui fut envoyé de France. (5) Ils sont alliés des
Espagnols. (6) Ils habitent le bord du fleuve. (7) Ce sont les mêmesque les maïom’mes. Ils sont au nord du Missis�sipi, à quarante lieues au sud des sources de la rivière Sainte-
Croix. (8) Voisins de New-Yorck. (9) Sont dans les environs du lac Ontario, et les Français furent obligés de les subjuguer par les armes. (10) Ils forment huit tribus. �(il) A’cent cinquante lieues au nord de la. mobile.�(x2)-A huit lieues du Missouri, et une des tribus des illinois.
(13) Une autre tribu des illinois.
Les kansès. Les nacogdozis. Ioupitousas’(i). nassonnis. louchetchouis.
natsonos.
mabingaps (2). naouédiches.
malomines(3).
naclacos.
mascoutins. nonda;cos.
méanis (4). ossnontaguès.
méracatas (5). ounciours (7).
mitchigamias. ouanahinans.
miamis. ounéyouths(8).
missouris. ononlaguès (9).
mobiliens. outagamis (10).
méchemetons. olchagras(ti).
maûtoueouecs. oyatauaous (12).
naearmès. oumas (l3).
natchez (6). ouachas (14).
nalchifoches. offogoutas(i5).
nabedakious. ouabaches (ï6).
nabiles. ouafchitas.
(1) Alliés des tchioutimachas. (2) Leur nom signifie loups. Ils sont originaires de New-Yorek et ils habitent le nord de la rivière d’Orange. (3) Les mêmes que les folles avoines.
�-(4) Sont une tribu des illinois. (5) Autre tribu des illi^�nois. (6) Voisins des jasons ou yasons. (7) Voisins de New-Yorck. (8) De même. (9) Egalement. (ro) Leur nom signifie renârds. Ils habitent la rivière d’Ouîscousing et celle des Renards; (Il) Ils sont établis le long de la bai:: des Puants. (i2), Ils sont une espèce de uiéanis, tribu des illinois et sont établis sur l’Onabache. (13) A douze lieues des Bap,àgoulas. (r4) Voisins des tchactas. (15) Ils habi�tent les bords du fleuve. (16) Ils sont sur la rivière qui
porte lent nom.
*3jgs ouïatenous.. Les quiohohoHans» -bêchas. quitirènbes.
� otoctatas. quicapoux»
outaouâcs.’ puants ( ). ,sakis (6). renards (5).
pooieouatamîs (2). scioux de l’est.
péorias (3)� scioux de l’ouest.
� péanguicliias’"(4). solouis.
pensacoles. tsonnouthouas (7).
paoatès. tehaclas (8).
pascagoulas. tombekbés (9).
péouarias. talapouehes.
pimitouis.; grands thomès.
panis. petits ihomès.
panioiiassas, tamarouas.panimahas. tchiouiimaehas (10).quitdbiaiches.; tchaoua�has. quiches. tésonachaa. quichaatchas.’ touscas(li).
(i Voyez alchagras qui signifie la.même chose.��2) Ils demeurent au sud dtt lac Michigan à l’embou�chure-de la rivière Saint-Joseph et le long du détroit. (3’) Tribu -des illinois. .,(4} Egalement. X 5) note � 1, p. préc. ( 6 ) Après avoir habité entre le lac Michigan et le lac des Puants^ ils-habitent maintenant sur la ririère d’Ouis�cousing. (7) Voîsias de -New-Yorok. ( 8 ) Voisins des � ouachas. ( 9 ) Ils sont dans le centre dn pays des thactas -à
soixante-dix lieues des chicachasjà soixante-quinze lieues à l’est du Mississipi, et à cinquante lieues à l’ouest des ali-Ojamons. ,{;o) A sj^ lieues des »umas. (n) Sur la rivièw
Bouge.
Bes fcftélimachas.. Les yatacès*
(apouchas. 1 ybhoupas.’
ta�osas. toauXi yasons.youanis.
tonicas.
îq$ nations..
Il s’en fàut bien que ce soit là liste entière pourrait réaliser, le
des sauvages mais on projet que j’avais de réunir dans.un tableau
tous les noms de ces nations et que j’aurais
enrichis de leurs costumes, de leurs mœurs,,
de leur caractère propre., de leur espèce de
lois, de leurs occupations de leur culte. et même de leur langage. Cet ouvrage que l’on ne peut entreprendre que sur les.lieux.,don�nerait de vastes connaissances, -et mettrait à même de faire une bonne législation, et de créer, peut-être même au milieu des sau�vages, dès établissemens qui les civiliseraient
enleurmontrantde-quoiflatter leur cupidité
naturelle et qui pourraientnous tournera profit. Je désire que mon-idée-soit adoptée, et c’est à cette fin que je la mets au jour.
Pour aider. même à.me faire concevoir mieux, je vais donner au lecteur-le com�mencement du tableau que j’ai esquisse-sur le continent de
NOMS,
Des sauvages de la Louisiane dispersés sur les bords du et sur d’au�tres rivières qui arrosent son continent.
Mississipi ou feuve Sainf-Louis.
Son embouchure est à vingt-cinq lieues sur la droite en montant.
LESS TCHAOUACHAS.
Réduits à quarante guerriers. Nation
errante, lâche et paresseuse, Hxéeprès des français ezi 1712. Le maïs est le seul
se�cours qu’on pouvait en attendre.
LES OC.ACHAS. Ils sont alliésaux premiers établis à deux lieues au-dessus de la Nouvelle Orléans. Même caractère.; Ils pouvaient aisément mettre deux cents hommes sous. les armes mais l’époque de.ujiS, on n’en comptait plus guères que cinquante.’
i
Ils sont réduits à quarante hommes qui
habitent un bon terrein, mais peu propre
pour la chasse. Ils habitent à onze lieues plus haut de l’autre côté du fleuve. Guerriers laborieux et braves. Réduits à quarante, de deux cents qu’ils étaient, par la trahison des ta�nsas qu’ils avaient reçus comme réfugiés.
LES S OTTMAS.
Le village qu’ils habitent et qui porte leur nom, est à douze lieues des bayagoulas sur le même côté du fleuve. Cette nation est brave et laborieuse elle était réduite à cin�quante hommes en 1715.
LES TCHIOUTIMACHAS. Ils sont sur la gauche du fleuve, écartés de six lieues des oumas. Ils ont le caractère
des tchaouchas et des ouachas. En 1716 ils
furent réduits à cent hommes., après la paix
que la France leur donna. Ils passent une
partie de l’année en course le long des lacs. Ils vivent de la pêche à laquelle ils sont fort adroits: LES IODÏEIOOSAS. Ilssontalliésauxtchioutimachas,et sont au nombre de cent trente hommes (i). Il a
(i) Quand je parte de,cette manière, j’entends dire
autant de guerriers; je ne fais point l’énumération. des
été’ impossible de les fixer. Ils demeurent derrière les tchioutimachas, à trente lieues. dans la. profondeur des-terres du. côté de l’ouest.
LES AT A K AIJS.
Ils sont alliés des-loupelousas,. et sont comme ceux-ci errans et vagabonds. Ils ont près de deux,cents hommes forts et d’une belle traille. Ils sont anthropophages et plus adroits à la pêche qu’à la chasse.
femmes, des enfans et dès -vieillards. Il faut’aussi que je prévienne le lecteur qu’il y a plusieurs, de ces na�tions mêmes qui n’existent plus, ou qui sont incorpo�rées dans d’autres. Mais je n’ai voulu qn’ésquisser un modèle propre à donner à l’avenir au gouvernement Jesrenseignemeus les plus utiles toutes les bran*
sur ches qu’il a. intérêt de. connaître dans ces. vastes con�trées..Les difficultés qu’en 1795 et années’suivantes,
les espagnols opposaient aux français voyageurs ne m’ont pas permis d’achever mon travail; et si quelque voulait le compléter sur les lieux, il rendrait.
personne grand service l’état, *et je serais nullement;
un ne jaloux de la supériorité qu’il’auraitsans doute-sur moi. Je n’ai que la prétention d’êtreou de me rendre utile,, l’intérêt public; le mien vien�
parce que je ne vois que
dra après si.cela se peut, ce n’est pas ce qui. m’inquiète.’ le plus..
Rivière Rouge.
Elle se jette dans le Mississipi mais eut montant à six lieues on trouve à gauche un petit bras de cette rivière, sur lequel sons établis t
LE S HOUfEI S»
En descendant cette branche’ de rivière on rencontre. un. petit village composé seu�lement de quarante hommes de la plus belle espèce. Ge sont les houjets. Ils peuventfaire une traite de mille peaux de chèvre.
XES ET�TCKITOCHES ET
:tES YATAC�S.
Ces trois nations ne font, plus qu’un vil�lage qui ne peut guères fournir à présent que quatre-vingts hommes. Ils sont lâches fainéans, ne s’adonnent à aucun genre de culture mais, assez bons chasseurs. Ils ont une religion qui leur donne pour divinités le crapaud et plusieurs insectes.
LES AJ> A YES. .A sept lieues, du côté de l’ouest, derrière le: village des natchitoches sont les adayes
au nombre de cent, aussi lâches et paresseux que leurs voisins. Les espagnols ont tout près d’eux un petit établissement, faible si la France voulait aller plus
rempart,
loin..
1ES CADODAKIOS LES If ASSONITES LES
NATCHITOtfCHES OU NATSOHOS et LES
L QUITCHIAIGHES.
Ces quatre nations ne font qu’un même
village à quatre-vingts lieues des natchito�cliés", c’est-à>dire ai cent cinquante lieues dans la rivièreRouge. Ils fonÉ la guerre aux cannésis, alliés des espagnols. Ils se, servent dechevaux,sont, redoutésdeleursennemis. Ils ont peu d’armes à feu, et ils étaient autre�fois cinq ou six cents.
Embouchure de droite dit
A deux lieues au-dessus de cette embou�chure sont établis
� BS T ON;IC.AS.
Autrefois c’était une nation très bélli�queuse elle ne peut mettre sur pied que
cent vingt hommes. Ils ont eu les premiers missionnaires. On ne peut tirer d’eux quemille peaux de chèvre.
LES NA.TCHEZ.
Ils sont établis à vingt lieues au-dessus des tonicas sur la droite du fleuve et dont le terrein est fertile. Ils n’attaquaient jamais ils se tenaient toujours sur une vigoureuse défensive.En’1699 ilspouvaientmettremille
deux cents hommes sous les armes, ensuite ils en mettaient six cents. Mais nous avons vu qu’ils ont été détruits.
Rivière des Yasous.
Elle se jettedans le Mississipi à trente-cinq lieues des natchez, et sur le même côté. C’est -là que sont
LES YASOUS, AÏS1 OFFOGOUI.�S <?� LES CORDAS.
Ces trois nations sont réunies. Elles peu�vent armer cent vingt hommes. Ils sont bien faits très-braves, agiles et passionnés pour la chaussé. Ils peuvent fournir tous les ans deux mille peaux de chevreuil bien passées.
SES CH�CCHIOtnvïAi I.ES YBITOOTAS et ZSSfc
TAPOUCHAS.
Ces troisnations Deformentencorequ’un. village à quarante lieues plus avant en re-�montant la même rivière ils ressemblent beaucoup aux yasous,. et peuvent fournir
comme eux quatre mille peaux de chevreuil
bien passées. En i5gg ils pouvaient mettre
plus de six cents hommes sous les armes;
depuis ils ont beaucoup dégénéré, et ils m’ont pas aujourd’hui plus de deux cents guerriers. Les plaines qu’ils habitent son!: très fertiles ils connaissent les simples propres à guérir toutes sortes de blessures. Iîs*n’ont jamais voulu en donner connais�
sance, et ce n’est que par le plus grand ha�sard qu’on a pu leur arracher le. le dictam deux plantes médicinales extrê�mement précieuses dont on-ne saurait tropétudier les vertus bienfaisantes.
ÏJSS AKANSA S. lis ont établi quatre villages à très -peu de distance l’un de l’autre, à six lieues eà
-remontant ’la rivière. Lorsqu’ils habitaient les bords du Mississipi à gauche, à soixante lieues au-dessus de la rivière’des yasous.»ils étaient plus de cinq cents maintenant ils ne inettraîent pas plus de deux cent vingt hommes sur pied. Ils sont lâches et plus
paresseux encore ils s’en rapportent même
.à leurs femmes pour les besoins de la vie.
Ils ,peuvent.à peine fournir mille peaux de
�tre
chevreuil. Ils reconnaissent
un su�prême mais ils le regardent comme l’au�teur de tout le mal qu’ils -font,, et de tous les malheurs qui leur arrivent.
<2.BS tP ASF I O ViSS AS.
^Ils habitent le hautdelarîvïère des àkan�ils sont -véritablement belliqueux et
sas ils sont ennemis irréconciliables .des Pa�doucas. On dit qu’ils sont fort adroits pour manier les chevaux. Ils ont les premiers le mérite d’avoir trouvé le moyen de mettre
eux et leurs chevaux ,-à couvert des flèches,
en. se servant d’�n corset pour eux, et d’un
caparaçonde cuixfortmince,impénétrable
à la flèche pour leurs chevaux.
On sent que l’on pourrait ainsi fair� un
ouvragefortinstructifsur touteslesparties
de la Louisiane, et en donner une descrip�
tion vraiment intéressante. C’est
une des
premières choses qui devraient occuper ceux
qui seront nommés administrateursde cette
vaste colonie.
Ce qui doit les occuper encore autant, ce
sont les moyens de population. Déjà nous
enavonsdonnéquelques-uns etnousallons
exposerce que nous savons de plus positif
sur cet objet. D’abord il ne faut pas perdre
de vue l’immensité du terrein de la Loui�siane (i), l’abondancede ses productions, ses richesses, et la bonté de son climat. Car on ne doit pas s’arrêter à ces marais de peud’étendue, qui depuis la balise remontent jusqu’au détroit des Anglais (2.) ils sont mal sains, cela est vrai mais laissons à la nature
(1) En supposant que la France ait dans le moment actuel, 134,966,708 arpens, cette étendue ne serait même pas comparable, aux quartiers les plus ordinaires de la Louisiane ni pour la quantité des arpens, ni
pour la bonté du sol qui produit. peut-être dix-huit fois plus.
(2) Ces marais n’ont guère plus de ,:vingt--cinqlieues, peut-être même beaucoup-moius..
ou aux gens riches le soin de les dessécher et d’en faire par la suite d’excellentes terres à sucre qui pourront rivaliser avec les meil�leures de Saint-Domingue. En attendantil reste bien d’autres terreins à défricher qui loin de nuire à la santé, n’offrent que l’air le plus pur et des sites charmans aux culti�vateurs qui ne sont pas riches. Examinons ce.que l’on pourrait faire pour y porter la population.
i.q Je renouvelle le projet qui fut pro�posé 1760 (1), et qui est tombé dans
en l’oubli comme un grand nombre d’autres
choses utiles, parce qu’elles étaient pré�sentées par des personnes sans crédit. Après avoir examiné la classe des déserteurs on en avait retiré les fripons, les lâches qu’on abandonnait à la vindicte publique, et l’on en triait ces malheureux qui ne désertent que par inconstance, ou qui ne peuvent résister à la dureté de ceux qui les tyran�
(i) Cette année-là même, on calcula que depuis le
commencement du siècle on avait fusillé soixante mille malheureux, sans’ aucun profit pour personne.
de ces Que de .générations perdues qui auraient peuplé des déserts et donné le jour des enfans utiles
ïùsent. Cesont ces soldats quel’on propossait; et que je propose moi-même d’envoyer leurs femmes et leurs enfans pour dé�
avec
:fricher les terres de la Louisiane.
est également une espèce de contre�bandiers répréhensibles, mais non flétris qui n’ayant pas porté les armes ri’ont sou-vent fait la contrebande que pour se
Il
sous�traire à la misère et nourrir leurs familles. Ils sont coupables, ce n’est pas douteux cependant il-était injuste de les confondre avec les forçats,chez lesquelsle crime est besoin. On proposa également de les
un
envoyer peupler les ^colonies désertes je le propose aussi et les colons ne peuvent pasle trouver mauvais, puisque dans le com�mencementces deux=classçs d’hommes ne serontqu’uneespèce de populace, maisdont les enfans peuvent mériter l’honneur de s’élever. 3.� L’Allemagne peut nous procurer d’ex�
cellens travailleurs et l’on se rappellera
toujoursles alsaciensquiont fournidans les
commencemens à la Louisiane des hommes
laborieuxethonnêtes.Ilestpossiblede s’en procurer encore beaucoup d’autres. 4*� Par notre bonne administration et
nos encouragemens nous pouvons attirer les espagnols, les north américains les anglais et une grande partie de ces infor�tunés honnêtes qui languissent .chez toutes les nations.
5.° La France, sans gêner, sans s’en
se apercevoir, pourrait chaque année envoyer à la Louisiane mille familles. Au bout de dix ans on en aurait assez pour former une population immense. Cette opération enlè�verait bien. de jeunes mendians qui désho�norent la nation, et perpétuent l’amour de la paresse. Mais il faudrait observer que ceux qui
seraient envoyés par le gouvernement fus�sent sains et jeunes et sur-tout ne point.
y envoyer des femmes de cinquante ans, qui
ne sont bonnes à rien de que l’on
ce se propose. A familles arri�
mesure que ces veraient, il faudrait leur donner des con�cessions raisonnées c’est-à-dire du terrain suffisamment mais point avec profusion il conviendrait de les placer à mesure qu’ils viendraient sur les terrains les plus voisins de la Nouvelle-Orléans ou de la Mobile et d’agrandir ainsi le cercle à proportion dé
’leur arrivée; de manière qu’il ri’y ait pasplus de deux lieues d’un village à l’autre, en reculant ainsi toujours. Cette précaution est sage dans des régions où il faut être continuellement dans une attitude impo�sante. On parviendrait ainsi aux extrémités, et l’on n’aurait plus besoin de ces postes isolés où l’on a vu tant de braves genssacrifiés.
Qu’en coûterait il à la France ? Peu de chose dans le principe, et cette avance lui donnerait en peu de tems des intérêts in�nombrables. On devrait les entretenir pen�-dant trois ans, à compter du jour de leur arrivée dans la colonie. Et quel serait leur entretien? Chaque père de famille même au�
rait seulement par mois trente-sept livres et
demie de farine, quinze livres de lard, six ou
huit livres de riz, et du sel raisonnablement. Il
faudrait y ajouter une petite maison en bois, capable de conteriir sa famille un fusil, une vache, une truie de trois ou six mois, deux poules, un coq, deux pelles, deux pioches,, une scie et une marmite. Ceux qui habite�raient les terres à bled, auraient besoin en outre d’une charrue et de:deùx bœufs .Toutes ces choses se trouvent déjà sur les lieux, et
nedeviendraientpascherau gouvernement, Il serait fort sage, même de préparer d’a�varice des maisons d’attente pour y loger en arrivant ces familles infortunées.
Il est encore deux autres moyens de po�pulation qu’on pourrait employer
avec avantage.
1.1 L’on pourrait exiger des négocians qui voudraient la Loui�
commercer avec siane, soit nationaux, soit étrangers l’obli�gation de fournir chaque année un homme et une femme à^la satisfaction du gouver�nement et l’on pourrait même les engager
pendant deux ans à leur entretien de sorte
que le gouvernement n’aurait qu’une année
pour compléter les trois ans de nourriture
qui seraient dûs à ces nouveaux culti�vateurs.
a.Q Il faudrait favoriser les mariages par touteslesressourcesqui neblesseraientpoint la morale publique, et dans toutes les occa�sions donner la préférence aux hommes mariés.
3. Accorder beaucoup de considération aux femmes qui donneraient le plus d’en�fans, et des privilèges aux maris
en pro�portion de l’étendue de leurs familles (i).
Avec de pareilles précautions laLonisiane .ne peut manquer d’avoir bientôt une .popu�lation considérable et de procurer à la
métropole de grands revenus. Il ne faut que
le bien vouloir pour que cela soit. Le climat
de
et les ressources cette belle région
n’attendent que de bons administrateurs et une gr-ande nation, pour en venir a cette fin heureuse.
Nous avons, je crois, suffisamment exa�minéles basesprincipalesdescolonies,c’est�à-dire,la population,l’agricultureet le com�merce. C’est de l’expérience journalière quedépend le reste il n’est pas possible à un simple particulier de tout prévoir, de ne rien omettre et de ne pas donnerlieu même ?i une juste critique. Mais quand je ne four�nirais que l’occasion de faire un meilleur travail sur mes renseignemens, sur ce que
Dans Je commencement il ne serait pas mal peut-être d’y établir une milice’d’ouvriers qui se recru�teraient ep Europe, et qui serait à la disposition du
�gouvernement pour être employée aux premiers be�soins des nouveaux cultivateurs, -avec des restrictions convenables ,*etc. etc.
j’ai vu-, entendu et observé je n’en aurais pas moins été utile et cette récompense me�soutient dans mon entreprise..
J’ai avancé qu’il ne fallait pas faire d’a�bordde-grandesconcessions.Eneffet,rien ralentit plus la population que cette
ne libéralité impolitique du moins j’en juge par ce que j’ai observé dans les États-Unis.
Je n’ai pas vu de lieux plus mal cultivés
ou
plus souvent en friche, que ceux des grands
concessionaires. Ils cherchent bien à vendre;
mais-outre que leurs terres sont très infé�rieures -celles de la Louisiane même les. plainesd’Albany oud’Alatamaha,ilsy met-tent toujours un pris qui dégoûte les ache�teurs, et les environs des villes ordinaires ont l’aspect des déserts. Je croîs donc queles concessions les plus fortes à la Loui�siane ne devraient point passer l’étendue de cent carreaux, et encore faudrait-il con�naître-les facultés de les solli�
ceux qui citent. Autrement, vingt-cinq ou trente car�reaux suffisent à l’infortunéquicommence la carrière d’habitant sur un terrain dont il faut abattre les premiers bois. Quand il de�viendra riche,il sauraétendresondomaine Dans le commencement les malheureux ont
besoin de se presser les unscontrel�s autres,, ils ne s’entr’aident que mieux et la popu�lation ne peut qu’y gagner. Ll; commerce trouvera également de-quoi spéculations. Le sucre,
exercer en grand ses l’indigo, les peaux de chevreuils, de daims, d’élans., de buffles, d’ours, de tigres ou léopards, et une foule d’autres le tabac en. manocs, en carottes, les bois de charpente de mâture les.planchers, les bardeauxou les les cuirs salés, les brais, les gou-.
essentes drons les suifs de chasse, l’abondance des piastres les bois de tenture le sel le sal�pêtre, les mines de cuivre, de fer, de plomba et d’argent même les bleds les vins et une quantité innombrable d’autres productions, alimenteront journellement son activité. Sous tous les points de vue la Louisiane est donc un pays incomparable, et la France ne peut mieux faire que d’accepter sa. rétrocession si toutefois il n’existe pas d’autres clauses que celles que nous croyonsconnaître, et qu’il, n’y en ait pas qui con�
trarient ou puissent entraver les vues du
gouvernement français car la Louisiane a.
besoin d’une grande liberté pour répondre
à sa véritable destinée.
Il faut ajouter à l’article de l’esclavage^ qu’il ne devrait pas y avoir d’esclaves dans la partie du nord de la Louisiane, ni sur les frontières des sauvages. Les exemples trop fréquens que nous avons de la malice des nègres, doivent nous rendre circonspects sur tout ce qui peut exciter parmi eux ia fermen�
tation, et assez sages pour ne nous en servir que quand nous ne pourrons pas fâire autrement. Si cependant la population blanche augmente, comme on a lieu de l’espérer cette espèce d’hommes sera beau-coup moins à craindre. Mais comme la po�pulation noire augmentera beaucoup avant la nôtre, il est prudent de prévoir le danger et d’y veiller.
Comme j’ai dit qu’il serait bon de re�pousser tous les esclaves à la campagne je pense qu’il serait à-propos dans cas-.là
ce d’avoir un entrepôt pour les négriers dans
un endroit éloigné de la ville où il n’y eût
que les habitans qui vinssent les acheter et
si l’on continuait d’en avoir dans les villes
il faudrait toujours faire en sorte que les
hahitans eussent le premier choix parce
qu’en tout événement, les gens de la ville
ont toujours beaucoup plus de ressources
que les habitans pour obtenir du service des npbres inférieurs, et qu’enfin l’esclavagé est d’abord et.naturellement pour le travail des terres (i).
J’ai soutenu également que les louisianais forment un peuple aisé à gouverner, si l’on est juste avec lui mais il est très-redoutable
si l’on veut agir d’une manière tyrannique.
Comme il naît avec un-sens droit il voit
la nécessité de se soumettre aux lois, et l’on
(i) Il vient de paraître une? brochure intitulée Itinéraire dés Frarzçàis dans la ILouisiane"; elle n’a que 102 pages. D’après son litre, je croyais trouver un�guide sûr mais je n’y ai vu qu’un livre fait au milieu d’une bibliothèque publique, par homme qui,
un n ayant pas été lui-même sur-les lieux, n’a fàit qu’une compilation incertaine. L’inexactitude de descriptions et même des
ses fermes ses méprises ses omissions l’uniformité: qu’il donne aux des différentes nations
moeurs sau�réflexions sur le Missouri et le Mississipi,
vages, ses et le silence qu’il garde sur les objets ctui-frappent Ie
plus étranger, tout montre que cet Itinéraire est
un insuffisant pour donner les idées dont besoin
on a la Louisiane. Cette brochure prouve seulement
sur combien il est difficile-et dangereux de parler de ce
qu’on n’a pas vu soi-mcnie»
peut dire que personne n’y est plus soumis
mais comme il a une sensibilité naturelle
que l’usage du monde ne peut maîtriser et
qui n’a jamais été émoussée par le besoin de
ramper il est dangereux de l’irriter par des
formes acerbes. Comme bravoure est
sa
innée chez lui on ne peut pas espérer de
lesoumettrepar la crainte dela mort sa com�munication continuelle avec les sauvages lui
apprend trop à la mépriser. C’est le peuple le plus doux dans le commerce ordinaire de la vie, et le plus terrible dans l’agita�tion. On doit craindre ses habitudes et ses liaisons avec les sauvages dont il peut attendre tous les secours nécessaires à son désespoir.
Le sauvage aime beaucoupplus le français né ou établi à la Louisiane que ceux qui arrivent d’Europe et malgré sa cupidité naturelle il n’est point de présens qui suf�firaient, pour détourner cet attachement. D’ailleurs le louisianais, proprement dit, connoit les langues et les mœurs des na�tions j il vit presque toujours elles,
avec
puisque son goût décidé pour la chasse lui
fait souvent quitter les villes pour aller dans
les bois l’espace de six mois de l’année,
s’habiller et chasser comme les sauvages. Le
louisianais dans son désespoir quitte aisé.
ment ses propriétés pour réfugier dans
se les forêts, jusqu’à ce qu’on ait réparé l’injus�
tice qui l’a poussé à cette extrémité, ou qu’il
en ait tiré vengeance. J’aurais bien des traits
à citer de cette fermeté mais je crois ne
pas le devoir, et je ne le ferai pas. Mon
observation porte sur le projet que pourrait
avoir un chefde tout soumettre par la force,
et je crois devoir prévenir que la Louisiane est le pays où les baïonnettes font le moins de peur et où les formes agréables en im�posent davantage. Sitôt que l’on y parait avec un appareil tropimposant,le soupçons’éta�blitenpeudetemsetlesnations sauvagessont averties par les habitans des villes. Tout s’ap�prêtedansle plusgrand silence, et aupremier signal la résistance s’oppose à l’oppression. La langue des sauvages n’est pas aussi dif�licile qu’on se l’imagine. Il y a toujours unc
mère langue que l’on entend par-tout par
exemple la langue des chactas et des chica�chas s’entend à plus de quatre cents lieues à
la ronde et les différens patois dont elle
est mêlée ne sont pas assez dénaturée pour
ue pas se ressentir de la mère langue doy
ils dérivent. Il n’y a souvent de différence
que dans le plus ou moins de force de la
prononciation ou dans quelques mots que
les gestes auxquels les sauvages sont beau-
coup accoutumés expliquent intelligible�
ment aux louisianais qui en ont l’habitude.
Il faut savoir que les nations sauvages,
seulement celles qui sont connues, peuvent
opposer cent cinquante mille hommes et
peut-être plus (i) par conséquent, s’ils
étaient dirigés par des blancs intelligent
qui connussent bien les diff�rences ou les
nuances de leurs caractères on conçoit
tout le mal qu’ils pourraient faire si le gou�
verneur n’était pas un homme modéré et
qu’il se permit de traiter les habitans avec,
toutel’insolenceet la grossièretéd’unmaître. Le gouvernement espagnol a parfaitement senti cette vérité, et le risque qu’il a
couru à l’époque d’Orelly lui a fàit prendre le parti de la plus grande douceur. Aussi nous ap-» prenons de l’espagnol lui-même combien la modération a d’empire sur les âmes heureu�sement nées et l’eaamen des greffes est un
(i) L’éloignement n’arrête
point le sauvage t qui ^aime que la guerre et la chasse.
thermomètresûrqui prouvecombienleIomU
sianais est incapable de s’insurger sans une
nécessité absolue. On pourrait dire qu’il ne
connaît pas les crimes.
Au lieu donc de ce caractère dur, féroce
qu’ont naturellement certains hommes,
ou de cette politique que se forment quelques�
uns, en se donnant un air terrible que le
gouverneur qui sera nommé s’étudie tout
unimentàn’avoirquel’aird’un bon pèrede
famille dans ses discours et dans ses actions, il aura bientôt tous les blancs pour lui et nécessaires
avec eux toutes les ressources
pour contenir cette vaste région. An lieu de
ces moyens humilians et terribles que la ré�sistance outrée oppose à l’oppression tou�
jours injuste, il ne trouvera qu’un faisceau
avec lequel il fera tout ce qu’il voudra de
bien; Qu’il y reste long-tems pour le bon�
heur et la prospérité de la Louisiane, pour
l’avantage et les trésors de la Trance Son
ouvrage est déjà commencé par les espa�
gnols il n’a plus qu’à l’augmenter, et cet
accroissement ira vîte sous sa bonne admi�
nistration. Point de contributions injustes,
point d’augmentation forcée et que les im�
positions indispensables soient toujours me<*
suites d’après les forces réelles de la colonie. C’est toujours la pierre d’achoppement, et dans ces régions éloignées, on regarde même comme vexation tout ce qui n’est pas d’une nécessitévraimentabsolue; delàlesabus (i). Il faut également une grande surveillance pour la composition des troupes qu’on y enverra. Les colonies ne sont que trop ordi�nairementet trop fortement vexées par elles. C’est un foyer de querelles et de combats sans nécessité. Le militaire est brave le colon l’est aussi le premier veut maîtriser avec un ton dur, l’autre a le sang vif, et tous les deux deviennent ennemis irrécon�ciliables. La bravoure qui les rend égaux devrait les changer en véritables frères. Avec bonne discipline militaire, ces vices
une intérieurs disparaîtront et la meilleure dis�cipline ne consiste qu’à choisir des hommes raisonnables qui aient passé l’âge de la
(i) On a toujours senti la nécessité de rendre les împosîtions invisibles, en quelque sorte, aux colons. C’est pour cela qu’on les f�sait porter indirectement par les droits pris sur Ies denrées qui sortaient, par ceux qui étaient. exigés pour la liberté des nègres par les droits suppliciés,et par plusieurs de cette nature.
fougue, et qui ne soient pas connus pour
de mauvaises têtes. Il faudrait limiter leur
engagement après lequel on choisirait les
meilleurs sujets pour rester à la Louisiane où ils ne manqueraient pas de se marier et de devenir ainsi une branche de population très-précieuse. Il y a plus, c’est que le-pas�sage à la Louisiane peut devenir une récom�pense pour les militaires qui se sont bien comportés dans lés armées d’Europe. L’hon�nête homme qui a bien servi trouverait ainsi,
à la fin de sa carrière un moyen de passer
heureusement le reste de sa vie sans qu’il en coûte beaucoup au gouvernement de France (x).
On doit encore faire une sérieuse atten�tion sur les hommes qu’on envoie iuger les autres dans les colonies. Cet ordre est une des bases les plus essentielles du gouverne�ment colonial. Autrefois, on envoyait sou*
(1) Dans l’ancien régime il y avait beaucoup de duels �ans les colonies; et cet esprit y était si général, qu’il était rare que la justice ne fermât pas les yeux, parce
que les hommes de toutes les professions y étaient éga�lement exposés; et l’on sait que quand tout le monde a tort, tout le monde a raison.
vent des jeunes gens qui sortant de faire
leurs études, obtenaient par les importu�nités de leurs parens une place de juge dans
laquelle ils n’apportaientque le caprice pour
principe, et qui les portait à des acceptions aussi fréquentes que dangereuses. Quelque�fois aussi l’on y faisait passer des hommes âgés qui ne s’étant pas bien comportés en France venaient infecter les colonies de leur morale relâchée. Il faut plus que jamais éviter ces deux extrêmes il faudra même plus exiger des juges qu’on envoie dans les colonies que de ceux qui sont en France ? parce que ceux qui sont à de grandes dis�tances sont plus dans le cas de faire le mal
impunément que ceux qui sont continuelle�ment sous les yeux de la métropole. On peut porter un remède prompt à ceux-ci et les autres ne sont punis que bien long-tems après leur faute et souvent ils ne le sont pas.
Une des bases les plus essentielles encore des colonies, c’est un bon tribunal terrier. Autrefois il était composé du général, de l’intendant, de trois membres du conseil supérieur, et malgré cela on appelait de sonjugementcommed’une sirmplesentence.
On peut dire que ce-tribunal tenait dans ses
mains toutes les propriétés foncières. C’est lui qui jugeait toutes les contestations de terrain et dans le nouveau régime il n’est pas moins nécessaire. Je ne crois pas qu’il doive être sujet à l’appel si les membres en sont bien composés. Dans les pays pure�ment agricoles, il faut, autant qu’on peut,raccourcir les formes les procès de ce genreralentissent trop les travaux de l’agricul�ture. Je pense donc que l’exécution des ju�gemens de ce tribunal doit être provisoire, sauf seulement le moyen de se pourvoir en cassation.
Pour que ce tribunal ne soit pas obligé de s’assembler souvent, il conviendrait de porterl’examen le plus sévère surles hommes quiformentla classedesarpenteurs.Ceux-ci
doivent connaftre tous les terrains du quar�tier où ils exercent leur profession. Ils sont chargés de délivrer les certificats d’après lesquels le général et son collègue distri�buent les concessions et par conséquent s’ils sont ignorans ils deviennent la cause des procès qui souvent ruinent les deux parties. C’est une classe honorable dont la profession exige beaucoup de peine, et dont le mérite, quoique simple, exige des talens
surs pour éviter toute espèce de troubles parmi les habitans. Mais plus on leur ac�corde de considération plus aussi l’on doit être difficile sur leur probité ou sur leurs connaissances qui, au fond ne consistent
que dans un simple arpentage d’après l’é�tude qu’ils ont dûfaire des terrains de leurs
quartiers. Il faudrait donc les rendre respon�
sables de tous les procès qui naîtraient parleur faute, sans confondre cependant la né�gligence avec le défaut de probité. Enfin, si l’on ne trouve pas un moyen de renfermer ces hommes dans le cercle véritable de leurs professions, le tribunal terrier sera toujours surchargé aux dépens de l’agriculture qui exige la plus profonde tranquillité pourobtenir de riches résultats.
Ce qui devrait encore occuper les admi�nistrateurs des colonies, c’est la législation qui convient à ces contrées lointaines. De
on en a senti -la nécessité
tout tems et
rarement on s’en est occupé (i). Depuis
le t5 décembre 1762, on avait établi une
(1) Ce que je vais exposer n’est que le sens de ce
que j’ai dit dans les Idées politiques et morales, en 1778.
commission pour la législation coloniale. A cette nouvelle les habitans des colonies furent transportés de joie, et l’arrêt du con�seil d’état qui autorisait cette création fut béni par les colons. Ils s’attendaient à. voir sortiruncodecolonialmarquéaucoinde la sagesse, et d’où naîtrait enfin leur tranquil�lité, leur bonheur mais l’intention du gou�vernement n’a pas été remplie, et l’espoir des colonies souffrantes fut trompée.
Ces départemens ultra maritimes n’ont
point encore de lois fixes ces états acces�soires, si nécessaires à la métropole qui lui donnent tant de jouissances et de ri�chesses, sont pour ainsi dire à l’abandon et flottant dans de cruelles incertitudes, ils n’ont cessé jusqu’à présent d’être froissés ou par la force des armes, ou par une justice
arbitraire
C’est le cas de s’écrier avec l’abbé Raynal
ct Estimons-nous beaucoup les productions
des colonies ? Je crois qu’on n’en saurait
« douter. Pourquoi donc -prenons-nous si
d’intérêt à leur prospérité et à la con�
« peu « servation des colons ? » Par exemple, il n’y a peut-être pas de pays qui ait plus de réglemens d’ordonnances
que la colonie de St.-Domingue. Le nombre en est infini et si l’on peut leur donner le nom de lois
il faut convenir qu’elles ont un. caractère trop sensible de mutabilité et d’ar�bitraire. Elles sont presque toutes contra�
dictoires, et toutes changent à chaque
renouvellement d’administration. Comme
elles sont grande partie l’ouvrage de
en
ceux. qui gouvernent les colonies, elles éprouvent nécessairement les mêmes révo�lutions.
De nouveaux administrateurs arrivaient et n’étaient en place que pour trois ans l’étaient leurs prédécesseurs ils
comme pensaient comme derniers, quant à la
ces mutation et pour faire apercevoir davan�tage leur autorité ils commençaient pardétruire ce qu’on avait fait avant eux. Ils s’imaginaient que leur,! administration les autorisait à faire changer les lois et abro�geant les anciennes, ils en créaient de nou�velles sur un nouveau prototype. Il est sensible que si depuis que la colonie
de St.-Domingue a des chef’s elle a éprouvé cette instabilité de trois ans en trois ans ou à-peu-près les ordonnances en doivent
être innombrables. On peut se convaincre
de cette vérité par la collection immense
que M. Moreau-de-Saint-Méry en faite
a dans les tems. Cette collection devient plus que jamais précieuse elle est d’une très�grande utilité pour la législation tant dé�
sirée et si nécessaire. « Car, dit un auteur
« des Maximes du gouvernement, avant de
ce bâtir il faut amasser des matériaux. » Et
pour des édifices de ce genre, il n’y a que deux sortes de matériaux, les lois que l’on compile, que l’on rapproche ou que l’on explique, et les exemples qui, montrant les effets et leurs causes peuvent conduire aux `principes.
On a dit quelque part que les nations de l’Europe auront de bonnes mœurs lorsque elles auront de bons gouvernemens. Pour
moi,jepenseque lescoloniesauronttoujours
de bons gouverneméns quand ceux qui les gouvernentaurontdesmoeurs.Leschefs assez généreux pour oublier quelques instans une portion de leur intérêt personnel et pour s’occuper de celui des autres, hâtent la réfor�mation des moeurs, et bientôt l’on voit chez les citoyens les vertus politiques et sociales qui leur conviennent. Il est plus aisé que l’on, ne croit, un chefde se faire aimer. Déjà
il a par sa place la première chose la plus difficile à obtenir la considération. D’a�bord il inspire l’espoir et la confiance
on est disposé à lui croire les qualités qu’an�nonce son rang, et il a bien peu de choses à faire pour soutenir la réputation qu’on lui donne d’avance. Ainsi le chef que l’on hait le veut bien et il est rare qu’il ne soit pas haïssable par sa faute; tout dépend de sa conduite et de son ton. L’on se met aisé�ment à l’unisson de ceux qui tiennent les rênes de la société. J’oserai le dire mêmes, le peuple marque la mesure des passions de ceux qui gouvernent il se met toujours à leur niveau. On sait que les opinions et les habitudes font les mceurs que l’usage sou-vent les détermine et le peuple s’imagine pouvoir .et devoir même imiter ce qu’il voit dans ceux qui par état sont faits pour lui donner l’exemple. De tous les administrateurs qui ont géré
les colonies on r.egarde MM. de Larnage
et Maillart comme ceux qui ont mis le plus
de sagesse dans les ordonnances coloniales.
Ces deux chefs font encore l’admiration des
habitans, et la tradition est on ne peut pas
plus glorieuse pour .eux. Ils ont gouverné
ensemble, pendant beaucoup d’années, la
colonie de Saint-Domingue l’un comme
général, et l’autre comme intendant. On
l’un et l’autre d’un accès
rapporte que
facile, étaient d’une douceur, d’une bonté d’une sagesse et d’une prévoyance admi�
rables. Ils étaient d’un accord’parfait mêmes
vertus mêmes intentions et tous deux d’un mérite et d’un savoir peu communs ils travaillaient concurremment, sans jalousie et sans relâche a tout ce qui pouvâitrendre
les colons heureux. Ils étaient adorés, dit�on, et leur aménité leur clémence n’en rendaient les citoyens. que plus soumis aux ordres et que plus attachés à la mère-patrie, que ces chefs méritaient si bien de repré�senter. Enfin, je paraîtrais exagéré si je rapportais tout ce qu’on en dit encore. On les a souvent cités pour modèle aux chefs qu’on.
envoyait dans les colonies, et j’ai entendu des discours où les colons faisaient des vœux pour que leurs nouveaux chefs leur ressemblassent mais soit que la nature ait
besoin de se reposer après avoir créé des êtres aussi précieux soit que le gouverne�ment d’alors ne se donnât pas la peine de choisir, ou qu’il crût. que le premiers venu;
était toujours bon pour les colonies, il est de fait qu’on n’a point trouvé dans leurs succes�seurs tant de vertus réunies. On eut un bon intendant et un mauvais général, ou un bon général et un mauvais intendant et quel�quefois tous deux étaient haïssables.
Que l’on parcourt la Collection des lois de Saint-Domingue par M. Moreau-de�Saint-Méry, et l’on aura un vrai plaisir à lire les règlemens des deux chefs que nous citons. Le lecteur qui sait apprécier les choses, y reconnait ce caractère heureux de l’homme, qui n’a que la félicité publique
en vue. Quoique leur législation ne soit pas sans défaut sans doute les tems ont
parce que
changé, elle peut servir de cannevas à celle
que l’on projette. On doit particulièrement
s’arrêteraux ordonnancesqu’ils ont rendues
depuis 1740 jusqu’en 1748.
Leurs successeurs les plus sages sont ceux qui ont fait reparaître ces mêmes lois quoique sous une autre forme et ceux que l’on destine à gouverner les colonies ne manqueront pas sans doute, s’ils sont plus
jaloux de la gloire que de la fortune, de
réunir leurs efforts pour mériter une repu�
tation que les colons ne refusentpas, mais qu’ils ne prodiguent jamais.
On prétend encore que MM. de Larnage et Maillart, persuadés que le bonheur des habitans est en proportion de la bonté de leurs moeurs, ne négligeaient rien pour les adoucir et pour leur donner l’exemple de la conduite la plus morale et la plus ver�tueuse (i). Ils ne se sont jamais trouvés dans cette nécessité impérieuse qui masque les injustices les plus révoltantes du nom im�posant de coups d’autorité et jamais ils n’ont fait usage de cette dureté de caractère, de cette volonté sévère qui avant eux ou après, ont été si souvent la seule loi des
chefs. Ce qu’ils refusaient était toujours ce qu’ils ne pouvaient accorder aussi ceux dont la demande était sans succès, s’en re�tournaient en faisant même l’éloge de leur
(1) On ne leur a jamais connu de mulâtresses ou Je
ces femmes blanches qui ont si souvent fait commettre des injustices aux chefs des colonies. Ils repoussaient tout ce qui pouvait sentir l’immoralité et M. Maillart disait qu’on était indigne de représenter la souverai�neté, sitôt qu’on avait les faiblesses communes aux autres hommes.
justiceet deleur sagefermeté.Pour protéger
un citoyen, ils ne jugeaientque du mérite de
son droit, et ne lui faisaient point acheter
par des bassesses et des humiliations l’avan�tage de pouvoir être utile à la chose pu�blique. Une de leurs occupations principales
était de connaître les individus pour les
placer à mesure et sans qu’ils eussent besoin
de solliciter. et 0 administrateurs, dont on cé�
vous lèbre encore aujourd’hui les vertus le ta�lent, le désintéressement, l’humanité la patience la justice, les longs travaux et l’exacte probité recevez l’hommage d’un cœursensible touteslescoloniesvouscitent pour exemple et pour modèle. Il est bon d’ap�prendre à vos successeurs que jamais pères ne furent plus tendrement aimés, obéis et res�pectés de leurs enfans que vous le fûtes tous deux des colons. » Quand le ciel, dans sa clémence donne aux colonies de bons administrateurs on devrait les y laisser au moins pendant dix si l’on aperçoit au fond du danger dans
ans la perpétuité de leurs places car rien n’est. plus nuisible aux colons que le changement perpétuel de chefs clui, se regardant comme
passagers,nepeuventy faire quetrès-peude
bien, et qui partent au moment même qu’ils
ont acquis les connaissancesnécessaires pour
les gouverner.D’ailleurs ceux qu’on envoie pour admi�nistrer les colonies ne sont jamais d’un assez haut rang pour qu’on appréhende la moindre entreprise criminelle contre l’autorité
su. prême. D’un autre côté le local et le carac�tère général des français d’outre mer se�raient un obstacle invincible à cette folle témérité. A envisagerle premierbutdelapolitique, il n’y a donc point d’inconvénient à les per�pétuer ou à les laisser long-tems dans leurs places. Qufon fasse la plus sévère attention à leur choix qu’on exige d’eux du juge�ment, des lumières et de l’éducation qu’on les rende responsables des abus d’autorité qû’onleurdresse unplaninvariabledecon�
duiteet depuissancequ’onleurdécriveun
cercle d’où ils ne pourront sortir impuné�ment, qu’on les empêche de se faire le centre
de leur pouvoir et quand ils seront dési�gnés, qu’on les envoie quelques années avant l’expiration du tems de leurs prédé�cesseurs pourqu’ilsconnaissentleuremploi,
et l’on peut être assuré que de cette manière la durée de leur mission ne sera qu’avanta�geuse. C’est ainsi qu’avec de bonnes in-. tentions ils auront de bonnes vues ils auront de bons moyens et par conséquent de bons résultats.
D’un autre côté encore, les colons éprou�veront l’agrément de n’avoir pas à tout mo�ment, pour ainsi dire, à décliner leurs noms à étudier sans le moral de
cesse ceux qui les commandent
car ceux qui ont étudiéparfaitementles coloniessaventcom�bien cela offre d’inconvéniens et combien il est avantageux aux colons d’avoir un chef qui les connaisse.
Un bon gouverneur est un présent ines�timable, sur-tout dans les colonies, et l’on, voudrait que son tems fûtéternel. Quandil n’abuse pas du de celui qu’il repré�
nom
sente, et que sous ce prétexte irrésistible,
il ne vexe pas les citoyens par une foule
d’oppressions de détail impossible à dé�crire, par mille tracasseries qu’il peut faire éprouver sans que le ministre en soit ins�truit, il devient le père d’une famille innom�brable, et sa place est une des premières
et des plus précieuses dans un état bienor�donné. Cependant cette perpétuité de
comme
gouverner ne serait pas sans un inconvé�
nient sensible, et que pour un bon gouver�
neur il y en a vingt qui ne pensent qu’à
leur propre bien-être, à leur avancement,
à leur pompe à leur orgueil et qui, rap�portant tout à eux s’imaginent qu’on les met à la tête d’une colonie
comme à la tête d’un atelier d’habitation, qu’ils peuvent dis�poser des colons comme des esclaves les harceler sans les traiter avec hau�
cesse ’teur les punir ou les récompenser sans autre examen que celui de leur caprice
en-
fin, dis-je comme il peut arriver que beau-
coup de gouverneurs se succèdent et se
persuadent tous que le droit qu’ils ont de
commander leur est donné en pleine pro�priété, ou que le gouvernement qu’on leur
confie est en quelque sorte, un bail à ferme
dont ils peuvent s’approprierbiendes choses,
il me semble que pour éviter les énormes
abus qui ne peuvent que résulter de ces opi�nions pernicieuses on devrait .user de la
précaution très utile d’établir un conseil
d’administration dans chaque colonie.
Lesfonctionsdececonseilconsisteraient il soulager les administrateurs dans leurs tra�vaux, et à diriger plus sûrement leurs ac-. tions dans le chemin de la justice et de la saine politique. Il lui serait permis de faire ses représentations sur tout ce qu’il croirait injuste ou impolitique il serait même tenu
une espèce de journal dont il enverrait ex�pédition au ministre deux fois par an, avec des apostilles.
Cependant il ne faudrait pas que ce con�seil entravât les opérations il ne serait que pour prévenir les chefs contre les surprises et en définitif, les premiers administrateurs auraient le droit de passer outre. C’est alors qu’on pourrait avec justice examiner la
conduite de chaque gouverneur à la fin de sa gestion ou le rappeler. pendant son exer�cice si sa tyrannie était démontrée par le conseil d’administration. On opposera que ce conseil peut être sub�jugué par les chefs, et cela serait possible si les personnes qui le composeraient étaient des hommes ordinaires. Mais le choix re�médie à tout et en définitif
on ne pour�rait pas toujours le capter. Si rien n’est sans abus, il faut convenir que cet établissement
en offre beaucoup moins. Il servirait à con�server long-tems les bons chefs, et à retenir du moins ceux qui, naturellement injustes, durs et capricieux seraient tentés de n’a�voir que des entreprises despotiques et révol�tantes. Sous ce point de vue seul il offre donc plus d’avantages ,que d’inconvéniens.
D’ailleurs, au moyen de ce conseil, les chefs bien intentionnés n’auraient point à craindre leurs propres préventions qui peu�vent les aveugler ils seraient moins sujets aux méprises qui peuvent les égarer
aux
surprises des flatteurs qui peuvent les avilir.
Ils n’auraient plus à redouter l’ineptie ou l’avidité des agens qu’ils sont forcés d’em�ployer sous leurs ordres et qui peuvent les
faire prévariquer. Du moins ils seraient pré�
servés des grandes fautes étant avertis des grands abus par ceux qui, pour la gloire de leurprofession, seraientintéressésàéclairer les chefs, et à qui un caractère sacré don�nerait cette salutaire hardiesse. Le droit de remontrances étant assuré à conseil
ce comme un de ses plus beaux privilèges, son
amour-propre flatté lui en ferait faire usage dans les circonstances qui l’exigeraient.
Il y a plus par esprit d’économie, ce con�
seilpourraitremplacerletribunalterrier qui est un siège de trop dans la justice. Il y a long-tems que l’on, aurait dû rendre cette sorte de jugement à des juges naturels. Un gouverneur qui voyait tout en militaire un
intendant qui n’avait en vue que l’adminis�tration, et tous deux enfin, surchargés de travaux, n’étaient guères propres à connaître seuls de ces matières abstraites qu’offrait et qu’offrira tous les jours la terre des colonies. Les trois conseillers d’une cour souveraine qui n’étaient dans cette occasion, que leurs
assesseurs,nevoyaientpas avec plaisirqu’on les déplaçât de leurs sièges souverains pour juger, dans un tribunal inférieur, dont on appelait simplement en France comme des jugemens de première instance. D’un autre côté si un conseiller se trompait le
avec général et l’intendant, on sent ce qui devait en résulterfréquemmentcontrelespropriétés foncières, Ainsi le conseil dont il s’agit pourrait avoir l’attribution des causes de ter�rain, pourrait être présidé par les chefs, et il résulterait un grand avantage pour les
en colons. Cet.articleimportantdoitentrerpour beaucoup dans la législation des colonies. Enfin la législation comme on le sait
est un bienfait et toute législation est une convention par laquelle les hommes s’obli-gent à faire ou à ne pas’ faire telle ou telle chose convention des hommes entr’eux sous la garantie de l’intérêt commun, qui est que les hommes sachent sur quoi compter de part et d’autre.
Il est donc essentiel que le chef qui peut faire exécuter les conventions sur lesquelles repose toute l’économie sociale, soit connu et choisi pour les exécuterlui-même. Comme un homme ne peut avoir de droit sur un autre homme qu’en vertu d’une condition qui est toujours un avantage réciproque il s’ensuit, dans nos moeurs qu’un tel chef qui abuse de l’autorité que le gouvernement lui confie pour un tems mérite qu’on le méprise et qu’on le punisse sévèrement.
Dans ce c’as quelle serait donc la meil�leure manière de faire la législation des co�lonies ? C’est ce que l’on cherche depuis long-tems etilparaitqu’onne l’apasencore trouvé. Il y a bien eu en 1762 un conseil de législatïon créé d’après un arrêt du conseild’état, maisilestrestésansactivité et quand il existerait devrait-on le laisser dans la métropole ? Est-ce dans la mère�
patrie que l’on fera une bonne législation, pour les colonisesA juger par les événe�je crois la chose impossible. Exami�
«nens
nons un instant cet objet, il en mérite la
Si les lois se faisaient au hasard, si toutes convenaient à toutes sortes de pays et de
moeurs., sienfin il ne fallait qu’une brillante imagination et les principes d’une morale il n’estpas douteux qu’on ne trou�
savante vât dans la métropole des gens capables de travailler à ce chef-d’oeuvre. Mais les lois, pour être justes et solides., doivent en général être adaptées aux mœurs,:au caractère des peuples et à l’influence même du climat pour lequel on les fait. Cela .estsivrai,que touteslesloisd’un paysfraid. ne sauraient convenir à un pays chaud qui .donne d’autres mœurs et dont les intérêts se meuvent différemment. Dans les colonies il.ne faut pas les mêmes lois que dans l’état principal ou si l’on y conserve quelquefois le même fonds, il faut s’attendre à beaucoup d’exceptions, parce qu’il est reconnu quela distance des lieux la différence des po�sitions locales peuvent faire naître une grande diversité dans les intérêts*
Je sens bien que l’on peut. me répondre -qu’il est possible de composer dans lame.. tropole un conseil de législation pour les ’Colonies par-ce que beaucoup de personnes yontrésidé,et doiventpar conséquentavoir -des connaissances propres à cet objet.
Mais je répliquerai je pense avec raison, que ces personnes, toutes instruites qu’elles ^peuvent être, ne sont en état que de juger l’o�pération faite, et qu’elles seraient toujours -incapables de faire ce travail loin des lieux pour lesquels on les destinerait. Dans le fait,
.on a une toute autre manière de considérer un pays aussi éloigné quand on est dans le tourbillon de la mère-patrie on n’est plus le même, et la mémoire égarée par des préocupations involontaires ne garde plus -qu’une impression légère d’un climat si sin�gulier.
Veut-on un exemple familier de la vérité -que j’avance ? Que l’hommele plus savant de Paris quitte pour quelques mois cette capi�tale, qu’ilailleseulementàcinquantelieues, je suis comme assuré que s’il voulaitfaire -dans ce petit éloignement, des réflexions so�lides, des lois par exemple d’après
sa ,mémoire seulement » pour l’utilité des par
risiens il désirerait à tout moment son re-tour, parce qu’alors il se présenterait â sozi génie mille considérationsde localités qu’il aurait besoin d’approfondir sur les lieux memes auxquelles il n’avait pas songé parce que, sa mémoire quelqu’excellente qu’elle puisse être n’a plus que des idées imparfaites sur le local, et que de nouvelles sensations lui feraient oublier ou affaibli�raient considérablement les premières.
Au lieu de ce. savant mettez nn homme d’une instruction ordinaire mettez deux mille lieues à la place de cinquante à une légère différence de climat substituez une opposition totale et des mers innombrab:es a traverser, vous vous convaincrezaisémeit de l’impossibilité de faire à Paris toutes les lois qui conviennentaux colonies et quileur. soient bien adaptées. Cela posé,je regarde comme une nécessité physique comme une démonstration géo�métrique, l’obligation de poser dans chaque colonie le conseil destiné à travaille rà la législation particulière. Quelle la.
en sera composition Quel sera le moyen d’exaiter
leaèle des bons citoyens qui s’y consacre�
rôtit ? C’est ce qui va nous occuper quelques instans.
D’abord, il doit yavoir pour cet objet plusieurs conseils suivant l’étendue de chaque colonie, c’est-à-dire, un conseil général et plusieurs conseils particuliers.
Le.conseil général se tiendra dans.le chef lieu, dans la ville où siégeront les adminis�-trateurs. Ce conseil devra être composé du
général,deson-collègue desprésidonsdes
différens tribunaux des commissaires du
gouvernementauprès de la justice, de quel�
ques juges pris dans les divers, tribunaux et comme les magistrats ne sont pas toujours -les plus propres à faire des lois on y join�dra les plus célèbres parmi les hommes de -lois, deshabitansdupremierordredechaque
quartier, desnégpcians de la première classe,
et en proportion de la grandeurdes villes, et
-des quartiers. Cette assemblée pourraits’ap�
;Il commenceraitpar s’assembler le premier l’ordre des matières,de leur division et de la manière de lés distribuer à
plus que Je derniermois de tannée-et&ire’de
nouvelles distributions. Cette tinuerait jusqu’à la fin du code dé légis�lation.
Dans l’intervalle de la séance du conseil
� ï égislâtifpar conséquent tout le reste de
l’année, il se tiendrait �és conseils privés dans lés principales villes, présidés par lé commandant on par le chef de la ’justice des lieùxy et composés, l’iiistardù pre^ mièr conseil, de pèrsbimès’ inisfcrtïît�s ’:èt d’ô moeurs irréprochables. C&âcuint de ces seils s’assemblerait tous r-l�sJâ��xmoié’y’�fe leurs séances dureraient jusqu’à la fih’fe travàux,^qui éonsîstèrki�hfdails l’6�âïnen
des mémoires que cbàqùe ïnemBris" aurait compèsé’siur les cdà�venu, à feirè au conseil législatif» �
<c
Quand ces ôtevrâges anràient~�t�: rédigés
publies parla’ voie dé ï’im�pression et chacun, d�s’iîi’tby�ns ordinaires serait incité à donner ses -obserratfciks et même des îftiémoirés.
Aux àpprbcnes du grand conseil, cîia�que èoriîeîl^âriicuH�f àibprê’teTàit ses rédac�
sur les représentations du public si elles
étaient trouvées justes.
Ensuite le conseil législatif examinerait
de nouveau ce travail auquel tout le ,monde’
auraitconcouru illecorrigerait,l’augmen*
teraitau le diminuerai suivant sa prudence.
On refait une nouvelle rédaction du tout,
dont, on garderaitlminute. Un greffier serait
chargé de donner plusieurs expéditions de
cjssïpjs, et on. les enverrait au ministre, pour
le tout être encore examiné en France, e.t
iecey:onr la. sanction propre à les faire exé-
Je crois cette manière fort simple, et je n’aperçois rien qui arrête son exécution^ Tout-est^ libre dans ce plan;; il lie s’agirait
que d’exciterl’amour-propre des colons pourqu’ils s’offrissenlr volontairement dans une conjonctureaussi intéressante.
L’objet est assez important, assez désiré pour.éveiller le zèledès honnêtescitoyens;jj’oserais même assurer qu’il n’en est pas un gui pût se refuser à cette raison d’état; à cette obligationsi honorableà remplir.
En se livrant à ce noble travail., on n’ou�bliera pas que le vrai moyen de faire que les Jaommes soient moins malheureux » c’est da
les rendre plus honnêtes qu’il leur faut des: loisfixesque leurbonheurdoitêtrelepre�mier de leurs devoirs qu’une administra�tion n’est solide que quand elle est conforme�à la raison que ce n’est que de cette ma�nière que sa puissance coactive est respec�tée que les représentans de la puissance publique doivent jamais réveiller l’idée
ne
d’unpouvoirsans règles,d’une monstrueuse,
absurditéquimontreletyranet cachelechef
bienfaisant.
Le premier caractère des lois est d-’étre rai�sonnable, car une loi qui ne peut pas s’exé�cuter sans violence et qui n’est pas entraî�nante d’elle-même, est bientôt méprisée., et elle dirige promptement la. haine publique contre son auteur. Si elles condamnent un sujet,cenedoitêtre queparl’effetdesrègles qui avaient eu pour objet de le garantir lui�même de la violence..
C’est de cette sorte que peut se justifier la
force exécutive qui nécessite l’obéissance.
C’est en vain, a-t-on dit souvent, qu’on
étudie la politique ou la science des gouver�
nemenssi l’onneconnaîtpasl’hommeetses
rapports avec les êtres qui l’environnent
c’est-à-dire, l’ordrephysiqueetl’ordremixte.
En effet c’est en vain que l’on entreprend decréerunsystèmepôlitiqae,,sil’onn’a pas. une morfale on s’il ne doit pas en naître une�de ce système et ce sera toujours une mo�rale peu sûre et très-imparfaite que celle qui,, renfermant dans le cercle des choses pré�
se sentes et sensibles, ne s’élancerait pas dans. l’avenir et ver.s un Dieu invisible, mais qui voit tout et qui saitpunireomme récompen�ser.Lecommencementde larévolutionnous a prouvé pour toujours sans dautè, que la? morale du philosophisme, c’est-à-dire de l’athée et de l’égoïste, n’est bonne qu’aérée» une législation tortueuse, embarrassante qui ne porte pas sur les fibres sensibles de l’homme d’une apparence éblouissante, et.. quitombede faiblesse etdelangueur. Sousle gouvernementconsulaire, lestemples sesont ouvertes Dieu qu’on avait en quelque sorte déporté est rentré dans ses possessions, et sur le champ une législation s’est créée d’elle-même l’anarchie a cessé tout est rentré dans l’ordre maintenant il n’y a
et plus de peuple aussi doux plus raison�nable, plus,tranquille que le peuple lançais. Exemple qui confond les philosophes, dont tous les brillansraisonnemensne produisent
pas l’effet de la religion la plus simple des
sauvages
Il ne faut presque pas de lois avec la religion sans ellè les nombreux vo�lumes que la philosophie de l’an deux a faits sur lès lois ne servent à rien et quelques efforts que l’on fasse, si les législateurs n’ap�pellent pas Dieu à leur aide, il sera impos�sible d’avoir de bonnes lois parce qu’elles
ne peuvent être fôridées que sur les bonnes moeurs et qu’il n’y a de bonnes moeurs que là où il y a une religion.
Lecorps législatifdescoloniesdevra donc commencer par invoquer la religion et la prendre pour sa première base, s’il est dans l’intention que le monument qu’il doit éle�ver soit solide et durable.
Mais quelle sera la récompense de cette espèce de législateurs qui doivent procurer aux colons la plus douce tranquillité.? C’est un article important, parce qu’il faut con�
venir qu’il y a beaucoup de personnes dont la vanité se mêle dans tout ce qu’ils font, et qui sont plus jaloux de la considération des autres que de leur propre estime. D’un autre côté, il est vrai de dire que s’il est des hommes assez grands pour agir sans intérêts l’état ne peut pas pour cela se sous�
traire à la reconnaissance qu’il leur doit. La
récompense est toujoursl’alimentdes talens;
un heureux naturel les fait éclore mais la
bienfaisance les soutient dans leur vol et la
paix les fait multiplier. Il convient donc-que ceuxquicoopérerontàl’ouvragepénible des lois coloniales, se ressentent les premiers de leur justice et de leur raison. Comme l’on fait tout ce que l’on veut des colons avec l’honneur leur récompense ne coûtera rien à l’état. Quelques immunités pour les liabitans quelques avantagespourles négocians et des encouragemens ou des préférences pour les citoyens qui ne seront point membres de ces conseils mais qui se seront distingués par la sagesse de leurs re�présentations suffiront à des ames élevées comme les leurs. Ainsi tout le monde sera en activité et quelques regards du gouver�nement hâteront l’exploitation de cette pré�cieuse mine, ouverte depuis silong-tems et qu’on asisouvent abandonnée.Ce seral’ou�vrage des colons, ils le chériront, et ces lois serontreligieusementobservéespar euxdans tous leurs points. Alors ces citoyens, tran�duillement appuyés sur des lois qui ne va�rieront plus ou du moins si �réqu�mmejit.9,
Seréjouiront de n’avoirplusrien d’arbitraire
dans la justice. L’ordre est si puissant dit�on, le retour au voeu de la nature paraît si
raisonnable, que tout ce qui l’annonce doit avoir pour lui la faveur des peuples. Exami�nonsencore quelquesbases qui doiventcons�tituer cette législation.
La première occupation je pense, du codedelégislationcoloniale,est deréprimer l’esprit militaire qui a toujours tendu à per�sécuter,lescolons àlesénerver, àdétendre
les ressorts qui peuvent seuls les faire mou�voir au plus grand avantage de la mère pa�trie (1). On a dit avec assez de raison que
sous le prétexte de maintenir la’ sûreté au�dehors, les troupes servent à préparer la ser�vitude au-dedans. Avec cet appui, les chefs sont quelquefois tentés d’opprimer leurs su�bordonnés. La puissance exécutive, ayant la force en main finit par écraser la puis*
sance législative ou par s’en emparer. Un
(i) Je ne peux pas être suspect dans mon opinion passion décidée
car on m’a connu de tout tems une pour le militaire. Mais je sacrifierais tout pour la vérité; et l’âge, qui ne m’a point enlevé ce goût } le rend en moi plus’raisonnable.
gouvernementmilitaire tendau despotisme + et réciproquement,dans tout gouvernement despotique le soldat dispose tôt ou tard dé l’autorité souveraine. Aussi a-t’on dit qu’un chef, affranchi de toute loi qui restreigne son pouvoir ne manque pas d’en abuser et ne commande bientôt qu’à des esclaves qui ne prennent aucun intérêt à son sort. Celui qui écrase ne trouve point de défen�saur parce qu’il n’en mérite point gran�
sa deur manque de base, et il craint par la rai�son même qu’il s’est fait craindre. L’usage de sa milice contre les citoyens apprend à cette milice même ce qu’elle peut contre lui elle essaie ses forces elle se mutine elle se ré�volte. L’impuissance du chef la rend inso�lente, son esprit devient celui de la sédition
et c’est alors qu’elle décide et du maître et de ceux qui le conseillent. C’est ce que nous avons déjà vu dans les colonies.
Il faut donc tracer un cercle a u’pouvoir militaire,sitôtqu’on lepourraetquelesco�lonies ne serontplus en état de siège, etl’en�tour,er d’un mur impénétrable a sa fureur orgueilleuse. Mais il faut point d’ex�
ne trême on doit s’occuper à lui prescrire de justes bornes; et comme il est dans les prin�
cipes de la politique qu’il commande, il faut toujours lui laisserun pouvoir étendu et faire ensorte seulement qu’il soit moins odieux en étant plus éclairé. Les colonies avaient trop souvent des chefs durs et igno�rans. On sait que sous une a.utorîté arbitraire l’homme ne jouit point de sa personne que sous une autorité faible et chancelante il ne jouit point de vertu que dans l’un et
sa l’autrecas, les liens qui pouvaient l’attacher à l’ordre se rompent et qu’alors il s’aban�donne à tous les crimes utiles. Il s’agit donc ,de saisir un juste milieu. C’est cejuste milieudontil appartientaux réformateursouplutôtauxcréateurs deslois coloniales de s’occuper. On se rappelle sans doute qu’aux Philippines, îles situées près
de la Chine et appartenantes aux espagnols on poursuivait la mémoire d’un gouverneur, mort dans l’exercice de charge,, et que
sa celui qui était révoqué pouvait point
ne
partir avant que son administrationn’eût été
recherchée. Tout particulier pouvait porter
contre lui ses plaintes. Si ce particulier avait
éprouvé quelqu’un justice il devait être dé�dommagé aux dépens du prévaricateur, que
Ton condamnait de plus à une amende en�
le souverain, pour l’avoir rendu odieux.’
vers
Un gouverneur vraiment honnête n’a jamais dû s’opposer à ces formalités elles ne pou�vaient q; e mieux faire briller ses vertus.
Vous que l’on destinera sans doute à tracer les lignes de la félicité publique dans les co�lonies co législateurs qui devezré�
vous former les colonies, vous enfin que l’on at�tend avec tant d’impatience, que les pre�miers efforts de votre genre bienfaisant se dirigent sur cet objet que votre première loi porte ainsi le caractère de l’énergie, et
nous fasse désirer avec ardeur la fin de vos
travaux. Méditez avec l’abbé Raynal; et,
sans le suivre dans ses écarts, dites comme
lui Ce ne sont pas les hommes qui doi�
ce
vent gouverner les hommes c’est la loi. » recommandeégalementde nepas
Je vous oublier que plus la distance augmente, plus le despotisme s’appésandt et qu’alors les
peuples,privesde touslesavantagesdugou�vernement, n’en ont plus que les malheurs
puis�
et les vices. Enfin souvenez-vousque que la société est réduite au besoin d’avoir des guerriers, vous devez faire ensorte que les hommes qui la composent, ou une grande
partie d’entr’eux aiment quelque chose plus que la vie. La seconde base des lois coloniales
un point très -important qui doit fixer encore le regard du législateur c’est l’intérêt des habitans, celui de l’agriculture, l’ame des états excentriques. Je sais bien que, suivant l’histoire, l’agri�culture n’a pas été toujours en honneur. Elle fut la première peine infligée à l’homme désobéissant. Les sauvages la regardent en�core en dîfférens lieux comme un supplice fait pour leurs plus grands ennemis. Elle fut long-tems l’occupation des femmes, qui labouraient la terre jetaient les semences et faisaient la moisson dans ces contrées où l’amour n’énervait pas le courage. Bien des pays la considèrent encore, sinon avec mé�pris, au moins avec dédain. Mais le flambeau de la raison a dissipé parmi nous le préjugé de l’ignorance or�gueilleuse. L’agriculture, dans les colonies, appartient à la première classe des citoyens utiles et si les laboureurs de la métropole ’avaient la même éducationet le même génie des colons il n’est pas douteux que ce
privilège ne fut le même dans la mère patrie. Il faut donc que le conseil législatif s’oc�fortement de cet objet qui. fait
cupe que le
commercevientverserenEurope des trésors inappréciables. On doit donc veiller à ce que les habitans ne soient que rarement détournés de leurs travaux, et que leur sen�sibilité ne soit point irritée par ces sortes de vexations qui si j’ose le dire, n’ont été le plus souvent que l’effet des caprices politi�
ques. On doit les encourager en ne multi-pliant point les taxes ou en déguisant adroitementleurs charges, ou en masquant pour ainsi dire, la ngure toujours hideuse de l’impôt. Rien a-t-on dit il y a long -tems rien ne
peut flatter l’américain comme d’éloigner
desesyeuxtoutce quiluiannoncesa dépen�dance. Fatigué de l’importunité des exac�
teurs, il hait une taxe habituelle il
en craint l’augmentation. Il cherche en vain la liberté qu’il croyait avoir trouvée à deux mille lieues de l’Europe. Il s’indigne du joug qui l’attend à travers les tempêtes de l’océan. Il ronge, en murmurant, les restes. de son
frein et ne pense qu’avec dépit à une pa�trie qui, sous le nom de mère lui demande du sang au lieu de la nourrir. Otez-lui la vue et l’image de ses entraves. Que ses richesses nepaienttributà lamétropole qu’en y débar�quant, il se croira libre et privilégié lors même que par la diminution de la valeur de ses denrées ou par le surcroît du prix qu’il mettra aux marchandises d’Europe il aura réellement porté tout le poids de l’impôt qu’il ignore.
D’après cela il résulte que tout ce qui peut ressembler à l’impôt ne peut que dé�courager l’habitant et lui faire négliger des
travaux qui sont des mines pour l’état prin�cipal. Que le conseil de législation ou celui de l’administration coloniale.se souvienne qu’il faut au moins que le colon se croye libre et privilégié que ses chaînes doivent être très-légères et ses fers dorés. On peut le molester mais on ne saurait le forcer au travail et cependant s’il ne travaille pas la métropole ne peut que souffrir de son
inaction. Ainsi de bonnes lois sur cette ma�tière ne peuvent que produire à l’état des
trésors immenses inépuisables et constans.
Sur-tout que l’article des propriétés soit
traité avec soin. La sûreté des possessions fait celle d’un état elle augmente la popu�lation et attache l’homme à sa glèbe. Nous défendons avec courage un terrain que nous savons nous appartenir c’est ce qui fait qu’on aime son chef, sa patrie, et que pour l’un et pour l’autre on est prêt à verser son sang. Ii ne faut pas que les possessions soient incertaines ou puissent varier car alors les travaux se ralentissent ou cessent et. tout devient inconstant dans un semblable sys�tème. Il n’y a point de vertus civiles où il n’y a point de sûreté dans les propriétés�plus de zèle plus d’enthousiasmé plus de téméritéhéroïque. Oùl’on netient àrien on ne craint rien l’on ne se soucie de. rien. Ecoutez ce qu’on a dit à ce sujet.
« Cetusagedes possessionsamoviblesaété universellement réprouvé par lès hommes éclairés ils ont constamment pensé qu’un peuple ne s’élèveraitjamais à quelqueforce,
quelque grandeur que par le moyen des
propriétés fixes même héréditaires. Sansle
premier de ces moyens l’on né verrait sur leglobequequelquessauvageserranset nus vivant misérablementde fruits, de racines produit unique et borné dé la nature brute*
Sans le second, *iul mortel ne vivrait qiie
pour lui-même le genre humain serait privé
de tout ce que la tendresse paternelle ,.1’30�mour de son nom, et le charme inexpri�mable qu’on trouve à faire le bonheur de sa
postérité, font entreprendrede durable.* Le système -de quelques spéculateurshardis qui ont regardé les propriétés ,et sur tout les propriétés héréditaires comme des usurpa�tioins de; quelques membres de la société sur d’autres, se trouve réfuté parlesort detoutes les institutions où Fon a réduit leurs pria�cipes on, pratique. Elles ont toutes ïniséra�blement péri aprèsavoirlangui quoiquetems dans -4a-dépopulation et idans -l’anarchie. »
II faut donc dans les colonies, que l’on -ne
puisse-pas employer)’ si j’ose m’exprirnec
ainsi, la raison des baïonnettes pour forcer
un citoyen, comme je l’ai vu faire à don�ner sa maison ou son. terrain sur de faibles apparences, sans des motifs d’état légitime�mentraisonnables au fond et n’ayant en-
fin pour base qu’une volonté purement ar�
bitraire.:Le propriétairedoit y être maître
de sa chose et:l’être constamment;il n’y a
point de moment, s’il n’est pas criminel,
aà l’on puisse ayee raison l’en dépouiller^
il doit être libre de commercer avec celui quiluifait un plus grand avantage c’est à lui de mettre le prix à sa chose’ et il est naturel qu’il fasse à cet égard ce qui lui con�vient, comme il ne l’est pas qu’il ne fasse que. ce qui plaît aux autres.
Sanscela, quel plaisir, quel agrémentpeut�on tirer de sa’ qualité de propriétaire ? cen’est plus alors qu^usa; vaiianom quicouvrela servi�tudelaplusdécourageanteJlfautdottcùneloï fondamentalesûr cet objetqui frappe’beau�coup; en faveur! de celui qui travaillé. Celui qui s’établit su» -un bien vacant qui n’ap�part.lent,pointàdesmineurs>t qui1faitde grandstravaux,doit trouverdans une courte prescription larécompensede son utilitépu�bliquedans pays agricole.’Il faut faire né soitpoint sujette àinte’rprétatiô"ntcarlafacultéd’in�terpréter mène trop souvent à l ’arbitraire»-, -luâ: troisième ba«e delà législation ’colo�niale t est trop sou-vent obligé de distinguer du négociant dans
les que sa profession estlibre les voyages,les rteqùesr et les viei^sitttdeisde la.fortune,> tout lwiinspire l’âinôûf délin�
dépendance c’est-là son ame et sa vie dans les ,entraves elle languit elle meurt. C’est en peu de mots renfermer beaucoup de pensées, et l’homme qui connaît les co�lonies doit au moins apercevoir, dans cette courte description du caractère du com�merce une cause productive de bonnes lois à faire sur ce lien puissant de toutes les na�tions. On a dit de lui le
commerce est l’exercice de cette précieuse, liberté à la�quelle la nature a appelé tous les hommes a attaché leur bonheur et même leurs vertus. Disons plus, nous ne les voyons libres quedans le commerce. Ils ne le deviennent que par les lois qui le favorisent réellement; et ce qu’il y a d’heureux en cela,c’est qu’en même tems qu’il est le produit de la liberté, il sert à la maintenir. On sait aussi
qu’il occupe utilement des millions de bras
qu’il excite dans les campagnes à repro�duire, dans les ports à naviguer dans le
centre de l’état à élever des manufactures et qu’il répand dans toutes ’les classes les ri�chesses et le bonheur. ,Il’est donc indubi�table qu’il doit être une des premières bases des,lois coloniales que le conseil de légis�
lationdoit s’en occuper sérieusement, et
sur-tout si l’on est obligé de faire usage du étranger qui dans eè moment
commerce devient peut-être indispensable pour le ré�tablissement des colonies souffrantes. Je sais que le commerce étranger offre. beaucoup d’inconvéniens mais les colonies sont dansla situationdecesmalheureuxqui einpruntent à gros intérêts et qui finissent quelquefois par se tirer d’affaire. Je sais quel’on peut m’opposer « que tous ceux qui se sont élevés à la théorie du commerce ou qui en ont suivi les révolutions, savent qu’un peuple actif, riche, intelligent, qui est par�venu à s’eu approprierune branche princi�pale ne tarde pas à s’emparer des autres branches moins considérables. IL a de si
grands avantages sur ses concurrent qu’il
les dégoûte et se rend le maître des contrées qui servent de théâtre son industrie. C’est ainsi que la Grande-Bretagne parvint à en�vahir tous les produits d;u Portugal et de ses colonies. »
Nous avons bien vu, en tems dé guerre r des bâtimens français se couvrir d’un pa�villon étranger et venir ainsi dans nos
j’appelle com�
ports et ce n’est pas ce que merce étranger c’est alors la même choss
que le commerce national. Dans ce cas-la;
il ne faudrait seulement que faire attention
que de véritables étrangers,sous le prétexte
de laneutralité,ne s’introduisissentpas"pour
dévorernotresubstanceet laporterchezeux.
Cette ruse, tolérée par toutes les nations
est un soulagement bien grand pour les co�lonies. Mais, dans le style d’une politique
rigoureuse, n’est ce pas lé moyen de perpé�tuer les guerres et de répandre plus de sang ?
Le particulier qui ne ’voit que son intérêt
personnel, peut ne pas apercevoir cette cal’a�mité, et applaudir à cet acte apparent de
bienfaisance mais l’homme d’état qui doit
avoir des yeux de lynx, ne peut-il pas y aper�cevoir un malteur plus général qu’un bon�heur bien, étendu. Si nous pouvions user
seul de ce privilégie ce serait sans doute un
grand bien peur nous et’ une grande cala�mité pour nos ennemis mais l’usage en étant commun à toutes les nàtions, il doit néces�sairement en résulter une plus grande perte d’hommes, puisque cela tend propager la guerre et à donner au plus faible des res-sources pour multiplier ses victimes. Mais il est tout simple que si nos ennemis conti�nuent user de ce moyen nous devons
également nous en servir. Je ne parle donc
qu’en considérant la politique générale des
nations d’ailleurs la guerre cesse d’être une
invention infernale si ,comme on l’a pré�tendu, elle ne moissonne en grande partie que ces hommes violens et féroces, qui, dans tous les états, naissent ennemis et per�turbateurs de l’ordre sans autre talent sans autre instinct que celui de détruire. En considérant le étranger
commerce sous le même point de vue que mes adver�saires, je.ne vois donc pas l’impossibilitéde nous en servir avec avantage; je vois seule�ment.,qu’il ne faut emprunter secours
ses qu’autànt qu’on en a besoin et que c’est à la législation às’occuperdu moyen,dechan�gerrsoninconvénienten profitpourlesco�lonies, jusqu’à ce que Icçpmme/ce national soit en état de nous suffire. Maisje le ré�pète je crois le commerce étranger néces�saire pour long-tems aujç colonies et, la lé�gislation ne doit s’occuperqu’à écarter ce qu’il pourrait avoir de nuisible parades moyens cependant qui ne puissent pas le dé�
�es^trois, Bases, que,je, viens d’ébauçlier,, sont les .trois objets
tion doit poser son édifxce le reste n’test qu’une foule de divisions qui naîtront aisé�ment, et qui tenant toutes au même prin�cipe, se ressentiront immanquablementde sa solidité.
On vient de voir sans doute. que le pro�priétaire, l’agriculteur et le négociant sont les trois nerfs qui, bien ménagés dans les colonies peuvent procurer à la mère-patrie une masse considérable de choses aussi utiles qu’agréables. Je n’implore pas p.our les co-Ions, la générosité l’humanité, ni les vertus bienfaisantes du gouvernement principal de la France; je le prie seulement de considé�
intérêt personnel. Il suffit pour mé?
rer son et encourager des citoyens précieux
nager en raison des espérances qu’il peut fonder sur leur travail, pour leur donner:des lois douces et tranquilles qui ne leur montrent qu’un glaive au milieu des récompenses les plus encourageantes C’est l’infaillible moyen de réunir plusqtfe jamaisplusieursvolontés en une seule de manière que:tous agissent comme un seul homme. C’est lavoix du gé�néraÏ qui fait agir cent mille bras à-la-fois Ce.sera enfin parvenir à cette.unité d’acti�vité .etd’action à cetteforce, collective-, à
cette totalité ’des forces particulières "t sans laquelle les colonies sont toujours sujettes aux révolutions désastreuses.
Cet état permanent de lois presqu’inva�riables, que les juges ne pourront altérer par de fausses interprétations et qui ne pourront être’ violées par l’arbitraire mili�taire, jetera parmi les citoyens la semence du bonheur. Il excitera dans leurs veines cette fermentation active qui produira leur
félicité. Il multipliera à l’infini les richesses
de l’état principal dit-on, où le
parce que
peuple veut toujours par lui-même et pour
lui-même, le gouvernement est le meilleur
et le plus naturel et par. conséquent le
mieux aimé et le mieux servi.
On conçoit parfaitement que tout ce que nous venons de dire peut être susceptible de quelques modifications mais ce n’est point ici un traité’ entier dé législation, cette
tâche n’entre point dans notre travail nous ne nous sommes engagés’ qu’à donner dès àperçusqui puissentfaire naître décidéesquelélecteurdoitie chargerlui-même d?a pprofon�dir. Il y aurait tant de parties séparées de�velopper, que plusieurs volumes pourraient être employés àcette -seule occupation.iL
en sera de même de ce qu’il nous reste à dire., Aux trois bases do.nt-de
nous venons parler, il faut s’empresser de joindre celle
de la populatian car les plus belles lois da
monde ne servent à rien dans un désert.
Déjà nousavonsdéveloppé quelques moyens
de peupler la Louisiane, ainsi que les co�lonies en général mais il est important que cette populationunefoisétablienediminue plus que par les lois de la nature et c’est ce qui occuper. Nous prendrons
va nous pour exemple la grande colonie de Saint-Domingue. Cette reine des Antilles vaste, commode et si riche naguère, devait être beaucoup plus peuplée qu’elle ne l’était. Elle ne con�tenait pas plus de trente mille blancs. Ce�pendant lès émigrations de la mère-patrie étaient assez fréquentes. D’où venait dôme cette espèce de pénurie de blancs ? Elle naissait de plusieurs causes et nous en remarqué une à laquelle on eût dû
avons promptement porter remède. Il n’y avait point de pays où les successions fussent plus abondantes et plus rapides.
La première peste qui dévorait. le genre humain sous cette zone brûlanté est une espèce d’hommes que l’on y appelait tnéde-.
cinsc’étaitenplusgrandepartiedeshommes qui, après avoir dépecé quelques cadavres enEurope,allaient dans cettecolonie porterleur ignorance et leur morgue, leur empi�risme et sonfléau.
Au milieu de cette épaisse obscurité, on y a vu quelques lumières. De mon tems je n’y ai connu que MM. Arthand médecin du roi ;.la Roche, médecin, à qui les français ont eu tant d’obligations dans les Etats-Unis, Dasille ancien chirurgien-major et depuis médecin Devèze médecin, après avoir été chirurgien cité pour l’habileté des opérations, Lafond et Guyot qui ne faisaient pas moins bien la médecine, quoiqu’ils n.’eussent que le titre de chirurgien je n’ai connu qu’eux, que l’on peut citer pour avoir des talens rares en médecine et en chirurgie. Ces hommes précieux avaient l’estime et la confiance universelle, mais la multitude de
leurs confrères empoissonnait bien leurs jouissances.Ils en ont été persécutés, vexés, martyrisés, et souvent ils ont été victimes de labasse calomnie de la jalousie sans ému�lation, et de l’autorité trompée. C’est ainsi que leur artdivin s’éclipsait, dans les colo�nies, tandis que des charlatansy usurpaient l’empire, de la médecine.
Cette Ignorance universelle des; autres hommes de l’art, est la première cause qui grossissait épouvantablement les registres mortuaires de cette colonie, et qui faisait qu’une fièvre de vingt-quatre heures inquié�tait un malade et les siens. On appelait l’esculape souvent plus pour la’ forme que par la confiance qu’on y attachait. On ne voulait avoir rien se reprocher:, et puis on espérait que le hasard lui suggérerait
remède utile et c’est ainsi que trop
un
souvent la f aulx moissonnait des citoyens d’un grand prix c’est ainsi que de tout tems le plus grand nombre de ces docteurs envoyaient leurs ,malades plaindre
se en
l’autre monde. Ensuite ils palliaient leurs
sottises aux yeux du peuple, en criantan
climat, à l’intempérance aux maladies,,
comme si l’on n’avait besoin de médecins que quand on.se porte bien. Malgré cela on-les tolérait avec leurs vices, et l’on s’en servait,probablement,à causedu-nomcon�solant qu’ils portent. Il est bien étonnant que cet art ait été dans les colonies celui: qui ait toujours fait le moins de progrès
Les médecins. èt les chirurgiens sont donc;,
une clasise-suB laquelle la; législation doit.
porter un oeil sévère elle ne saurait trop
s’occuper de cette profession sublime, si
honorable pour ceux qui l’exercent
avec connaissance, si consolante pour la triste humanité qui regarde la vie comme un grand
bien.
Quel serait le moyen d’extirper cette fu�neste ignorance ou de substituer à cette lumièreartificielle*unélumièreviveetpure ? Le voici, je crois.
Désormais qué ni médecins, ni chirur�giensne soientreçusdanslescolonies qu’ils ne soient d’abord envoyés par les facultés dé France lesquelles répondront devant le gouvernement des sujets qu’ils enverront. Avant que ces hommes partent’, ils seront
scrupuleusement examinés comme s’ils de�
vaient exercer leur professzon dans le sein
de la mère patrie.
Arrivés dans les colonies on les distri�butera dans les divers hospices où ils seront en sous -ordre pendant l’espace de deux années et après s’ils donnent dès preuves de leurs talents on peut leur laisser la per-, mission d’exercer publiquement. On les dis�tribuera suivant le besoin des quartiers, et l’on veillera pour qu’ils se succèdent sans
se faire tort par une .trop grande concur^
rence. Il faut sur tout faire ensorte que
les plus instruits
se portent sur les extré�mités éloignées des villes
et sur ces mon�tagnes ou l’on est souvent sans ressources,
pour consulter plusieurs ensemble.Alors on. ne pourra, que voir avec pïàisiil cette nour velle espèce d’hommes précieux fâire. for�tune en peu d’années. Il est juste que les talens soient grandement récompensés. Je
sais, bien qu’il y aura moins de maladies mais on paiera plus cher, et tout le monde y gagnera.
�
Il faudrait aussi que la faculté Tde méde�èine de Paris, par exemple, eût ses inspec�
teurs pour les envoyer de tems à autre dans les colonies pour prendre des informations sur leurs sujets:afin de les contenir ou de les expulser même si leur choix ne répon�dait point à leur attente ou pour distri�buer des récompense6 honorifiques à ceux qui se seraient distingués.
Sur-tout que l’on raye avec indignation du tarif des chirurgiens, l’article 10 qui dit ce Le chirurgien en ville ne sera payé qu’enraison des REM�DES qu’il aura fournis, et des pansemens et traitemens qu’il aura
faits. »
C’est un abus révoltant qui a coûté la vie
àbiend’honnêtesgens. Qu’onmette unjuste prix à leurs visites suivant même la diffé�rence des maladies, et qu’on laisse aux chefs de leur profession le soin de décider le nom�bre ou le montant des visitées qu’ils doivent faire le jour et la nuit.
’Qu’on ne permette point aux chirurgiens de vendre dès drogues, ni de s’associer aux droguistes,’ cette faculté et cette association sont toujours dépens des pauvres
aux malades;. Quel’onnepermette pointauxmarchandes droguistesles fonctions des pharmaeopistes,
et que l’on veillé a ce que les: apothicaires connaissent bien la mixtion des remèdes. tes apothicaires devraient également être envoyés par les facultés de médecinede là mère-patries La pharmacopée est pour ainsi dire-, la main de la médecine et de la chi�rurgie, il, est par conséquent indispensable qu’elle connaisse parfaitement ce qu’elle manie ou travaille, et qu’elle soit revêtus ê-’vm.caractèrequi inspirela coniîance.G’est
un chimiste qui compose et dont l’erreur peut coûter la vie et ce qu’il y a de plus affreux causer une langueur cent fois plus cruelle que la mort.
La colonie de Saint-Domingue contenait, outre les blancs peut-être plus de six cent mille nègres, et sûrement elle méritait bien que l’on prît pour elle les précautions que naus suggérons. L’humanité, l’intérêt, la religion; tout en faisait un devoir aux admi�nistrateurs, et cependant rien de tout cela n’aétéfait, oul’onn’yvoyaitqu’uneébauche de ces idées C’était pourtant là le moyen de
l’espèce humaine dans des pays
conserver où, les maladies sont beaucoup moins nom�breuses qu’en Europe, mais qui portent
toutes à l’inflammation et dont la plus commune ne laisse souvent pas huit jours aux malades.
Je puis, donc croire que l’ignorance hon�teuse de la plupart de.s médecins et des chirurgiens que l’on envoie dans les colo�nies, fait ce qu’on y appelle la dureté du climat, et que la réforme que je sollicite
bien des colons enlèverait à l’air
pour le
beaucoup de l’influence que l’ignorance
subtile lui prodigue. On n’entendrait plus si souvent les médecins et les chirurgiens -contrées lointaines dire à leurs ma�
de ces
lades Il faut changer d’air et passer en
France. C’est un aveu formel de leur inca�pacité ce n’est pas l’air qu’ils veulent que vous alliez chercheur, ce sont des médecins et des chirurgiens encore faut-il leur savoir .gré de-cet aveu tout déguisé qu’il paraisse. Cette cause enlevée, il en subsiste encore qu’il faudraitextirper c’est le fond
-une
de chagrin qui s’empare de ceux qui débar�quent dans les colonies sans recommanda�tion et sans moyens. La mélancolie que fait
naître le besoin enflamme leur sang, et ils
périssent faute de secours.Commece nombre
en est considérable et-qu e cette perte arrête
la population il est plus que jamais impor�tant de remédier à cette douleur mortelle
qu’éprouvent ceux qui ont fait le sacrifice
de leur mère-patrie de leurs parens et de
leurs amis, par l’espoir d’améliorer aisément
leur sort dans des régions éloignées qu’ils
ne connaissaient pas. Je crois qu’il n’y
aurait rien de mieux à faire que d’étabiir un
nouveau genre d’hospitalité, et voici ce que
je conçois à cet égard.
On pourrait former une communauté in�définie dont la charge serait de prêter les sommes absolument nécessaires àceshommes sansfortune,quivontdansles coloniespourcontribuer un jour à l’éclat et aux richesses de. la chose publique. D!après les précau�tions que nous avons recommandées on
serait presque,sûr de, n’avoir que des per�sonnes honnêtes alors pour ne pas trop
humilier
ces emprunteurs et ne pas trophasarder, les fonds, qui ne seraient jamais très-considérables puisqu’il; ne s’agirait que des, premiers besoins de la vie il paurrait être permis cette communauté de prendre dix pour cent par an, ce -�qui: n’est pas: un
prix excessif dans les colonies. Comme les
emprunteursseraient dans le cas de sefaire
connaître bientôt ..ils ne tarderaient pas à
trouver -les moyens de se libérer, puisqu’ils n’arriveraient que pour travailler-, et les prêteurs se couvriraient de gloire sanscourir de grands risques. Je me doute bien que,malgré le:"soin que j’ai indiqué pour, s’as�
qui
passent dans les colo�nies on ne manquera pas de crier à la sûreté»,.à la friponnerie je répondrai avec un auteur imposant
K Celui que vous avez avili à ses propres yeux par de la méfiance, n’ayant rien à perdre dans votre esprit., ne se fera aucun scrupule de montrer dàns l’occasion
se
fourbe lâche traitre, imposteur, tel qu’il
est, ou même peut-être tel qu’il n’est pas
mais tel qu’il sait que vous l’avez jugé
tandis que celui auquel vous avez témoi�
gné de l’estime ne se dégradera point s’il
ne la méritait pas. Supposer aux hommes des vertus et-des vices, c’est souvent un moyen de leur en donner. »
_On me demandera peut-être aussi où l’on trouvera des actionnaires pour cette œuvre pie: d’abord on en trouve pour une foule de, choses qui ont moins d’importance en-suite je rends aux colons la justice d’a�vouer qu’étarit portés naturellement à
se�courir leurs semblables si l’ingratitude des obligés a dû altérer en eux le sentiment de bienfaisance qui leur est propre il est facile
de les y ramener promptement par une sé�rieuse attention sur les nouveaux débar�qués, et en donnant à la société des secours
toute la considération qu’elle mériterait. Je
mé rappelle qu’en r778 lorsque je proposai
cette idée, il était question de donner-cette
maison de prêt le nom de I’hôtel DES RHÉTEURS.
Cet hôtel pourrait être aussi d’une grande utilité beaucoup d’honnêtes citoyens des colonies qui ayant besoin de fortes sommes pourraient les y trouver sur des nantisse�mens, et qui faute de capitaux ne font pasleur fortune.
Il pourrait même par la suite devenir une branche de où les prêteurs et
commerce les emprunteurs pourraient, sans encourir les reproches trop ordinaires en pareil cas,
s’obliger réciproquement. Ce serait égale�mentla ressourcedeceshonnêtes gensqui, par les préjugés de l’éducation, attachent de la honte à réclamer les secours des hôpi�taux publics dont l’institution est toujours belle, et où les administrateurs sont presque toujours durs et susceptibles. Si cette heureuse institution avait lieu il serait facile d’en rédiger les statuts, et d’opposer une barrière aux hommes assez vils, assez ingrats pour en abuser. Le mal�heureux capable d’oublier dans prospé�
sa rité un pareil bienfait serait puni honteu�sement par l’opinion publique. Je suis sûr
seraient infiniment rares, et
que ces cas
l’hôtel des prêteurs trouverait dédom�
se magé matériellement par le droit de dix pour cent, qui lui serait légalement accordé. Pour achever la bienfaisance de cette
société de secours; il faudrait que les opé�rations en fussent secrettes, et qu’elles ne se
divulguassent que dans le cas de la mauvaise
foi. On pourrait y parvenir en mettant un nom étranger sur les registres on prendrait un certificat de l’emprunteur comme il a pris tel nom. Quand il aurait satisfait à son obligation on lui restituerait son certificat et ainsi tout tomberait dans l’oubli. Les malheureux arrivans qui ne pourraient pas donner de nantissement, seraient retenus par l’honneur, et par la crainte de voir leur mauvaise foi découverte dans un pays où l’on connaît bientôt tout le monde.
De cette manière les européens ne
se�raient plus inquiets sur leur sort dans les colonies, oû. une si grande quantité meurt
dans le commencement faute de moyens.
Le nombre que j’y ai vu mourir est effrayant.
Cette portion d’hommes-cependant est bien
importante aux vues même de cette poli�tique qui a des yeux et point d’entrailles.
C’est avec de semblables-précautions que
l’on peut former une nombreuse population
dans les colonies les y entretenir au
et profit de la mère patrie et si jamais les malheureuxcolonspeuvent par venirà fondre les glaces qu’on leur oppose depuis laxévo*�lution dont ils ont été si cruellement vic�times, ils récompenserontleurs bienfaiteurs par des travaux.-qui rempliront souvent les coffres publics.
Ce que nous venons d’exposer pour les colonies en général s’applique naturelle�ment à la Louisiane. Il ne faut pas oublier que la Louisiane, Saint-Domingue et la Martinique avec ses dépendances suffiraient à la plus grande nation, et pourra gloire, et pour ses richesses. Je. ne dis pas* qu’il même au Séné�
faille renoncer aux autres gal, à la Guyanne, à Cayenne (i) quoique�
(r) Il faut convenir que. l’île de Cayenne, qui -est .m veut, a une position fort avantageuse en.politique. Elle peut également, par ses ports, donner lieu à la cons�truction des plus grands bàlimens. Elle a des bois qui sont presque aussi beaux que ceux de, la Louisiane, pour les mâtures. Le cèdre, sans y être aussi gros, est-d’une aussi grande utilité et si l’on avait bien voulu, cette îte ne serait point à charge à la France. Son climat e,st
l’on n’en tire pas tout ce que l’on s’était pro�mis mais la France a le plus grand intérêt de porter au complet la population de ces trois colonies qui lui fourniront en abon�dance les choses dont elle a le plus besoin. La position politique de là Martinique doit nous faire désirer de la conserver. Saint-Domingue est un fonds inépuisable pour le
sucre et le café mais la Louisiane est un
monde nouveau où nous devons trouver
tout ce que la terre promise pouvait pro�duire. L’ile de Bataria seulement, située au milieu d’un lac à quelques lieues de la Nouvelle-Orléans, et qui par conséquent n’estpasd’uneétendue extraordinaire,pour�rait par ses beaux bois de constructionnous fournir des flottes toutes entières et si cet endroit offrait des inconvéniens par la dif�ficulté de construire de grands bâtimens, ` on a la ressource de la Mobile, où. l’on peut établir tous les chantiers qu’on désirera parce que l’on est sur le bord de la mer, et qu’on y trouve à portée tout ce qu’on l’on
mauvais peut-être; mais mesure qu’elle se défrichera, l’air en deviendra plus pur, et notre marine y contri.�buera en y mettantune partie de ses chantiers.
peut désirer pour cette sorte d’entreprise( 1).
Le conseil de législation dont nous
ve�nons de parler, devra aussi s’occuper d’un, code criminel mais ce n’est pas ce qui le fatiguera le plus car il ne se commet pas
de grands crimes dans les colonies. Si on. en voit quelques-uns, c’est parmi les esclaves et une bonne législation peut les supprimer presque tous. Il en est un dans ces pays
agricoles, c’est la paresse, et celui-là donne
naissance aux autres. Le -nègre qui dé�
se
goûte-aisément de travailler, imagine quel�quefois de commettre une faute pour être
mis en prison. On n’a pas encore senti
jusqu’à présent, que se contenter de mettre un nègre en prison n’est -pas le punir, que c’est abonder dans son sens, et ainsi favo�riser sa paresse. Il s’y amuse et s’y engraisse, et la prison devrait être pour lui un châti�ment assez sévère pour n,’être pas obligé
d’en employer d’autres. Il faudrait donc lui
(i) Je devine les objections que l’on peut faire, parce que les terres sont basses et que l’on affecte de dire que tous les bords sont vaseux, et par conséquent peur propresà laconstruction,sur-toutdes grandsbâtimens. J’y répondrai bientôt.
rendre cette retraite désagréable et dégoût tante, et rien n’est plus aisé en respectant même les lois de l’humanité. Or, comme la punition la plus sensible pour le nègre est le travail, il ne s’agira que de doubler
ses travaux dans les prisons. En effet, il faut qu’il y soit employé choses les, plus
aux
pénibles,l’humanité voulant pourtant qu’on ne prenne rien ni sur sa nourriture,. ni sur son sommeil mais que le reste du tems pèse continuellement sur lui et qu’il n’j éprouve-pas le plus léger repos. De cette manière il sollicitera bientôt sa sortie, et rentré, chez son maître la prison deviendra pour lui une horreur pire que la mort et alors il n’y aura .rien qu’il n’emploie pourl’éviter. C’est enfin avec la connaissance des passions de l’homme et des localités qu’on peut faire de bonnes lois et c’est ce qui me détermine à penser qu’il faut que les lois coloniales sefassent danslescolonies.Etant dans l’intention de donner un ouvrage sur chacune de nos possessions ultra maritimes
je finirai mes travaux pour les colons par un tableau des différences de localités, et par les principes de législation propres à ces climats lointains, qui donneront
me
l’occasion de parcourir toutes les branches de ces sociétés éloignées. Je crois pouvoir promettre d’y démontrer la possibilité de gouverner aisément ces contrées sous tous les points de vue de la politique.. Je ne voudrais pas non plus la condam�nation à mort. Elle est inhumaine par-tout, et elle ne corrige nulle part. C’est toujours un exemple en pure perte mais elle est
sur-tout impolitique dans les états où la
population manque. Je suppose que le cri�minel ait été assez inhumain pour assassiner
un citoyen, si l’assassin est condamné à la mort, voilà deux hommes de moins perdus pour la société. Comme cet exemple ne suffit jamais pour arrêter les autres scélérats qui ne tiennent à la vie que pour faire le mal, il s’ensuit que l’on peut éprouver fré�quemment de pareilles pertes. Ne vaudrait�
il pas mieux commuer la peine de mort en un supplice mille fois plus redoutable, le travail excessif et la réclusion’perpétuelle ? Je ne voudrais pas cependant qu’on leur refusât la permission de voir leurs femmes pendant la nuit, et à quelques époques com�binées. Il en naîtrait des enfans qui pour�raient faire oublier les crimes de leurs
pères. Ces enfans seraient ceux de la patrie; et avec une éducation convenable on en ferait de bons ouvriers, qui augmenteraient la population et les de l’état.
ressources Leurs pères livrés à un travail perpétuel, n’en seraient pas moins condamnés à des privations, qui un travail extrême,
avec puisqu’ils ne mériteraient aucun ménage�ment, en débarrasseraientbientôt la société, après l’avoir enrichie de leurs travaux. Je sais bien que l’on va crier à l’économie, et que l’on a une opinion assez désavantageuse de l’espèce humaine, pour répondre qu’on finirait par avoir un peuple de scélérats qu’il faudrait des villes pour les renfermer, et des milliers de soldats pour les contenir. Je crois que la manière dure avec laquelle ces grands criminels seraient traités le
soin que l’on aurait de les employer publi�quement aux travaux les plus bas et les
plus pénibles seraient des moyens plus
puissans que la mort pour faire une ter�rible impression sur ceux qui auraient été tentésdeles imiter.Leurnourriture,quine consisterait qu’en biscuits et en fèves ou pommes-de-terres cuites à l’eau seulement, des vêtemens imaginés de manière’ à les
rendre odieux, et leur emploi toujours vil » ne peuvent manquer de faire frémir la jeunesse naturellement orgueilleuse et sen�sible, et de lui inspirer ce mépris salutaire, ou cette élévation de sentimens qui éloigne de tous les crimes. D’un autre côté il ne
faut pas perdre de vue que je parle des co�lonies où il n’y a point de populace et oic par conséquent les crimes sont moins com�muns. Quant il la dépense des fers de la nourriture de la garde et des logemens j mêmes criminels y suffiraient par leurs
ces travaux. Il existe une foule d’occasions où leur service ménagerait bien des hommes précieux, parce qu’on rie répugnerait point à les exposer aux plus grands dangers comme aux plus grandes peines. Au sur* plus ce n’est qu’une-idéeque j’expose pour l’avantage de la chose publique, et le conseil de législation composé comme il doit l’être, ne manquerait pas de l’apprécier:à toute sa valeur.. La législation coloniale, qui sentira égâ*�lement toute l’irrportance d’appeler les
étrangers dans les colonies. ne permettra
pas sans doute que l’on fasse comme autre�lois et que l’on prive les héritiers naturels
d’une. succession dont .l’état ancien s’empa�raSt-jiahtîmaineinent;: elle rejetera tout ce qui pourra sentir le ;fisc. Elle ira jusqu’à. vouloir qne leurs pères, même enmatière:criminelle. La nature des; Mensdescolonies:,et cettejusticenaturelleâ tous les hommes l’exigent impérativement.
pas:être pknis délai faute de leurs?, pères, et sous aucun pré�texté, de-politiqueou de
ne. privés des:biens .que.la nature et Ifcâojèrété leur destinent;-J’ai vu�dans. Tun et. ’l’antre cas des enfans très�estimables plonges ainsi dans la plus af�:si quelquefois: on leur a rendu faible portion de leurs biens
une cela s’est_fait.’de.simauvaisegrâce., ou s’est fait attendre;silong-tèms parleschicanesdes arrivait sifarèment que pe, n’était qu?une: exception qui ne rendait la règle que plus haïssable. L’état ne doit être héritier que de ceux qui n’en ont pas et .’déshérence j si l’on c�n�naissait, des, enfànsnaturelsdu défunt:il. serait juste qu’ils héritassent préférablement à l’état. Si ces malheureux bâtards sont le fruit du libertinage ils sont’. &aoal des
hommes et ces hommes peuvent devenir la souche de générations précieuses. Que l’opinion flétrisse les pères, mais qu’elle épargne enfans qui ne sont pas les.
ces maîtres de leur naissance;’ La philosophi� ordinaire conviendra de cette vérité, et la religiondont la charité est la base/ne s’op�posé point à: celte indulgence raisonnable. Si l’état vit’aux dépens de’ses enfans, il est bien justé^ qu’il ne leur Subsistance, et c’est encore travailler pour Enfin il n’est -rien que l’on doive né�
gliger pour le bonheur des colonies’, et
c’est ce bonheur qui leur donnera une
grande population. Si l’on fait tout ce que
l’ondoit, siles administrateursmettentdans
leurs premiers devoirs celui d’encourager
tous les colons, l’on verra en peu d’années
dans
tous les états du monde verser nos colonies tous les infortunés honnêtes qui ne trouvent pas dans leur patrie l’emploi de leurs tàlens, et la France aura alitant d’empires que de colonies. La Louisiane sur-tout, la patrie du monde entier par l:a
ftonté de son climatpar l’immensité de ses
-rebaources pour tous les hommes honnêtes,
deviendra sans efforts le pays le plus po�puleux. Alors que de richesses et de gloire pour l’état Mais on n’y parviendra que par cette aimable liberté, qui ne dépendant quede la loi n’est contrainte que par la justice et la raison, que par cette sage politique qui
trouve les moyens de porter au bien sans vexer personne. On peut tourmenter impu�nément les hommes, mais on ne peut jamais les contraindre à ce genre de .travail qui fait la richesse des pays agricoles. Si l’on voulait les y obliger par violence, on ne leur inspirerait que plus le besoin de mourir, et quand l’homme ne craint pas,la mort il craint plus rien. Il n’est qu’un moyen
ne de. lui inspirer. la peur de mourir c’est de l’entourer de jouissances et pour les con�server il travaillera de toutes ses forces. Personne ne meurt plus lâchement qu’un homme riche ou que celui qui est dans
la route de la fortune. On fait tout ce qu’on
veut de celui qui a des moyens, et l’on a
peu de pouvoir sur celui qui n’a rien à
moins qu’on ne le séduise par les promesses ou par quelqu’emploi lucratif.
Quand la Louisiane sera parvenue à une
partie de la splendeur dont elle est susc^P"
tible, elle deviendra la patrie des arts. Les hommes qu’elle crée ont une grande dispo�sition naturelle pour tout ce qui exige les efforts de la conception ou les
ressources de la mémoire. Là température de son cli-mat qui donne à leur existence le plus heu�reux développement les rend susceptibles de la force et du corps, et de l’esprit. Ils ressemblentdans leurdéveloppementàleurs
arbres et à leurs plantes. Je ne sais pas si
je me trompe mais par-tout où j’ai vu.la
terre donner de belles.productions sponta�
nées, j’ai cru voir des hommes également beaux et vigoureux. Ne serions nous
que
des plantes ambulantes ? Sommes nous tellement destinés à la terre, que de notre vivant même nous soyons assujétis aux lois de la végétation ?
Quoiqu’ilen soit,laLouisianeaurabien�tôt le goût des sciences, et l’on y verra une académie qui apprendra sous peu à celles de l’Europe une foule de choses qu’on igno�rerait long-tems sans le retour de cette co�lonie à la domination française. La bota�nique, la médecine, la chimie y feront une ample récolte. Elle nous décrira aussi quel�que jour cet insecte dont la fémelle dit-on,
l’extérieur du mâle, tandis que le mâle’& la forme d’une femelle, et où celle-ci va chercher le moyen de sa conception »
Enfin si cette belle contrée s’embellit -quelque jour d’une académie que cette
société \;éloigne des principes de perpé�tuité qui constituent celles de l’Europe elle me permettra de lui rappeler ce que
j’ai dit au moment que j’eus l’honneur de fonder le premier le cercle des philadelphes au Cap’Francais. Je prévoyais le ridicule que la jalousie répandrait sur ses commen�j’engageai beaucoup-mes confrères
cemens àla persévérance,etl’onconnaît letriomphe et la considération dont cette société a joui par son utilité, jusqu’au moment de la révo�lution, (i)
(i) M. Arlhaud’, médecin -du roi-; dont-les rares Inlèns s’oublieront jamais à Saint-Domingue, a plus que
ne de celle société".
personneIlétaitlesecondfondateur,et le,premierqjui, monlraït l’exemple par le travail, le plus assidu comme le plus utile. Après lui venait M. Dubourg, comédien.j il por�plus haut degré les connaissance du ciel et de
tait au la botanique. Ces deux membres ont donné bien de l’éclat au cercle des philadelphes. M. Barré de Saint�Wenants’est réuni à eux, -et tous trois
Maïs j’avais une idée que j’exposai, et qui fie réussitpointà causedesanouveautésans doute. Après avoir examiné les académies en général, co mbien-elles renferment sou-vent d’orgueilleux oisifs, et combien il en est ’qui ont les honneurs des
savans sans
en a voir la peine et le mérite j’imaginai
:des, moyens d’en bannir la paresse et y
réveiller les talens. Je voulais qu’on. n’y
put être admis par la suite qu’après avoir donné quelqu’ouvrage d’utilité publique et comme je me suis aperçu assez souvent
qu’on -ne briguait le fauteuil académique que pour y sommeiller, que beaucoup de sociétés ne se soutiennent que par les talens de quelques-uns de ses mémbres, tandis que les autres -brillant du reflet de leurs collègues, ressemblent aux frelons qui
se
nourrissent ’du miel des abeilles, et ne
portent pour butin qu’un esprit de con�tradiction qui décourage je voulais qu’on
pût être académicien que pendant cinq
me
iilre de société royale qui dans ce temps était .le nec plus ultra. "La. révolution l’a dévorée, quoique les plus grands savans de l’Europe se fissent honneur d’j être
ans, qu’au bout de ce terme on examinât ce que chaque’ membre avait fait. Ceux qui dans cet intervalle auraient donné des ou�vrages, auraient pu êtrecontinués pour le même tems et les autres n’étaient plus rien de droit. Je voulais que cela fût ainsi jus-qu’à l’âgé de cinquante ans. Les membres à cet âge ne devant plus être assujétis cette règle, devaient recevoir la récom�
de l’utilité de leur vie par un rang
pensedistingué par une section que l’on aurait
HONORABLES.pu alors appeler justement HONORAIRES ou
Il est sensible que de cette manière on écartait les inutiles ou les intrigans et; qu’pn facilitait l’admission à des sujets précieux, qui confondus dans la foule mé�ritent d’en être retirés pour être encouragés etdevenirplus utilesà leur patrie. Cestaussi le moyen de faire passer à leur tour tous les hommes de mérite dans la classe qui les distingue, et de donner plus d’activité aux talens.,Comme je crois cette idée utile, je la communique à ceux qui pourront par la suite concevoir l’idée d’ériger une aca�démie à la Louisiane. J’aurais beaucoup plus de choses à dire sur cet objet, mais
cela m’engagerait dans des détails qui pour�raient. paraître minutieux ou fatigans, et je les passe sous silence pour les reprendre dans une autre circonstance.
Je ne doute point, que la première qecu-?pation de cette académie ne soit de célébrer le martyr et la gloire des victimes de ,1769. En érigeant un arc triomphal à ces braves qui voulaient rester français, elle ne pourras’empêcher d’élever un monument de honte à ce féroce Orelly, qui ne les a sacrifiés que par le vil motif de sa cupidité. C’est le cas de mettre le vice et la vertu en*opposition, et de montrer à la postérité que le bien ou le mal qui se féra doit attendre la même récompense ou la même peine. Cette aca�démie n’oubliera pas non plus de rendre justice au gouvernementespagnol qui, ail�leurs quelquefois indolent et destructeur, a usé de la plus grande’ sagesse envers la Louisiane, qu’elleapréparée auxplusgrands succès par tolérance et encoura�
sa ses gemens.
Il ne me reste plus qu’a répondre à quel�ques objections que fait le petit nombre des détracteurs de la Louisiane. 1.*? La Louisiane ne saurait être �d’une
grande utilité à la France et sut-tout à la
marine puisqu’elle n’offre aucun port
assure pour y contenir les. vaisseaux.
2.Q Ses bords-’étant vaseux, il serait inu»
tilè d’yposer des chantiers de construction
puisque l’on ne saurait comment lancer les
bâtirnens qu’on y aurait construits.
3.° Cette colonie est continuellement
sous les eaux, et le climat par conséquent ne peut en être que mal-sain; qu’au sur�plus si cette terre est belle et bonne pour de simples particuliers, elle n’a été jusqu’à présent d’aucune utilité réelle pour la mère?�
patrie,
Voila. je pense les objections les plus. fortes que l’on oppose à la reprise de
ces
régions.lointaines.Je necroispasenavoir affaibli les termes, et j’imagine au contraire que j’enchéris sur les objections ïnêmea.
Il .,est,vrai que la Nouvelle Orléans n’offre pas. dans le moment actuel de port avantageux que jusqu’à présent on n’a vu
que lesfrégates yvenirmaisil est vraique l’on: peut. avec le tems et quelques travaux donner aux plus gros vaisseaux la facilité�démonter le fleuve du Mississipi, aix moins*
Jusqu’àla Nouvelle-Orléans.Examinons ce�qu’il y aurait à faire. L’embouchure du Mississipi n’a qu’une
barre qui varie sans cesse, et qui indique par cela même la facilité de la; faire dispa�raitre elle n’est formée que par les arbres et les racines que le fleuve charrie san’s cesse, et qui donnent une espèce de con�sistance aux matières terreuses qu’ils arrê�tent, et le tout n’est arrêté que par ce tour�billon qui se fait à la chute du fleuve dans.
la mer. J’oserais assurer même que cette
barre n’adhère jamais au fond et qu’elle�flotte ainsi entre deux eaux, qui fait
ce sans doute qu’elle change si souvent de-
place. On a quelquefois tenté de diminuer
sa grosseur, et on y a réussi, mais au boutt
de quelque tems elle reprenait son volume,
et cela parce qu’on ne remontait pas à la cause du mal. Je suis persuadé que si l’on attaquaitlefleuve dansletemsde sesbasses eaux bien au-dessus de la Nouvelle-Orléans, et que l’on y Et des travaux qui tendissent à détourner seulement les arbres pour. les. jeter sur les rives on gagnerait déjà suffi�samment pour que le courant du fleuve aidât
lui-même à miner la barre étala diminuée
sensiblement. On n’aurait plus qu’à réunir ses forces à l’embouchure, et par les moyens dans l’hydraulique cette barre
connus
disparaîtrait en-peu de tems. Je n’imagine pas même que toute cette opération fût coûteuse elle n’exigerait que de la pa�tience et cette adresse que les hollandais
portent avec tant de succès dans l’art de
dessécher les terres. L’entrée dégagée, le lit
du fleuve se creuserait de lui-même, et
toutes les terres qui s’y amoncèlent quel�quefois en plusieurs endroits venant à s’é�couler, la navigation des plus forts bâti�mens y aurait un cours facile. Il y a plus ce serait un moyen très-puissant pour com�mencer le dessèchement des rives du fleuve qui, depuislabalisejusqu’àdixlieuesen-deçà de la Nouvelle Orléans n’offrent que des marais. La balise elle-même se ressentirait de ce bienfait, et je serais tenté de croire qu’en peu d’années on pourrait concevoir
l’idée d’en faire un port utile. Voilà ce qu’il y a de certain sur cet article, et les simples .aperçus que je donne suffisent pour prouver la facilité de l’exécution.
2.Q Sil’on examine les ressources qu’offre
la Mobile, concevra l’avantage qu’il y
on
aurait d’établir des chantiers de construction
k sa pointe et ceux qui la connaissent con�viendront’ que ses bords ne sont pas plus
vaseux que les autres bords de la mer si la terre de la Louisiane étant basse occa�sionne en quelques endroits un peu trop de vase, il.serait facile d’y faire usage des moyens qu’on emploie même dans les ports
de France pour les dégager. Quant à la
Mobile n’y aura presque rien» à faire
on pour l’objet proposé. 3?. Pour la salubrité de l’air il n’y a rien à désirer, et l’on n’est pas ,exact quand on dit que la Louisiane est sous les eaux. Elle est très-arrosée, et elle n’a guère qu’une vingtaine de lieues à compter de l’embou�churedu fleuve quisoientpresquesubmer�gées mais le seul inconvénient que cela occasionne est de donner, pendant l’été,
une foule d’insectes, connus sous’le nom de
moustiques et qui sont beaucoup plus nom�breux et beaucoup plus incommodes que
qu’on appelle cousins France.
ceux en
Peut-être mêmecette fouled’insectesne sert�elle encorequ’à purifier l’air par la voracité de ces petits animaux qui vivent de ce qui ferait mourir l’espèce humaine.
Au surplus, quand nous serons rentres en possession des terres que nous avions sur ce continent, les tems et les circons�tances que je ne crois pas nécessaires de dé�velopper, nous fournïront les moyens d’a�voir des ports, et en attendant la bonne intelligencequi règne entre nous et l’Espa�gne, peut nous faire espérer qu’elle ne se refuserait pas à nous céder un local entre laMobile et Pensacola,sur le bord de la mer, dont elle n’a pas besoin et qui sans lui nuire, nous deviendrait une ressource pré�cieuse. Ce local est l’ile Dauphine ou du Massacre, dont nous avons déjà parlé.
Si les belles régions de la Louisiane n’ont pas été d’une grande utilité à la France, c’estdonc lafautedugouvernementd’alors. Il ne tenait qu’à lui de l’élever à sa destinée par le choix des administrateurs, et par tous les moyens qu’indiquent les localités. Le régime espagnol a été plus adroit, et s’il n’a pas fait tout ce qu’il pouvait tout ce qu’il devait, il en a du moins assez fait pour dé�montrer jusqu’où peut aller une colonie
de cette importance. Les gouverneurs et
intenclans depuis l’heureux départ d’O’Rel�l;y n’ont rien négligé pour se faire regretter,.
et les louisianais sont aussi raisonnable8 que reconnaissans dans l’éloge qu’ils
en
font. Il faut espérer que loin de perdre avec les administrateurs français ils ne feront que gagnersousdes représéntahsd’un gou�vernement qui ne veutque la prospérité de la nation, et le bonheur des individus.
Nota. Je crois faire plaisir îtu commerce en lui faisant part de ce qu’il peut porter de plus avantageux au mo�
ment de la reprise de la Louisiane iP. linges de table; 2°. mouchoirs de Béarn de Silésie et de Cholef 3°. batistes; 40. bas de soie; 5W. souliers; 6u. cou�
vertures de laine; y*?, clous à bardeaux, planches et de toutes les sortes. Les autres marchandises y sont pour le présent dans la plus grande abondance.
DEUX VOCABULAIRES
DE SAUVAGES.
Langage des Naoudoouessts.
Leurs expressions numériques»
I?.S.Onnevoitn\fnïv dansles deuxlanguesdontjevais donner une idée. J’ai tâché d’écrire comme on prononce; en conséquence, ilfautlire toutesleslettresetlesfairesonner.Les lettres où il y un. accent circonflexe doiventêtre prononcées longuement.Par exemple^ ouâ âtô ,’ou ichinaoubâ.
Otjonnchaott,
Un.
deux.
noumpaou,
iaoumoni, trois. tobô, quatre. saouboutti, cinq.
chaoucou, six. chaoucopi, sept. chaiondoiue, huit. nebochounganong, neuf. ouégochounganong dix.
ouégochounganon
onnchaou,
onze. ouégochounganong�vingt.
noumpaou,
�uégochounganong�
iaoumoni, trente.;
�uéçocnounganong�
tobô,
quarante.; oué*gochounganong« saoubouth, cinquante.; ouégochouagaaong�chaouco, soixante. ouégochounganong�chaoucopi, soixante-dix. ouégochounganong�chainedoinn quatre-vingt.’ ouégochounganong�nebochounganong, quatre-vingt-dix:
oponng, cent.
ouégochounganong�mille.
oponng,
CHANSON SAUVAGE.
Méô accouoaâ échtaoupaatâ negouch-taougaouchéjâ mena. Longo oua conn meôouochta, paatâ accououâ. Opiniaî aouî accouî méô ouochta paatâ otâ toinujo méô tibi.
Traduction rigoureuse.
Moi vas voir soleil, monte colline là haut écarter l’eau. Grand espril moi bon; soleil, surpris, ha lune! donne moi soleilpour porter daim moi maisow (i)�
(i) Le geste est du plus grand secours pour comprendre le
sauvage; il en est même dont toutes les toaversa dons sont en gestes, seulement.
Traduction libre.
lèverai avant le soleil, et je monterai autant do
Je me
cette colline. J’y verrai s’élever les premières vapeurs et puis les nuages se disperser. Grand esprit., fais moi entreprise, et quand le soleil disparaî�
réussir dans mon tra, fais que la lune mé donne assez de lumière pour me guider en portant chez moi le daim que je tuerai.
N. S, On me permettra sans doute, de ne pas suivre de sé�
rie, n’ayant pour but que de donner une idée des langues sau�vages, et non un dictionnaire.
Ouaâtô, Canot, pirogue.’ ouechoacsê, un enfant mâle. ouâchicsê, une petite fille.. hache.
achpaou, une chaoubâ, un castor. ouâconnchéja, un ours.
taou tonngo, un buffle ou bœufsauvage^ broche.
mouzaoutou, une
méchouétâ, froid.
chéjâ, méchant, mauvais.
chounngouch, chien.
négouch, mort.
accouioui iare, viens ici.
echaou menaou manger.
toinnjo, daim.�echtic, yeux.
noucâ, oreilles.
moHzà, du fer.
méô, moi.
chef,cacique,
olâ
grand,
tonngo,
chez soi.
chouâ,
accouîê, donne.
accououâ, vas t’en.
dieu ou grand esprit.
ouaconn,
fusil.,
mouzaouaconn,
ouochlâ, bon.
de l’or,
monza am
paatâ, .feu.,
noukichonn, écoute.
Père�
otâ
kiichiouâ, àroi.
cheval,
chouétoungo,
nichtigouch, français,
ciel.
ouoohtâ tibi, tibi, maison, chûile d’eau, cascades.’
oouâ, ménâ,
négouchtaougaou, tuer.
êouaméâ amour.
tonngo méné, lw-’
ciâ, beaucoup.
aouî, lune.
jestinn un peu:
long-tems.
tongoum,
êiâ, non
jistinaou, près proche;
chanouapaou, pipe.
chanouapaououaconn calumet de paifo
aouâ méné, pluie.
opiuiiaî ho l
mouzamehoupâ,; bague, anneau. un rond, un cercle.;
choupâ, bouche. médaille.
mouza otâ le mien.
TOéouâ, plus, davantage.
otenaou,
etsaoubô, lait. ochaou arbre. dach, là.
chaouî, fumer; échtaou voir. optniaitare, admirable:
la mêr
ménis-ki, eau salée. échlimo dormir; paatâ, soleil.; esprit
ouaconn, omlicMou» serpent. liqueursfortes,eau-de-vie, etc.
mené ouaconn
inouzaham de l’argent.
cM, vous.
âoupaounaou jeunet
x
oouêchinn, parler causer.
chaousassaouy tabac.
ménà eau.
quoi, quel.
laougo,
ouinnokéja femme.
oiiaâtcbta, N méchant
Phrases.
tfaougodach?
�éiaouachtâ,
�uachlûkitchiouachi, ouaconn chi
ouachta chi, oltâ tonngoumlichca,
qui est là? n’est pàsbien.
.ce vous êtes mon bonamï. -vous êtes’ un esprit, vous avez beaucoup d’esprit. vous êtes bon. le grand-père des serpens (i).
Langage des Chipouais.
pachic un.
�ninnch., deux.;
uissou -trois,
niôu, quatre.;
narann^ cinq,
ninngoulouassou ninnchoouassou missoouassou choangassou, mittaoussou, mittaoussoupachic, ninnchtaounaou,
six.
sept.
huit,
"neuf.
dix.
onze,
vingt.
(i) C’est le nom qu’ils donnent quelquefois an plus grand de leursguerriers. Ottasignifie père3tongoumgrand,etlichcaser�.pent. Au plus grand chasseurils donnent le nom d’onâ paouja�
finn., qui veut dire un vigoureux coureur de montagnes.Quand an blanc leur parait avoir beaucoup d’esprit, ils l’appellentché�igo !luisaitfaîre
nissoumittaounaou nioumittaounaon, naranmiltaounaou ninngoutouassoumilfa�
ounaou,
iliBnchoouassoumitta�
ounaou. uissoouassoumit taou�
naou, chonngassou mitta ou�
naou, miltaoussou mitta ou�
uaou, mittaoussaou
kitchi kitchi okimaou, matafal, millaou
xnanatou olaoubich, kitchi gaouminc, Douchimaouinn,
ouipémaou
okémaou,
mocomana taounémilic spemincacouinn, lissis, pooual aconda, kémoucj
trente.
quarante.
cinquante;
soixante»!
soixante-dix.?
quatre-vingt.;
quatre-vingt-dix.
cent.
mille:
Dieu le grand esprit
grand chef, général en chef;
qui ne vaut rien du tout,
donne.
grand.
ventre;
lac.
la vie
se coucher.
chef, cacique.4
couteau.
combieny en a-t-il ?.
le ciel.
chevelure humaine.
le poil des animaux.
voici c’est ceci.
caché, serré;
chez soi à la maison.
ennUiient
tête-;,r;
OUStécOtiann,
paoupi, rive. ,L’.l. chaouchia, depuis fong-tems>
ouaoubechinn un
peu..<
i
blessé
estropié.�
kikékaté,
alocokigonn marchandise,
ouiss, viande..
aller.
pimmoussié, marcher allissinapé, homme. lune.et,nuit: � «
débicott,
qui se ferme(
couteau courbé
coutaougonn, ganouérimaou i une petite maison. lâchasse.
kéouassa,
ouig-ouaoum, hutte ou maison de sauvage.
canoginé, agréable, beau, joïù
tanndoulaou, avoir.
maccaoulaou, honneur.
indiens..
ichinaoubâ,
maoùlaoutissié, menteur,hableur..
minis, îlef,
bled indien, maïs.
mittiaouminn
chaud.
akéchotta,
laoané, comïpeat.�entièrement.
naoupitch,
tout desuite.
ouébatch,
péouaoubic, fer.
chaudière marmite.
akikonns,
��avoir connaître.’
dzikérémaou,
perf�’ oubli,
àkilaogoué, beMèôop.
nibilaou,
marri,
l’arf dié guérir,
maskiki,
Mortier"piler.
poutaougonn,
*?*»�:
l1app
de maison.
-nérémouzinn,
-rima.
irini,
ioch, nèZ’
qor o’ést bon â rierf.
ma!atatt,
*«*�
kaou
grand canot.
-kitchichémann, ou
micSSSrin, éittît�r�’.
èéprîé, divinité,
manitou,
""soi�rl.
-kissis,
sima«v^àrW,;
ouaoubémcfj
lésants,
1ibbit
ôuacann,
dormfe:
nippi,
éloua,
prentfrè.
émaoundâ,
semaouganaoriéH)’
ouaoubé,
WéiMà.
miconn,
nantaoubaoulaou ’K gtièïre.
taounîppi,
ta
iccoui,
œjtouiaDgonBV.
mitlïc, ouadzo, petchilaougo rîaoulinn, bois. jaunes -hier.. .vent. ��",;i;r-j-,
nébbi,. Jvfiau.v
pépaonnn .hiver;
minnéoualch, encore.
aoutonn langue..
semaou, tabac.
maounda,, ceci.
alanc, étoile*
mîtlaous .des mitas ou des bas..
kémaoutinn voleur.
machcaouQuâ, fort..
mapédô, depuis.
papâoucouéann, chemise.
minntepinn, .ge coucher de son long.
poagann, pinngo ��, poudçeà tirer. packéigo, jeu. laoulaimia prière. minnissinn, presqu’île péninsule, isthme maouba, cela^ tatimissté, triste. maskimott change paquet. agankilchigaoumipc, mer <?w grand lac. niscottissié fêché chagrin. boumac esturgeon. sîppim, ,�rivière.
ouaoubomo,�taououémaou, pemiscaou, maoukissinn, kikilt, maoumaououi, taouconsié, caouquéchiné kalcégo caouiccaou, spiminc pingoé,
agacouett cokinoum, pilaouâ,
caspétaougann
oouentoougann,
michémaoutt,
miscaou,
ïoé,
chichégo
cocali,
mipidach,
pakitonn
napitch
tacouchinn,
maouinéouâ,
nécouniss,
pabaouchigann
kipokittié caoussa,
scoultaouaoubâ,
égard considération,
parent.
voiles de bâtiment,
souliers.
vraiment,
ensemble.
ennuyé, fatigué; vieux. rien,
jamais.
au-dessus.
cendres.
hache. tout toutes choses.’
surprenant,admirable.
de tabac.
� sac barril. boyaux.
sang.
corps.
bouteille,
toujours.
après.
abandonnement, délaissement,
mal-à-propos.
venir, arriver.
aider, secourir,
frère,
pain.
culottes,
eau-de-vie, rum et loufes Ji�
queurs forlefj
kécalcK bobélochhra, chémann, endaoulaoukinn iagaouaoumissi, matcho-manitou,
alémonn,
ontclatoubâ
minicous,
maccoann ouiskinkiié, ponkissinn" pimmitti scoutta,
iaoucouissi,
moussa,
maouskinctt,
néchtégouch
kicconn,
kitfégaoumic,
aouccouinn,
xnimilic
sagaounoch,
alim
tochitonn
chia
paoutouâ,
ouiskiba,’
ehickiip
oouissiné,
froid.
enfanf.
canot.
la campagne!
courage.
méchant esprit, mauvaise divi�
nité, diable.
un petit chien,
sans doute.
boire.
unvaseà manger,un plat.
les yeux.
chute, tomber.
-gras.:
feu.
fatigué las.
père..
plein.
français;
poisson.
champ ensemencé.;
la terre, le globe,
assez.
anglais;
chien..
iaire.
c’est fait.
ustensiles de cuisine..
ivrogk saoul.
canard.
manger.:
faoubiscouch, paskéssigan pimmissicaou, ouaoubémo, jéccouassinu, caoulalch naonpétélîmaou, aléouinn, pakiilé maccouâ,
maconn., amie, npiminicouc, mélominn, olaouga nichi ouaoubeouionny tatléraissi, miscoussâ, marcaouté, ouasketch capotéouiann, némê miche’ouâ naoubal, choaminn saousaoukissi’,
tibarimaou, otiaoupouss,ehinngaourimaou
papégic;
qui se ressemble;
ruai.
aller sur l’eau;,
miroir..
fille:
bain
estimer.
boule.
bruit de tambour,�
oiirs.
un jeune ours.
caslor.
peaux de castors.
maïs, ou bled de Tusquiff, tasse boire, ’camarade.,
ami, compagnon, couverturede laine. affligé, dans l’embarras. le derrière, noîr.
le mâle des bêtes. fiàbit, vêtement. danse. coeur. demi. grappes de raisin, gourmand.
arranger 1-gouverner;.
un lièvre,
haine.
chacun.
nip*,
nipo;
méoninnch,
pétonn chéchicoui, pémotcha
moppa oualiébic, niconniss, maoungis
scoutéké,
nanlounaouaou nassaouocouot, kissinn kissinn magat, ouacaigon pirouégo
nopaouinnc, méjasc chaoubonnkinn péouitch
coutac uickic, taounopi,
ouébatch,
saouséga
kégotc
miscaou
libélinndonn
taoulwoumica
mourir. mort parce que.
porter.
flèche.
approchez-vous.
allez à. prompt, alerte. ami. un peu, quelques.
le feu qui sort d’une pierre
briquet. trouves. une fourche. gelée, forte gelée. fort, batterie, fortin. autrefois.
en avant. simples, plantes médicinales, aiguille. prflche. autre. Soufre,
une
quartier, lieu endroit,
désormais, présentement,
propre, particulier..
vif.
-rouge. dessein intention. complimens civilités.
occolaou,
pitchébot,
ouatsaoudébi
pécacotiché,
îaounenndo
caoumiscbi
cagoutch
ossaoummangiss
ossaouné metgouatch, onaoubounc, oiissouaouboimc taouninndâ,
ouaououeouinn ? couagonié? couagonié maoubâ ?
vêtement de cérémonie,
courir,
course,
là.
paix, faire la paix:
cela peut être ainsi.
pas encore.
pas du tout.
trop peu.
beaucoup trop.�je vous remercie:
demain matin.
demain sitôt le jour.’
c’est bien alors;c’e6tbiencomme
cela. qu’est-ce que cela ? qu’est-ce maintenant? qui est-là ï.
FIN.
TABLE
DES M ATI �RES.
RESTITUTION de la Louisiane. La cession qui en fut
faite 1762, aux espagnols, réalisé en 1769. Effet
en de sa rétrocession aux fiançais Page il., Satisfaction des louisianais en revoyant les français. C’est en 1535 que les français prirent, pour la pre�mière fois, possession de ces riches contrées, par Jacques Cartier. Lenteur des premières opéra�tions. 2. En 1679 et 1680 le P. Hennequin remonte ce fleuve à3oolieues.Ce n’estqu’en1584 que lesanglaiseurent
l’idée de s’établir dans fAmériquedu nord. Les fran�çais sont les premiers possesseurs de ce vaste conti�3�
nent. Ce que l’auteur pense de l’ouvrage intitulé Mémoires de M. de Vergennes. Les beautés de la Louisiane,
M. le Moine dïberville succède à M. de la Salle
en 1698 il entre par l’embouchure du fleuve. 5. Première colonie en 1699. "*e Moine’ d’Iberville
nommé gouverneur. M. de la Motte Cadilhac est la Meilleur choix des colons, et
deuxieme gouverneur.
leur composition.
Guerre contre les sauvages, et la manière dont on la
fait,
7.
Les sauvages éloignésdeviennentles ennemisdesfran�çais qu’ilsregardentcommedes tyrans.Rivalité des an. glais.Ilsirritentlessauvagescontreles français.P.
o,. L’a jalousie des anglais a souvent troublé le repos de la Louisiane. En 1^30 le gouvernement -4e la Loui�siane est ôté à la compagnie des Indes. Le régiment de Karrer y est envoyé. II. Itinéraire ordinaire de Frasce à la Louisiane. Le canal de Baliame est redoutable, et pourquoi. Il est .possi�ble que l’on canal pour -aller comme pour revenir. 12. Combien le golfe du Mexique est redoutable au mois de Mai. Manière de reconnaître l’embouchure ,dut�fleuve de mississipi. Etal de la colonie en .173.0. j3. Tracasseries des sauvages. Naissance de ,la Nouvelle-Orléans emplacement, ses alïgnemeBs^Bravoure
son
extrême de la milice bourgeoise.*4�
Heureuses facultés des louisianais. La beauté et la xerl»
de leurs femmes. Leur caractère et leur utilité. j5. Point de populace dans cette colonies. 16» Séjour de la Nouveile-Orléan$. Elle est sur les bords ’du Mississipî. Propriété qu’on attribue aux eaux de ce ilenve. Ilaxrose plus de douze cents lieues de pays On ignore encore sa source. Habituations qui
connu.
tapissent ses bords. Lâchasse et la pêche que Ton peut
s’y procurer. 17. Le poste de la Pointe-Coupée.
le.
Ce que c’est que ce poste. _Les sinuosités du fleuve, de-Mississipi. Le village des Akan cas, Ce terrain a ^lé1 coucédé à LaV7s. Aq-uelle condition. 19,»
ïiàws ne réussit point. La compagnie des Indes s’em�
pare de ses possessions. Les allemands qui les haln*
taient, se rapprochent de la capitale.-Ils deviennent les approvisionneurs de la ville. Les éolapissas ou Ïesaquelonpissas. Ce que signifie ce mot. Ce qu’on doit entendre par le mot de nation. Page 2O* Des on mas, leur religioûr Ce que signifie lè lùçtt’dèoit*
Lés beautés que l’on trouve sur les bords du; fleuve jusqu’à la Pointe-Cotipée. Là bonté des terres-de la Pointe-Coupée.En 1730,l’onyenvoyaunfort déta�
chement. zz.\
La manière dont lés sauvages font la guerre. Explication ènmotjrapper. z3.
M. de Biemrille succède à M. Perler qui t’avait pré�cédé. Il est obligé d’envoyerde nouveau des troupes à ta Poiute-Coupée, parce que les sauvages recom’" mencent leurs incursions.Le même détachementde
Karrer y retourne,LessauvagessonttoujoursVaincus. La Mobile. Sa distance de la Nouvelle-Orléans. Le
bayoucSt^Jefan. 24.
Le lac de Pontchàrtrain. Le fôrt sur la rivière de la Mobile/La rivièredeChaciaux.Ou làMobileprend eà èouree< La Mobile est le rendefc-vous des sau�
25-:
vàges. Avec queUe finesse les français de la Mobile traitent avec lès sauvages. L’objet dé leur traite. Pensacolaot* Peasacote. La nature de son sol. Les bestiaux y de�
viennent beaux. Cette terre produit merisier, le laurier rouge et blanc le cèdre blanc et r’JUga. 26. �és plantes curieuses. L es insectes. Dimensionextraor�«linaiie. des cyprès de cette partie de la Louisiane.
Comment les sauvages en font dos pirogues. Lama.. nière doni ils les creusant. Page 27. Motif de la guerre de iy3o. ^Massacre affreux par les natchez en
1727-28..
Evénement de Chépar. 29.
Dumont qui commande après lui. Ce qui lui arrive.; Chépar estrappelé pourrendrecomptede saconduite. Il trouve des protecteurs. Il est réhabilité. 30. Chépar se rend odieux aux français et aux sauva�ges. 3i. Il veut expolier un chefde sauvages.Cessauvagesado�rent le soleil comme les oumas, sous le nom de ouachel.L’égalitén’estpoint reconnueparmilessau-Ils nomment leur chef général grand
vages.
32.
soleil.
Ils ont une classe qui répond à celle de nos anciens nobles. Les considérés sont la classe des gens hon�nêtes parmi eux. La dénomination de puants est celle que l’on donne à la basse classe du peuple. Les devoirs envers leurs chefs tiennent duculte religieux Leur manière d’adorer l’astre du jour. Leur piété. L’exercice religieux dès le matin. Les foncions du grand prêtre. Ce que c’est que le calumet. Leur ma�nière de donner leur cœur à Dieu. Ce que signifie
le mot Solchagras. t 33.
Le soin que l’on a de faire assister les enfans aux priè�res du matin. Leur temple public. 34.
Réflexion sur l’utilité de la civilisation. Infamie de Chépar. Sa cupidité contre le chef du village de la Pomme. Remon,trances de ce cacique. 35.
Réponse indigne que lui fait Chépar. Le cacique rend
compte aux siens de la conduite indécente de
Chépar..
Page 36.: On envoie des députésà Chépar. Leur réception. Elle
jette les sauvages dans le plus grand abattement. 37. Discours sauvage. 39. Plusieurs expressionssauvages.. gI.
Le 28 déeembre 1727, 2000 personnes égorgées pas les natehez. go femmes, x5o enfans, et beaucoup de nègres faits prisonniers. Ils sont destinés à être vendus dans la Caroline du sud. Les sauvages se réservent Chépar et quelques autres français. La grand soleil fait ranger les têtes des victimes comme
des boulets de canon. Les corps sont jetés aux.vau�tours. Les sauvages ouvrent le ventre aux femmes
enceintes. 52.
Les enfans à la mamellesont égorgés avec leurs mères. Supplice que subit Chépar. II est livré aux miche�michequipis. Idéesqu’ondoitavoirdes sauvages.Ils ne savent point pardonner. Conséquence à tirer du massacre par les natchez. 53.
les^français méditent une grande vengeance. On fait la’guerre aux natehez. Ils sont exterminés. Le peu qui s’en échappe se réfugie chez les chicacbas. Ce que sont les chicachas. Leur talent pour* monter à cheval. Leur passion pour la guerre et pour la chasse: Ce sont les mêmes qui avaient exercé tant de cruau�tés sur M. Dartaguette et les siens. 5^J
En 1734, ordre au régiment de Karrer de partir pour la Mobile. On envoie la compagnie de grenadiers à Pensacola.Expédition sérieuse. Les anglais y sont toujours vaincus; 55.
Description de Pensacota. En 1736, ordre à M.Bïea�ville de tomber sur les chicachas pour avoir réfugié le reste des natchèz. On envoie un entrepôt à Tom�bekbé, à 9ô lieues de la Mobile. Page 56. Les soldats s’y déplaisent. Leur résolution. On finit par connaître leur projet. 57.. Un soldat révèlo tout. Précautione que farï prend» Conduite du commandant, M. de Lusser. 58. Prétexte ppur s’emparer de Montfort. Montfort est mis aux fers. On saisit deux français et deux suisses. Ces cinq moteurs du complot sont jugés à mort. 59. On continue les travaux. L’armée arrive. La senlenœ est confirmée. Faute de bourreaux, les coupables sont fusillés. Expédition contre les chicachas, du 26 mai 1736. M. de Bien ville à la tête de l’ar�mée. 6gk On se dispose an combat. Les ennemis ne peuvent résister à l’impétuosité des français. Ils se retirent dans leurs retrânchenaens. Description de ces forts.’ 61.
Le combat dure plus de trois heures. Les efforts des français sont inutiles. Perte considérable.Le général fait battre la retraite. 62.
L’ennemi qui voit son avantage, sort et poursuit les français. Grande perte de part et d’autre. Le fameux Régnisse, simple grenadier.Discipline dès troupes helvétiques. 63.
RégDisse meurt au champ de l’honneur. La retraite se fait avec sagesse, et les français regagnentleur camp. Les ennemis s’approchent le plus prls possible de Leur barbarie extraordinaire. É4.
’;ce camp.
Les prisonniers et même les blessés sont liés et garof lés# On les attache des cadres. Comment les
sur on brûle. Parallèle des d’Amérique et d’Eu�
guerres
rope. Page 65. Après la bataille des chicachas on envoie des croix de Saint-Louis. Réflexions sur.cette espèce de récdm�’66.
pense. Observation sur la légion d’honneur. 69.
Idée qu’avait l’auteur en 1778, pour qu’on substituât l’ordre du génie à tous les autres ordres. L’armée française sedissout.Onrestetranquillejusqu’en 1739. On envoie sur mer comme aur terre les compagnies du régiment de Karrer. Leur extrême bravoure. 70. En 1739, la France fait uu armement considérable pour la Louisiane. Il est composé du 10e. de la marine. M. de Noailles est commandant général.
M. de Rosily est major de l’armée. Au mois d’août suivant l’on part contre les chicachas. 71.
Cette armée est renforcée par les troupes coloniales. Caractère des canadiens. On marche à l’ennemi. La route. Les ennemis sont fortement retranchés.
72.
Les anglais les munissent amplement. M. de Bienville se ressouvient de première fauté, et se décide à
sa ramener l’armée au poste de l’Assomption. 73. Trait d’histoire particulier.
74.
Histoire de Mingo-Mastabé. Les qualités étonnantes chef’sauvage. M. de Vaudreuil
de ce gouverneur�général de la Louisiane. 76. Il donne ordre à neuf officiers pour aller chez les chac�tas. Roule pour se rendre aux chacfas par eau. 77. Cette route est trop longue. On va par terre. Bois où
-sont des animaux de toute espèce. Village Chicachaé. Caractère et moteurs des chactas. Page 78. Punition des femmes qui pervertissent les moeurs. Tac�tique des chactas. 82. Leur patience incomparable. Ils habitent loîn. des ri�vières. Leur mal-propreté. Ils ne se baîggpnt jamais. Ils ont beaucoup de vénération pour leurs morts. Leur genre de bières. Comment ils arrangent les ca�davres pour les conserver. 83. ’Chaque année ils célèbrent leurs morts. Ces sauvages n’ont point de culte. Ils croient à l’immortalité de ,rame. Leur indifférence pour la vie. Leurs médecins. Les parens ont le droit de tuer le médecin si le ma-lade meurt. Ces médecins ne sont pointignorans. 84.
Leur poudre pour sécher et cicatriser. Leur décoction pour la gangrène. Leur manière de se délasser de leurs fatigues. Leurs bains de sueur. Ils n’ont ni goutte, ni gravelle ni gros ventre, ni goitre. Ils
croient aux revenans. 85.
’Ce qu’ils font des sorciers. Ils ne conçoivent rien à la religion. Ils souffrent la sodomie. 86.
Leurs assemblées ne sont que la nuit. Leurs, femmes ne restent point dans leurs cabanes pour faire leurs con�ches. Elles ne reçoivent aucun secours. Sitôt leurdé�livrance elles plongent dans feu. Elles lavent
se leurs enfans dans l’eau froide. Manière d’éleverleurs enfàns. On n’y voit aucunes personnes contrefaites. Les enfans n’ont point de langes. 87.
L’origine n’est comptée que du côté* des femmes. Ma�-nière de châtierl’adultère. C’est parmi eux qu’est ao
le fameux Mingo-Mastabé, Son caractère et
son
ascendant. Page 88. Il remporte toujours le,s victoires. Sa réponse à un fran�
çais qui lui reprochait ses trahisons-89. Mingo-Mastabé fait tout ce qu’il peut pour entraîner sa
nation dans le parti des anglais. M. de Vaudreuil
oppose la ruse à la ruse. go.
Caractère de général.
ce 91. ,Ce qu’on entend par le mot de sechems. 94. Mingo-Mastabé reçoit des préséus des anglais. E est
assassiné. 98. A peine-est-il mort qu’on ne songé plus qu’à piller ses richesses. La paix se rétablit.
99. Les officiers du régiment de Karrer sont employés sur mer avec leurs troupes. Ils se distinguent par un irait d’humanité. Ils sauvent un vaisseau espagnol. Com�ment ils s’y prennent.:[or.
Vile Dauphine ou du Massacre. Sa description. Son «xcellent poisson et ses bonnes huîtres.
102. Xa bonne inleHigeacedes troupes avec les colons. Po�lice qui xésutle de cette union contre ies esclaves. Ce que c’est que l’esclavage dans les ,colonies. Io3-’ Tableau de comparaison entre les esclaves des colonies est les indigens de l’Europe.. 104. Combien’lapbilaatropieestexagéréedansses principes d’humanité. io5. Adresse ,awc colons des Indes-Orientales. 108. La Louisiane est peut-êtrela colonie qui peut le ptuss se passée d’esclaves. Les affranchis sont à charge aux
planteurs.. 109. Possibilité et besoin d’élever des manufactures
cure�
péennes à. la Louisiane. Costume^ pour les esclaves? Point d’esclaves dans les villes. Il y aurait assez d’af�franchis pour servir les blancs: Page no.| Lettre du roi à M. Dabbadie lorsqu’on céda la Loui�siane aux espagnols du 21 avril 1764. III. Précaution de demander aux espagnols tous les papiers et renseignemens au moment de la rétrocession. n3.’ Réflexion sur la manière dont la Louisiane a été cédée aux espagnols. Il5^
Les kmisianais s’assemblent. Ils nomment un député. Jean Milh�t est nommé. Ce qu’il était. Ses vertus publiques et privées. � 117.
Il est bien accueilli par M. de Choiseuil. M. de Choi�
seuil l’empêche de voir le roi. Résultat de la perfidie de M. de Choiseuil. Jean Milh�t retourne à la Non�velle-Orléans.�-I1g>
Mort de M. Dabbadie. Il est généralement regretté. Il est remplacé par Aubry. Caractère d’Aubry. Ulloa est nommé gouverneur par le roi d’Espagne..
119. Lettre qu il écrit au conseil supérieur de la NouveUe-
Orléans. 120.
Ulloa voyage dans toute la Louisiane» 121. Ulloa porte l’inquisition par-tout. Bravoure deM. Chau�vin de la Freynière.
122.
Ulloa part pour l’Espagne. Les habitans de la Louisiane. nomment des députés pour la France. Ulloa fait à la cour de Madrid le rapport le plus insidieux. 12S.
11 peirit M. de laFreynièrecomme ayant l’intention de faire une république de la Louisiane, pour se mettre a la tête. 127.;
^.ucun espagnol ne veut aller commander à la Loui�
siane. On craint la fureur et la barbarie des fran�
çais. Page 128. O’Relly part avec cinq cents hommes, et carte blanche-Son entrée dans le port de la Nouvelle-Orléans. 129-.
M. de la Freynière et plusieurs autres sont précipités dans des cachots. O’Relly n’écoute aucune représen�tation. M. de Villeray lui échappe. 182.
O’Ilelly tient son tribunal de sang. Il se prpoure de vits témoins. 133.
Il craint un soulèvement général. Les espagnols son’ eux-mêmes révoltés de la conduite infâme de leur chef. O’Relly fait donc transférer les prisonniers à bord d’une frégate. L’exécrable journée du 27 sep�tembre 1769. O’Relly a la cruauté de faire iire la veille aux victimes le jugement qui les condamne.
M. Foucault échappe, en faisant valoir son titre (]’or�donnateur, par lequel il était soumis à des comptes
envers le roi de France. 134.
Il est renvoyé en France. Six sont mis à mort. Noms des condamnés. Six autres condamnés à une prison perpétuelle.M. de Villeray estexécutc effigie. i36.
en Elan d’un esclave. 137. Il reçoit publiquement la liberté de son maître. Belle réponse de M. marquis. Son discours à
ses cama�rades. l38. Insulte qu’O’Reîly fait à la France. 139. La -Louisiane dégénéré pendant plusieurs années.
a O’Relly est obligé de partir au bout de six mois.. 140. Jean Milh�t se rend au Cap-Français. fil y appelle sa fa�mille. Il meure. Conduiîeadmirahïedesaveuve. 144.
elles son! utiles à la mère-patrie.L’importance qu’elles donnent à la marine. Page 145. Les colonies ne sont point à charge. Reproches injustes faits à la Louisiane. La Louisiane offre de grandes 146»
ressources. Création d’un bon ouvrage sur les colonies, fait eu 1785�Les colonies seraient à charge faute de population. La traite est un grand moyen pour peupler les co�lonies. I47«’ Manière d’y multiplier les blancs. 148* Manière de regarder présentement les colonies pour
hâter leur rétablissement. 149.
.Vertus nécessaires aux chefs qu’on envoie commander
daus les colonies. l5& et i5r.
Ii’attérage S Saint-Domingue. De là l’itinéraire jusqu’à la Louisiane. Précautions à prendre en longeant rite de Cube. Comment cette
île forme deux canaux. Défiance qu’ilfautavoirdes Jardins de laReine. 155,
Observation très-importante sur la navigation. Défaut de toutes les cartes par rapport à rite de Cube. i56. Citation de M. Courrejoles père. Ce que l’on va recon�naître en quittant les Jardins de la Reine. 157�
Forme du golfe du Mexique. Péninsules de Dincatin et de la Floride. Degré de latitude où se trouve le Mississipi. L’entrée de ce fleuve fait la patte d’oie.Le poste de la Balise. Son utilité. i5o*. La route de la Louisiane à Saint-Domingue. Manœu�vres pour parvenir au canal de Baharile. Route à faire en sortant du canal. 1S9.
limites originaires et naturelles de la Louisiane. J^V
La Louisiane le Mexique. Naissance <îe la
couvre Nouvelle-Orléans Page 161.
en 1717.
Ses fortifications. Ce qu’elle était dans son origine. Ce qu’elle est aujourd’hui. La ville de la Mobile. Sa ri�chesse. 162.
La Pointe-Coupée. Le quartier des allemands. Sa ri�
chesse en indigo. Les chapiloulas. 163.
Sucre. 164»
Bled. Vin. Légumes. Gibier. ï65*
Singularité extraordinaire. z66.
L’île de Barataria. Sa situation. Son utilité. 169..
Arbrisseaux. Palmier. tYlagnolia grandiflora. 170.
Enumération des arbres ordinaires. 170 et 171.
Leurs propriétés.. 171.
Enumération des arbrisseaux ordinaires. Herbes, ra�cines et plantes. 172.
Liste des farineux. Herbe singulière. 173.
Insectologie. 174�Ornithologie. 174 et 175.
Poissons. Classe des serpens, des lézarde. 175.
fauves..176.
Bêles
Plan général de gouverner, sur-tout pour la Louisiane. Longévéitédes louisiaoais et des canadiens. 178. Très-grands détails sur lés rnœur? des sauvages. 188. Sur la cession que les espagnols paraissent avoir Faite du poste des natchez aux north-ainéricains. Nécessité de le ravoir. 2°2�L’intention des north-américains en s’emparant de ce
203.
poste. Costume des sauvages. 207.
Leur parure quand ils viennent en ville. Leurs «hQ�rePi hiéroglyphes. Page 2ô8. Leurmitas. Leurs couvertures.Commentils les portent. Coiffure des femmes, 210. Petit jupon qu’on appelle acolan. Elles ne portent point de mitas. 211. Manière dont ils colorent les joncs. Ouvrages de jonc. Poteries. Eventails. 212. Occupations des hommes. Pelleteries. Viandes à salai�210�
sons. Les gouverneurs don Galvez, don Unzaga, donMartin
JNavarro. 214.
Culture du tabac. Habitudes des louisianais. 215
216.
Montant de la population blanche. Moyen de l’aug�menter promptement.
L’européen n’a besoin que de quelquesinstrumens ara�toires pour aller dans ce pays. Conséquence en faveur de la Louisiane. 217.
Calcul de ce que l’indigo produit dans le tens le moins
favorable. Produit du tabac, du bois. 218. L’exploitation de la Louisiane. Le débordement du Mississipi. 2?Q.
JDiRerence des arbres qui portent le même nom qu’en E"roP<î. Le chanvre y est abondant. Corderie de la Nouvelle Orléans. Utilité de .la Louisiane pour
fournir p os autres colonies de meilleures marchan�dises que n’en ont les uorih -américains. Salaisons de la Louisiane. Le bénéfice des pelleteries. Le coton de la Louisiane-222.
’Petite des manufactures à la Louisiane. Le travail et
la bonne administration empêcheront la Louisiane
de perdre sa moralité. Il est possible que par la suite
les sauvages ne fassent plus avec nous qu’un seul et
même peuple. Idée qu’avait eue Fauteur de’ faire le
relevé de toutes les nations sauvages. Page 240.;
Tableau des nations sauvages qu’il connaît. 241.
Il yenabiendavantage. 245.
’Autre tableau pour donner l’idée de celui qu’on devrait faire pour la commodité du gouvernement. 246. L’immensité du terrain de la Louisiane. 254.; Moyens de pôpulation. 255. Ce qu’il en croûterait à la France. 258. Deux autres moyens de population. 259. ;XJnéMnilice d’ouvriers. 260. Point de grandes concessions. 26r. Addition à l’article de l’esclavage. 263. Note sur une brochure intitulée Itinéraire des fran�çais dans la Louisiane. 264� Les sauvages peuvent opposer au moins cent cinquante mille guerriers. 267. Réflexions sur les impôts. 269.; Sur l’ordre de la justice. 270. Sur le tribunal terrier. 271. Sur les arpenteurs. 272. Sur la législation coloniale. 273. Combien Saint-Domingue renferme de lois et d’ordon�contradictoires. 274.
nances Leur instabilité de trois ans-en trois ans. 275:
Les bonnes moeurs font les bons gouvernemens. 276.
MM. de Larnage et Maillart. 277.
Combien ils étaient aimés. �7^#�
On peut voir combien ils méritaient de Vôtre dans la collectiondesloisdeSaiat-Domiûgue,par NI.Moreau de-Saint-Méry. Page 279. Traits particuliers de ces deux administrateurs. 280. Adresse à ces administrateurs. 281. La nécessité de laisser long-tems les chefs dans les colonie, quand ils sont bons administrateurs. �82. L’agrément que les calons éprouveront de cette lon�gueur de tems. 283. Etablissement d’un conseil d’administration. 284. Ses fonctions. �85. Utilité de ce conseil. 286. Il peut remplacer le tribunal terrier. 287.
Ce que c’est que la législation. 288.
lois. 289.
Réflexion générale sur les
Impossibilitédefaireleslois eolôniaîeSen France. 2gti.
Exemple de cette vérité. !9° et .291.
Plusieurs conseils pour la législation. 292.
leurs fonctions. 2g3.
Le premier de ces conseils aurait le nom de COHSEïi.
t�GISIAWP. ^94�
Récompense do qui composeraient
ceux ces con�seils. 29S.
Véritable caractère des lois. 295 et 296.
La religion doit être la base de ces conseils. 297. L’honneur est la récompense la plus enviée des
co�tons. 298. La nécessité de ’réprimer l’esprit ifiiïi taire. 299. Tracer un cercle au pouvoir militaire. 3°?; Juste milieu à saisir. 3oï. Adresseàceuxquiserontchargésde lalégislation. 30^
Considérations sur l’agriculture. Page 3o3. Ne détourner que rarement les habitans de leurs tra�vaux. 304. Il faut leur déguiser l’impôt. 305. Point de vertus civiles oit il n’y a point de sûreté dans les propriétés. 3o6. Combien l’on doit respecter le propriétaire, sur-tout dans les colonies. 307. Considérations sur le commerce. 3o8. dans 309.
Ce qu’est le commerce son essence. Nécessité de souffrir pendant long-tems le commerce étranger dans les colonies. 3io.
Exceptions en tems de guerre et pourquoi. 3l I. Soin que doit prendre la législation pour éviter les in� convéniens du commerce étranger. 3ii. L’intérêt du gouvernement suffit pourleporterà ménager les colons.. 313. Application des principes ci-dessus à la Louisiane. 3iq.
L’attention qu’il faut porter sur les officiers de santé qu’on envoie dans les colonies. 3i5.
Justice rendue à MM. Arthaud Laroche Dasille Devèze, Lafond et Guyot. 3i.6.
La terrible conséquence des ignorans dans l’art dé guérir, qui passaient dans les colonies* 3i7» Moyen d’extirper cette funeste ignorance. 3i8.
Précautions à prendre avant d’envoyer dans les Colonies
les officiers desanté.. 3lSj.
Ne point permettre aux chirurgiens de vendre des ctro-�gues ou de s’associer à des droguistes. 320.
Ce que la colonie de Saint-Domingue pouvait contenirde nègre. ^age 321; Combien il y mourait de monde par la faute des mé�decins et chirurgiens. Institution à faire d’un nouveau genre d’hospitalité. 322. Combien il serait facile d’en dresser les statuts pour que les emprunteurs ne puissent pas tromper. 325. Manière de rendre cette bienfaisance secrette. 32b. Application de cette idée à la Louisiane. Ce que l’on
devrait faire de Cayénne. 827.
L’île de Bataria. 328.
Code criminel. Le nègre n’est pas puni lorsqu’il n’est
que mis prison. Il s’y engraisse dans la pa-
en resse,etc. 329. Supprimer la condamnation à mort. 33i. Ce que l’on doit y substituer. 332. Il faut appeler les étrangers. Comment. 333. L’état ne doit hériter que de ceux qui n’ont pas d’héri�tiers. 334--
Les bâtards doivent même hériter en cas que leurs pères naturels soient condamnés à vie aux travaux pu�blics. 335-,
Là Louisiane susceptible d’être la patrie des arts. 336.
On y verra une académie..337�
Ce que doit être cette académie. Citation de MM. Ar�
thaud, Dubourg et Barré de .Saftit-Venant.. 338.. Réflexions sur les académies en général. 339. Quelles doivent êtrelespremièresoccupationsdel’aca�
,démie future de la Louisiane.
341.
Objections contre la Louisiane." 342i
+ Réponse à ces objections. 1 343�
Note des objets de commerce que jl’on peut porter la Louisiane, an moment qu’on la reprendra. P. 347. Deux vocabulaires de sauvages. 348.
Fin de la Table des matières.1
Page 2r, lig. 2�, indirecte lisez indirect. 28, 27, la. tradition des lieux m’a foarnis; lises que latraditionm’afournissur leslieux. 34 >(�. 4,leurs.preii»ières paroles, l,isez3, ses premières
49, lig. l5 supprimes lui répondit-elle. 62, Ug, 6, sut-tout, lisez sur-tout.
65 lig. 19, premiers lises première.
78, lig. 23,n’en porte pas; lisez ne porte.pas.
III lig. 1, la vrai cession lisez la vraie cession.
117 16 la Louisiane lisez-, les louisianais.
120, lig.4, sa majesté chrélieunt lisezsa majesté
catholique..
t55, lig. 19 c’est ainsi qu’il forme lisez c’est ainsi
qu’il se forme. i65 /«g. 24 j et ils ont; lisez et on y en trouve. 169 zig. 20 éloignées ou proches; lisez éloignées ou
voisines. ;�’ lig. 9’, on y volt aisément supprimez aisément.
172 183 j e lig. 5 à sa population; lisez à la population. 184, lig. 8, sous le commandant; lises sous le com�mandement.
l’esclave entre le Manç
’ ’ïisèsi l’esclave pljcéentre,etc.
d’un igonrex^
nement. � ’[-.’� .-�’���’’� �
217 Zig. 11 ,hon vin, qui indique; lises bon vin
ce qui indique. 248 à la fin delà note, nie Tendre jitilé supprimezme. 255 lig. 17 on en avait -.retiré; lisez on en retirait. 25p lig. deviendraient pas; lisez revien�
ne ne draient pas. 260, la note qui se recruteraient; lisez, qui se recruterait. 262, Vg-13, bois de tenture lises Bois de teinture. 270, lig. 14, sans qu’il en coûte; lisez, sans qu’il en
2ijtitig.5, les portait des acceptions lises les portait à des acceptions de’ personnes. lig;io,et l’espoirtrompée lisez;arompé.
274
279,lig.7 quel’onparcourt;lisez,quel’onparcoure. 290, 8 ces personnes toutes instruites qu’elles peuventêtre lisez toutinstruitesqu’elles puissent
être.’ 1
29T, Ztg. 24 i à la législation ;7;Ve^ sa législation. 2g5 Zig 13 raisonnable; lisez; raisonnables. 303 ,’lig. 25, le même génie des’ colons; lisez que les
cartons.’ Jbîd. lig. 16, que l’on peut citer; lisez que l’on puisse -citer.’ 316, Zig.9,
318, Iig. r5, désSujets enwriont; lisez, de*
qu’ils
Notes
- Capuchin A Catholic friar.
Text prepared by:
- Kylen Buck
- Christopher LeBlanc
- Christopher Smith
Source
Cable, George Washington. "Posson Jone'" and P�re Rapha�l: With a New Word Setting Forth How and Why the Two Tales Are One. Illus. Stanley M. Arthurs. New York: Charles Scribner's Sons, 1909. Google Books. Web. 27 Feb. 2012. <http://books. google.com/books?id=bzhLAAAAIAAJ>.
